19|Plans ✔

Une tête de mule ? C'est exactement ce que je suis. Toute la journée, mon ventre a manifesté son mécontentement en grognant sans cesse. Lorsque j'ai voulu discuter avec ma potentielle amie, celle-ci était toujours entourée par d'autres personnes. Et moi et la sociabilité, ça fait deux.

Lorsque la fin de la journée arrive enfin, je n'attends pas une minute de plus et quitte la salle avant le professeur. D'après le peu de renseignements que j'ai, Jessica est une Pom-pom girl. Et aujourd'hui, elle a entraînement. Cela implique malheureusement, que je vais rentrer tard chez moi. Ma révision sera donc retardée. Mais voyons le bon côté des choses. C'est un sacrifice parmi d'autres si je souhaite me faire des amis.

Mes pas sont très précipités. Je passe entre les centaines d'adolescents qui peuplent ce lycée pour finalement arriver au terrain de basket-ball, toute épuisée. Je pose ma main sur mon front en soupirant sans gêne. En parcourant la salle du regard, je constate bien vite que celle-ci est vide. Rejoignant les gradins à toute allure, je m'installe au dernier banc et sors mon portable.

De moi à choupinette

Bon, souhaite moi bonne chance, c'est l'heure de vérité.

J'envoie le texto et me mords la lèvre inférieure, mon regard parcourant la pièce du regard. Elles sont peut-être entrain de se préparer. Je mets dès lors min téléphone en mode avion, branche mes écouteurs pour démarrer une chanson et commence à jouer sur mon téléphone.

Je ne sais plus combien de temps s'écoule pendant que je suis dans cette position. Tout ce que je sais, c'est que c'est d'un ennui mortel. Mais depuis quand ils s'entraînent dans les vestiaires ? J'allume mon écran et découvre que je viens de perdre quarante-cinq minutes précieuses de ma vie à les attendre. Bordel les tambours de l'Afrique de l'Est ! Je me connecte alors sur mon réseau social préféré, à savoir Instagram et remarque que j'ai de nouvelles suggestions. Mon cœur rate un battement lorsque je vois la photo de profil de Justin en profil. C'est le destin.

Je clique dessus et ne tarde pas à lui envoyer une demande d'abonnement, puisqu'il est privé. En faisant défiler ses photos, je me mets à tomber de plus en plus amoureuse de lui. Je sais que je me créé de fausses illusions, mais j'y crois. Je clique sur la boule orangée pour accéder à ses statuts. Mes yeux clignent plusieurs fois de suite quand je vois mon bel Apollon en compagnie d'une jolie rousse que je n'ai d'ailleurs jamais vue. Je reste figée.

Je savais que je n'aurais pas dû le traiter ainsi. Il est allé voir ailleurs et maintenant, c'est trop tard. Une vague de sensibilité remonte en moi, et ma vue est soudainement brouillée de larmes. Bordel ! Alors que je m'apprête à rentrer chez moi, déçue par le jumeau et la jumelle, je m'arrête en plein milieu du terrain lorsque j'entends plusieurs voix provenir de l'extérieur.

La porte s'ouvre sur un groupe de garçons et quand je reconnais Justin, j'ouvre grand les yeux. Si seulement j'avais un de ces pull protecteur de Erwan. D'ailleurs, pourquoi je pense encore à lui ? De son côté, il n'a pas hésité à tourner la page en seulement quelques tierces. Je baisse mon regard, mais trop tard, le blond m'a déjà repéré.

— Hé, Sun!

Doucement, je remonte la tête et force un sourire. Allez Mel ! Ce ne sont que de simples troisième immatures, tu ne dois pas flipper autant.

— Hey...

Ma voix est plus rauque que dans mes souvenirs, ce qui me donne non pas l'air d'une adulte, mais plutôt d'une toxicomane. Ça ne pourrait pas être pire.

— Les gars, je vous présente Sun ! Et Sun, voici Tony, Alex, Jordan, Máel et Mérida, présente Justin avec des gestes de main.

Je salue poliment de la tête chaque garçon du groupe. Et soudain, je titille quand je remarque la fille dans les bras de mon Justin. Alors comme ça cette Mérida est la même que la rousse se toute à l'heure. Mon sang ne fait qu'un tour lorsqu'elle me lance un sourire hypocrite. Folle de rage, je lui rends ce même sourire.

— J'en profite pour t'informer qu'il y aura une fête ce vendredi si tu es intéressée. Je t'envoie l'adresse par texto si tu veux.

J'ai envie de répondre très clairement que non. Pour y faire quoi ? Regarder Justin avec sa nouvelle proie, profiter de la vie ? C'est hors de question. Mais lorsque je constate que la concernée réprimande Justin pour m'avoir invité, je ne peux que lâcher :

— Avec plaisir. J'y serais.

