L'envie

Je m'allonge dans mon ancien lit, comme lors de ma première visite sur terre. Aujourd'hui, c'est différent. Raphaël semble encore plus éteint, recroquevillé dos à moi, contre sa chemise que je prenais en guise de pyjama. Je suis là, derrière lui, sans être en mesure de le consoler, ni même de le toucher. J'aimerais l'enlacer, couvrir son cou de baisers réconfortants et enterrer le mauvais souvenir de mon décès mais c'est impossible. Je ne suis plus qu'une âme, un souffle qu'il ne perçoit même pas. Pourtant, je ne pouvais me résoudre à ne pas être présente, à cet instant précis. J'ai réussi à convaincre Chad de faire une énième entorse au règlement, car ce jour compte plus que tous les autres : c'est celui de mon enterrement.

Mon ange passeur m'attend en bas dans la rue. Le connaissant, il doit pester et trouver le temps long... Mais la cérémonie commencera dans une trentaine de minutes et j'ai bien prévu de rester avec Raphaël jusque là.

Mon mari se relève en un soupir lourd de deuil et lisse son costard. L'après-midi volée que j'ai passé à le regarder, à contempler notre fille et les photographies de famille dépossédées de leur véracité, n'a pas suffi à combler le vide en moi. Je n'arrive pas à pleurer, alors que je devrais. Chad a beau me répéter que ce sentiment de culpabilité est illégitime, il m'ébranle.

Je cesse d'y penser lorsque la sonnette retentit. Ça doit être ma mère... C'est elle qui garde notre fille, en ce moment. Effectivement, je ne me suis pas trompée. Le visage ravagé par les épreuves de la vie, elle campe dans le hall, sa petite fille serrée contre sa poitrine. Notre enfant hoquette et Raphaël la prend immédiatement dans ses bras, avec sa délicatesse habituelle. Il murmure un « merci » du bout des lèvres et frotte son nez contre celui de Lia. Un sanglot lui échappe.

⸻ Tu es prêt à y aller ? demande ma mère doucement, un bras tendu vers son épaule.

Raphaël renifle, acquiesce.

⸻ Et toi ? me demande Chad, m'arrachant un sursaut au passage.

Je jette un regard à mon époux, encore perturbée par le fait que Chad et moi puissions parler devant mes proches sans qu'eux n'en aient pas même idée.

⸻ Qu'est-ce que tu fais là ?! On était d'accord pour que tu m'attendes toujours dehors.

Il ignore ma question, me contourne. Je n'apprécie pas particulièrement son intrusion dans ma sphère intime.

⸻ Chad. Qu'est-ce que tu fais là ? répété-je.

⸻ Il fait gris, dehors.

⸻ Si tu cherchais une ambiance plus chaleureuse tu n'as pas toqué à la bonne porte...

⸻ Il est temps de rentrer...

⸻ Laisse-moi au moins assister à la cérémonie...

Il observe Raphaël enfiler ses chaussures d'une main, l'autre maintenant notre fille contre sa poitrine.

⸻ Tu es sûre que c'est une bonne idée ? grimace Chad.

⸻ Je n'en sais rien, mais j'en ai besoin, je crois...

⸻ D'accord...

Je saisis sa main par automatisme et il nous téléporte jusque dans l'église. Plus que la tristesse, c'est la foule qui m'oppresse. La vision de mes amis regroupés au premier rang, les yeux rougis, me vole un émoi.

⸻ Natalia ? s'enquiert Chad, qui a noté ma déglutition.

Je lève la main pour le rassurer et prétexte que tout va bien. En vérité, je sens mes jambes flageolantes et ma poitrine me fait un mal de chien. Pourtant, je ne porte pas mon collier ; il m'a brûlée la première fois alors je l'ai enlevé à la rivière et caché derrière un gros galet. Quand bien même, la douleur que je ressens est bien différente. Elle monte depuis les tréfonds de mon être, me mord et me lacère si fort que mes organes fantômes me lancent. Mon enterrement éveille des sensations qui elles, étaient bel et bien mortes...

