Chapitre 5 - Ash

Le club est fermé, et durant ces heures-là, j'en profite pour faire les comptes. Tout est calme, je suis seul pour l'instant, ce qui n'est pas surprenant. C'est souvent comme ça la journée et j'aime ce calme avant que la boîte s'illumine. Mais des bruits suspicieux attirent mon attention. Je quitte mon bureau et à pas de loup, foulant seulement le plancher et les escaliers, je descends. Et que vois-je ? Cet abruti de Trevor qui pique dans la caisse ! Il met plusieurs liasses de billets dans la poche arrière de son froc. Je vois rouge en une seconde ! Non mais il se croit où pour me piquer du blé ? A moi ? Jamais encore un barman ne m'avait fait un coup pareil !

Ça fait six mois qu'il travaille pour moi. Théo m'a demandé une faveur, ce petit merdeux lui faisait de la peine. Cord me l'a déconseillé. Il s'était renseigné sur lui. Joueur de poker dans des soirées clandestines, dans des bars miteux, contractant des dettes et voleur, il m'avait prévenu que je prenais un risque. Mais Théo a insisté, me disant que tout le monde avait droit à une seconde chance et que Trevor se rangerait. Foutaise ! Je savais que ça allait arriver, c'était trop beau pour être vrai ! C'est la dernière fois que je n'écoute pas mon instinct !

Silencieusement, je me place dans son dos, ce petit con ne m'a pas senti. D'un coup sec, je referme le tiroir-caisse. Il sursaute, se retourne et agrandit les yeux. Il ne devait pas s'attendre à se faire prendre si vite... Je me saisis de son menton et je serre fort de mes doigts. Mon regard est mauvais, très mauvais. On ne me vole pas ! Je pourrais lui briser les doigts pour ça. Je fais acte de violence que très rarement, mais je ne peux tolérer qu'on me vole, qu'on salisse mon club.

— Tu te crois où là ? fis-je d'une voix glaciale.

— Ash... je..., bégaie-t-il, aussi blanc qu'un cadavre.

— Tu crois pouvoir piquer dans la caisse sans que je m'en rende compte ?

Je ne lui laisse pas le temps de répondre, il n'a aucune excuse de toute façon. Je lui assène un bon coup de genou dans les couilles. Je le lâche, il crie de douleur et s'effondre sur le sol. Je m'abaisse, récupère mon fric, je le soulève et ancre mon regard au sien.

— T'es viré ! crachais-je. Et si je te revois ici, je te bute !

Il s'en va sans demander son reste. Foutu connard ! Heureusement que j'étais là ! Théo va m'en vouloir, mais je n'en ai rien à foutre ! Il n'est pas né le gars qui me volera et que je ferme les yeux, ah ça non !

Un long soupir franchit mes lèvres. Je remonte à l'étage, pénètre mon bureau et me saisit de mon téléphone. Je ne veux plus voir ce merdeux ici, et le mot doit passer dans toute mon équipe !

***

Deux jours se sont écoulés depuis que j'ai pris Trevor la main dans le sac en train de piquer dans la caisse. Théo ne m'a rien dit, mais j'ai bien vu à son regard qu'il était déçu par ce con et qu'il m'en voulait un peu d'avoir fait acte de violence. Je m'en balance, je n'ai aucun remords. On ne me vole pas, point ! Trevor a eu au moins la décence d'esprit de ne pas se pointer. Il en valait mieux pour lui, je l'aurais démonté sinon. De ce fait, je me suis plongé plus profondément dans mes comptes, je veux m'assurer qu'il ne m'a pas volé plus qu'il ne la fait.

A cause de cette histoire, je n'ai pas pu retourner au Penthouse et voir Lexie. Il a fallu gérer cette perte de personnel, et de ce fait, je suis à la recherche d'un nouveau barman. Et cette fois, je ne compte pas prendre n'importe qui ! Quoi que Théo me dise. S'entourer de personnes de confiance, voilà de quoi j'ai besoin, et pas de petit merdeux qui me volent à la première occasion.