Puis, décidant qu'il est réellement temps que j'y aille, j'ajuste mon sac sur mon épaule et sers fortement mon portable et mes écouteurs contre moi, comme pour me donner du courage. Mes pas sont légers quoique rapides. Par mégarde, je fais tomber mon téléphone par terre. À côté de Mérida. Flûte !

Alors que je m'accroupis pour le prendre, la rousse me devance. Avant que je ne puisse me relever, je l'entends me murmurer :

— Justin est à moi.

Troublée, je me remets sur pieds et reprends ce qui m'appartient. Par politesse, je la remercie d'une voix fluette. C'est mal parti pour gagner son respect. Je déguerpis aussitôt. Je constate qu'il est dix huit heures passées lorsque j'analyse mon portable pour voir s'il n'a rien. C'est quand même toute ma vie. Je déglutis durement lorsque j'atteins l'extérieur de cette école pourrie. Quand j'ai dis que ça ne pouvait pas être pire, ce n'était vraiment pas un défi, la vie !

Je décide de rentrer à pieds, ennuyée. Je sais déjà ce qui m'attend, alors autant repousser le moment fatidique. Avec un peu de chance, ma mère va me gronder. Au pire, elle va également me gronder. N'est-ce pas merveilleux. Ma démarche est las, et ce n'est qu'une fois arrivée chez moi, que je me rappelle de respirer. À peine entrée, Malibu me saute dessus. Je fronce les sourcils. Le petit chiot aboie.

— Il est revenu de chez le vétérinaire cet après-midi. J'aurais bien voulu que tu sois là pour le récupérer, mais apparemment, mademoiselle n'était pas là.

La voix autoritaire de ma mère me ramène à la réalité, alors que je tiens le chiot dans mes bras, la main gauche le caressant. Comme toujours, ma génitrice est dans la cuisine. Ça a toujours été une passion chez elle, et s'il y a bien une chose que je lui envie, c'est bien ce talent culinaire qu'elle détient. Dès mon plus jeune âge, c'est elle qui nous prépare toutes sortes de plats. Et même si je ne l'avouerai jamais à haute voix, j'en raffole.

— J'ai... Je voulais parler avec une amie, et ça a duré plus longtemps que prévu.

Dis plutôt que ça n'a même pas commencé ! Je hurle intérieurement à ma conscience de se taire et essaie de paraître l'a moins nerveuse possible.

— Une amie ? Tu t'es enfin rapprochée de quelqu'un ?

Actuellement adossée à l'un des murs de la cuisine, je sonde ma mère qui est de dos, occupée à découper les oignons.

— Maman ! Tu parles de moi comme si j'étais un cas désespéré.

—Rappelle-moi qui tombe à chaque fois malade les jours des réunions de famille.

Je roule négligemment les yeux.

— Si tu étais à ma place, tu comprendrais. Tu ne sais pas de quoi cette peste de Tessy est capable !

Elle se retourne brusquement. Remarquant qu'elle ne réagit point, je poursuis.

— Oui, j'ai dis un gros mot et alors ? Tu n'as jamais été là pour moi, pour me dire ce qui est bien ou pas ! Tu n'as jamais rien fait dans ta foutue vie qui puisse être jugée digne d'une bonne mère ! Et j'en ai juste ma claque de toujours nettoyer derrière toi. Je ne suis pas née dans ce bas monde juste pour tout assumer !

Ma respiration est hachurée. Toute la colère accumulée, aujourd'hui, retombe sur elle. Mais qu'est-ce que j'en ai à faire ! Il y a longtemps que ces mots rêvent de franchir mes lèvres, longtemps que je les porte sur moi et j'en ai juste marre ! Malibu toujours dans mes mains, je me dirige vers ma chambre, le visage crispé de rage. Une fois dans les escaliers, ma mère se décide de réagir.

— Tu es punie, Mélanie. Reviens ici tout de suite, jeune fille.

Punie ? Non mais laisse-moi rire ! C'est tout ce qu'elle a en bouche. À chaque fois que je lui sors une de ses quatre vérités, elle nie. Et elle préfère me priver de mes outils électroniques ou de ma liberté, comme si cela allait changer mon opinion sur elle.

Je ne rétorque pas et claque fermement la porte derrière moi, n'oubliant pas de le faire à clé. Cette journée a été plus qu'un calvaire. N'ayant plus qu'un seul moyen pour me détendre, je me déshabille et me dirige vers la salle de bain. J'actionne l'eau chaude, et lorsque celle-ci rencontre ma peau, je ne peux réprimer un soupir.

Une fois ma douche terminée, vêtue de mon pyjama sur lequel est marqué Looney Tunes, je m'affalle sur mon lit. Je suis fatiguée, mais l'envie de dormir n'est pas au rendez-vous. J'allume alors tout simplement mon ordinateur portable, choisis la première série que je trouve — Déception —, et commence à regarder, sans vraiment écouter.

