Prologue
Un coup de foudre. Beaucoup de gens utilisaient cette expression à la légère sans en connaître toute la signification. Une petite décharge électrique le plus souvent inoffensive. Une simple manifestation d'un phénomène naturel qui avait lieu lors d'un orage de nuages. En somme, un grand mot pour nommer un petit mirage éphémère dans le ciel tempétueux. Mais malheureusement, la foudre n'en restait-elle pas pour le moins mortelle dans certains cas, notamment lorsqu'elle atteignait un individu vivant. Une même électricité qui balayait l'air lorsque l'on ne s'y attendait pas. Une douce sensation d'asphyxie qui étreignait lentement les cœurs pour bruler de l'intérieur quand les regards percutaient celui de sa moitié. Pouvait-on encore parler d'amour quand, au premier coup d'œil, tout un monde cesse sa marche lente et mortuaire pour s'emplir d'une sensation nouvelle ? Se retrouver en apnée, n'entendant plus rien du monde extérieur que le souffle de la vie de la personne aimée. On se retrouvait alors propulsés dans un monde qui n'était plus le nôtre, perdus dans le méandre d'un chaos qui nous dépassait.
L'Amour avec un grand "A". Comme cela paraissait si clair et pur sur le papier, dénué de quelque malheur ; d'une éthérée et chaste beauté. Ce même amour poétique qui liait deux personnes par les liens du sort, de la destinée non choisie par l'un ou l'autre des pauvres êtres obligés. Même refusée par sa pair, cette obligation qui nous incombait ne pouvait être niée ou alors elle détruisait jusqu'à l'âme de la moitié. L'amour si beau, si magique qu'il transcendait les êtres qu'il desservait. Un sentiment pur que des enfants encore innocents et naïfs rêveraient de gouter tel le fruit défendu. Une douceur de vivre qui pourrait faire oublier les plus grands maux de ce monde infect. Une tendresse infinie qui n'avait de cesse de se rappeler à notre bon vouloir presque par défaut. Une inclinaison qui nous poussait, presque par un instinct des plus primaires, à satisfaire et alimenter ce jardin secret. Consumés, dévorés, atteints en pleine âme, nous avions connaissance de cette sensation qui nous brûlait de l'intérieur. Cette affection, cet attachement soudain nous broyait de l'intérieur.
Comme cela pourrait amuser le protagoniste présent ici s'il n'en faisait pas encore aujourd'hui les frais. Comme il aimerait rire de sa propre situation mais cela ne lui était toujours pas permis malheureusement. Le squelette tourmenté aimait cet autre tellement mais il n'avait en écho que de l'indifférence. Il lui était vain de chercher au-delà de ce silence apathique que cet autre lui réservait. Ces sentiments l'oppressaient encore, l'étouffant de leur aigreur pour ne lui laisser dans la bouche qu'une macabre fatalité, un destin proche qui ne tardera pas à se finaliser incessamment sous peu. « On peut donner bien des choses à ceux que l'on aime. Des paroles, un repos, du plaisir. Tu m'as donné le plus précieux de tout : le manque. » comme l'avait écrit Christian Bobin dans un de ses ouvrages. N'avait-il pas vrai dans un sens ? L'amour était toujours considéré comme l'apothéose de la vie mais qu'en était-il de l'amour à sens unique ?
Vous avez de toute façon déjà connaissance de ce dont le protagoniste parlait, ne jouez pas au plus fin avec ce squelette dont la faux souriait cyniquement. Ce même amour qui détruisait le plus profond de l'âme. Ce mal-être qui prenait lorsque des sentiments n'étaient pas partagés. Cette émotion qui tempêtait dans la tête pendant que la personne considérée vous regardait l'air de rien, se demandant ce qui n'allait pas avec vous. Loin de l'idée d'un être qui avait d'autres sentiments pour un tiers ; non, juste un individu qui se fichait de la tourmente dans laquelle il vous plongeait puisqu'il n'en avait même pas conscience. Ce n'était pas de sa faute, pourrait-on incriminer quelqu'un qui ne vous verrait et ne vous envisagerait pas de la même façon que vous l'adulez ? Il était impossible de lui en vouloir et puis à quoi cela servirait ? Il n'était pas permis de forcer l'amour après tout. La seule petite chose qui pourrait sauver de l'aliénation, permettant de garder ou retrouver contenance devant l'être aimé était de forcer un enthousiasme perdu, devenu avec le temps factice, une simple illusion éphémère pour palier à la déraison et la torpeur de ce sort.
