Chapitre 10 - Gilles
Quand il quitta le hall de chez Max Brennet, Gilles n'avait pas la moindre envie de voir Juan, du moins pas dans l'immédiat. Il se permit donc d'envoyer un bref message à l'homme pour reporter la séance au lendemain, si l'entraîneur avait une place disponible – ce qu'il se devait d'avoir, au prix où il était payé. À l'extérieur, l'atmosphère polluée de la grande ville l'accueillit, étouffante. Quand il se retrouvait ainsi au beau milieu de la capitale, c'était quelque chose d'aussi rassurant qu'angoissant. Il détestait le fait de ne pas voir le ciel autrement qu'en un amoncellement terne lorsqu'il levait les yeux. C'était tout ce qu'il haïssait. Le monde qu'il avait toujours connu était un jour devenu un nuancier grisonnant vers lequel pointaient des centaines de tours beaucoup trop hautes et laides.
Paris.
L'air était vicié depuis bien longtemps. L'odeur des pots d'échappement lui donnait parfois envie de vomir, lorsqu'il était trop fatigué de tout cela. Le bruit des véhicules coincés dans les embouteillages lui donnait la migraine. D'un pas rapide, Gilles se dirigea vers la première station de métro du quartier, ôtant sa veste pour la glisser sous son bras et être un peu plus discret dans son costume. Il n'avait jamais tellement aimé ces tenues, trop formelles à son goût. Il avait l'impression que son pantalon et sa chemise le boudinaient, même si l'image renvoyée dans les vitrines était plutôt flatteuse, grâce aux gaines qu'il avait revêtues.
De l'autre main, il passa ses doigts dans ses cheveux, saccageant le coiffage que Damien lui avait imposé pour ce rendez-vous. Puis, à travers le tissu de sa chemise, il tira sur la gaine qui l'agaçait, le serrait et le démotivait de tout. Il atteignit les agrafes, les fit sauter avec empressement et habitude, puis sursauta quand elles claquèrent entre sa peau et son vêtement. Bordel, c'était toujours aussi douloureux, peu importait à quel point il y était accoutumé. Il détestait cet accessoire qu'on le poussait à porter durant les rencontres. À quel dessein l'avait-il mis, au juste ? Le type en face de lui ne l'avait même pas regardé. Une œillade lors de leur poignée de main, tout au plus ! Eliott Legrand n'attendait absolument rien de lui en tant que personne, comme tous ceux qui travaillaient dans cette industrie. Il connaissait la chanson, Damien la lui avait suffisamment répétée :
« Essaie juste d'être beau et tais-toi un peu, Gilles. »
Gilles se taisait rarement, au grand dam de ses agents. Ils laissaient passer les choses, avides de la satisfaction qu'ils auraient à la fin d'un contrat. Damien n'était qu'un petit morceau de tout cela à subir de temps en temps, sauf que « de temps en temps » commençait à être tous les jours et sur la longueur. C'était toujours ainsi à l'orée d'un nouveau travail, et celui-ci occupait l'esprit de tout le monde.
« À en perdre haleine », était un projet qui remuait nombre d'entre eux qui œuvraient dessus. Chacun y trouvait son compte, pour des raisons personnelles ou par simple altruisme. Gilles ne se souciait pas des motivations de l'équipe qui se montait. Tout ce qui l'intéressait, c'était le scénario, son contenu, ce qui leur serait enfin demandé, de manière plus concrète. Ce premier jet que Damien leur avait distribué l'excitait d'avance. Au fil des mois à travailler sur le script, Samuel Stenson n'avait pas manqué de lui rappeler à quel point il était celui qui façonnait l'un des protagonistes, et il en appréhendait le résultat.
Il connaissait déjà l'histoire dans son ensemble, mais c'était autre chose de l'avoir à présent entre les mains, découpée en scènes, en placements et en dialogues. Sous son bras, le dossier menaçait de glisser à chaque marche qu'il dévalait ou remontait, et il devait l'agripper pour en garantir la sécurité. Si Damien le voyait faire, il lui interdirait illico de se balader ainsi.