Chad me propose de m'asseoir mais je veux rester debout. Les secondes défilent, comme mon entourage devant mes yeux. Mes anciens professeurs, mes collègues et même mon patron sont là, prêts à me rendre hommage. J'observe mes repères s'entremêler jusqu'à m'en donner le tournis. Les génies discutent avec les fêtards, l'ex-dealer de mon frère avec la secrétaire de la banque qui m'employait. J'ai toujours veillé à compartimenter ma vie, en séparant avec soin le privé du professionnel, et voilà que tout se mélange et menace l'harmonie que je m'étais efforcée de créer. J'en reviens à peine, que les gens qui composaient mon quotidien, aux antipodes parfois les uns des autres, se réunissent et s'entraident. Ce n'est visuellement pas très beau à voir, mais qu'est-ce que c'est porteur d'espoir. L'humanité peut s'entendre au-delà des différences, c'est certain... mais pourquoi faut-il des drames pour qu'on s'en rende compte ?

Je suis tellement happée par ces alliances improbables que je loupe l'entrée de Raphaël et de ma famille. Je me redresse, tendue. Leur arrivée signe le début du sermon : tous prennent place et le silence n'est alors brisé que par le pasteur. Le psaume qu'il récite n'est qu'un murmure que je capte sans intérêt. Je suis trop occupée à regarder mon mari s'écrouler sur ces bancs inconfortables, agités de spasmes qu'il ne cherche même plus à cacher.

⸻ Vous pouvez aimer autant que vous voulez, humains, déclare Chad, vous ne pourrez que vous dévaster...

L'envie de lui tordre le cou est balayée par les éloges que récite cet homme, pour qui je ne suis pourtant qu'une inconnue.

⸻ Natalia Gauthier était le genre d'âme pure, si pure que Dieu n'a pu attendre de l'avoir à ses côtés. Jeune... extrêmement jeune, elle a brillé depuis toujours de bonté et de joie. Si vous souhaitez lui dire adieu devant l'assemblée, je vous invite à me rejoindre ici et à prendre la parole.

Lynn est la première à se lever, soutenue par Bryan. Elle avance entre deux hoquets, tête baissée, et ne la relève qu'une fois face au pupitre, où elle dispose quelques feuilles. Son regard, vide d'espoir, balaie l'église alors qu'elle amorce, la voix tremblante :

⸻ Na... Natalia est... était... ma meilleure amie.

⸻ Oh, Lynn..., murmuré-je.

Elle se couvre la bouche et se réfugie dans les bras de Bryan. Lovée contre lui, elle reprend en essuyant au fur et à mesure les larmes qui dévalent ses joues :

⸻ Jamais je n'aurais pensé devoir lui dire adieu si vite... C'est... tellement injuste !

À ces derniers mots, elle explose de plus belle en sanglots. Mes poings se nouent devant mes lèvres.

⸻ Je suis désolée, je ne peux pas, dit-elle en retournant s'asseoir.

Sa mère la serre contre elle, les sourcils pincés de peine. Le pasteur se rapproche du micro, concède :

⸻ J'ai conscience de la difficulté que c'est de parler alors que vous vous sentez privés de bien plus que de votre parole. Oui, ce qui est arrivé est injuste et non, rien de ce que je pourrai dire au nom de Dieu ne suffirait à vous consoler. Je ne peux que constater son plan divin et déplorer qu'il se fasse au prix de tant de malheur. Tout ce que je sais, c'est qu'Il vous apportera la foi et le courage afin de surmonter cette perte... et qu'Il prend soin, infiniment soin, de son enfant.

⸻ Je vais parler ! s'écrie alors une voix.

Lentement, je pivote et suis Raphaël du regard alors qu'il s'avance, notre bébé endormi au creux du coude. Sa démarche est raide, son buste contracté. Il a recouvert un air détaché ; le voile d'insensibilité qu'il s'efforce de conserver pour ne pas perdre la face m'ébranle encore plus que de le voir ravagé par les affres du deuil.

⸻ Ça va pas être..., commence Chad.

⸻ Par pitié, le coupé-je. Je veux l'entendre.

