Chapitre 11
Point de vue Jelena :
Muscles du dos saillants. Je passe un doigt sur mes lèvres, envie d'embrasser, envie de lécher, envie de sucer ; il vient frôler ma langue. Il est beau, beau et sexy, sexy et beau. Tête légèrement penché il est concentré, a l'air du moins ; il cuisine. J'crois qu'il m'a dit ce qu'il préparait, sauf que je me souviens plus du nom, mais plus de la façon dont sa langue a frôlé son palais quand il a parlé. Son dos il est tatoué, et tout ces tatouages que j'ai souvent décidé à sa place suivent ses mouvements ; omoplates qui ressortent à chaque coup de couteau, aliments tranchés autant que mon vieux cœur blessé. Ça me donne la subite envie de prendre le couteau, j'dis subite parce que c'est toujours subitement que ça me vient, et de passer le coté tranchant sur sa langue, de le voir saigner, de l'embrasser, de sentir le goût du sang, d'aspirer, lèvres teintés d'un rouge que je veux noir séché.
Le sang noir qui sèche c'est celui qui fait du bien. Mais le rouge vif j'en ai besoin aussi, parce que tant que le sang il circule et qu'il coule, c'est que je suis vivante. Les couleurs de son dos se mélangent, Jek se fait pas souvent tatouer en noir et blanc, on préfère les trucs vifs, nous deux, oublié le noir d'avant et les souvenirs d'antan. Ça en pique presque les yeux, mais comme j'aime bien ça, je fixe. Et ça me fait tourner la tête et je tourne avec, vacille de plus belle. Ma tête balle légèrement sur le coté, les doigts qui bougent dans le vide, activés par l'envie de les plonger dans ses cheveux blonds emmêlés, et de tirer, et de tirer, de tirer fort. Mais il manque le bleu de ses yeux au tableau, alors je m'approche, me dit en même temps que lui aussi je pourrais l'accrocher au mur, il y aurait sa place entre les toiles ; modèle original de la plupart des dessins.
Je passe mes bras autour de lui, en profite pour lui mordre la nuque ; il lâche un petit bruit mécontent ; je m'en lasse pas une putain de seconde. Sa main remue de haut en bas, termine le milk-shake que je lui piquerais sûrement quand il aura posé ses lèvres sur le rebord du verre. Je peux pas empêcher les flash-backs de sa main qui fait le même geste la plupart du temps, à chaque fois qu'on baise, donc ouais ; souvent. Après il lâche un rire, alors moi je souris, parce que je tuerais pour toujours l'entendre, ce rire qui m'est destiné.
-T'as finis de te trimbaler à poil à longueur de temps ?
-La nudité c'est la liberté bébé, alors non.
J'attrape un bout de fraise, le dernier, qui est coupé.
-Puis quoi, t'aimes pas ça ?
Je prends aussi le milk-shake qu'il me tend après avoir bu une gorgée, parce qu'il sait que je bois pas quand il le fait pas avant. Je trempe la fraise dans le liquide, puis la glisse exagérément entre l'intérieur de mes lèvres, y'a une goutte qui me tombe sur le menton, je la laisse là. Et j'aime tellement ce truc-là, le fait que j'ai hérité de la bouche plus que pulpeuse. Il fixe mes lèvres, y'a son pouce qui vient essuyer le milk-shake fraise qui va bien à ma peau. Je souris ; un beau et grand sourire.
Il se retourne vers le plan de travail, continue de faire à manger. Je reste, repousse mes cheveux en natte, puis les défais, les laisses libre, puis les noues à nouveau, et les défais encore. Jek peu importe ce qu'il fait je le regarde, des fois une toile posée à coté et des pinceaux dans les mains. Il a dit qu'on allait devoir déménager, prendre un truc plus grand ; y'a plus assez de place pour tout accrocher. Faut que j'arrête de le dessiner grandeur nature, il dit, mais moi j'aime bien parler à sa version peinture quand il est pas là et que je dois rester. Toute seule je m'ennuie, et Sun elle est au lycée, puis une fois rentrée du lycée elle est prisonnière de ses vieux. Ça me fait frissonner d'horreur. Faut que je remplisse encore les bouts de murs encore vierges par-ci par-là.
Mon ongle traîne le long de sa colonne vertébrale, sa peau se recouvre de chair de poule.
-T'es à moi Jek.
Je viens chuchoter à son oreille. Et je recommence pour voir une trace rouge ; ma trace.
Si Jek il était pas là, la vie elle aurait pas de sens. Les battements de mon cœur ils serviraient à rien sans sa paume de main appuyé sur ma poitrine, pile entre mes seins. Les fêtes elles auraient plus de fin et la drogue y'en aura pas assez. Puis d'un seul coup y'aurait plus les hectares de liberté à perte de vue, y'aurait que la maison, la chambre, la mousse. Même plus lui. Poupée porcelaine pour l'éternité.