Le trajet jusqu'à son appartement était un peu long par les transports en commun, mais, de temps en temps, il préférait utiliser ce moyen de locomotion. Dans une certaine mesure, se laisser envahir par une foule anonyme était quelque chose qui le rassurait sur sa capacité à rester un humain comme les autres. La notoriété dont il jouissait, bien que discrète, lui faisait parfois peur. Heureusement, il n'était pas Damien, accroché à son écran et épiant tous les réseaux sociaux dès qu'il le pouvait. Il avait des comptes à son nom sur plusieurs plateformes, mais ne les utilisait pas lui-même ; c'était le jeune Louis, leur community manager, qui gérait les différents comptes, fournissant aux internautes les photographies et les informations qu'il était autorisé à divulguer.
Après un rapide coup d'œil à son propre téléphone qu'il glissa ensuite au fond de sa poche, Gilles s'engagea dans une rame de métro, grimaçant à l'odeur de transpiration, âcre, qui y régnait en fin de journée. Ici, les visages n'étaient pas les mêmes que ceux qu'il avait quittés à l'agence. Ils étaient ternes, fatigués. Les regards mornes fixaient des points invisibles ou des écrans minuscules au creux de leurs mains, dans l'espoir d'oublier, le temps d'un trajet désagréable.
Ses cheveux châtains viraient dans tous les sens. Son ventre un peu gonflé appuyait contre sa chemise étriquée. Dans une vitre qui ne donnait accès qu'à l'obscurité des sous-sols parisiens, son reflet affichait une mine sombre. Ses vêtements n'étaient plus aussi impeccables que durant l'heure précédente. Gilles savait pertinemment qu'il n'avait plus rien de l'acteur que les gens voyaient sous les projecteurs, que ce soit sur scène dans les théâtres ou sur les écrans de télévision, dans des films ou séries. Là, sa réalité était si différente qu'il en avait parfois la nausée. Il ne se ressemblait pas, ou plus. C'était la partie la plus difficile de ce métier, quand il devenait un autre, jusqu'à ne plus être certain de ce qu'il devait garder de lui-même.
« Peut-être qu'il sera capable de te débloquer ? »
Dans un coin de son esprit, brouillé par le bruit du métro et le son d'un instrument de musique à l'extrémité du wagon, Gilles ressassait les mots de Damien. Il n'y avait rien à débloquer, estimait-il. Que ce soit Eliott ou quelqu'un d'autre, personne ne l'empêcherait de trouver ses marques dans son rôle, de se l'approprier jusqu'au bout des ongles dès lors qu'il serait sous les projecteurs. Si le type qui en face de lui n'était pas capable de suivre, alors la production s'en chargerait. C'était ce qu'il se passait toujours, de toute façon. Pourquoi les choses seraient-elles différentes, cette fois ?
Il n'y eut pas de vent frais pour l'accueillir à la sortie du métro. En cette fin septembre, ce fut une sensation collante qui glissa sur sa peau, tandis qu'il inspirait pour se remettre de l'air vicié qui régnait sous terre. Les odeurs nauséabondes des sous-sols lui permirent de se rappeler que l'extérieur avait encore une part de bon, peu importait l'état déplorable de la ville.
À la dernière marche, Gilles hésita. À droite, il rentrait chez lui en quelques minutes. À gauche...
Il prit la gauche. Au point où il en était, c'était tout ce dont il avait besoin. Se promener ainsi lui faisait du bien, malgré ce début d'automne plus chaud que les normes saisonnières.
À chaque coin de rue, il devait prendre garde à ne pas percuter les piétons qui se précipitaient dans l'autre sens. Ce quartier était populaire et fortement fréquenté, et cette dernière rue plus encore, puis il se surprit à sourire en voyant le bâtiment qui s'éleva enfin devant lui. Les grandes affiches à l'entrée avaient encore changé depuis sa précédente visite, montrant des couleurs qui n'avaient pas eu le temps de faner à la lumière ni sous la pluie. Le parvis était occupé par des groupes scolaires s'apprêtant à quitter les lieux. Gilles évita l'entrée principale du théâtre, lui préférant une porte dérobée. En le reconnaissant, le vigile placé là s'effaça avec un sourire. Le grincement de l'ouverture était familier et sonnait comme une seconde maison pour lui. Cet endroit était certainement son favori. Le long couloir, d'abord faiblement illuminé, se fit plus clair à mesure qu'il avançait. Les portes apparurent enfin et il les compta jusqu'à atteindre celle qu'il voulait.
