Chapitre 10 - Lexie


Il m'a fallu quelques minutes pour me reprendre après le départ d'Ash. J'ai même la sensation que son odeur virile est partout ! Je file ensuite à la douche et je passe les fringues que j'ai sous la main. Un jean et un simple tee-shirt. Je ne possède pas de vêtements sophistiqués. Ce que j'ai est simple et ça me convient amplement. Je mange un petit truc vite fait et je quitte mon appartement.

Je marche vite, le temps m'est compté. Une demi-heure de marche et j'arrive à l'appartement de Trevor. Je pousse la porte d'en bas, qui n'est jamais fermée à clé et qui grince tout le temps. Je monte à l'étage et je cogne contre la porte en l'appelant. Mais je n'ai aucune réponse. Un soupir franchit mes lèvres. J'ai comme l'impression qu'il a mis les voiles... C'est tout lui. Je me demande quelle connerie il a pu encore faire... Ou alors, il est juste à l'extérieur... ça aussi c'est possible.

Je repars dans le sens inverse, mais au-devant des escaliers, je m'arrête. Le propriétaire, un homme petit, de grosses corpulences à la tête chauve me barre la route. Merde ! Je n'avais vraiment pas envie de tomber sur lui. Pourvu que Trevor ne doive pas de mois de loyer en retard. Par pitié... Je lui souris, mais ce n'est pas gagné avec la mine contrariée qu'il arbore.

— Monsieur Dalmas...

— Jeune fille, me dit-il, les yeux furibonds, que Trevor entre au plus vite en contact avec moi, j'ai à lui parler.

— J'étais justement venue le voir, mais il n'est pas là, lui dis-je dans un petit soupir.

— Il me doit deux mois de loyer en plus de ce mois-ci, si je n'ai rien d'ici la fin du mois, c'est la porte !

— Ça fera trois mois, m'offusquais-je.

— Il a eu sa chance, s'il ne me paie pas..., me dit-il en s'éloignant.

— Attendez !

Mon dieu, je sentais le coup arriver... trois mois...le connaissant, il ne pourrait pas régulariser sa situation, il faut que je l'aide, je ne peux pas le laisser se mettre à la porte ! Je vais devoir prendre les choses en mains, à mon plus grand désespoir. Le propriétaire s'arrête et se retourne. Il me regarde de haut et je me mordille la lèvre. Mon cœur fait la samba dans ma poitrine.

— Je... d'ici la fin de la semaine, je viendrais vous payer les deux mois. Est-ce que cela vous convient ?

— Ce n'est pas à vous de faire cela, Trevor est adulte. Il devrait prendre ses responsabilités.

— S'il vous plaît ! S'il est à la rue, il n'aura plus nulle part où aller !

— Soit, faisons comme ça, mais je n'accepterais plus aucun retard de sa part, et qu'il me paie ce mois-ci à la fin du mois.

— Merci !

Il s'en va ensuite dans un petit soupir. Je me retrouve seule dans ce petit couloir et à mon tour, je pousse un long soupir. Me voilà dans de beaux draps ! Mais je n'ai pas le choix. Je vais me mettre sur la paille, mais tant pis ! Je ne peux pas le laisser se démerder tout seul, il ne pourrait pas s'en sortir sans mon aide. Il n'est pas question qu'il se retrouve à la rue ! Même à cause de ses conneries, je dois l'aider !

Je quitte l'immeuble de Trevor et je rentre directement chez moi. Il faut que je me prépare pour aller bosser. Je prends une douche rapide, mais je saute le repas. Le nœud à l'estomac m'empêche d'avaler quoi que ce soit. J'essaie de contacter Trevor, mais je tombe sur sa messagerie. Qu'est-ce qu'il m'énerve ! Il pourrait au moins allumer son téléphone ! C'est légèrement remontée que je vais jusqu'au club pour une nouvelle nuit de boulot.