La soirée se passe bien, je ne reste pas tout le temps en bas, je me trouve donc dans mon bureau. Théo débarque en trombe, je relève la tête et un sourcil, surpris de voir un air si grave sur son visage.

— Qu'est-ce que tu as ?

— On a un problème, tu devrais descendre.

— C'est Trevor ? Il s'est pointé ?

— Non, c'est pire ! C'est de la racaille qu'on a à nos portes !

Je me lève et suit Théo. On descend et je fais signe à mon personnel de continuer comme si de rien était et me dirige vers les portes d'entrées. Deux de mes videurs font barrage à trois types. Je reconnais l'un d'entre eux. Mickey... rien que ce prénom me donne envie de gerber, et rien à voir avec le dessin animé ! Oh non ! Mickey Capone est l'une des crapules de Strasbourg. Dealer, mac, voleur... il est le genre de mec que je déteste au plus haut point ! Je le connais de réputation, c'est mon concurrent, il a essayé une fois de me chercher des noises, et on la rapidement remit à sa place. Depuis, j'évite de croiser son chemin. C'est un mec à qui il ne faut pas se frotter, mais à moi non plus. Qu'il ne me provoque pas, sinon ça va mal se passer.

— Qu'est-ce que tu veux ? balançais-je froidement.

— Tu ne m'invites même pas à entrer et m'offrir un verre ? me dit-il dans un sourire carnassier.

— Tu le sais, tes pieds ne fouleront pas le sol de mon club !

— Pourtant, il y a une personne qui travaille pour toi qui m'intéresse, et si tu ne veux pas de problème, tu vas me laisser entrer et régler mes comptes avec lui.

— Tu n'entreras pas, lance à son tour Théo, les bras croisé sur son torse.

— Faites sortir la personne que je viens voir dans ce cas.

— Qui est-ce ? demandais-je, même si je ne compte pas le laisser s'en prendre à quelqu'un de mon entourage.

— Trevor Madox, je sais de source sûre qu'il travaille pour toi.

— Travaillait, dis-je, il ne fait plus partie de mon personnel.

— On va avoir un problème dans ce cas. Il me doit un sacré paquet de fric, et, il a mis ton club en gage. Du coup, soit c'est lui qui me rembourse, soit c'est toi.

Putain de merde ! L'enfoiré ! Si je le chope, je le but ! Il a osé mettre mon Night Star en danger ! C'est impardonnable ! Mais je ne vais pas me laisser faire aussi facilement. Je me fiche que ce merdeux ait mis mon club en gage, il n'en a pas le droit, ça m'appartient.

— Je n'en ai rien à faire, déguerpis !

— Vois-tu, continue-t-il en sortant des papiers de sa veste, j'ai l'acte de propriété de ton établissement, il me fallait une garantie. Il me sera facile de le mettre à mon nom...

Putain de merde ! C'est véridique, je vais buter Trevor ! Dès que je lui tombe dessus... En attendant, je dois régler cette affaire. Je n'ai pas le choix, pour sauver mon club, je vais devoir rembourser la dette de ce merdeux, je me serais bien passé de ça !

— Reviens dans la matinée, et tu auras ce que tu demandes, et après, je ne veux plus te voir Mickey ! Et tu me rendras l'acte de propriété, sinon...

— Nous sommes bien d'accord, répond-il dans un sourire.

— Et si jamais tu acceptes encore que quelqu'un mette mon club en gage ou qu'il me vole pour te satisfaire, ça risque de très mal se passer entre nous. Alors fait gaffe, car la prochaine fois, c'est ton club de merde que je descends, c'est clair ?

— Ne me menace pas voyons...

— Ce n'est pas une menace, c'est une mise en garde, sifflais-je.