« L'important, c'est d'aimer » avait entendu un jour le faucheur. Faudrait-il mieux goûter à la drogue d'aimer malgré tout, l'opium d'aimer quand même, s'abimer dans les abysses froids d'un sentiment unilatéral ? Ou alors laisser le cœur parler, livrer un combat à l'issue incertaine, peu en importait le prix à payer, peu en importait qu'on y survive ou non ? La réponse était propre à chacun. Pour sa part, il avait choisi d'abandonner après avoir compris sa présence seule dérangeait l'élu de son cœur, l'âme sœur sans laquelle il se mourrait à petit feu. Mais n'était-ce pas ironique après coup ? La Mort, la Grande Faucheuse, l'incarnation de la Mort Cynique elle-même se mourrait un peu plus chaque heure de chaque jour qui passait dans ce sens. Il pourrait dire et clamer qu'il aurait aimé que son chagrin ne dure qu'un instant mais ce serait mentir, ce serait renier tout l'amour qu'il lui portait et il le refusait de tout son être malade.
Malade ? Était-il malade ? Mais est-ce vraiment une maladie ? « Hanahaki » était le nom qu'avait réussi à déceler dans les ouvrages manuscrits celui qui depuis peu était devenu son plus grand confident, seul gardien de sa peine et de sa souffrance. Il avait été l'un de mes plus beaux cadeaux ces dernières années. Acceptant après mille batailles son choix de continuer à aimer son âme sœur, il était pour le faucheur le plus grand ami qu'il put avoir durant l'éternité que composait sa vie. Il ne regrettera jamais au grand jamais d'avoir eu son épaule pour pleurer, ses bras pour se blottir quand sa toux sanglante s'était faite trop fleurie. D'un mauvais calcul, il avait trouvé en un instant la personne à qui se confier et qui l'aidait à traverser les quelques moments qui finiraient sa longue vie.
Il le savait, son heure approchait. Il allait mourir. Comme c'était drôle, la Mort allait pouvoir mourir maintenant que le Multivers lui avait trouvé un successeur. Goth était encore jeune mais cela n'avait pas l'air d'ébranler le choix des Créateurs. Mais même cet enfant n'était point une preuve d'amour entre ses deux géniteurs. Une erreur ? Non, loin de là. Il était un « accident » même si l'appellation ne reflétait pas tout ce que pouvait être le petit. Né après une nuit enflammée où le demi-mort était en chaleur alors que la faucheuse était venue le voir, inquiet par son absence. Bon, on ne peut pas trop dire que Geno lui avait laissé le temps de décliner mais le squelette à la faux n'irait pas jusqu'à parler de viol puisqu'il aimait le demi-mort. Il dirait jusque, qu'en plus de ne plus pouvoir marcher sans boiter pendant peut-être quatre jours, qu'il n'avait été pour le squelette à l'écharpe rouge poussiéreuse qu'un simple objet lui permettant de se soulager de douloureuses chaleurs. Il l'avait pris, utilisé puis rejeté n'ayant à ses yeux plus aucune utilité. Pour ces raisons, la faucheuse cynique avait élevé seule, avec Papyrus comme seule aide si on ne compte pas les interventions du maître des cauchemars, l'enfant, dont le demi-mort n'avait même pas connaissance, la Mort voulant éviter à son enfant un rejet qui l'aurait gravement affecté. Il refusait de lui infliger la même peine qu'il avait pu ressentir face à Geno.