***

Le reste de la semaine s'est déroulé très lentement. L'attente dans l'angoisse il n'y a rien de pire. Je suis impatiente de recevoir ma paie pour aider Trevor, et en même temps non. Ça va être dur de ne vivre avec rien. Mais en même temps, je suis habitué.

Comme je l'avais pensé, je n'ai pas revu Ash. Je ne m'attendais pas à autre chose, je savais que c'était un adieu la dernière fois qu'on s'est vu. Ça se ressentait. On ne s'était rien promis et son « à bientôt » sonnait faux. C'était une manière de dire que notre nuit ensemble avait été sympa, mais que cela s'arrêtait là. Je pourrais dire que ça ne me fait rien, mais en fait non. J'en ai un pincement au cœur. L'air de rien, il avait pris une grande place dans ma vie. J'adorais le voir au club et qu'il me monopolise. Mais je ne le dirais jamais à voix haute. Fidèle à moi-même, je préfère garder cela pour moi. Je n'ai personne à qui me confier et ce n'est pas mon style de toute façon. Encaisser pour relever la tête, voilà mon quotidien depuis des années.

Je ne cesse aussi de me demander ce que Trevor a encore fait. Le connaissant, il ne doit pas que du fric à son propriétaire. À qui d'autre doit-il encore de l'argent ? Créer des dettes un peu partout, c'est bien son style. Et une fois que la situation le dépasse, il disparaît ! Heureusement que j'ai des nerfs d'aciers ! Mais il va arriver un jour où je ne vais plus pouvoir l'aider à le sortir de la merde, et ça me terrifie. Pourvu que ça n'arrive jamais et qu'il se réveille !

Trevor croit que je ne suis pas au courant pour les jeux, les soirées poker, les dettes qu'il accumule, mais je ne suis pas stupide. Les signes ne trompent pas. J'ignore peut-être à qui il doit de l'argent, si seulement il pouvait quitter cet engrenage-là...

Avant de rentrer chez moi, je longe le petit couloir qui donne à l'arrière du club. C'est un peu isolé et c'est là que se trouve le bureau de mon patron. C'est le jour de ma paie, je vais pouvoir donner une partie à monsieur Dalmas pour le remboursement des loyers que Trevor lui doit. Je n'ai pas d'autres solutions pour l'aider, il faut que je le fasse.

Je frappe un coup contre la porte et l'ouvre lorsque mon patron m'invite à entrer. Il est assis à son bureau, la tête dans les papiers. Il relève ses yeux verts et m'offre un petit sourire crispé. Il ramène d'une main quelques mèches brunes qui lui gâchent la vue. Sans la cicatrice qui lui barre la joue, ainsi que sa forte corpulence, il pourrait être mignon. Même à passer quarante ans.

— Lexie, approche.

— Je viens pour ma paie.

— Je sais, me répond-il en me tendant une enveloppe. Voilà.

Je m'en saisis et regarde le contenu. Ce n'est pas que je ne lui fais pas confiance, c'est une habitude que j'ai prise. Même si je travaille au noir, je sais qu'il a toujours été réglo. J'écarquille les yeux en voyant combien il y a. Il y a un problème, il y a bien plus que d'habitude.

— Monsieur Olse, je pense que vous vous êtes trompé sur le montant de la somme.

— Non, me répond-il en croisant ses doigts l'un dans l'autre, les coudes posés sur son bureau. C'est comme d'habitude, sauf qu'un client a laissé un généreux pourboire pour toi. Il devait être satisfait de tes services.

— Un client ?

— Oui, Ash Mils, un homme très influent et riche de surcroît. Chaque fois qu'il venait, il payait suffisamment pour que je ferme les yeux lorsqu'il te monopolisait et laissait un peu plus de liquide pour toi, comme je viens de te le spécifier.