Il s'en va dans un rire, ses sbires le suivent. Putain ! C'est bien la première fois que je cède à un truc aussi merdique, mais je ne peux mettre mon club en danger. Je vais le rembourser, mais une tête va tomber, ça c'est sûr. Trevor ne va pas s'en sortir aussi facilement.

— Ash...

— Dis à Cord de vérifier l'adresse de Trevor, et prépare des hommes. Demain, on fait une descente jusque chez lui.

— Comme tu veux, c'est toi le boss.

— On ne menace pas mon club Théo, et tu le sais !

— Oui je sais, je vais arranger ça, cette merde c'est de ma faute, si je n'avais pas insisté...

— Non, c'est de la mienne. Mais c'est la première et la dernière fois que j'embauche n'importe qui, que tu connais ou non la personne.

Je lui tourne ensuite le dos, plus énervé que jamais. Je me sens sale d'accepter un tel chantage, en colère d'avoir embauché un connard qui me crée des emmerdes et met en danger mon club. Je ne compte pas laisser passer ça. Trevor va me rendre des comptes, et une bonne leçon s'impose.

***

Une semaine que je ne l'ai pas vu. Trop accaparé par mon boulot, je n'ai pas eu d'autre choix que de m'abstenir d'aller au Penthouse. Le boulot ne peut pas attendre, encore moins lorsque je dois régler certaines affaires dans l'urgence, comme rembourser ce connard de Mickey, et faire payer à Trevor sa bévue. Je ne l'ai pas repris, mais à présent, il me doit du fric, et il a intérêt à me rembourser, sinon, ça sera pire qu'un passage à tabac ! J'espère pour lui que la leçon que mes hommes lui ont donnée lui suffira et qu'il me remboursera rapidement. J'ai farfouillé mes comptes, et il n'a rien prit de plus, mais il me doit du blé et je compte bien réclamer mon dû.

Cette fois-ci, j'ai décidé de m'installer à l'étage, à l'une des tables qui donne vues sur le rez-de-chaussée. Ainsi, je peux observer Lexie autant que je le désire. Elle m'a manqué. Indéniablement. Nos échanges m'ont manqué, son corps proche du mien, ses regards, ses sourires, sa répartie. En seulement quelques dialogues, c'est fou la manière dont je me suis attaché à nos échanges. Et ne parlons pas de l'alchimie entre nous ! Rien qu'à distance, je le ressens déjà.

Je la vois slalomer entre les tables, les débarrasser, les frotter pour les prochains clients, en servir quelques un. Elle évite les mains baladeuses de certains mecs. Je déteste quand j'en vois lui mettre la main aux fesses. Ça ne me donne qu'une envie, les virer à coup de pied dans le cul !

Plus je l'observe, plus je la trouve soucieuse. Je me demande bien ce qui peut la tracasser... je préfère de loin ses regards malicieux, sa façon de me tenir tête pendant que son corps se tend ou frissonne à côté du mien. Il suffirait d'un rien pour enflammer l'étincelle qu'elle tente de contrôler et de tout faire crépiter. Elle me résiste, mais je sais qu'elle me désire. Cela se voit dans ses pupilles qui brillent, par sa respiration qui s'accélère, par la façon où parfois, elle détourne les yeux pour ne pas me soutenir. Par sa manière de se pencher vers moi, et de reculer si vivement pour ne pas céder à la tentation. Elle n'est qu'une boule de nerf prête à exploser. Et moi, je suis le déclencheur.

L'une de ses collègues passe dans son dos pendant qu'elle nettoie une table. Elle lui souffle à l'oreille qu'elle est demandée à l'étage. Je vois son visage se décomposer un instant pour ensuite apercevoir ses ravissants sourcils se froncer. Bien entendu, c'est moi qui l'ai fait demander. J'avais envie de la déstabiliser un peu. Et cela semble marcher, ce qui me tire un petit sourire.