Et pourtant, malgré tout la Mort continuait de l'aimer, et ce jusqu'à sa mort qui approchait à grands pas maintenant. Il savait qu'il vivait ses derniers instants et son seul regret fut de laisser son fils bien qu'il savait qu'il ne serait pas seul. Il avait en prévision demandé à Nightmare de le prendre sous son aile, ce qu'il avait accepté malgré sa douleur de le voir partir trop tôt selon ses dires. Sa fleur déjà se fanait, les pétales qui rongeaient son âme se flétrissaient rapidement. Toussant une énième gerbe de sang accompagnée de fleurs blanches aux pétales tachés de cette même couleur carmin, il ouvrit un portail pour arriver au château du maître de DreamTale. Quand il se remémorait que Nightmare avait voulu intégrer la cynique Mort dans son équipe il y a des lieux de çà ; cela avait été de cette manière qu'avait commencé leur complicité. L'amitié de deux êtres rejetés, deux êtres craints autant pour leurs trop grands capacités que pour leurs rôles respectifs dans l'équilibre du Multivers. Contrairement à ce que son pouvoir le laissait penser, Nightmare était un être franc et magnanime, il savait reconnaître ses manquements et n'était pas si horrible. Après tout, n'avait-il pas recueilli des Sans seuls, laissés pour compte, livrés à eux même et comme morts intérieurement ? Ne les avait-t-il pas en somme sauvé d'eux même ? Comme eux, il avait accueilli et aidé le représentant de la Mort qui vivait ses derniers instants.
Nightmare : Tiens Reaper, tu es en avances ! Goth n'est pas avec toi ? Il y a un problème ? Non... Ne me dis pas que...
Reaper : Je suis venu te remercier Night, merci pour tout ce que tu as fait pour moi et Goth. Je voulais te dire merci de d'avoir accepté de p-prendre soin de mon fils. J-je sais qu'il sera bien ici avec vous. Ici, il pou-pourra avoir une vie à part entière.
Nightmare : Quoi ?! Non ! non ! Reaper bats-toi encore ! Je t'interdis de mourir maintenant ! Pas avant que Geno n'arrive ! Je suis désolé mais je l'ai appelé je voulais qu'il comprenne, qu'il te sauve ! Reap' ne meurs pas non d'un chien ! Il devait arriver en avance mais il ne va pas tarder.
Reaper : Je t'avais dit que je ne voulais pas...
Le souffreteux n'eut pas le temps de finir de parler qu'une autre quinte de toux lui fit rejeter une quantité monstre de sang visqueux toujours accompagné de fleurs. Secoué de tout son être, il vomissait plus qu'il ne toussait à présent tout en sentant ses dernières forces partir. Sa cage thoracique lui faisait si mal, il voulait juste que ce poids s'allège. Il manquait de peu à chaque souffle de suffoquer ; il avait si froid, ses orbites ne cherchant qu'à se fermer définitivement ; quand soudainement il se mit à penser à Goth qu'il allait devoir laisser derrière lui. Non... NON ! Il-il ne voulait pas ! Il ne voulait pas abandonner son fils unique ! Goth n'avait que lui ! Reaper avait peur... Il craignait la mort ! De forts sanglots le secouèrent dans les bras du gardien des sentiments négatifs. Il ne s'était même pas rendu compte qu'il se sentait déjà plus libre dans cette douce étreinte que le tentaculaire squelette lui offrait.
Reaper : N-night, j'ai p-peur... Je ne veux p-pas laisser mon f-fils... J-je ne veux pas !
Nightmare : Reap' je suis là d'accord. Geno ne va pas tarder, juste tiens le coup d'accord ? Tu vas être remis sur pieds et...
Reaper : C'est faux et tu le sais. Il me reste trop peu de temps pour survivre. On ne peut pas...
Le malade toussa encore qu'il observait le corrompu venir à lui à pas lents de sa douce démarche féline prête à bondir. La mort, elle l'effrayait ne serait-ce que par son appellation. Lorsqu'il l'entendait, il savait par avance qu'il n'allait guère apprécier la suite des évènements. Malgré tout, la vie se déroulait ainsi aussi bien pour les monstres que pour les humains. Ils naissent, vivent puis meurent. Il n'y avait pas d'alternative si ce n'est pour les êtres dotés de l'immortalité comme les deux compères ici présent. Pour eux, le repos éternel ne leur était permissive qu'à la condition d'avoir un successeur au rôle qu'y leur incombait pour le maintien de l'équilibre du Multivers. Ainsi, les Créateurs avaient vu en Goth le remplaçant de l'actuel émissaire de la Mort.