J'ouvre la bouche, stupéfaite. Mais je la referme ensuite. Ash Mils... c'est donc comme ça qu'il s'appelle ? Je me doutais bien qu'il devait être quelqu'un d'important, mais pas qu'il soit riche et influent. Au point que mon patron ferme les yeux lorsque je restais avec lui. Je craignais que ce soit retenu sur ma paie, mais finalement, non. J'en suis abasourdie ! Et pourquoi a-t-il laissé de l'argent pour moi ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Je ne comprends pas.

— Si tu veux mon avis, tu recevrais un peu plus si tu faisais comme les autres...

— Je vous l'ai déjà dit, je ne ferai pas de strip-tease.

— Je sais cela, mais sache que si tu changes d'avis, je ne serais pas contre et ça serait bénéfique pour toi. Financièrement j'entends bien.

— Merci, soufflais-je. À ce soir.

— À ce soir Lexie.

Je quitte son bureau, gardant pour moi le petit soupir qui veut franchir mes lèvres. Si jamais j'ai la chance de revoir Ash, je compte bien lui demander quelques explications au sujet de ces fameux pourboires. Je ne veux rien devoir à personne. Et recevoir de l'argent de la part d'un homme qui a été mon amant me rend un peu mal à l'aise.

Ça me dérange bien trop. Je n'aime vraiment pas ça. Ce bonus de sa part me laisse vraiment dubitative. Aurait-il tout calculé ? Savait-il comment ça allait tourner entre lui et moi ? Est-ce qu'il a payé pour... cette nuit qu'il m'a offerte ? Non, il n'aurait quand même pas osé... C'est impossible. Il voulait un plus après notre moment dans l'autre boîte, je ne peux imaginer qu'il est tout programmé. Malheureusement, un doute subsiste.

***

Chaque soir, lorsque je travaille, c'est la même routine. Je souris aux clients, j'évite les mains baladeuses, je débarrasse les tables vides, apporte les boissons aux clients... et ainsi de suite.

J'ai réglé le problème de Trevor, il ne doit donc plus de loyer. Jusqu'aux prochains... car je le sais, dès le mois prochain, ça va recommencer. Surtout s'il ne sort pas de sa cachette. Dès que je le revois, je l'étrangle ! Il m'énerve ! Il est temps que lui et moi, on ait une sérieuse discussion. Ça ne peut pas continuer comme ça ! Il doit se ressaisir et arrêter ses conneries. Je ne serais pas éternellement derrière lui.

Je profite de ma pause pour aller prendre un bol d'air frais à l'arrière du club. Le temps est doux, et cela me fait du bien. Je ne fume pas, mais prendre un peu l'air entre deux services ça fait du bien.

L'air de rien, Ash me manque. Je m'étais habituée à sa présence. Il me faisait sourire, me changeait les idées par sa manière d'être et nos petites conversations. Son absence laisse un grand vide, et pourtant, je me suis toujours juré de ne pas « m'attacher » à qui que ce soit. Mais me suis-je seulement attachée ? Ou est-ce cette attraction entre nous qui me laisse un vide ? Je l'ignore. J'essaie de ne pas penser à lui. C'est un homme parmi tant d'autres. C'est ce dont je me persuade.

Je ne suis pas quelqu'un de chaste, je ne l'ai jamais été. J'aime le plaisir charnel, et ça m'aide beaucoup pour le moral. J'ai besoin de ces petits moments pour tenir avec la vie que je mène. Je ne suis pas une fille facile, j'apprécie seulement les plaisirs de la vie. Il n'y a rien de mal à cela. Ce n'est pas non plus comme si je me donnais à un homme différent chaque soir. Il m'arrive de rester des mois sans rien faire. Mais avec Ash, ça a été explosif, intense. Je ne peux le nier. Mais si vraiment je devais le revoir, je resterais quand même sur mes gardes. Cette histoire de pourboires est vraiment étrange. Ça cache quelque chose. Je ne suis pas paranoïaque, je suis méfiante. Et souvent, j'ai des raisons de l'être. On n'a jamais rien sans rien. Rien n'est gratuit dans la vie.

— Lexie ?

