15. Never.
Je regarde le ciel plein d'étoiles, les jambes dans l'eau. Je lisais la fin de mon bouquin préféré en paix avec juste le bruit des vagues en fond. La lumière de la terrasse m'éclairait juste assez. "He looked at me and smiled. It cheered me. Perhaps because I knew he was taunting me.
Twenty years was yesterday, and yesterday was just earlier this morning, and morning seemed light years away."
Nolan s'installe à côté de moi et regarde la dernière page du bouquin en souriant, commençant à lire par dessus mon épaule. Je sentais son souffle s'écraser dans ma nuque et je me retrouvais incapable de lire le dernier paragraphe.
- Tu peux lire la fin à voix haute s'il te plaît ? Il me demande et j'acquiesce.
- " I'm like you, he said. I remember everything.
I stopped for a second. If you remember everything I wanted to say, and if you really are like me, then before you leave tomorrow, or when you're just ready to shut the door of the taxi and have already said goodbye to everyone else and there's not a thing left to say in this life..."
J'ose enfin me tourner pour le regarder dans les yeux, connaissant les mots par cœur.
- " Then, just this once, turn to me, even in jest, or as an afterthought, wich would have meant everything to me when we were together, and, as you did back then, look me in the face, hold my gaze, and call me by your name."
On ne se lâche pas du regard et il finit par sourire. Je souris aussi alors que le temps semble s'arrêter. Je chérissais ces moments là qui avaient l'air hors du temps, qui l'étaient un peu. Sans le remarquer, la lumière de la terrasse s'était éteinte, ce qui laissait juste la lumière de la piscine se refléter dans l'eau. Je pose mon bouquin, me rapprochant de lui et il détourne le regard en entourant mes épaules de son bras valide. Je laisse aller ma tête en arrière alors qu'on regarde tous les deux le ciel. Toujours pas un mot. Mais ce n'était pas gênant. Parce que parfois c'est compliqué de communiquer avec des mots. Parfois faut juste laisser les battements de son cœur. Je sens celui de Nolan, il est calme et régulier, tout l'inverse du mien.
Je décide de briser ce silence si apaisant ne lâchant pas les étoiles du regard.
- Dis moi, tu comptes me briser le cœur ? Ma voix toute timide flotte dans l'air.
- Jamais. Sa voix résonne.
Ce "jamais" fait écho en moi, comme si ma coquille vide se remplissait peu à peu. Il fallait le dire, c'était avec lui que je me sentais le mieux. Je ne ressentais plus ce désespoir de ne jamais savoir quoi faire, peu importe la situation. Je ne ressentais pas cette peur de ne pas pouvoir être moi même. Pas d'appréhension, pas de douleur, pas de tristesse. Je n'ai pas à faire semblant. Je n'ai pas à faire d'immenses effort pour me mettre en valeur, je n'ai pas à être quelqu'un que je ne suis pas, je n'ai pas à rentrer dans le moule.
Peut-être que Nolan était ma personne, celle que j'attendais depuis le commencement de ma vie.
Peut-être que depuis le début c'était évident.
Certaines personnes sont faites pour être ensemble, parfois il ne faut pas chercher plus loin que ça.
Comme l'a dit mon père, ma vie est une chorégraphie dont je dois inventer les pas au fur et à mesure. J'espère juste ne pas me foirer cette fois-ci.
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