Lorsqu'il l'avait compris, le glas avait déjà sonné pour Reaper. Il ne pouvait en être autrement et il en avait pleinement conscience. Lorsque l'invasion avait débuté, la sentence s'était révélée à ses yeux. Il allait mourir par amour. Ni plus ni moins. Il ne serait pas, comme les autres qu'il avait déjà pu faucher, un futur résident des limbes. Non, il disparaitra tout simplement du Multivers ; se désagrégeant, ne devant que poussières sans retour en arrière possible. Il sera éradiqué en même temps que le mal qui le rongeait à petit feu mais sûrement. L'évidence s'était imposée d'elle-même lorsqu'il avait pris connaissance de la maladie grâce à Nightmare et son savoir immense, à l'image de la grandeur de sa bibliothèque. Ces fleurs, des seringas blanches, signifiant dans le langage des fleurs un « amour éternel », empoisonnaient sa vie, grignotant chaque parcelle de son âme jusqu'à ce qu'il ne reste que poussière. Malgré la douleur, Reaper avait continué d'afficher ce sourire si symbolique des Sans.
Un sourire sans joie mais dont personne ne réussissait à déceler tout le mal-être et toute la douleur enfouie sous de mauvaises blagues. Un masque parfait, sculpté par de longues décennies, formé des coups reçus, des blessures recouvertes par les années les camouflant. Personne ne voulait voir au-delà des apparences. De toute façon, qui s'enquérait réellement de l'état d'une personne ? « Ça va ? » demandait-on souvent à son interlocuteur. Mais qui s'interrogeait vraiment du bien-être de cet autre qui n'est soi ? Puis qui aurait l'audace de répondre honnêtement « non » à cette pseudo-interrogation ? Personne ne voulait entendre une réponse négative. Personne ne se souciait du négatif. Les gens voulaient entendre que tout va bien, que « ça va » parce que ça leur permettait de parler d'autre chose. Et la personne posant la question ne se rend ainsi pas compte du mal qui ronge son vis-à-vis, la plupart du temps elle ne posait même pas la question, partant toujours du principe que tout allait bien, que rien de mal ne pouvait être arrivé. On évite les gens qui ont des problèmes, c'est dans notre nature. Peut-être est-on trop centrés sur nos propres ennuies pour ne pas voire au-delà des apparences ? Je ne sais pas ; mais après tout qui suis-je pour parler de cela ?
Reaper savait que ce n'était pas uniquement de la faute de l'interlocuteur ou que certains se souciaient encore réellement du sort des autres. Après tout, le premier menteur n'était-il pas celui qui répondait par l'affirmatif quand il était plongé dans ses propres problèmes ? Qui des deux avait raison ? Qui des deux mentait le plus ? Il se souvenait quand Night était venu la première fois à lui. Il se rappelait la tendresse et tristesse qui l'avait pris lorsqu'il l'avait vu vomir ce liquide incandescent mêlé de pétales ivoires. Son rire cristallin et cassé qui s'était ensuite échappé de son corps brisé pour se fracasser contre les arbres de la forêt de UnderFell, les tremblements violents qui le secouaient tandis que Nightmare prenait connaissance de son état lamentable. Pourtant, ce ne fut pas de la pitié que son regard lui avait laissé entrevoir mais de la compassion, ce même sentiment qu'éprouvait en égard d'un autre quand il avait connu lui aussi souffrance et rejet. Ainsi était le commencement de ce qui s'était avéré être une grande camaraderie. Il avait toujours été à ses côtés pour l'épauler et encore maintenant alors que la faucheuse vivait ses derniers instants. Puis, soudainement il fut sorti de ses bien tristes pensées par le bruit d'un portail s'ouvrir avec fracas d'où sortit l'objet de ses tourments.
Geno : Fichu portail. Bon Nightmare tu es où ? Je ne me suis pas déplacé pour rien je te préviens ! maugréa le demi-mort.