Je me retourne à l'appel de mon nom et je me retrouve face à Amanda, une autre serveuse. Elle n'est pas vilaine avec ses cheveux blonds et ses yeux bleus. Elle débute dans le métier et ne fait pas de strip-tease. Du moins pour l'instant. Je sais que ça ne va pas durer. Les filles comme Amanda qui travaille dans un club pour de l'argent finissent toujours sur le podium ou dans les salles VIP. Je suis aussi là pour l'argent, mais je n'ai pas le choix. Et j'ai fais des choses dont je ne suis pas fière pour m'en sortir. C'est pour ça que je sais comment elle pourrait finir. J'espère qu'elle ne glissera pas sur cette pente là.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demandais-je.

— Est-ce que tu peux m'aider ? Je ne m'en sors pas, il y a beaucoup trop de clients.

— Pas de problème.

— La table cinq à l'étage a commandé deux cognacs et la sept un scotch avec glaçons.

— Je m'en occupe.

— Merci, souffle-t-elle.

Je lui offre un petit sourire de politesse et entre dans le club, qui est, comme chaque soir, bondé. Je vais jusqu'au bar, commande les boissons au barman et monte ensuite à l'étage. Je sers les deux cognacs à la table cinq, et l'un des deux hommes s'amuse à me caresser la cuisse. Je mords sur ma chique, bien que j'aurais voulu répliquer pour cet excès. Mais je n'ai pas le droit. Comme mon patron me l'a déjà fait remarquer, c'est le boulot qui veut ça. Je m'en passerais bien !

Je m'approche ensuite de la table sept, et lorsque j'aperçois Ash, mon cœur loupe un battement. Il est là ! Il est revenu ! Pourquoi ? Je ne pensais pas qu'il reviendrait. Encore moins après tous ces jours d'absences et de silence.

— Un revenant, dis-je d'une voix blanche en déposant son verre sur la table.

— Que veux-tu, je ne peux plus me passer de toi, me répond-il de son petit sourire craquant.

— Dis plutôt que tu ne peux plus te passer de l'ambiance du club et du scotch. Ça serait plus plausible, rétorquais-je.

— Me ferais-tu la tête ? me demande-t-il en arquant un sourcil, ne se défaisant pas de son petit sourire.

— Pourquoi je te ferais la tête ? Tu es un client comme un autre.

Sur ces paroles, je me détourne, prête à m'éloigner de lui. Mais il m'attrape tendrement le poignet avant que je ne puisse avancer. Ce qui me procure une douce décharge électrique, allant jusqu'au creux de mon ventre. Je me mords la lèvre, me maudissant de réagir ainsi à son contact. Je me retourne face à lui et lui offre un faux sourire.

— Reste un peu avec moi.

— Pourquoi ?

— Parce que je te le demande, me dit-il sur un ton légèrement autoritaire. Généralement, quand je viens, tu es beaucoup plus réceptive. J'ai donc raison, tu me fais vraiment la tête.

— Je ne te fais pas la tête, j'ai du travail, rétorquais-je.

— C'est un mensonge.

— Me traiterais-tu de menteuse ?

— Assieds-toi et dis-moi ce que tu me reproches.

— Je ne te reproche rien, dis-je en soupirant. Enfin, si.

— Ah ?

— On ne m'achète pas !

Je retire d'un coup sec mon poignet de sa main, me retourne, évitant de penser au regard écarquillé qu'il vient de me lancer. Je redescends, bien déterminée à l'éviter le plus possible. Je meurs d'envie de rester à ses côtés, mais l'histoire des pourboires me reste en travers de la gorge. J'exagère sûrement, la paranoïaque me fait penser n'importe quoi, mais c'est comme ça que je suis. Cette histoire, c'est vraiment trop bizarre !

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Coucou ici! Voici la suite des aventures de Lexie et Ash. Pourquoi Ash agit comme il le fait? Est-ce par bonté ou parce qu'il a quelque chose en tête?

Des bisous ♥

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