- Alors? demanda Louis à Zayn, quelques semaines plus tard, alors que tous deux tenaient leur propre étal de fruits et légumes au marché. Comment va Doniya?

- Elle est très fatiguée, mais je crois qu'elle se plaît bien à son nouveau travail. Elle veille toute la journée et, quand vient la nuit, une autre jeune fille la relaie. Elle revient dormir à la maison et repart à l'aube. On ne la voit pratiquement plus.

- Quel calvaire! soupira Louis. Je suis heureux de ne pas avoir à faire ceci.

- C'est clair que ce ne doit pas être de tout repos. Elle m'a aussi parlé du dragon. Il n'est pas un danger pour elle apparemment mais il a l'air très agressif. Elle et l'autre fille l'ont surnommé Simon je crois.

- Et tout ça pour le caprice d'une princesse. Quelle mijaurée celle-ci! Elle va épouser un prince et elle n'est même pas capable de faire tout le boulot elle-même.

- C'est vrai qu'elle a le bon rôle! Passer l'année à se prélasser dans son palais en attendant de se faire faussement sauver par le prince de Payne, il y a pire comme destin.

- Je plains sincèrement le prince d'avoir à épouser la princesse Sophia. De ce côté-là, je ne l'envie pas le moins du monde!

- En y réfléchissant bien, je serais plutôt envieux de la princesse! Mais je sais où se situe mon destin : auprès de ma famille et dans ce marché fétide.

- Ne t'en fais pas, Zayn, le mien est en tous points similaire. Mais bon, conclut Louis en soufflant, on n'a pas tous la chance d'épouser un futur roi.

Zayn acquiesca avec une moue pensive avant de se remettre à trier des panais. Il ne comptait même plus le nombre de fois où son esprit s'était perdu à imaginer une vie plus belle, aussi agréable que celle d'un roi. Bien sûr, il savait que sa place était dans son petit village, avec ses parents et ses soeurs. Où pourrait-il se trouver d'autre, de toutes façons?

Sans réellement visualiser son futur, il pensait vivre de ses récoltes toute sa vie. Peut-être habiterait-il dans un autre village, mais il en doutait. Peut-être s'unirait-il avec une jeune femme du coin et qu'ils auraient des enfants, que sa vie ressemblerait en tous points à celle de son père. Zayn grimaça : l'idée de fonder une famille ne lui plaisait pas tant que ça, en tout cas pas pour le moment. Celle de passer sa vie à faire pousser des navets et les vendre pour amasser le peu d'argent qu'il devrait ensuite donner à la taille, impôt local, encore moins. Décidément, rien de tout cela ne lui donnait envie, mais Zayn avait conscience qu'il ne pouvait se permettre d'espérer autre chose. Le brun soupira lourdement, ce que Louis ne manqua pas de commenter.

- Tout va bien, Zayn? demanda-t-il, préoccupé.

- Comme d'habitude, pourquoi?

- Tu soupires plus fort que les boeufs du Père Daniel! s'exclama le plus vieux, tentant un trait d'humour.

- Très drôle... Je vais bien, je me suis juste laissé emporter par mes réflexions.

- Et vers où allaient-elles? Ou plutôt... vers qui?

- Arrête ça, Louis! Je t'ai déjà répété mille fois que je ne me marierais pas avec Perrie.

- Bien, bien, mais qu'en est-il de Jelena? J'ai bien l'impression qu'elle t'aime beaucoup, ajouta Louis, joueur.

- Pour la énième fois, Louis, je ne souhaite épouser aucune des deux, et surtout pas maintenant! J'ai encore le temps tu sais.

- On verra cela dans un an ou deux, je suis certain que ton discours aura changé.

- On verra, oui... Et toi, avec Eleanor?

Ce fut au tour de Louis de marmonner.

- Elle est gentille, juste... un peu collante. Je ne suis pas sûr de vouloir passer ma vie avec elle.

- Avec qui? demanda une voix chaleureuse juste derrière eux. Louis se retourna avec un grand sourire en ayant reconnu le timbre de Harry.

- Eleanor, répondit Zayn qui ne manqua pas de laisser échapper un rire en voyant le regard incendiaire de Louis.

- Je te comprends, souffla Harry. Mes parents veulent absolument que j'épouse Taylor, la fille du cordonnier, mais je n'en ai pas envie.

- Je crois bien qu'aucun de nous n'est près d'épouser quelque fille que ce soit, pouffa Louis.

- Tu l'as dit, commenta Zayn, avec un sourire en coin.

Ils ne savaient pas à quel point ils avaient raison... Ni que cela concernait un autre jeune homme, vivant à l'autre bout du pays. Un certain prince que nous avons déjà rencontré...