Malgré lui, le malade sourit à l'entente du petit accent énervé dans la voix de son petit mort. D'après ses intonations, il pouvait déceler une certaine colère dans ses propos. Ne pouvant voir le binôme au sol, il contourna l'immense bureau que Nightmare ne quittait que très peu en temps normal et il put enfin voir le spectacle comique qu'était la mort de la Mort.
Geno : Reaper ? demanda-t-il d'une toute petite voix mal assurée.
Nightmare : Tu comptes rester là à regarder le spectacle où tu vas venir me donner un coup de main Geno ! Parle-lui ! Mais réagis bordel ! Ou bien tu préfères qu'il meure devant tes yeux en laissant derrière lui les gens qui l'aime ! Qu'il laisse derrière lui votre fils !
Reaper : N-Night, j'avais dit... j'avais dit pas Go-goth, tenta le malade avant qu'une nouvelle quinte de toux ne lui broie la cage thoracique, alourdissant encore le poids sur cette dernière.
Geno : Que... NON ! Non tu ne peux pas mourir Reaper ! Tu- tu es un dieu, tu ne peux pas mourir. C'est impossible, l'équilibre du Multivers...
Nightmare : Dégage, ordonna le maître des lieux d'une voix froide et sans appel.
Reaper : Night... tenta-t-il encore mais bientôt il fut de nouveau interrompu par un trop-plein de sang et de fleurs s'échappant de sa bouche. J'ai froid. J-je vais juste dor-dormir un p-peu, termina-t-il en se sentant soudain plus léger, soulagé du poids qui lui oppressait quelques minutes plus tôt la cage thoracique.
Nightmare : NON ! NON ! NON ! Reap' tu restes avec moi ! Je t'interdis de partir maintenant ! hurla Nightmare les yeux embués de larmes avant de se retourner vers Geno qui était resté muet. Mais aide-moi ! Dis-lui que tu l'aimes ! Tu es le seul à pouvoir l'aider !
Geno : Mais... Je... Je ne l'aime pas ! Bordel Reaper bien sûr que je ne t'aime pas. Je n'ai jamais pensé que ça te posait problème, tu av-avais même enfin arrêté tes techniques de drague stupide. J'ai même cru que tu ne m'aimais plus et que tu aimais Nightmare... expliqua-t-il piteusement. Pourquoi devrais-je maintenant te déclarer ma flamme ?!
Reaper : Geno c'est b-bon... dit-il en fermant enfin les orbites, sachant qu'il avait commencé à partir en poussière à partir du moment où il s'était téléporté au château du gardien des sentiments négatifs.
Nightmare : NOOOON ! Reaper ne pars pas ! hurla Nightmare le visage maintenant ravagé et déformé par des flots de larmes et de puissants sanglots. Il t'aime, il va le dire. Ça va te sauver. Reap' ? Reaper ? Oh bordel ouvre juste tes si magnifiques orbites s'il te plait... Ne me laisse pas... Je t'en prie... Tu as su me redonner l'envie de me battre alors me fais pas défaut maintenant ! Tu m'es trop précieux pour mourir, tu as su te rendre indispensable à mon bonheur. De ta présence, tu as illuminé ma vie. Reste... On est complémentaires toi et moi. Ne meurs pas ! Je ne veux pas te perdre ! Je REFUSE de te perdre toi aussi. J'ai déjà suffisamment perdu les gens que j'aimais, je refuse de te perdre aussi tu m'entends ! Ne t'en vas pas, ne pars pas si loin de moi... Je savais que je perdrais la guerre menant à ton amour mais j'aurais dû au moins participer à cette guerre. Je tiens trop à toi. Le jour où j'ai perdu mon frère, j'ai perdu mon chemin, j'ai perdu la raison. Le Multivers nous a affubler d'un rôle, nous privant de notre identité. Seul toi a été capable de percer ce masque de verre ; il a volé en éclats lorsque tu es apparu dans ma vie avec la douceur d'un éclat de verre brisé qui rencontre la chair dont nous sommes dépourvus. Si seulement j'avais su me faire aimer de toi petite mort, alors j'aurais pu contempler tes orbites si expressives pour qui sait passer outre ton cynisme si caractéristique. Je- je t'aime Reaper alors si tu ne reviens pas pour l'autre connard qui ne te mérite pas, reviens pour moi... Reviens Reaper...