Il sursauta quand une loge s'entrouvrit pour montrer une tête curieuse, un sourire se formant sur le visage de la femme. Le bruit de ses pas sur le vieux parquet n'était pas passé inaperçu.
— Oh, Gilles ! Ça fait longtemps, t'es venu faire un coucou ?
— Ouais, j'avais un peu de temps, pour une fois.
— Entre deux tournages, j'imagine !
Elle gloussa. Entre ses doigts, qu'il distingua malgré la porte cachant son corps, elle tenait un petit coton sur lequel jouait des nuances rappelant celles de son visage encore maquillé.
— Il y avait une sortie scolaire aujourd'hui ? demanda-t-il avec amusement.
— Ah, ne m'en parle pas ! J'ai l'impression que les gamins de nos jours sont de pire en pire : incapables d'apprécier les bonnes choses ou de se tenir tranquilles ! Je ne sais pas ce que leurs profs ont en tête pour leur faire voir une pièce de théâtre à l'ancienne...
— Flo... rit-il doucement.
Elle bougonna gentiment. Sa manière de sourire était tendre, si différente de Damien que, parfois, Gilles perdait quelques secondes à se souvenir qu'il s'agissait là de la norme.
— Qu'est-ce qui t'amène ? demanda-t-elle après quelques secondes à le dévisager. Dany n'est pas dans sa loge, si c'est lui que tu cherches.
Du menton, elle indiqua la porte opposée à celle qu'il s'apprêtait à frapper avant qu'elle n'intervienne. S'éclaircissant la gorge, il enfonça son poing dans sa poche.
— J'avais juste besoin de passer, avoua-t-il.
— Nouveau contrat ?
Il soupira.
— On est sur le prochain, oui...
Du bout des doigts, il extirpa le dossier coincé sous son bras pour l'agiter devant Florence. Ses yeux pétillèrent aussitôt, son corps glissant dans l'ouverture de la porte pour la révéler entièrement, toujours aussi fluette. Ses mains attrapèrent le script avec vivacité. Malgré lui, il rit de nouveau, ravi de retrouver la flamme qui l'animait dès qu'il se trouvait entre ces murs.
Le théâtre lui manquait.
— Dis donc, bas les pattes, j'ai pas eu le temps de tout lire, dit-il inutilement tandis qu'elle décryptait déjà avidement le titre et les premières lignes en suivant.
— Tu rigoles ? répliqua-t-elle. Depuis le temps que tu as promis de me montrer ça !
Avec une fausse réticence, Gilles la laissa faire en souriant. Florence était une amie qui lui était chère, de ces personnes proches malgré les années et les changements dans leurs vies respectives, depuis le temps immémorable de leur rencontre sur les planches.
À l'époque, ils jouaient dans un petit théâtre de quartier où les vieilles dames traînaient leurs maris, tout comme ils étaient obligés d'assister à la traditionnelle messe du dimanche, dans un village au sud du pays. Leurs cours avaient lieu dans une ville à proximité, les poussant finalement à la colocation. Il se souvenait comme si c'était la veille du moment où ils s'étaient rendu compte qu'ils étaient presque voisins, se croisant dans le train interrégional, descendant à la même gare et empruntant la même rue pour retrouver leurs maisons respectives. Un coup de foudre amical, comme il en avait rarement vécu. À quarante-deux ans, Gilles n'avait pas, ou peu, de regrets sur le chemin qu'il avait parcouru sur l'ensemble de sa vie.
— Donc, tu joueras le personnage principal, dit-elle tandis qu'elle tournait une nouvelle page avec concentration.
— L'un des deux, rectifia-t-il. Même si j'estime que mon partenaire sera le véritable protagoniste.