Je fais aller mes yeux sur les tableaux, vite, faut que je m'en aille d'ici, de ma tête. Alors les formes se dissocient et en forment d'autres. Je le vois lui. Je me vois moi. Je vois une bague. Je vois un gros ventre. Un bébé. Pleins de bébés. J'aime pas les gosses. Je déteste ça, les gosses. Et j'en veux pas, j'en voudrais jamais. Mais ça commence à me tenter, de pouvoir un jour me dire que Jek pourra jamais, jamais s'en aller. On aura plus en commun qu'on a déjà. On sera liés. Ça sera plus son gosse que le mien. Mais ça me fera un deuxième Jek, et si j'en perds un c'est pas grave, j'en aurai un autre, et ensemble on pourra rejouer le passé jusqu'au destin. Les issus de secours il en faut toujours ; toutes les autres portes sont fermées.
Puis Jek il m'aime, il cède tout ; il a peur du compte à rebours. Je pose le verre, passe mes mains le long de ses bras et les lui griffes aussi. J'inspire. Y'a son odeur qui me rend folle, et je suis folle de lui. C'est le seul truc que je sniffe plus que la cocaïne. Lui et moi c'est ensemble qu'on vit. Et si un jour y'a un cœur qui finirait pas plus battre, on plongerait la main dans la cage thoracique de l'autre et on masserait l'organe jusqu'à plus en pouvoir. Je suis folle de ses veines ; j'voudrais pas arrêter de les voir.
-Trente piges c'est bien. Peut-être même vingt-huit, qu'est-ce t'en dis ?
-Hein ? Trente piges c'est bien pour quoi ?
Il continue sa cuisine.
-Ben pour le gosse. On va faire un gosse, non ?
Il arrête sa cuisine.
Sa tête se tourne vers moi, regard surprit, j'y discerne rien d'autre.
-Depuis quand tu veux des mômes toi ?
Je fronce un peu les sourcils. Il comprend pas. J'veux pas vraiment un gosse, j'veux que lui en ait un. C'est pas pareil, hein, pas vrai que c'est pas pareil ?
Mes yeux s'arrêtent sur la petite terrasse ; je m'absente de la conversation quelques secondes, le doigt un peu levé l'air de dire «attends un peu Jek, je reviens, j'en ai pas pour longtemps ; conversation trop sérieuse qui arrive, faut que je respire ». La petite terrasse on peut presque plus y mettre les pieds ; trop de plantes, trop de fleurs, ça fleurit vite, ces trucs. Ça monte sur les murs et ça vient cacher la lumière de la baie vitrée. Mais j'aime bien les pétales qui s'écrasent et qui explosent par manque de place. Chacun son tour, j'me dis à chaque coup. Je les aies achetés comme ça, par impulsion. Je suis passée devant, « cool, j'en veux », j'ai été chercher un cadis, je l'ai rempli, une fois à la maison je me suis arrangée pour plonger mes mains dans la terre, j'aimais bien avoir les mains sales, et ça m'occupait.
Ça m'est vite passé, après, ça passe toujours vite. Puis elles servent à rien, elles sont juste là, ça m'agace, tellement qu'une fois je les aies secouées pour qu'elle bouge un peu, mais ça a pas duré. « Fait chier » j'ai alors gueulé. Maintenant elles décorent, c'est tout, elles comblent le vide mais je crois que je vais les remplacer par de nouvelles toiles, ça serait jolie la pluie qui tombe dessus et qui refait à sa manière, eau de toutes les couleurs. Un genre d'arc-en ciel gravé à caresser. Ça sera plus sans vie au moins, parce que j'aime pas ça, quand c'est sans vie. Jek il passe arroser les plantes quand il y pense. Du coup elles sont encore là, plus ou moins en bon état. Mais je m'en fiche.
A l'intérieur avant, y'avait un grand aquarium, un seul poisson à l'intérieur, il avait besoin d'espace, je le savais, je le comprenais. Un jour il a sauté, il s'est écrasé par terre, brusquement ça m'a ramené dans une époque lointaine où tout était petit chez moi ; je tenais à peine sur mes pieds, je me tenais aux chaises et j'avançais. Et je pleurais parce qu'il était tombé ; je l'avais fait tombé, en fait. J'crois bien que je m'en voulais. Et puis lui il arrivait me consoler, alors à lui j'ai revu le visage et les années défilés. Je me suis mise à trembler ; m'en rappeler je voulais pas.
Alors j'ai appuyée ma chaussure contre le poisson que Jek m'avait acheté, pas beaucoup, juste un peu pour le mettre entre la vie et la mort. Ensuite je me suis allongée sur le sol à coté de lui et j'ai regardé son corps tressauter, l'air de dire « sauve moi, allez » mais je l'ai pas fait. Puis il est mort. J'ai retenu ma respiration pour essayer de mourir moi aussi, mais j'ai pas réussi bien longtemps, puis ensuite Jek il est rentré, il a eu un peur et il m'a relevé. Depuis je me suis plus jamais souvenue ; à nouveau j'ai oubliée. J'ai plus jamais eu de poissons, non plus.