Geno étant bien sûr parti pendant cette si sombre déclaration, il ne restait que le prince des cauchemars, gardien des sentiments négatifs, pour observer le corps de Reaper se désagréger en une fine poussière. Hurlant sa peine de perdre celui dont il été tombé amoureux dès le premier regard, Nightmare n'eut que trop vite devant lui plus qu'une simple fleur accompagnant la poussière qui jonchait le sol. Une seringa blanche, symbole d'un amour éternel. Mais à qui était réellement adressée cette fleur ? À un demi-mort qui avait détruit à petit feu cet être qu'il avait prétendument dit ne pas aimer, ou bien à ce cœur brisé par une nouvelle blessure. Ce même cœur meurtri qui choisit un sort d'éternité et de miniaturisation pour cette petite fleur qu'il plaça, avec toute la fine pellicule qui témoignait de la précédente venue de Reaper, sur la cheminée, décidant ainsi que le défunt pourrait rester avec lui le temps qui lui serait nécessaire pour le ramener.
Cette mort se fit ressentir dans toute la sphère, jusqu'à ce que tout le monde comprenne qu'il y avait un nouveau Faucheur en place ; et ce dernier avait bien l'intention de venger son père ainsi que d'aider l'entreprise folle dont Nightmare s'était investi. Goth allait ramener son précieux père à la vie et trouverait un moyen de faire regretter à celui qu'il n'avait jamais considéré comme un parent de n'avoir jamais lever le regard sur celui qui venait de trépasser. Cette mort n'allait guère restée impunie. Il aimerait hurler, crier, pleurnicher tel l'enfant qu'il n'était déjà plus. Il souhaitait s'époumoner tout en réclamant la présence disparue, clamer au monde entier combien il souffrait de son absence, supplier déjà pour son retour parmi eux. Il souhaitait gouter à l'ivresse d'une étreinte de sa part, revoir l'ardeur dans ses orbites d'un bleu si semblable aux multiples cieux célestes du monde de la surface lors de timeline pacifiste. Le mal de l'absence restait et ce pour la vie. Mais comment avaient-ils finir ainsi ? « Reviens ! Reviens papa... Papa juste reviens nous... » Il savait que ses larmes n'y changeraient rien mais il ne pouvait s'en empêcher. Il avait de son père. Il avait besoin de son affection, il avait besoin de ses étreintes. Il m'égosillait à appeler aux Créateurs pour qu'ils lui rendent le trépassé mais rien n'y faisait. Ce n'étaient que des monstres à visages humains. Leur débat lui revenait inlassablement en tête.
Créateur : Tu as une apparence et un rôle erroné pour nous. Pour bon nombre d'entre nous, ton existence même est une erreur. Tu es horrifiant à l'image même des monstres que tu représentes. Nous sommes seuls maîtres des décisions ici. Estime toi chanceux que nous ne vous effacions pas comme nous avons pu le faire avec ton prédécesseur.
Goth : « Prédécesseur » ? Mais vous êtes incapables de vous ouvrir aux autres et d'accepter les autres ! Nous ne sommes pas juste des personnages dont vous gardez jalousement l'usage ; nous sommes des êtres à part entière ! Nous avons une famille que vous décidez de briser. Mon « prédécesseur » comme vous l'appelez avait un nom et une famille. Reaper, mon père, ne méritait pas le sort que vous lui avez offert ! Vous avez brisé la vie de bon nombre d'innocents pour quoi ?! Un caprice ? Un titre honorifique ? Mais avez-vous pensez une seule seconde à la douleur qu'il avait ressenti, à la souffrance continuelle portée à son âme brisée ? Avez-vous pris acte de l'agonie où vous avez précipitez ses proches ? Non, qu'importait le mal de son fils qui fut privé de son père tandis que son autre géniteur ne le répudiait rien qu'en ignorant son existence. Qu'était-ce pour vous ? Une comédie, une farce destinée à divertir ; une fable, une fiction parmi tant d'autres ? Bien protégés derrière un ordinateur ou là, à écrire je ne sais quelles nouvelles horreurs, vous vous fichez bien de la souffrance de cet être innocent qui gémit et demande grâce tandis que vous l'affligez de mille et un maux, tous plus horrifiques les uns que les autres. N'avez-vous aucune clémence, de la pitié dans votre âme ? Vous qui avez incombé vos désirs inavoués à de simples personnages, n'hésitant point à causer la mort de tant d'innocents, décimant toute une population sans le moindre remord. Maintenant dites-moi Créateurs, qui de vous ou de nous sommes les véritables monstres ?
