Chapitre 2 - Mac
Je retire mon flingue de mon dos, le décharge et le pose sur le meuble près de la porte que nous franchissons l'instant d'après. Aucune personne extérieure ne peut s'approcher de Dimitrov armé. Ce sont des règles édictées par le mafieux auxquelles je me plie, comme toujours. Sans le numéro prétentieux de Sergeï, on n'aurait pas perdu ce temps ridicule.
Mes yeux scannent quelques secondes à peine le bureau de Dimitrov qui lui, est assis à son bureau, son regard franc braqué sur moi. Derrière moi, je perçois des ombres monter la garde et je sais que, sans l'autorisation du patron des lieux, je ne ressortirai pas d'ici. Mort ou vivant. C'est un autre protocole. Je ne me sens pas menacé et ça ne m'inquiète pas outre mesure, c'est la manière de procéder dans le monde dans lequel j'évolue. Quand on a baigné toute sa vie dans la mafia, on en connaît toutes les ficelles.
La pièce est plutôt bien agencée devant une magnifique vue qui donne sur Saint-Pétersbourg. Le mobilier est luxueux et massif, tout ce que mon hôte adore. Il aime le confort sans que ce ne soit toutefois, trop tape-à-l'œil.
—Bienvenu chez moi, le nettoyeur.
Je lui décoche un minuscule sourire en coin. C'est lui-même qui m'a donné ce nom alors que je n'avais que quatorze ans et qui en a fait ma réputation. Pour la simple et bonne raison que je ne laisse aucune trace derrière moi. Pas même un corps, qu'il soit vivant ou mort. A quelques exceptions près, mais ça, Dimitrov n'a pas à le savoir.
—Je t'en prie, installe-toi ! Désires-tu boire quelque chose ?
Avant que je puisse répondre, il claque des doigts et derrière moi, je sens du mouvement, mais je ne me retourne pas. Quelques instants plus tard, la porte s'ouvre à nouveau et une femme nous apporte du café avec des tasses ainsi que des biscuits. Lorsqu'elle me sert, je hoche la tête en guise de remerciement et pose la tasse sur une table à côté de moi. Je ne suis pas venu pour jouer à la dînette, mais bien parce qu'on a un travail à me proposer et qui semble urgent, qui plus est.
Je patiente que Dimitrov délie enfin sa langue.
Ce dernier est large de carrure, avec de petites ridules sur le visage qui confirment sa vieillesse, mais malgré ses septante ans passé, il n'en est pas amoindri pour autant. Au contraire, il pète la forme et il pourrait éradiquer tout un syndicat de criminels en quelques heures à peine. Rien ne l'effraie et il adore les challenges. Je ne suis pas son ami, mais je n'aimerais pas être son ennemi. A lui seul, il fait de nombreux dégâts. Ce n'est pas pour rien qu'il est à la tête de l'un des empires criminels les plus puissants de la Russie. Sa réputation le précède grandement.
—Je vais aller droit au but, Mac.
Je hoche la tête.
—Tu connais ma réputation ainsi que tous les domaines que je gère d'une main de fer.
Effectivement. Je le côtoie depuis assez longtemps pour en avoir connaissance et savoir dans quoi il trempe : différents trafics, blanchiment d'argent, drogue, prostitution et ce dans de nombreux pays. Son restaurant n'est qu'un écran de fumée pour camoufler ses vices.
—Ces derniers temps, en France, je rencontre quelques difficultés.
—De quel genre ?
—Philippe Groisse gère le côté de la prostitution dans plusieurs établissements. Il est très efficace pour déployer des réseaux de blanchiment d'argent et trouver des filles en qui nous pouvons avoir foi.
—Tu penses à une trahison ?
—Son rôle a toujours été bien défini, intervient Lou installé dans un fauteuil. Il s'occupe de plusieurs boîtes de nuit dont il nous verse un pourcentage. On y est tous gagnant. Philippe perçoit des sommes assez importantes pour être à l'aise jusqu'à la fin de ses jours. Cependant, on pense que depuis quelques mois, il modifie les comptes pour garder le plus gros pactole pour lui.
—Vous avez des preuves pour vous appuyer sur cette éventualité ?
—Tu es là pour ça, Mac, me dit Dimitrov. J'ai besoin que tu ailles vérifier si nos allégations sont justes. Malheureusement, il est venu également jusqu'à mes oreilles qu'il se serait associé à la famille Baroski.
Je me retiens de grincer des dents. Mes muscles se tendent, mais je ne montre rien de mes émotions. Je suis rodé, je reste de marbre en tout temps. On ne peut lire en moi. Jamais.
—Avec quel membre ?
—Les jumeaux.
Evidemment !
Ça devait être ces deux pourris. Je les exècre. Je n'aime pas leur manière de faire ni de se comporter. Ils sont d'une vulgarité et se pensent intouchables, car ils sont issus d'un syndicat portant le même nom qu'eux. Cette famille est une légende : grande, puissante. Toutefois, ces dernières années, elle est en chute, bien qu'elle maintienne le groupe de Dimitrov en concurrence dans la prostitution. Elle gagne même du terrain, ce qui ne plaît pas à Dimitrov.
A la mine grave de ce dernier, je sens que je ne vais pas apprécier la suite. Son regard est noir de rage, même s'il se contient face à moi. Ses poings se serrent.