L'esprit est ailleurs, préoccupé par des tas de tracas. Moins de dix minutes après, je reçois un appel sur Skype. Je constate que c'est de la part de mes quatre amis. L'envie n'y est pas, mais je décroche tout de même. La première personne qui attire mon attention est Cassie, qui fronce les sourcils.

— Tu as encore ce vieux pyjama ?

Je souris.

— Critique pas mes idoles d'enfances !

Cassie éclate de rire, bientôt suivi par Jonathan. Une fois calmé, celui-ci prend d'ailleurs la parole.

— Comment s'est passé votre journée, les filles ?

Bien. Juste que je me suis une fois de plus cognée à un mur invisible qui s'amuse à me pourrir la vie. À la place, je hausse juste les épaules. D'ailleurs, je constate bien vite que je ne suis pas la seule. Narva et Élodie réagissent également de même. Jon fait la moue.

— Qui est ce connard qui a osé mettre mes amies de si mauvaise humeur ?

La première pensée qui lui a parcouru l'esprit est que l'on ait un problème de cœur ? Je ne peux que lever les yeux au ciel. Face à notre mutisme, Cassie décide d'y répondre.

— Pour Narva, tu as totalement raison ! En revanche, ce qui tracasse Él et Mel, je n'en sais trop rien.

Elle accompagne ses paroles par un haussement d'épaules et se met à jouer avec ses cheveux bruns. Puis, soudain, comme réalisant quelque chose, elle lève son index.

— Mais oui ! C'est à cause de Judy ?

Pour inventer des prénoms, on ne peut vraiment pas dire qu'elle n'est pas douée.

— C'est Justin. Et...

Je m'apprête à nier les évidences. Mais à quoi bon ? Ces dernières semaines, j'ai préféré cacher la vérité à mes propres amis. Mais je sens que d'une minute à l'autre, je vais craquer. Je vais exploser si je n'en parle pas. Car s'en est trop.

— Il était avec une fille cet après-midi. Collés et serrés. Comme le ferait un vrai couple. Alors que moi, j'attendais sa sœur qui d'ailleurs, n'est jamais venue. Et je me suis également disputée avec ma mère pour des raisons absurdes. Voilà pourquoi je suis aussi maussade.

Mes amis restent stupéfaits, ne s'attendant sûrement pas à une telle quantité de révélation. C'est vrai que je me confie rarement. Encore moins ces derniers temps.

— Oh non, lâche Narva.

C'est la première chose qu'elle dit durant cet appel vidéo. Ses yeux se brouillent brusquement de larmes. Elle m'observe une dernière fois, et raccroche.

— Ça a du lui rappeler Kévin, la justifie Cassie.

Je déglutis. Pourquoi suis-je tant bloquée et que je n'arrive pas à lui en parler. Ça serait si simple. En une phrase, elle pourrait connaître toute la vérité. Cependant, ma conscience me dit que non. Il n'est pas encore temps.

— Mélanie, je t'ai connu plus forte et plus battante. Alors montre-moi une seconde fois ta force et si tu aimes vraiment ce Julius, fais de ton mieux pour le conquérir et n'abandonne pas face à cette peste qui s'incruste !

Mes yeux restés figés sur les lèvres de Élodie. Je suis tellement étonnée qu'elle m'ait dit de telles choses, que je me mets à balbutier.

— Tu... Je...

— Tu me remercieras plus tard, lorsque tu auras gagné la guerre, ajoute-t-elle avec un clin d'œil. Bon, moi je vais dîner, bonne nuit !

Et elle coupe l'appel. Nous ne restons plus que tous les trois à nous dévisager durant un long moment. Puis Jon prend les devants.

— Bon ben, à bientôt, les filles.

Nous hochons mutuellement la tête et chaque raccroche de son côté. Je m'étends sur mon lit en étoile de mer. J'ai faim, mais je n'ai pas spécialement envie de revoir ma mère. Je me glisse alors sous la couette et ferme doucement les yeux. J'essaie de faire abstraction des paroles de Élodie et de Cassie et lorsque je m'apprête à tomber dans les bras de Morphée, mon téléphone vibre sur ma table de chevet. Je l'allume et fronce aussitôt les sourcils, à la fin de ma lecture.

Numéro inconnu : Demain, il faudrait qu'on parle.

❇❇❇

Hello ! Excusez-moi pour le retard de trois jours, j'ai plein de choses à faire ! Je n'ai pas relu le chapitre 😭 donc s'il y a des fautes, j'y reviendrai après le brevet.

Sinon, ça vous a plu ?

Le nouveau personnage ? 😏 Défi de taille ou simple adversaire ?

Le numéro inconnu 😂? Bon, vous avez tous sûrement dû connaître l'identité, mais plus sérieusement, c'est pourquoi " ce il faudrait qu'on parle" ?

Question de la semaine :

Le lait avant ou après les céréales ?

Merci de me lire et de me suivre ! Si vous avez lu tout ce charabia, mettez ce smiley :) Bonne soirée !

Plein de bisous à la goyave, Laureen ✨💜

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