Je décide de revenir, mes yeux reviennent dans ceux de Jek. Choque entre l'océan bleu et la forêt verte.
-Je veux juste partager un truc avec toi.
-Dit pas n'importe quoi Jey, pas de gosses pour nous.
-Et pourquoi pas ? On s'aime, et les couples qui s'aiment ont des bébés.
Il rit ; ça lui semble ridicule, peut-être même qu'il croit que je plaisante. Je me décale brusquement, le pousse un peu, la paume de main brûlante contre son torse.
-Je déconne pas.
Regard meurtrier.
-Jelena sérieux, tu me vois avec un gosse ? Moi ? Avec un gosse ?
Il roule des yeux, secoue la tête. Le sourire il me revient un peu ; il est pas totalement contre.
-Bah ouais.
Je tends les bras ; il me soulève. Je me tiens à lui ; toujours question de survit.
-Je dois déjà m'occuper de toi, un gosse en plus et je vais plus m'en sortir.
Il place ses mains sous mes fesses pour me tenir. Moi je glisse mes lèvres sur sa mâchoire.
-Je parle pas de maintenant. Un gosse maintenant et je me tire une balle.
Son regard s'obscurcit.
-Ouais je sais.
Je fronce les sourcils, aime pas trop sa mine sérieuse tout à coup. Arrête Jek tu saoules avec ça, j'ai envie de lui dire, arrête d'avoir peur, la peur c'est nul. Ça craint trop. Puis surtout ait pas peur pour moi. Laisse moi faire. J'aime bien la fumée. J'aime bien lécher les cendres, à en avoir mal à l'estomac. Laisse faire.
Je tends la main et attrape son bandana posé sur le dos de la chaise pas loin. Je le lui donne. Il le noue autour de ma propre tête. Je ferme un peu les yeux, l'embrasse, langue contre langue et doigts qui décoiffent.
-Je veux pas de gosses, Jey. J'veux qu'on reste tout les deux.
Je rouvre les yeux, lui aussi, en même temps.
-Tout les deux ? Juste tout les deux, tu promets ?
L'idée me va aussi. Tant que c'est lui et moi. Ouais ça me va.
Y'a un instant de silence. Ça me plaît pas, j'me mets à gigoter façon de dire réponds ou je me casse. J'aime pas le doute. Surtout quand ça vient de lui, surtout quand ça nous concerne. Faut que j'aille boire. Dans un bar. Et que je danse.
-Ouais, parce que je t'aime trop pour aimer quelqu'un d'autre, façon, ok ?
Il me tient, mains fermes. Je me détends. Je fais oui avec la tête. Il a raison, moi aussi, puis je veux pas aimer quelqu'un d'autre. Y'a toujours eu que Jek. Il est trop tard pour faire autrement, façon je veux que ça reste comme ça. Il a l'air soulagé, se dit que je vais plus y penser. Je passe mes doigts sur le bandana, je me dis que je lui rendrais plus jamais, pense en même temps au gosse, me dit que si ça arrive ça arrive, en fait. Jek il est souvent trop précipité pour prendre le temps de mettre un préservatif, moi la pilule je l'oublie souvent, lui dit pas, c'est vrai. Et quand je la prends, je me rends en soirée, et je bois, et j'm'amuse à m'en rendre malade. Alors je vomis. Et elle part. C'est peut-être comme ça que ça doit se passer. Je sais pas. J'vais d'abord le peindre, ce truc.
Point de vue Sun :
Onze heures du matin et déjà six heures de révisions. Assise à mon bureau, encore, je sens mes yeux se fermer seuls, entrevois les pages couvertes de formules de maths à chaque battement de cils lourds. J'ai sommeil, je fatigue, et bientôt je m'écroulerai sur mon bureau. Ce n'était pas le samedi que j'imaginais. Surtout après hier soir. Hier soir ou plutôt cette nuit. On est rentrés tard, alors le réveil a été difficile. Mon père est venu, m'a retiré ma couette, après quoi quand j'ai été prête et qu'il a vu mon cahier toujours fermé, il a commencé à élever la voix, me dire que j'avais plutôt intérêt à réviser comme il le fallait. Je n'ai pas bronché, oui papa j'ai dis, puis je m'y suis mise, plutôt j'ai essayé. Mais même les choses déjà acquises, je les oubliaient. Il fallait que je récupère. J'étais censée avoir eu plus de dix heures de sommeil : largement assez.
Mon père passe toutes les heures, vérifie que je suis productive. Des fois il pose des questions, beaucoup de fois je ne réussis pas à répondre. Alors il s'énerve, menace, prévient ; il a déjà la main qui tremble comme celle d'un ivrogne à qui on a prit la dernière goutte d'alcool.