Elle va me chercher mon scotch, je la suis du regard. Je suis vraiment bien placé pour voir le moindre de ses mouvements. Je passe ma langue sur mes lèvres, coulant mon regard sur son corps divin et ce cul d'enfer qui bouge avec appétence dans cette petite jupe. Je l'imagine entre mes mains. Je me vois déjà frôler son corps de mes doigts, le sien qui frémit. Bon dieu ! Je n'ai eu de cesse de l'imaginer dans un lit avec moi ! Elle m'électrise complètement, attise mon désir comme aucune femme ne l'a encore fait. Et pourtant, j'en ai eu des conquêtes ! Mais elle, elle exacerbe mon désir au point que c'en est douloureux, mais tellement exaltant ! Je veux bien plus qu'un petit coup dans les chiottes !

Elle monte les escaliers, passe devant deux tables avant d'arriver à la mienne. En me voyant, elle affiche un petit sourire et secoue la tête. Je la dévore du regard. Littéralement. Mon cœur s'accélère, un frémissement s'écoule le long de mon échine. Chaque pas qu'elle fait me donne envie de l'avoir dans mes bras. Ce qui me parcourt est fort. Intense. Brutal. Bestial. Mais je ne bouge pas. Je reste bien installé sur mon siège, un petit sourire sur les lèvres. Elle dépose mon scotch sur la table et place une main sur sa taille. Une taille où je rêve d'y glisser mes mains.

— Ça t'amuse de jouer à ce genre de petit jeu ?

— Je suis innocent, répliquais-je alors que je n'ai rien d'innocent.

— J'en doute... me faire appeler comme tu l'as fait...

Je trempe mes lèvres dans ce breuvage que j'affectionne tant. Je me lèche ensuite les lèvres. Lentement. Captant son regard. Elle me fixe. Sa respiration se bloque une seconde. Mes lèvres s'étirent à nouveau dans un sourire que je n'offre qu'à elle.

— Je t'offre un verre ? lui proposais-je.

— Je crois qu'il va falloir changer d'approche à présent. À chaque fois que tu viens, tu me monopolises !

— Et... cela te dérange ?

— Non, pas du tout. Au moins je ne me fais pas mettre la main aux fesses quand tu es là, me répond-elle dans un soupir.

Mon regard s'assombrit. Je ne supporte décidément pas quand on la touche, encore moins un mec qui ne veut qu'une chose : la baiser. Je sais qu'elle n'aime pas ça, et pas rien que parce qu'elle peut foudroyer la personne qui ose ce genre de liberté, mais parce qu'elle me la dit. On a quand même appris à un peu se connaître. Je ne divulgue que ce que je veux bien, moins elle en sait sur moi, mieux c'est. Pour l'instant tout du moins.

— Tu veux bien passer du temps avec moi seulement pour ça ? la taquinais-je dans un petit sourire.

— Bien sûr que non. C'était une façon de parler.

— Hum... tu t'assois près de moi ?

— Comme à chaque fois que tu viens !

— Exactement !

— Tu n'es vraiment pas possible, me dit-elle dans un petit rire.

Elle commence tout doucement à me percer. Elle sait que quand je veux quelque chose, je l'obtiens, et en l'occurrence, là maintenant, je veux qu'elle soit près de moi. Pas en face de moi, à côté de moi ! C'est plus facile pour me rapprocher et tenter de frôler son corps qui réagit à chaque fois comme je l'espère.

Elle va pour s'installer en face de moi, mais je glisse mes doigts autour de son poignet. Elle s'arrête et me regarde, les yeux agrandis par la surprise. Elle frissonne sous mes doigts, et rien que de la toucher comme cela, ça m'électrise. Je l'attire doucement à moi pour la faire asseoir à côté de moi.

— Qu'est-ce qui te prend ? me demande-t-elle.

— Près de moi, c'est là, dis-je avec mon sourire le plus renversant.

