1. Ciel
Depuis 4 mois, il avait perdu sa moitié. Il ressentait un vide immense qui ne l'avait jamais quitté depuis ce terrible instant. Lorsqu'il avait vu sa sœur, sa jumelle, Ida, mourir face à lui, impuissant et incapable de la sauver.
Après l'incident du mois de mai, sa famille et lui étaient restés en Bretagne, afin d'organiser les funérailles de sa sœur qui avaient eu lieu peu de jours après l'accident. Il avait vu sa mère, Gabrielle, les yeux rougis par les pleurs tandis que son père, Gabriel, avait tenté de se montrer fort même si ce dernier transpirait le chagrin, et sa petite sœur Lexy avait demandé à revoir sa sœur à tout prix. Edan lui ne pleurait pas, il ne parlait pas. Le garçon s'était refermé sur lui et n'adressait la parole à quiconque, sauf quelque fois à sa famille lorsqu'ils savaient se montrer persistants pour lui faire prononcer ne serait-ce que quelques sons. Edan n'était plus que l'ombre de lui-même, ne laissant paraître ni peine ni douleur. Pourtant Dieu sait à quel point il souffrait.
Les parents d'Edan et sa petite sœur étaient rentrés à New York une semaine après l'enterrement. La galerie de son père devait accueillir une nouvelle exposition et il restait encore de nombreux détails à finir tandis que le matériel de peinture de sa mère, resté dans son atelier à New York, ne pouvait pas lui permettre de créer. Leurs obligations ne leur permettaient pas d'attendre qu'ils finissent leur deuil. Sa petite sœur de 4 ans était repartie avec ses parents vu son jeune âge. Edan, ainsi que ses parents, s'étaient entendu sur le fait que le garçon pouvait finir son année scolaire en Bretagne suivant des cours à distance. Le dernier refusa catégoriquement de quitter la France, sachant qu'il n'était pas prêt de retourner au lycée de l'autre côté de l'Atlantique ni de se confronter à une semblant de retour à la vie normale.
Edan logea donc seul dans la grande maison familiale bretonne. Sa mère avait hérité de la demeure de ses parents quelque temps après la naissance des jumeaux. Il s'agissait d'une bâtisse en pierre, les fenêtres, les volets ainsi que la porte d'entrée peints en bleu clair. La maison faisant face à la mer est construite sur une petite colline arborée en amont de la plage. Les premières habitations autour ne se trouvaient qu'à au moins à 3 kilomètres aux dernières nouvelles et le village était deux kilomètres plus loin.
Elisabeth Aurora, surnommée Mam' par le jeune homme, était une amie de la famille qui passait deux fois par semaine rendre visite au jeune homme afin de veiller à ce qu'il ne manque de rien mais pour également apporter de quoi manger à Edan qui, à chaque fois, insistait pour la rembourser, ne voulant abuser de sa gentillesse. La vieille femme avait été très touchée par la disparition d'Ida et avait promis aux parents d'Edan de s'occuper de lui tant qu'il était sur le sol français. Elle était la seule compagnie que le jeune garçon eut depuis le départ de ses parents et de sa petite sœur. Celle-ci était d'une douceur et d'une bonté sans égal. Le brun appréciait la compagnie la vieille femme et n'ayant jamais connu sa grand-mère maternelle, elle était aux yeux d'Edan ce qui s'en rapprochait le plus. Il connaissait Madame Aurora depuis sa naissance. Elle avait travaillé en tant que sage-femme et même si cette dernière était à la retraire à cette époque, elle avait fait accoucher sa mère d'Ida et lui dans la maison, car l'hôpital le plus proche était à 1 heure et demie de route.
La femme aux cheveux gris a toujours été présente pour la mère d'Edan et plus particulièrement lorsque les parents de cette dernière étaient décédés l'année de ses 20 ans. Gabrielle se trouvait depuis deux ans aux Etats-Unis après avoir quitté la France à 18 ans et une fois avoir accouché des jumeaux. A l'époque, les parents de la jeune femme ne comprenaient pas que leur fille puisse s'amouracher d'un étranger et tomber enceinte de lui hors mariage. Ainsi, ils coupèrent les ponts avec leur seule fille et cette dernière ne prit qu'un aller simple pour New York, afin de retrouver l'homme qu'elle aimait, Gabriel.
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Chaque jour depuis les funérailles, sous la pluie diluvienne ou le soleil écrasant de l'été, Edan se rendait sur la tombe de sa sœur, en y apportant des fleurs qu'il cueillait sur le chemin. Le garçon passait ses journées, de l'aurore au crépuscule, assis dans les hautes herbes qui bordaient la stèle de marbre blanc, tout en admirant le paysage sauvage breton. Il restait là, à contempler les hautes falaises sur lesquelles les vagues venaient s'écraser et y laisser de petits nuages d'écume, à écouter le cri des goélands et sentir le vent se perdre dans ses cheveux noirs.
Edan aimait respirer l'air marin, il inspirait cette brise iodée à s'en faire exploser les poumons. Mais ce qu'il préférait, c'était le simple fait de s'allonger dans l'herbe et de contempler le ciel.
ll se remémorait les après-midi passées avec Ida à regarder les nuages et à essayer de trouver à quoi ces derniers pouvaient ressembler; ou lorsqu'ils balançaient leurs pieds en l'air, comme s'ils marchaient sur les nuages. Edan se rappelait aussi, lorsque le soir venait, les moments où sa sœur et lui regardaient vers l'horizon et tentaient de définir l'océan du ciel. Mais depuis la mort de sa sœur, tout était plus terne aux yeux d'Edan. Le ciel était moins bleu, les coquelicots moins rouges, l'herbe moins verte et le soleil un peu moins brillant.
Il avait eu pour habitude de tout faire avec elle. Souvent, les gens leur faisaient remarquer la chance qu'ils avaient d'entretenir une relation si fusionnelle. On leur répétait sans cesse qu'ils étaient indissociables, jamais on ne pouvait trouver l'un sans l'autre. Puis, on leur parlait de leur ressemblance. Ida et Edan se ressemblaient comme deux gouttes d'eau, ce qui était accentué par l'apparence androgyne du garçon. Les jumeaux avaient les mêmes cheveux bouclés noirs de jais pouvant se confondre avec la nuit, la même peau laiteuse semblable à celle d'une poupée de porcelaine. Cependant, le plus frappant était leurs yeux. Brodés de longs cils noirs, leurs prunelles avaient la couleur du ciel. Ironie du sort lorsque leur nom de famille est identique au plafond bleu de nos journées.
Ciel.
Edan et Ida Ciel.
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Voilà le premier chapitre de "A en crever le ciel". J'espère que cette petite mise en contexte t'as plu et te donne envie de continuer à lire l'histoire !
Sachant qu'il s'agit de mon premier travail d'écriture, n'hésite pas à me laisser des commentaires si jamais tu as de petits conseils ou simplement parce que tu veux commenter un petit truc !
Beaucoup d'amour (et prend soin de toi !)
- Airmedd
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