R

À toi



Samedi 18,


J'ai appris la nouvelle hier.

J'ai pris ma décision immédiatement ; ne plus jamais ne te parler était inimaginable. C'est la première fois que je ne te comprends pas, soit. Tu ne pourras plus essayer de m'expliquer, c'est vrai, mais je refuse de ne pas faire d'efforts.
Pour toi.
J'ai néanmoins attendu presque vingt-quatre heures, car penser à toi était insupportable. Et me voilà.


Hier, j'ai fui, et je me suis retrouvée Rue des Soupirs. Tu t'en souviens, n'est-ce pas ? Cette rue, c'était notre rue... Cette rue lumineuse, avec ses marches sur lesquelles nous nous asseyions, et ses maisons avec les fleurs aux fenêtres. Tu t'en souviens ?
Toujours est-il que je m'y réfugiée, même si elle me paraissait grise et terne sans toi, et que, roulée en boule sur une marche, j'ai pleuré. Je t'ai pleurée. Je t'ai haïe, pour m'avoir abandonnée, et je t'ai aimée, c'est ce qui fait le plus mal.
Après que j'ai séché mes larmes et que je me suis redressée, j'ai marché dans la rue, hagarde, sans but. Un vrai fantôme. Et j'allais sortir, lorsque j'entendis mon nom. Le petit vieux, toujours là, assis en tailleur devant sa porte, tu te souviens de lui ? Il ne parlait jamais, et pourtant il m'appelait, à cet instant. Je me suis retournée.

— Oui ?

Je me suis accroupie à son niveau, et il a prit mes mains dans les siennes.

— Tu as l'air bien triste, fillette.

J'ai failli le reprendre. On ne m'avait pas appelée « fillette » depuis des années, parce que je n'en était plus une. Je me suis contentée de hocher la tête.

— Lorsque tes pensées s'obscurcissent et que ton âme souffre, souffle sur une fleur du cosmos, m'a-t-il dit alors.

Puis il s'est de nouveau tassé sur lui-même, et son dos s'est voûté. J'ai d'abord pensé qu'il été fou, et j'ai reprit mon chemin, errant dans les ruelles presque désertes. Quelques minutes après, je repensais encore à ce qu'il m'avait lorsque je compris. Une fleur du cosmos, c'était bien sûr cette fleur rouge qui poussait dans les champs sauvages. Je m'y rendis et en cueillis une. Je soufflai dessus, et les pétales se décrochèrent, et s'envolèrent au gré du vent. C'était magnifique.
C'est à ce moment que j'ai décidé de ne plus pleurer.


Tu me manques. J'essaierai de t'écrire chaque jour, si j'en trouve le temps. Mais je le trouverai, pour toi.


Ton amie,

Moi.

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