— Mh mmmhhh, ça se discute, comme d'hab. Si tu es là, c'est que les castings sont finis, j'ai bon ?
Gilles haussa les épaules. Pouvait-il considérer que les dés étaient jetés tant qu'Eliott n'avait pas rendu son verdict final ? Damien semblait persuadé que Yohann gérerait la situation et pourrait convaincre le blond. Si ce n'était pas le cas, quel était le miracle que proposerait Damien ? Gilles savait à quel point il tenait à ses coups de cœur, s'il pouvait appeler cela ainsi. Il ne se rabattrait pas facilement sur une simple « solution de secours » avec son second choix.
— Je suppose... Enfin, on attend le dernier accord et ce sera lancé.
— J'ai aperçu l'appel pour les rôles, reprit-elle après quelques secondes à fixer une réplique en silence.
— Tu n'as jamais essayé, toi ?
Elle ricana sombrement, puis leva les yeux du document pour le dévisager. S'appuyant contre le chambranle de sa loge, Florence agita un peu les feuillets.
— Moi vivante, jamais tu ne trouveras mon nom sur l'affiche d'une de ces conneries. Chacun son job, mon cœur, tu sais ce que je pense de ça.
Ce n'était pas une nouveauté, évidemment, mais sa réaction était à chaque fois un coup de poignard dont il se passerait volontiers. Il se contenta d'un petit sourire, acceptant sans ciller sa réponse sèche. Elle respectait le fait qu'il ait abandonné les planches qui leur étaient si chères, mais son aversion pour le jeu d'acteur derrière une caméra, avec des reprises à n'en plus finir jusqu'à avoir la bonne, parfaite, n'était un secret pour personne.
En revanche, il savait qu'elle se ruait sur les avant-premières de ses films et séries. Ça aussi, elle ne s'en cachait pas, collectionnant les tickets dans un petit carnet qui traînait constamment dans son minuscule sac à main. Il n'avait d'ailleurs jamais compris comment elle faisait tout rentrer dedans. Peut-être de la magie noire. L'idée l'amusait toujours.
— Tu voulais voir Félix ? demanda-t-elle plus doucement.
Gilles frissonna. Resserrant sa poigne sur sa veste et la froissant plus qu'elle ne l'était déjà, il pesa le pour et le contre de sa réponse.
Car en une question, tout l'aspect réconfortant qu'il éprouvait à se trouver ici, dans ce couloir, face à ces loges qu'il connaissait si bien, venait de s'évaporer. Il n'avait fallu qu'une fraction de seconde. Ne demeurait à présent plus qu'un goût amer derrière sa langue, tandis que la journée qu'il venait de vivre reprenait ses droits. Soudain, il se sentit... effroyablement fatigué.
— En fait... non... marmonna-t-il. C'était juste pour passer le bonjour.
— Ça n'a rien à voir avec lui, rassure-moi ?
— Sûr.
C'était vrai, même s'il ne pouvait pas non plus nier le désir qui l'avait animé dans la rue, pendant une fraction de seconde, se mélangeant au reste de ses envies. Un désir malsain qui le tiraillait encore, parfois. Celui de le retrouver, de le revoir. Même une seconde aurait suffi, se disait-il. Car malgré ce qu'il avait subi, il s'agissait de l'un des rares regrets qui pouvait le prendre sans prévenir. Cet endroit était comme une claque de nostalgie, et avec elle se manifestaient des sentiments desséchés qui ne demandaient qu'à s'abreuver de ses souvenirs. La nostalgie n'avait jamais été de bon augure avec lui.
Florence n'était pas dupe, son regard sur lui voulait tout dire quand, un petit sourire contrit sur les lèvres, elle referma soudainement le livret.
— Eh, ne t'inquiète pas, reprit-elle. Je comprends. Ça passera, tu sais ? Bon, on se fait une sortie ce soir ? Ça fait longtemps !
— Euh...