Finalement, quand la porte se referme, je m'autorise un soupir, ferme mon classeur, coudes appuyées contre le bureau, le bois brun rayé de mes coups de stylos. Je recouvre mon visage de mes mains, me dit que je perds mon temps, le bac, même pas cela, ça m'aidera à être libre, sauf qu'Harry, si. Je pourrais même remplacer les nuits clandestines par les jours, mais impossible de sortir d'ici ; je n'ai pas les clés de la cage. Et ils m'ont coupés les ailes. Plus que des cicatrices pour me souvenir qu'un jour j'en ai eu, qu'un jour, rien que l'espace d'une seconde, j'ai pu voler comme je le voulais.
Je finis par me lever, sors de la chambre pour la première fois de la matinée. Je descends dans la cuisine pour me prendre quelque chose à grignoter, me dis que cela sera des vitamines et de l'énergie de gagner. Que si je mange pas, je ne tiendrais pas encore très longtemps. Je prends une pomme, la fait tourner sur la paume de ma main à l'aide de mes doigts, admire la pureté du vert. Mais quand je la retourne sur le coté, elle est tâchée de marron, trouée, molle, je pourrais même sentir le verre bouger à l'intérieur. C'est drôle, une Sun version pomme. Je la repose, en prend une autre.
-Tu as finis tes maths ?
Ma sœur. Je ne l'avais pas vu, ne savais même pas qu'elle était ici. C'est dingue d'être plus chez ses parents qu'à sa propre maison. Je pivote les talons vers elle, maudis l'inexistence d'une porte entre la cuisine et le salon qui m'aurait permis de retourner à ma chambre ni vu ni connu.
-Je prends juste une petite pause.
-Tu ne devrais pas, le bac est dans quelques semaines, à ce rythme-là, jamais tu n'auras la mention très bien.
Elle me lance un sourire, me défie « J'ai eu 18 au bac Sun, tu ne m'arrives pas à la cheville ».
-C'est dans plus d'un mois, je vais y arriver, merci.
Je marmonne un peu, plante mes dents dans la pomme et mâche avant de continuer.
-J'y suis depuis six heures du matin.
Elle hausse les sourcils de façon moqueuse, l'air de dire « ma pauvre fille ».
-A peine ?
J'inspire doucement, broie la nourriture dans ma bouche avec force pour ne pas broyer autre chose. Ensuite je ne dis plus rien, m'incline en quelque sorte et me retire de la discussion, avec la furieuse envie de me retourner et de lui recracher tout le venin qu'elle m'a lancée depuis qu'on est petites. Victoire et moi on ne s'est jamais vraiment entendu. Beaucoup de choses sont de sa faute. Mais Victoire jamais on ne la blâme, oh non, pas Victoire. Elle a jamais eu l'audace de quitter le rang, elle l'a suivit et elle a semblé aimer cela réellement. Mais moi je ne voulais pas suivre ses pas, ni ceux de Maman, ni ceux de personnes, je voulais créer mes propres traces dans la terre, et c'est ce que je m'amusais à faire quand on jardinais avec papa. Puis après elle passait et elle les effaçait, toute contente, afin d'y mettre les siennes.
A elle, on a jamais osé lui enlever. Pas même moi. Je les contournais, c'est tout. Victoire, elle a juste choisit la facilité, je pense. Parce que c'est facile de regarder, et d'être spectateur des coups sans jamais les recevoir. C'est facile de prendre l'amour de tout le monde et de pas en laisser aux autres. C'est facile. Oui, c'est facile. Des fois je me dis que c'est dommage, après tout Victoire elle aurait pu être une belle personne. Cheveux blonds et soyeux, teint pâle, yeux clairs et envoûtant. J'aurai pu en être jalouse, à une époque. Parce que moi je me trouvais fade, avec mes cheveux bruns, mes yeux marrons, mon teint qui prenait trop facilement le soleil. Sauf que dans le fond, je ressemblais à maman, moi. Pourtant je m'entendais moins bien avec elle que ma sœur. Mais on était semblables. Pas Victoire.
Puis vite, elle a changée, vite elle a été déformée par la méchanceté. La méchanceté et la jalousie, et elles, elles font des ravages. Les cheveux blonds se sont retrouvés emprisonnés par des diadèmes de mauvais goûts, le sourire a apprit à se fabriquer et les yeux ont perdus de leurs éclats. Après cela j'ai rendu à ma propre poupée ses cheveux noirs naturels que j'avais voulu teindre en blonds pour qu'elle ressemble à la poupée de Victoire. C'est un nouveau départ, j'ai susurré gentiment, pardon beauté des îles. Je t'aime comme tu es.
C'est sans doute grâce à cela que j'ai appris la tolérance, ou que je l'ai compris, compris qu'elle n'était pas seulement de façade, comme celle de ma famille qui fréquentait l'église. La teinture que j'avais utilisé pour cela, celle avec laquelle j'avais accidentellement tâchée le lavabo, m'a valu la première grosse claque. Le premier coup douloureux. La première joue rouge. Les premiers pleurs. Finalement, peut-être que j'avais compris autre chose que la tolérance. Quelque chose en plus.
