Après manger, je retrouve Scott dans le salon, profitant qu'il n'y ai personne d'autre. 

- J'peux te poser une question ? 

Je m'assieds à côté de lui alors qu'il a le nez plongé dans son téléphone. 

- Mmmh. 

- C'est qui cette Candice ? 

Il relève la tête et s'arrête avant de se tourner vers moi, un sourire en coin sur les lèvres. 

- Pourquoi ? 

- Juste pour savoir, elle me fait flipper. 

Il rigole. 

- T'a raison, elle est tarée. C'est la petite-amie de Nolan, depuis 1 an et quelques... Mais ça va plus trop entre eux. Elle est trop jalouse et un peu excessive. 

Je fronce les sourcils. 

- Il peut jamais rien faire. La dernière fois, il est venu dormir ici quand les vieux étaient pas là. Elle est venu le chercher et il est rentré avec elle pour pas qu'elle fasse un scandale dans la rue. Il continue.

- C'est quoi son problème ? 

- Si seulement on le savait. Il soupire. 

- Et, on va regarder un film, vous venez ? Demande Tyler. 

- Ouais ! Scott m'attrape le bras et me tire à sa suite. 

On descend et je m'installe dans un siège en prenant le pop corn des mains de Tyler. 

- C'est à moi de choisir le film, ce sera Nemo ! Dit Eddie. 

- Pas encore ! S'exaspère Scott. 

- Ouais, à chaque fois que c'est à toi de choisir le film tu veux regarder Nemo ! Rajoute Tyler. J'ai une idée, si on laissait Daniela choisir. 

Ils se tournent vers moi. 

- Oh on peut regarder Rimbaud et Verlaine ?! Je souris. 

- Non, c'était une mauvaise idée. Dit Tyler. 

- Je t'emmerde. 

- Bon on va se mater Les nouveaux mutants. Déclare Scott. 

- Je l'ai déjà vu. Balance Eddie. 

- Bah on a qu'à se refaire Narnia au pire... Propose Tyler. 

- Va pour Narnia. Scott s'assied et mon téléphone se met à sonner.

Je sors de la pièce et me rend dans le jardin en décrochant. 

- Allô ? 

- Salut Dani. Comment tu vas ? La voix de mon père me réchauffe le cœur. 

- Papa ! J'suis trop contente que tu m'appelles. Oh, bah ça va. Je m'habitue à vivre ici et toi ? 

- Je vais bien, même si tu me manques énormément. 

Je sens ma poitrine se serrer. 

- Moi aussi tu me manques. Je sentais la tristesse m'envahir. J'aime pas être loin de toi. 

- Mais ça ne fait que 2 jours. 

- J'ai l'impression que ça fait plus que ça. 

- T'a revu ton frère ? 

- Oui, pourquoi ? Je fronce les sourcils. 

- Il m'a appelé pour savoir ce que tu avais. 

La panique m'envahit l'espace de quelques secondes. 

- Tu lui a rien dit hein ?! Sinon il va le répéter à maman qui elle va le répéter à tout le monde, tu sais qu'elle sait pas se taire. 

- Non, je ne lui ai rien dit. Et ne parle pas de ta mère comme ça, elle est juste maladroite. 

J'entendais au son de sa voix qu'il était en train de fumer, probablement à son balcon. 

- Elle adore me foutre la honte tu veux dire...

Je souffle. 

- C'était un gros soupir ça. Il laisse un silence passer. Pourquoi tu ne lui dit pas ? 

- Parce que j'ai pas envie. Je ne veux pas que l'image qu'il a de moi change. 

- Je crois que c'est déjà le cas, sinon il ne m'aurait pas appelé. 

Je renifle, alors que tout ce que j'avais réussi à enfouir me revenait en pleine face. 

- Ne sois pas triste Dani, c'est du passé tout ça. 

Une larme roule sur le long de ma joue alors que j'essaie de respirer calmement, mais je sentais l'air se comprimer dans mes poumons et le temps que j'essaie d'empêcher cela, j'étais secouée par les spasmes et les sanglots. 

- Je sais... Mais c'est avec toi que je veux être, tu me manques tellement. J'articule difficilement. J'y arrive pas. 

- Tu vas y arriver. Toi aussi tu me manques terriblement. Mais c'est normal au début d'avoir peur de l'inconnu. Il tente de me rassurer. Tu vas y arriver, parce que tu est Daniela Hanson et que t'arrive toujours à dépasser tes peurs. Imagine ça comme une chorégraphie dont tu ne connais pas les pas, invente les au fur et à mesure, et éclate toi. 

L'ombre d'un sourire passe sur mon visage et j'hoche la tête. 

- Je vais essayer. 

- Okay... Je vais devoir te laisser, je te rappelle bientôt, je t'aime. 

- Moi aussi je t'aime p'pa. 

Il raccroche et je renifle encore en regardant droit devant moi, essayant de faire partir le vide qui prenait de plus en plus de place en moi. La tristesse me donnait mal au ventre, elle me prenait aussi à la gorge et à cet instant, je me suis sentie vraiment très seule. 

- Est-ce que ça va ? 

Je me retourne vers Archie qui me regarde d'un air compatissant. 

J'hoche la tête en essuyant sous mon nez. 

- Je sais que je suis pas ton père, mais je peux peut-être t'offrir un câlin ? Il demande incertain. 

J'hoche de nouveau la tête et il me lance un petit sourire avant de me prendre dans ses bras. Il me serre fort contre lui comme le ferait mon père alors que mes larmes s'écrasent sur sa chemise hawaïenne qui pique les yeux. Non elle est vraiment moche. 
Il reste là, à attendre que je me calme, à frotter mon dos. Sans parler, sans chercher à savoir ce qui n'allait pas. Et franchement c'est cool de sa part parce que je ne saurais pas quoi dire. La plupart du temps je ne sais pas ce que je ressens. C'est des émotions, je les sens elles me prennent par surprise, je ne suis pas sensée y mettre des mots. Je ne sais même pas comment les décrire. Tout ce que je sais c'est qu'à certains moments, ça fait plus mal qu'à d'autres. 

Le soleil se couchait et je regardait à ma droite le ciel et sa nuance orangée. Quelques oiseaux volaient, une légère brise faisait danser les feuilles des arbres et ce paysage si paisible me portait à croire que c'était la fin du monde; mais juste pour moi. J'étais un champs de bataille où mes émotions s'en donnaient à cœur joie alors que de l'extérieur, tout était inoffensif. Ce qui paraissait à l'extérieur n'était pas la même à l'intérieur. 

C'est à ce moment là que j'ai vraiment compris la détresse de mon personnage préféré, dans mon livre préféré. Là, je ressentais vraiment la même affliction qu'Elio Perlman. 

Je renifle une dernière fois et souffle doucement pour tenter de me calmer. Ma respiration était troublée, mais bizarrement, ce câlin avait l'air de faire en sorte que ce soit moins pénible. Je relâche ma prise et il fait de même, sans me lâcher pour autant. 

- Ça va mieux ? 

Si ça allait mieux ? Je ne savais pas. Mais j'ai quand même hoché la tête pour ne pas l'embêter plus longtemps. 

- Merci Archie. 

- C'est rien, on a tous besoin d'un câlin. 

Je souris en acquiesçant. On rentre et je préfère monter prendre une douche. Après ça, je vais dans la chambre et je m'allonge dans le lit avant de fermer les yeux et de m'endormir.