Lundi 20,

On dit qu'avant de mourir, on voit sa vie défiler devant ses yeux. Et bien moi, je vois notre vie défiler devant mes yeux, après ta mort.

— J'ai la capacité de concentration d'un moineau rieur..., avais-tu soupiré un jour.

C'est drôle, je me souviens de cet instant avec tant de précision !

— Tu es un moineau rieur, avais-je répondu en souriant.

Et tu avais alors éclaté de rire, de ce rire qui me faisait rire aussi, même quand j'étais triste. Tes sourires aussi étaient contagieux.

Tu t'en souviens ?

Une fois, nous faisions la course Rue des Soupirs, et alors que tu allais gagner, et de loin, tu as subitement fait demi-tour. J'ai cru que tu me laissais franchir l'arrivée avant toi. Je n'ai jamais été forte à la course, d'ailleurs. Mais tu es remontée jusqu'en haut de la rue, avant de la dévaler de nouveau, et de gagner haut la main après ces allers-retours.
Nous avons eu du mal à nous arrêter de rire.

Tu t'en souviens ?

Une autre fois, nous avons fait le mur à minuit pour aller nous jeter à l'eau, à l'étang. Nos vêtements étaient trempés mais c'est un merveilleux souvenir.

Tu t'en souviens ?

Cette fois-là, tu avais parsemé mes cheveux de pétales de fleurs sauvages, qui s'étaient retournés vers ton visage lorsque le vent avait changé de sens.

Tu t'en souviens ?

J'ai toujours été là. Pour les rires et les larmes, les escapades et les bêtises.

Tu t'en souviens ?

Tu es mon amie,

Tu t'en souviens ?

Tu me manques,

Moi.