Victoire, je crois qu'elle s'est rendue compte de la vie qu'elle avait laissé passé quand j'ai voulu vivre la mienne. Elle a dû regretter. Elle a dû se dire qu'elle pouvait pas me laisser faire cela si elle n'avait pas pu en profiter. Elle a dû se dire qu'elle pouvait pas me laisser être jeune quand elle attrapait déjà des rides aux coins de ses yeux vides. Alors elle a encouragée les coups, a dit que c'était quelque chose de pardonnable, que c'était pour l'éducation. Celle de Dieu. Ils y ont cru. Tous. Et cela a empiré le jour où elle nous a présenté son mari, Simon. Où il a posé son regard sur moi, un peu trop, qu'on a tous vu sur son visage qu'il me trouvait plus que jolie ; plus jolie que Victoire, en tout cas.
Suite à cela, le pacte avec le diable a été signé. Et les pactes avec le Diable on s'en défait pas. Je subis pour Victoire. J'ai toujours subis pour Victoire. Je me demande comment mes parents ils ont fait, quand j'étais pas encore né. Peut-être qu'ils étaient pas encore comme cela. Peut-être que c'est ma naissance, qui a tout déclenché. Peut-être que c'est de ma faute, de ma faute comme cela l'a toujours été.
Et la raison pour laquelle j'accorde autant d'importance à Jelena vient sans doute aussi de là : elle m'a empêchée de succomber et de devenir comme elles, une sale teigne incapable d'aimer quelqu'un d'autre que soi-même. Il y a même des fois, à l'Eglise, où j'ai passé mes moments de prières à la remercier, parce qu'elle a fait plus pour moi que Dieu. Parce qu'elle m'a fait rencontrer Harry. Que sans elle et son indiscrétion, je passerais peut-être encore mon temps à l'observer sans oser lui parler. C'est celle qui m'a dit, rien qu'en étant là, de me battre. De vivre pour moi.
Je remonte dans ma chambre. Je rouvre mon classeur. Je recommence à réviser, à me bourrer le crâne pour chasser mes pensées.
Puis la porte s'ouvre, en pleine après-midi. Pas besoin de relever les yeux pour savoir qui c'est. J'agrippe plus fort la feuille que j'ai prise entre mes doigts. Ce n'est pas la nuit. Je ne comprends pas. Il ne devrait pas déjà aborder cette posture. Pas ce regard. Il entre, referme la porte ; insoutenables secondes qui s'écoulent. Mais ce n'est que le commencement.
-Lève toi, je n'ai pas le temps.
Je range tout, me relève, les jambes déjà flageolantes de ce qui va suivre.
-Déshabille toi.
Désagréable sentence qui résonne dans les oreilles.
-Maintenant... ? Ma voix sonne étrange, comme à chacun de ces moments. Il n'est que seize heures...
Je suis ses mouvements ; ses doigts qui tirent sur sa ceinture de façon machinale pour l'enlever des boucles de son pantalon. Je hais cette ceinture. Je hais son cuir brute. Je hais les heures que je passe ensuite à la nettoyer de mon sang. Pour qu'elle soit neuve quand moi je suis abîmée.
-Je ne serais pas là ce soir.
Je n'ai pas le droit à plus d'explication. Mais sa dose il doit l'avoir maintenant, pour garder sa cravate bien en place devant les gens, pour avoir la main à plat, pour avoir le sourire sincère. Pour être bien. Je déglutis ; boule au ventre que je connais si bien. Je ne respire déjà plus correctement. J'ai peur. Pourtant je sais comment cela va se passer. J'ai peur. Cela me fait penser à la liste, à ce que je me suis retenue de marquer, à Harry. Je voudrais qu'il soit là. Qu'on passe à la dixième peur tout de suite. Pitié, tout de suite. Mais on en est qu'à la première.
-Je t'ai dis d'enlever tes vêtements Sun, idiote.
En disant cela, il me contourne, je sursaute, je crois que cela le fait sourire. Il ferme la fenêtre ; il ne faut pas qu'on m'entende, il ne faut pas qu'on voit ; chut, c'est secret. Un terrible secret qu'on laisse aux maisons hantées. Il ferme les rideaux, aussi. Je lève les yeux vers l'ampoule au plafond, je veux voir la lumière une dernière fois avant qu'il l'éteigne. La lumière, cela me rassure.
Tremblante, j'attrape les rebords de mon pantalon, le fait glisser le long de mes jambes fragiles, le retire, fait de même pour mon tee-shirt. J'ai envie de hurler, et de pleurer. Je me retiens. Cela le met en colère. En voyant le vert de ma culotte, je pense à celui des yeux d'Harry. Mais même son visage se retrouve brouillé par une vision d'horreur. Je la chasse ; pas lui. Je ne veux pas le tâcher, Harry.