Ça sent la guerre. La mort. Le sang.
Les Baroski se seraient mis à dos le plus meurtrier de tous les mafieux ? Ou s'agit-il d'autre chose ? Comme si ce qu'on venait de m'annoncer n'était pas suffisant...
—Ce n'est pas tout, ajoute Dimitrov d'une voix d'outre-tombe.
Je m'en doutais. Je flairais les problèmes à des kilomètres à la ronde.
—Il y a quelques jours, nous avons retrouvé ma petite-fille dans un sale état...
—Mais encore ?
—Elle n'a que quatorze ans... et il semblerait que des types se soient amusés avec elle.
Bien. Il ne faut pas me faire un dessin, j'ai saisi. Elle est tombée sur des pourris qui s'en sont donnés à cœur joie. Une vengeance à l'encontre de la famille de Dimitrov ? Ou Dimitrov est lui-même visé ? Je ne crois jamais au hasard... Ce n'est, à mon sens, pas pour rien qu'on s'est attaqué à sa petite-fille.
—Je veux que tu les retrouves et que tu les élimine. On ne s'en prend pas à ma famille sans en subir les conséquences ! Je veux que tu les fasses souffrir autant qu'elle a souffert ! La pauvre, elle n'ose même plus sortir tant elle est effrayée !
—J'aurais besoin d'en savoir un peu plus. A-t-elle été enlevée ? Si oui, par qui ? En avez-vous une idée ? Où ? Combien de temps ? Y a-t-il un témoin ? De quelle manière s'est-elle sauvée ? Tu connais la chanson, il me faut de quoi me mettre sur une piste. Même un infime élément et j'en fais mon affaire.
Bien que je ne sois pas de sa famille, il me fait assez confiance pour que je démêle tout ça et que j'intervienne. J'ai horreur qu'on s'en prenne aux gosses !
—Veronika était sortie boire un verre avec des amies, m'explique Lou. Tout était surveillé ; la terrasse, les personnes alentours, les amies de Veronika, le serveur... rien n'aurait pu échapper aux hommes chargé de sa sécurité. Malheureusement, elle a disparue subitement à la vue de tous. Elle n'est jamais revenue des toilettes où elle était allée avant de partir. Nous ne l'avons retrouvé que des semaines plus tard, en France.
—Des soupçons sur une ou plusieurs personnes impliquées ?
—Elle ne parle pas beaucoup, me répond Dimitrov, tant elle est traumatisée. C'est le mari de Jesabelle qui m'a contacté, un couple loyal à nos services. Elle est chez eux pour le moment et n'ose plus sortir. Tout ce que je sais, c'est que c'est une femme qui l'a aidé à s'échapper de l'enfer où elle était retenue. Une certaine Savannah.
L'information est mince, mais suffisante pour me mettre sur une piste.
—Je te mandate pour ces deux missions, Mac. Il faut faire la lumière sur tout ça et un grand nettoyage.
J'ignore si les deux affaires sont liées, mais je suis certain que l'association de Philippe Groisse et son partenariat avec la famille Baroski n'est pas étranger avec la disparition de Veronika. Mon sixième sens me le souffle. Dimitrov était visé, j'en mettrais ma main à couper ! Pourquoi ? Dans quel but ? Ce sera à moi de le découvrir. Tant d'options sont possibles pour ceux qui veulent le mettre à terre et le faire chuter de son trône.
Pour le peu que j'ai croisé Veronika, je peux dire que c'est une gentille fille ; douce et innocente malgré le monde dans lequel elle a grandi et évoluée. Depuis sa plus tendre enfance, elle a été préservée de toutes les horreurs de notre milieu. Ses parents y mettaient un point d'honneur. Le fait qu'elle ait été enlevée, ici, à Saint-Pétersbourg, pour immigrer en France et être torturée, n'est pas une coïncidence. Impossible que cela le soit !
—Qu'en est-il des hommes qui étaient chargé de sa protection ?
—Envolé, me dit Lou. On a réussi à en retrouver un, mais malgré la torture, il n'a pas parlé.
—Très bien, je m'en occupe, assuré-je après quelques secondes de réflexion. Il me faudra tout ce que vous avez sur ces hommes afin que je puisse enquêter sur eux et étudier les pistes possibles d'où ils peuvent se planquer.
—Tu auras tout ce dont tu as besoin, m'assure Dimitrov.
Lentement, je me lève.
—Je te tiendrai au courant de l'avancée de mes recherches, Dimitrov.
—J'ai confiance en toi. Tu feras le nécessaire et ramène ma petite-fille auprès de moi.
J'opine.
—Fais attention à toi. Je suis certain que ce qui lui est arrivé n'est pas dû au hasard. Tu es assez connu et puissant pour deviner qu'en réalité, la cible, c'est toi.
—J'exterminerai quiconque tenterai une connerie de ce genre ! Je veux que les coupables paient pour avoir attenté à Veronika et que tu me démêle le merdier avec Philippe Groisse !
Je hoche de la tête.
Il est temps que le nettoyeur fasse un brin de ménage... Les choses ont été beaucoup trop loin et je dois agir avant que Dimitrov mette toute la France à feu et à sang.
Et je suis l'homme de la situation pour tout canaliser et remettre en place ce qui doit l'être.
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Hello !
Je reviens vers vous avec la suite, n'hésitez pas à me laisser votre avis ♥
Des bisous.
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