Pleurer, ça fait du bien, tu sais ?

"Il y a une différence entre ceux qui veulent te voir pendant leur temps libre et ceux qui se libèrent pour te voir."

Mercredi

Le vent emporte les cheveux de Saylor dans un envol bleu nuit, cachant son visage inquiet.

Elle repense à hier.

A Amélia, surtout à Béatrice.

Aux yeux verts qui ont réussi à lui faire oublier la poussière dans ses yeux, et malheureusement, le trait rose de sa meilleure compagnie.

Saylor l'a blessée, et le noir de ses songes pénètre lentement dans sa tête. Elle serre tellement sa main sur le banc que ses phalanges blanchissent plus encore qu'elles ne le sont déjà.

Lorsque des doigts inconnus à Saylor la frôlent.

Quand elle tourne la tête, ses yeux rencontrent un cauchemar qu'elle n'a même pas osé imaginer voir un jour.

Béatrice.

Mais pas sa Béatrice, non, non pas elle.

Une autre, une ne possédant pas de trait rose. Une ne possédant pas la grâce d'une danseuse.

Une Béatrice morte.

Saylor n'y croit pas, cela ne peut pas être vrai.

C'est tout sauf réel.

Alors elle ferme les yeux.

Elle essaye de revoir sa Béatrice souriante, son accent adorable et sa petite habitude de prendre place à côté d'elle d'une si jolie façon. 

Elle essaye de la revoir, sa belle Béatrice.

Mais elle doit rouvrir les yeux. Saylor veut croire en un rêve.

Comment peut-elle être aussi consciente ?

Ses yeux sont remplis d'effroi devant le spectacle s'offrant à elle.

Béatrice pleure.

Elle éclate en des milliers de sanglots qui brisent la bulle d'air que Saylor s'est formée.

Et maintenant, elle a l'impression de se noyer. Une douleur intense s'empare de sa poitrine.

Béatrice pleure et Saylor s'écroule.

Dans un effort elle protecteur, la fille aux cheveux bleus ramène ses genoux contre sa poitrine, murmurant silencieusement des mensonges à son âme plus très égoïste, comme pour se réconforter elle-même.

En vain.

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