— Tu vas jouer à l'enfant gâté ?

— Ça se pourrait bien, la taquinais-je.

— C'est bien ce que je disais, tu n'es pas possible !

Elle rit, d'un doux son qui me ravit les oreilles. Je souris, j'aime entendre ce si joli son. J'appelle une serveuse pour qu'elle lui apporte à boire. Je n'ai pas besoin de demander à Lexie ce qu'elle va boire, elle prend toujours la même chose.

— Ça fait un moment que je t'observe, lui dis-je en affichant une mine sérieuse. Tu semblais tracassé... tu as des soucis ?

— Ah parce que tu es là depuis longtemps ?

— Un petit moment. Alors ?

— C'est gentil de t'inquiéter, mais ça va. Ah moins que tu veux te rattraper de ta semaine d'absence ?

— J'ai été très accaparé par le boulot, mais je ne t'ai pas oublié pour autant.

— Tu ne m'as toujours pas dit dans quoi tu travaillais... et je suppose que tu ne le feras pas, n'est-ce pas ?

— Tu as tout compris.

— Tu es très mystérieux sur ton travail.

— C'est ce qui fait mon charme.

Elle roule des yeux et sourit. On lui apporte sa boisson et elle détourne la tête. Je le savais qu'elle le ferait ! Elle ne soutient jamais bien longtemps mon regard. La serveuse repart, et c'est là que je décide de me rapprocher de son corps. Je souffle légèrement dans sa nuque et elle frissonne. Ce qui me tire un nouveau sourire. Elle se tourne vers moi et rougit. Quelle divine vision ! Je veux que ses joues se colorent un peu plus. Rien que pour moi.

— Ash... qu'est-ce que tu fais ?

— Tu te détournes, alors j'attire ton attention, lui dis-je sans me défaire de mon petit sourire.

— Tu es trop près, souffle-t-elle.

— Vraiment ?

Elle est troublée, ce qui la rend encore plus attirante. Son souffle est légèrement plus rapide. Je sais que son ventre se tord autant que le mien de désir. Son cœur pulse dans sa poitrine. Ses cuisses, serrées l'une contre l'autre montre qu'elle veut dominer ce désir que j'éveille en elle. Elle sent cette tension sexuelle entre nous, et il suffirait d'un rien, d'un effleurement pour que tout s'embrase.

Je passe mon bras le long du siège derrière elle. Son corps se tend. De mon pouce, je caresse sa nuque et elle respire plus fort. Je vois même ses petits bouts roses se tendres sous le tissu de sa tenue. Je plonge mon regard dans le sien et je me rapproche d'elle. J'incline mon visage, elle murmure mon prénom, mais je ne peux me retenir. Je veux sentir ses lèvres contre les miennes.

Elle pose un doigt sur ma bouche, ce qui me fait frissonner des pieds à la tête. Elle mordille sa lèvre, mais ses pupilles sont dilatées. Elle me veut autant que je la désire. C'est une sensation forte. Violente. Indomptable. Elle et moi, on sait comment ça va se finir.

— Pas ici, chuchote-t-elle.

Les battements de mon cœur s'agitent follement dans ma poitrine. Je lèche son doigt, elle frissonne et avant qu'elle le retire, je l'attrape avec ma bouche et le suce. Sa respiration se bloque ou s'accélère. Ou peut-être les deux. Elle serre des cuisses et retire son doigt d'entre mes lèvres. Elle se détourne à nouveau et je dirige mon visage dans son cou. Je la hume, la respire, la lèche discrètement. La chair de poule recouvre sa peau. Elle retint un soupir. Je remonte ma bouche à son oreille, que je suçote avant de lui murmurer quelques mots.

— Chez toi, dans ce cas.

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Coucou ici! J'espère que cette suite vous plais ♥ Rien à dire de plus, n'hésitez pas à me laisser vos impressions 

Des bisous ♥

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