Il lève les paumes en signe de reddition et va s'adosser à une colonne, plus loin. Je prends place, ne sachant pas si mes articulations me porteront encore après la vague d'émotions qui menace de s'abattre sur moi.

Raphaël est si beau, si élégant, malgré ce que je lui fais endurer. Il ferme les yeux et nos poitrines se soulèvent à l'unisson.

⸻ Pardonne-moi, mon amour..., soufflé-je.

⸻ Parfois... Souvent, même, j'ai l'impression qu'elle est encore là.

Ce disant, il contemple Lia.

⸻ Elle l'est et le sera toujours. Pas vrai ?

Sa voix se brise et il perd la maîtrise qu'il avait :

⸻ Non, parce que je sais pas. Je sais pas si c'est une connerie que je me répète pour m'en convaincre, pour moins souffrir. Comment on se relève de ça, hein ? Comment ? J'ai pas envie de vie, sans elle. J'ai pas envie...

Je secoue la tête avec négation, le supplie :

⸻ Non, Raph, mon amour, ne dis pas ça... Ne dis pas ça...

⸻ Tout aurait pu être différent..., suppose-t-il, si je ne l'avais pas aimée comme je l'aime. Mais comment j'aurais pu faire autrement ? Qui aurait pu ne pas l'aimer ? C'est la femme la plus incroyable que j'ai rencontré, la personne la plus foncièrement gentille, loyale et... Dieu qu'elle était intelligente... et belle, et drôle et...

Je me ronge les ongles tandis que mon pied tape nerveusement le sol. Écouter ça, c'est bien pire que tout ce à quoi je m'attendais.

Il essuie son nez d'un revers de manche, déballe son sac sans plus y mettre la forme :

⸻ J'espère que notre fille tiendra plus d'elle que de moi. Parce que, si elle n'a ne-serait-ce que la moitié du courage de sa mère, elle en aura toujours le triple de moi. Et il lui en faudra, regardez-moi ce monde. C'est cruel. Tout comme cette pensée qui m'obsède, avec laquelle j'en viens à regretter d'avoir fait un enfant, car il m'a privé de la femme que... Je sais. Je n'ai pas le droit de dire ça, notre fille n'y est pour rien. Mais j'en veux au monde entier, si vous saviez. Et je m'en veux à moi...

Il se gratte compulsivement le menton, enlace Lia avec plus de force. Puis, le vase déborde.

⸻ Je vous en supplie, rendez-la-moi. Rendez-la moi ! finit-il par hurler.

Son meilleur ami se précipite pour le rattraper quand il se laisse tomber à genoux.

⸻ Raph, allez, viens. Raph !

Le sel prend d'assaut mes yeux et les milliers de picotements qui m'assaillent finissent par me faire pleurer, à l'unisson avec l'assemblée.

⸻ Natalia ! s'écrie Chad.

Il se place devant moi, les sourcils froncés d'affolement. Un torrent dévale mes pommettes et il n'est pas prêt de se tarir. Mes peurs et mes regrets tournoient dans ma tête, et je me laisse ballotter par mon chagrin.

⸻ Natalia, on rentre, TOUT DE SUITE. Allez !

⸻ Non..., répliqué-je.

Il attrape ma main et j'inspire comme si je sortais la tête de l'eau après une longue apnée. Mon sang se met à pulser contre son poignet et m'habite d'une mélodie que je pensais enterrée. Bouche bée, Chad fixe nos mains, jointes de chaleur. La terreur prend le pas sur le reste et il me tire hors de l'église.

⸻ Bon sang ! Qu'est-ce qu'il se passe ?! crie-t-il, une fois dans la rue.

⸻ Je... Je ne sais pas, balbutié-je, encore dévastée par les propos de mon époux.

Chad me lâche, serre les poings avec rage. Je le dévisage à travers le rideau de mes larmes. Pourquoi est-il tant en colère ? Je chancèle, contiens un vomissement. Que m'arrive-t-il ? Pourquoi maintenant ?

⸻ On n'aurait pas dû retourner sur Terre. J'espère que tu as eu ta dose, car c'était la dernière fois. Tu m'entends ?!

