Trip (Silent Hills 2 OST)

Contrairement à ce que le titre indique, je n'ai pas consommé de drogue pour écrire ce texte. La drogue, c'est pas bien :3


Les gouttes de pluie tombaient lentement sur les fleurs, et à chaque léger impact, un son clair, fragile s'envolait dans l'air nocturne. La douce mélodie des ces bulles me caressait le visage. Je regardais la Lune, ancienne amie, tendre et souriante en ce soir. Elle me manquait. Elle était partie, ses ailes de verre s'étaient déployées dans un silence assourdissant. La lumière jaune qui émanait du croissant se glissait jusque dans mon cœur et au creux de mes larmes chaudes. Le bois sous ma main était doux et frais. Une odeur de résine avait trouvé refuge dans mes narines. J'étais seule et triste, j'étais dans la nature.

Je me mis à marcher, au rythme des gouttes, à danser avec les pétales ouverts par les rayons diaphanes de la Lune, perdue en moi, dans le souvenir d'elle, de nous, se caressant le visage, de ses lèvres douces, de sa voix d'étoile. Le monde n'était plus qu'une surface dure sous mes pas frénétiques. Mon cœur était un tambour lent, la pluie le piano.

Je pleurais dans cet instant sublime, mes cheveux fouettaient l'air, mes ongles gravaient ma paume. Ma robe chut, je fus nue. Tout mon corps secoué par mon désespoir, le froid jusque dans mes os, et une chape d'eau sans cesse renouvelée sur mon visage, mes épaules, mon ventre, mes jambes.

Je m'écroulais.

La rage de l'impuissance toqua lourdement sur mon ventre, je la laissais entrer. Debout à nouveau, je griffais les gouttes, labourais la terre meuble, hurlai mas fureur en une unique note tendue et tenue. Qu'elle revienne ! Une vie sans nous est vide.

Destin, Dieu, regarde-moi, je t'acclame et exige son retour. La mort n'est qu'un voile, fais-le lui traverser. Je te défie de m'arrêter, je suis une flèche de détermination implacable. Ramène-la-moi !

Conscience soudaine. Du vide. Qui pénètre en moi. Me plie. Me soumets. Rien. Un grand creux en moi, et tout s'effondre autour. Je me recroqueville et mes larmes tombent une à une sur une fleur au son de clochette. Pourquoi tout cette beauté si elle n'est pas là pour que nous la contemplions, ensemble ?

Tout cela est un cirque grotesque, que seuls les lions domptés comprennent. Les spectateurs rient des clowns, s'amusent. Le fouet claque, je claudique, me claquemure. Chaque journée est une représentation, un spectacle grossier que j'honnis. Ma partenaire est partie. Peut-être se cache-t-elle parmi les voyeurs ?

Les lumières, jaunes, bleues, rouges m'appellent, c'est mon tour de briller et de m'oublier. Le sable chaud sous mes pieds, aveuglée. Je ricane et ronronne, grince et crache. Tourne en rond infiniment, jusqu'à l'épuisement, jusqu'à l'oublier.

Je me réveille ensanglantée, insupportable. La tête brisée comme une théière et brûlée. Les brins d'herbes couchées montrent mon corps, comme une preuve de ma culpabilité.

Je cours, respire, je dois aller loin de moi-même et de ce poison qu'instille mon corps. Je dois l'oublier, et m'oublier, devenir nous sans elle, je le peux : je sais sourire, je sais parler et écouter sans comprendre.

Mes pieds nus, la terre dure, le vent dans mes cheveux, le Soleil dans mon dos, mon ombre comme direction. Je cours jusqu'à rejoindre l'horizon, le dépasser, aller au-delà de moi-même pour me rejoindre et renaître. M'enrouler autour de nous, jusqu'à ce que cela m'imprègne, comme du thé.

Je pourrais aimer à nouveau et croire en l'autre, me laisser apprivoiser et calmer et aimer. Je ne suis pas différente d'elle, qui n'existe plus, qu'en moi. Son cœur a remplacé le mien, trop fragile. Son cerveau dirige ma pensée.

Propre et neuve, réparée, je sors du bois et plonge vers la ville, blocs durs et impersonnels. Je les aime, ils sont forts.

Tant de gens, ils parlent, je ne comprends que l'intention, mon sourire désarme et réponds. Je ne suis plus seule, elle est là, partout autour de moi, chez cet autre aux cheveux de braise, chez cet autre aux yeux de charbon, chez cet autre à l'odeur de pin. Je tourne, ritournelle insensée et si vraie. Nous sommes accueillies et aimées, je suis heureuse.

Je me réveille sans voix. Tout est parti. Et moi... ?


Salut !  J'ai décidé d'inclure les textes qui suivent dans ce recueil, parce qu'ils sont poétiques, je trouve. Si vous n'êtes pas d'accord, faites-le moi savoir !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top