Mon père désigne de la tête le pan de mur, celui qui supporte à peine le poids de mon corps meurtrie qui s'abat à chaque coup. Puis il montre mon soutient-gorge. Je me mords la joue, déteste l'enlever devant lui, mais je le fais, humiliée. Après je prends place, les yeux qui piquent à cause des larmes de paniques. Pas déjà, Sun, j'essaye de m'encourager, parce que sinon mon corps sera vide avant même la fin du supplice. Vêtements tombés les uns après les autres près de mon corps déjà massacré, je prends une inspiration, serre les poings. La lumière s'éteint. Le noir. L'angoisse. Impossible de voir. On sent les coups. On ne les voit pas.
Il ne parle plus. Moi je n'ai rien à dire, j'ai arrêté de supplier il y a longtemps ; c'est comme ci cela l'encourageait à continuer. Mes doigts se lient entre eux, je ferme les yeux. Attends. Pas très longtemps.
Bruit sourd.
Phalanges blanches.
Douleur.
Mes paupières se pressent fortement, muscles du corps contractés, à vifs.
Deuxième bruit sourd.
Il est plus rapide que d'habitude. D'habitude, j'ai le temps de reprendre mon souffle.
Troisième bruit sourd.
Ma peau craque, puis les cicatrices se rouvrent, toujours, et le sang coule, tâche mes cheveux qui s'infiltrent douloureusement dans mes plaies, et mon dernier vêtement. Tout brûle. Puis il recommence, je ne peux plus me retenir : un cri qui me broie la gorge. Mon front claque douloureusement contre le mur ; il s'est rapproché, pour frapper plus fort, pour se soulager plus vite. Je tombe au sol, impossibilité de supporter la douleur ; erreur fatale.
Quand il essaye de donner le coup suivant, la ceinture rencontre contre le mur, et en entendant le choc, je me demande comment je fais pour vivre encore. Alors il rouvre la lumière. Je garde les yeux fermés, collés par les larmes, pas envie de voir clair alors que ce n'est pas finit. Je ne veux pas avoir peur d'elle aussi, la lumière. Je suis exténuée, je brûle ; le dos, la gorge, les yeux. Je me dis tout les jours que la prochaine fois je ne crierais pas, je ne lui ferais plus autant plaisir que cela. Parce que m'entendre crier aussi le soulage, le purge. Mais je ne peux pas m'en empêcher.
Cela fait trop mal. Beaucoup trop mal. Je ne supporte pas. Alors je crie. Je manifeste ma souffrance. Horrible souffrance. Puis je pleure, comme pour essayer d'effacer le sang. J'essaye de prendre des bouffées d'airs, aimerais bien retourner aux moments de vies avec Harry quand je suis prisonnière de la mort et du vide, ici. Poing dans les cheveux, brusquement il me remet à genoux. Je sanglote et demande papa arrête, c'est assez. Mais il dit que c'est assez quand lui le veut.
Bruit sourd. Trop sourd.
Il n'est même plus à un mètre derrière moi. Je voudrais mourir pour ne plus ressentir. J'ai même l'impression de sentir son souffle sur mes blessures. Lâche, dégoûtant, égoïste et minable.
-Luc tu as eu un appel du travail ! Ils disent que c'est important, c'est en rapport avec ta réunion de ce soir !
Je crois en la délivrance. C'est la voix de ma mère, lointaine, assommée par la douleur, je peux à peine me tenir contre le mur, joue écrasée de façon épuisée à la recherche de fraîcheur. Je pleure, visage trempé de larmes salées, terrifiée par l'odeur de ma chaire brûlée. Pétrifiée par le mal, peau ouverte en profondeur.
-Je reviens.
La porte s'ouvre puis se referme. Je prie pour qu'il ne revienne pas. Les mains contre le sol, je peine à me redresser, genoux rouges écrasés. Cela n'arrive pas souvent, qu'il parte en plein milieu. Généralement, il reste jusqu'à la fin, ma fin. Si on le coupe, il ne répond rien, ne répond de rien, en fait, et continue. Là il s'est arrêté, est sorti, va descendre les escaliers comme si de rien n'était, essuyer ses mains moites sur son pantalon et passer à autre chose naturellement.
Puis il va revenir, va devoir reprendre plus longtemps pour rattraper le temps perdu. Moi peut-être que je tomberais inconsciente.
Du dos de la main, j'essuie mes joues, essaye de voir l'état de mon dos, mais le mouvement est trop douloureux, alors je renonce. Quelqu'un entre à nouveau ; je sursaute, ne pensais pas que cela serait aussi rapide ; j'ai à peine repris mes esprits. Sauf que ce n'est pas mon père. C'est pire, culotté. Simon. Il se tient là, regard rivé sur ma poitrine et sourire pervers aux lèvres. J'attrape rapidement mon tee-shirt, élancement dans le dos, le tire vers ma poitrine nue et la cache. Il fait une moue déçue.
-Je savais que t'avais des nichons comme il fallait.