Éjecté de ses pensées, il hésita brièvement, pesant le pour et le contre. Sortir signifiait, entre autres, un restaurant : boire et manger lui donnaient le sentiment d'avoir le néon clignotant « CALORIES » sur la tête. Ou celui de « Gros Tas », dont Damien l'avait encore si affectueusement affublé dans le courant de la journée. Habituellement, Gilles faisait un peu fi de tout cela, les mots lui passant au-dessus, et il se changeait rapidement les idées lorsqu'il était chez lui. Or, ce n'était pas le cas cette fois-ci, quelque chose le faisant hésiter. Peut-être était-il déjà trop impliqué dans ce nouveau projet. Peut-être, aussi, était-ce la perspective de ne pas pouvoir se camoufler derrière ses gaines et vêtements quand la caméra serait braquée sur lui.
Ou bien était-ce le fait qu'Eliott Legrand lui donnerait la réplique ? Il ne connaissait pas cet homme, ni son jeu, mais il devait avouer que l'avoir en modèle pour se motiver à suivre ses entraînements et son régime avait soudain pris une autre dimension lorsqu'il s'était trouvé face à lui, en chair et en os.
Il avait fait une erreur en se vautrant dans un joli déni : ce type pouvait vraiment devenir son partenaire de tournage. Il n'y avait pas franchement cru, malgré l'expression satisfaite de Damien lorsqu'ils avaient abordé le sujet, devant cette vidéo.
Une image sur un écran, c'était une chose. La réalité était tout autre. Bien pire.
Eliott Legrand était incroyablement charismatique. Son sourire, même de façade, suffisait pour émoustiller les sens. Enfin, les siens, en tout cas. Sa voix grave et chaude pouvait allumer des brasiers à chacun de ses mots s'il s'en donnait la peine, et des timbres comme celui-ci, Gilles en avait bien connu.
— Tu es peut-être déjà occupé, ce soir ? demanda Florence alors qu'il prenait son temps pour répondre.
— Non ! Non, c'est juste que... oh, va pour une soirée, mais...
Elle fronça les sourcils, surprise.
— Quoi ? Un souci ?
Gilles soupira. Face à son amie, il s'avouait toujours vaincu d'avance. Il avait beau connaître son goût pour la comédie, qu'ils partageaient depuis toujours, il se faisait systématiquement avoir par ses grands yeux de biche. Lorsqu'ils étaient faussement larmoyants, c'était encore pire. Au moins, pour cette fois, elle l'épargnait de ce côté-là.
— On peut prendre un truc léger pour manger ? marmonna-t-il.
— Quoi, un gros Fernand, ça ne te tente pas ?
Oh bon sang, si ! Au nom de l'enseigne de burgers artisanaux, il sentait déjà les effluves lui chatouiller les narines et retint un gémissement sous le supplice que lui imposa sa mémoire olfactive.
Elle rit.
— Je crois que tu vas devoir m'expliquer des choses, toi !
— C'est long...
Pas tant.
— J'aime les longues histoires et tu es bon conteur, on a la soirée. Sushi ? Tu boufferas les algues, je prends tout le reste, dit-elle avec un clin d'œil.
Il soupira. Il adorait Florence, pour des centaines de raisons. Celle-ci en était une.
— Ouais, c'est bien, dit-il. Ça me va.
Même si du riz vinaigré et du poisson cru, peu importait à quel point il aimait cela, ne battaient certainement pas un plat « fait maison » de son restaurant de burgers favori.
— Super ! Bon, entre ! Je dois juste me changer et ranger un peu, puis on va bouffer. Bordel, j'ai la dalle !
— Dis donc, toi, la pudeur t'étouffe toujours pas ! rit-il en la suivant à l'intérieur de la loge.
— Je me suis toujours désapée devant toi et ce n'est pas demain la veille que tu t'intéresseras à mes seins, mon petit cœur.
Elle ponctua sa phrase d'un grand rire et, l'instant d'après, la conversation emprunta les sentiers classiques de leurs retrouvailles habituelles.
La soirée s'annonçait longue, peut-être un peu mouvementée. Dans un certain sens, Gilles avait hâte de pouvoir s'épancher sur les derniers évènements de sa carrière.
Et de sortir Eliott Legrand de sa tête.
Vite.
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