En vérité, pas vraiment. Son emportement me donne le vertige, mes oreilles bourdonnent, et soudain, il paraît loin, si loin de moi...

À bout de souffle, tu t'es excusée. Tu as pourtant lutté, un peu pour toi, beaucoup pour nous. Repose en paix.

Je ne sais pas ce qui me ramène à moi, la douleur ou juste le bruit sec de cette gifle sur ma joue. Mon buste part en avant et je m'immobilise, assise sur la berge de la rivière.

⸻ C'est pas trop tôt ! Bon sang, tu m'as foutu la trouille ! s'exclame Chad.

Ce n'est pas son visage que j'aimerais voir en levant les yeux... mais celui de Raphaël, dont le discours se diffuse en boucle dans mon encéphale, comme un disque enrayé, et me file la chair de poule.

L'ange s'agenouille, délie mes bras que je gardais croisés.

⸻ Gueule d'ange, eh.

Je ravale ma salive et mes yeux saturent à nouveau de chagrin.

⸻ Tue-moi, Chad, imploré-je. Pour de vrai.

⸻ Eh, eh, eh ! proteste-t-il. Non. Natalia...

Peu importe le ressentiment que j'entretiens à son égard, je me laisse choir contre lui.

⸻ Alors fais un truc d'ange, haleté-je. Enlève-moi cette douleur, je t'en supplie. Chad, j'ai trop mal.

⸻ Chut, chut..., fait-il avec douceur.

Il caresse mes cheveux, maintiens ma tête sur son épaule.

⸻ Je n'ai pas ce pouvoir-là, dit-il sombrement... J'aimerais, vraiment.

Pendant plusieurs minutes encore, la sensation d'être broyée de l'intérieur m'arrache les pires plaintes. Chad les étouffe dans sa chemise en lin et les couvre de murmures en une langue que je ne comprends pas.

⸻ C'est de l'énochien, m'éclaire-t-il. Je prie pour ton salut...

Nous finissons par nous tenir front contre front et le baiser qu'il appose à la naissance de mon cuir chevelu vient apaiser ma souffrance. En silence, nous restons sans bouger et je retrouve petit à petit l'indolence qui m'avait auparavant épargné ces tourments.

⸻ J'ignore ce qu'il s'est passé, Natalia, mais il va falloir qu'on cesse tout ça... Tu n'es que plus humaine à chaque descente sur terre... Je ne suis pas en train de t'aider, là...

Indifférente car trop épuisée, j'acquiesce lentement.

Il se redresse et me tend sa main pour m'aider à en faire de même. La tiédeur de notre contact est la seule chose qui me réconforte un tant soit peu.

⸻ Ton collier. Où est-il ?

Je désigne le galet ocre d'un geste qui me demande un effort considérable et abaisse le bras aussitôt. L'ange récupère ma pierre et je lui permets docilement de m'enfiler le cordon autour du cou. Ma peau me brûle aussitôt.

⸻ Je suis désolé, lâche Chad.

⸻ Tu n'y es pour rien...

⸻ Mmh, fait-il, non convaincu.

Je le mets en garde avec une touche d'humour qui sonne fausse tant mon ton est las et fatigué :

⸻ Fais attention, Chad... Tu es presque gentil avec moi, ça ne va pas avec ton image...

Il se stoppe pour me scruter et son air ténébreux l'engloutit à nouveau. Je le suis et nous atteignons les bâtiments, que nous pénétrons avec un lourd sentiment de culpabilité.

⸻ Hiram..., marmonne Chad. Sois naturelle, tu veux ?

Mon référent arrive effectivement au détour du couloir. Un sourire étire mes lèvres à ma demande. Depuis quelques jours, je travaille ce leurre et je sais que l'illusion est parfaite.

⸻ Natalia, s'exclame Hiram. Je te cherchais.

⸻ Nulle crainte, mon frère, elle était avec moi, justifie Chad.

⸻ Caliel, siffle le Vertu. N'as-tu pas de nouvelles âmes à accompagner ? Nos frères me disaient justement que tu n'avais pas l'air de faire ton travail, en ce moment.