Je grimace, dégoûtée. Dans la précipitation, je me relève, ne sait pas où je trouve la force de le faire, peut-être en voyant la ceinture dans sa propre main.
-Ton père a dû partir plus tôt, alors petite surprise, je prends la relève.
Il lance cela joyeusement, comme s'il m'annonçait la nouvelle de sa vie.
-Retourne toi.
Je le regarde, envie de lui cracher au visage et de cracher sur tout le monde ici comme j'aurai dû cracher sur cette fille dans la rue pour m'avoir insultée de salope. Je me demande si c'est un putain de cauchemar, oui je dis putain, parce que ce mot mérite sa place dans cette phrase, qu'étonnement cela vient tout seul et que cela fait du bien. Putain. Parce que j'ai le droit, tout le monde a le droit de parler, de dire ce qu'il pense, ce qu'il veut ; si quelqu'un a envie de dire putain, et bien qu'il le dise. Et moi je le dis. Parce que Simon est la dernière personne à avoir sa place ici.
Même Harry aurait plus de raisons de faire cela que lui. Mais c'est vrai que la raison n'a pas sa place dans cette maison ; on fouette pour rien, on fouette pour la purgation, pour se sentir mieux, pour paraître plus doux et bienveillants devant les autres, pour ne pas craquer et tout gâcher. On purge et on est sans raison dans l'ombre pour garder le sourire dans la lumière. Et quand on se sent coupable, on prend le premier prétexte venu pour une punition. Et d'habitude je ne dis pas putain. Jamais putain. C'est la première fois. La première fois parce que Simon n'a jamais osé mettre les pieds dans ma chambre avec une ceinture à la main, celle de mon père en plus, comme s'il était de taille à le remplacer. Mais Simon n'a pas de droit sur moi. Encore moins que mon père.
-Putain !
Il hausse les sourcils.
-Un gros mot, Sun ? Ce n'est vraiment pas raisonnable.
Tous les mêmes. J'ai envie de vomir. Il s'approche, pas dangereux, mais pas le même que celui d'Harry. Quand Harry s'approche de cette façon, cela me plaît, me donne des frissons, soulève mon ventre, envie inlassable de me reculer pour qu'il recommence. Et que sa main se lève, en générale, ce n'est pas pour abattre le coup contre mon dos, mais pour agripper ma mâchoire, fort, et même si cela fait mal, c'est bon, aussi. Et cela fait un mélange exquis. Avec Simon, c'est différent, bien différent. Simon, je le déteste. Simon, il a pas le pouvoir attractif d'Harry. Et lui, alors que nous sommes seuls, je ne le laisserais pas me frapper, me lever la main dessus. J'ai décidé. A mon tour. J'ai enfin décidée. Cela suffit.
Avant qu'il n'attrape mon bras pour me faire face au mur, j'appuie mes mains sur son torse, le repousse de toutes mes forces, celles qui sont infimes, tout de suite. Je veux le repousser mais je n'ai pas la force d'Harry, pas de force du tout, en fait. Simon ne bouge pas. Reste là, me rit à la figure. Et subitement me retourne d'un coup, fait craquer la peau encore intact autour de mes blessures. Ma respiration se coupe un instant. Je voudrais que cela soit pour l'éternité. Que je n'ai plus jamais à revivre cela. La volonté de vouloir arrêter c'est bien, mais loin d'être suffisant. J'aurai voulu m'en rendre compte à un autre moment.
Un coup s'abat contre une contusion déjà ouverte et réouverte plus d'une fois, le sang se libère instantanément, m'arrache un hurlement que je ne me reconnais pas, un hurlement qui m'effraie presque. Je chavire sur le coté, me retient au bord de mon lit, me retourne pour lui crier d'arrêter, lui dire putain encore et encore. Même lui dire salope. Mais, tranchant, l'objet de mes souffrances s'écrase contre le haut de ma poitrine, termine son chemin contre mon cou et détruit la peau vierge, lisse et en bon état à laquelle je tenais tant. Je ne crie pas. Lui ne bouge plus. Un regard froid. Le mien. Un regard abasourdi. Le sien.
Mon corps s'abat contre le sol, sans reflex, je n'en ai plus, ne me souviens pas d'en avoir eu un jour. Les reflexs font mal. Ma tête frappe alors contre le sol, et des points noirs se mettent à danser devant mes yeux.
J'ai froid.
J'ai mal.
Je ferme les yeux, l'âme, tout.
Je veux le silence.
J'en ai besoin.
On prépare la plus grosse des tempêtes.
-Sun ! Relève toi, pourquoi t'es tu retournée bon sang ?!
Mots vagues, sans atteinte mais à abattre.
Quand je rouvre péniblement les yeux, le réveil indique dix-sept heures trente. J'ai dû dormir une bonne heure. Je suis désormais dans mon lit ; mal à la tête, au dos, au cou, à la poitrine, au thorax. Je suis clouée au lit. Clouée tout court, presque sur le crucifix. Mais pas de visage inquiet au dessus de ma tête. Pas de visage tout court attendant mon réveil. Juste quelque chose de froid à la texture bizarre sur mon front. Je touche ; un gant humide. Ils m'ont fait tomber, m'ont ramassés, et quand je serais sur pieds, ils me referont tomber, gestes planifiés, cette fois.
-Il faut qu'on parle, Sun. Ça va mieux ?
Ma mère. J'écoute. Me dis que je ne l'aime pas vraiment, sa voix. Trop aiguë, trop hypocrite, trop absente quand j'en avais besoin auparavant. Pourtant cela devrait être celle qui me fait me sentir mieux, vivante, en sécurité et détendue. Qui réconforte. Rien de cela. Influencée par mon père, peut-être, ou l'inverse. Une voix rustre aux ondes négatifs. Victoire a un peu le même ton. J'ai le physique de maman. Victoire en a le cœur.
-J'ai une bonne nouvelle à t'annoncer, ma chérie.
Elle sourit, bouge le gant sur mon front. Elle aurait tout à me dire, sauf une bonne nouvelle. Je veux qu'elle me dise qu'elle est désolée d'être une si mauvaise mère. Mais à la place :
-Tu vas te marier, dans quelques semaines. Les préparatifs sont lancés. On attends que cela soit prêt.
J'ai peut-être un traumatisme crânien. Ou alors c'est elle qui l'a. Parce que je viens de me faire battre. Fort. Par deux hommes. Mon père et mon beau-frère. Qu'elle m'entendait hurler à la mort, qu'elle m'a sans doute relevé et installé sur mon lit. Pour m'abattre ensuite. C'est ce que je disais. On annonce pas à sa fille qu'elle va se marier avec quelqu'un qu'elle n'aime pas quand elle est déjà en miettes.
-Pardon ?
-Gabriel est si ravi ma chérie...
Je me redresse, lâche un bruit plaintif.
-Tu ne bouges pas, tu es blessée. Il faut que tu sois belle pour le mariage.
Elle essaye de me recoucher, mais je la repousse avec l'épaule, pose mes pieds par terre. Pour le mariage. C'est la seule raison pourquoi elle s'inquiète de me voir avoir mal. Pour le mariage.
-Laisse moi d'accord ? Laisse moi.
Je sors de la chambre, ne veut pas voir sa mine furieuse, j'en ai déjà assez vu pour aujourd'hui. Puis j'en ai ras le bol. Je remarque que je porte un tee-shirt, comprends maintenant la douleur plus qu'infernale. La douleur qui se réveille après le massacre, c'est la pire. Ils sont idiots. Idiots de m'avoir habillé, idiots de m'avoir allongés sur le dos. Je serre les dents. J'ai besoin d'un calmant. Mais on en a pas. On a rien de ce dont j'ai besoin. Il me faut quelque chose qui surpasse cela. Je n'y arriverai pas.
J'entre dans la sale de bain, ferme derrière moi, me permet de tourner le verrou. Je relève le tee-shirt, le fait passer au dessus de ma tête et me crispe en sentant ma peau partir avec. Un bruit strident s'échappe de mes lèvres et comble la pièce d'une douleur qui fait voir rouge, tordre le visage en une grimace douloureuse. Je me mets à prier. Je ne sais faire que cela. Prier. Prier pour rien, en plus. Mais Seigneur, je t'en prie, il faut que tu fasses partir cette douleur, que tu me soulages ; aide moi.
Sert à quelque chose pour une fois, putain. J'appuie mon front contre le froid du carrelage mural, essaye quelque chose de nouveau. Claque une fois, une seule fois ma tête contre, fort, pleure, me laisse tomber à quatre pattes au sol et maudit encore l'univers entier jusqu'à moi-même. Cela ne marche pas. Alors j'arrête. Je ne veux pas me détruire toute seule. Je veux mourir mais vivre. Je m'étends à plat ventre au sol, perdue, ferme les yeux, larmes qui coulent sur le coté du visage.
-Harry...
Je chuchote jusqu'à ce que ma voix se rompe comme l'ultime prière que je puisse faire.
Harry.
« Il y a des larmes qui ne coulent pas de nos yeux, parce qu'elles deviennent des cicatrices dans nos cœurs »
Hello les filles !
Et voilà pour ce chapitre 11 fort en émotion ! On en découvre un peu plus sur la vie intime de Sun, j'espère que ce chapitre vous plaira vraiment, j'espère aussi pouvoir lire vos pitits commentaires adorables, j'ai hâte de savoir ce que vous en avez pensez, on adore communiquez avec vous dans les commentaires, savoir ce que vous pensez, c'est vraiment important pour nous :D
La fiction à désormais un Twitter, aller y jeter un petit coup d'œil: https://twitter.com/ADAL_fic vous pouvez vous abonnez, on postera des petites news et des petites actualités dessus, vous pouvez aussi répondre à un sondage !
Bref, on vous aimes fort bande de pitites crapules ♥
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