Ces deux-là ne se portent vraiment pas dans leurs cœurs... Chad conserve un calme olympien et s'extirpe du problème naissant avec une aisance déconcertante :

⸻ De nombreuses âmes sont coincées soit au Purgatoire soit encore sur terre en tant que myriades, comme Natalia. Ce que je pensais être un cas isolé se répète, ça en devient inquiétant. J'essaie de comprendre.

⸻ Un coup du Diable ? s'enquiert Hiram, une lueur de terreur dans les rétines.

Je sursaute quand Gabrielle, survenue sans bruit derrière nous, prend part à la discussion avec une clarté solennelle :

⸻ De sa création, oui. L'heure du jugement dernier est arrivée. Le sceau a été brisé, vous savez ce que cela signifie... J'allais justement réunir les Archanges.

De quoi parle-t-elle ? La création du diable, qu'est-ce au juste ? Je fixe Chad mais lui ne laisse rien paraître et ne m'accorde pas même un regard.

⸻ Quant à toi, Caliel..., poursuit Gabrielle, tu as répondu à mes questions, je ne te demandais pas de rester davantage. Ne remue pas le passé de Natalia. Les souvenirs s'effacent pour une bonne raison.

⸻ Tout est plus clair et si tu as les choses en main, effectivement, je n'ai plus à enquêter, statue mon passeur. Je te raccompagne, Natalia ?

⸻ Des missions plus importantes t'attendent, décliné-je. Je connais le chemin.

⸻ Comme tu voudras. Gabrielle, Hiram.

Il les salue respectueusement et disparait dans l'un de ses portails.

⸻ Tout va aller ? me demande l'Archange avec diligence.

⸻ Évidemment, assuré-je. Je file, Devon m'attend pour les louanges.

Je prends congé sans un regard en arrière et me soustrais à leur vue. Je n'ai pas menti : Devon, une Chérubin devenue une amie, m'a bel et bien donné rendez-vous. Quand je me rappelle que j'emprunte le mauvais chemin, je fais demi-tour mais me stoppe net. Hiram et Gabrielle s'entretiennent à voix basse. Dissimulée derrière le coin du mur, je tends l'oreille.

⸻ Quoi qu'il en soi, je n'aime pas ça, décrète l'Archange. Garde-la à l'œil.

⸻ Tu ne penses pas sérieusement que Natalia est liée à ça ? fait Hiram.

⸻ Son comportement était étrange.

Je frémis.

⸻ Mais il ne l'est plus, si ? adoucit Hiram.

⸻ Je l'ignore. Elle fréquente Caliel. Cette association ne peut engendrer que du désordre. Découvre si elle est l'envoyée. Ne la laisse pas compromettre notre équilibre, Hiram, tu connais la prophétie. Si elle représente un danger pour nous, tu devras prendre les mesures qui s'imposent. Peu importe que tu aies suivi sa vie, qu'elle ait été ta première protégée et que tu aies orchestré tout son bonheur après le bazar qu'avait laissé ton prédécesseur.

Je retiens ma respiration. Ai-je bien entendu ?

Je titube en arrière, m'affole, pars à toute vitesse. Que faut-il que je comprenne, exactement ? Qu'a fait Hiram ? Quelles mesures devra-t-il prendre si Gabrielle découvre que je suis encore à moitié humaine ? Je cours et pourtant je ne peux pas fuir. Je suis ici, prisonnière d'une réalité érigée de non-dits, de manipulation, de manigances. Au diable Devon, je me réfugie dans les jardins, m'arrête pour réfléchir. Les anges passent. Leur flux est fluide, leurs pas aériens, leurs visages sereins. N'est-ce qu'une mise en scène ? Quelle intimité ai-je, exactement ? Suis-je épiée ? Ma liberté n'est-elle qu'un vulgaire mirage ?

Hiram, Gabrielle. Tous m'ont menti. Sauf Chad. Je hais de n'avoir que lui comme option, mais je dois savoir. Je dois comprendre. Où ai-je réellement atterri ? Que ne me dit-on pas ?

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