Créateur : Tu n'es qu'un gamin ! Tu ne peux pas comprendre. Ce genre de choses t'échappe. Tu es incapable de...
Goth : Incapable de quoi ? Quand il s'agit de remplir le rôle de Faucheuse pour l'équilibre du Multivers ça ne pose aucun problème pourtant, avait-il explosé hors de lui et sans aucun contrôle. Vous me débectez ! Je ne me répèterais pas deux fois. RENDEZ. MOI. MON. PÈRE.
Créateur : Mais crois-tu exercer une quelconque influence ici ? avait-il entendu alors que des éclats de rire fusaient. Va gamin et sache que nous t'aurons à l'œil petit squelette. Tu ne connais pas l'immensité de notre pouvoir sur ton pseudo monde illusoire.
Depuis cet échange pour le moins houleux, la nouvelle faucheuse eut bien du mal mener une vie sans encombre. Dès qu'il sortait faucher, tout était plus douloureux, lui rappelant constamment ce qu'il avait perdu ainsi que ce son second « père » avait enduré. Contrairement à ce que l'entièreté du Multivers pensait, son autre père était Nightmare et non Geno, bien que biologiquement parlant, c'était le second qui aurait dû avoir cette appellation. Mais Goth ne pourrait jamais appeler de ce nom l'assassin de son père. Et il passait sur les pulsions de meurtre qu'il le prenait par moment lorsque le demi-mort avait l'audace de croiser son regard au détour d'un AU. Comme il aimerait, s'il lui avait été possible, admirer avec euphorie la détresse dans ses orbites, observer avec amusement tout son être crier une agonie sans nom mêlée d'une crise désespoir ; et ainsi, quand il supplierait de toute son âme en perdition pour une rédemption, Goth jouirait de ne point laisser approcher sa faux de ce personnage indigne de son salut. Il contemplerait de manière folâtre l'individu geindre avec pitié le châtiment qu'il méritait mais que la Mort lui refuserait, l'abandonnant ainsi à une détresse et une douleur sans nulle autre pareille. Comme il aimerait pouvoir se délecter de ce spectacle qui n'aurait probablement jamais lieu puisque son temps était divisé en seulement deux occupations et pas des moindres : faucher les âmes et chercher un moyen de faire revivre la Mort cynique.
Ainsi, il me téléporta dans la bibliothèque du château de DreamTale pour entendre non loin de là les pleurs intarissables du maître des lieux. Ayant l'habitude de la situation, devenue coutumière depuis la mort de Reaper, il rejoignit Nightmare et l'enlaça par derrière cédant à son tour aux perles salines qui se joignaient à celles du maître des cauchemars. Il le savait, il était le seul qui puisse le voir ainsi, le seul à pouvoir comprendre son chagrin puisqu'il était aussi le sien. Ils restèrent un temps indéfinissable dans cette position maladroite, se noyant dans leur misère avant que l'un d'eux ne prennent la parole ne sachant pas trop quoi dire.
Nightmare : Il est mort... Je n'en peux plus Go-Goth... Je n'ai pas su le sauver de lui-même. On ne trouve rien de concret, aucun ouvrage ni sortilège pour le ramener à la vie. On ne trouve rien pour le ramener ! s'égosilla l'être corrompu, la voix étranglée de sanglots insurmontables. Et-et si on n'y arrivait pas ? Et si... Et si Reaper restait à jamais mort, loin de nous ?
Goth : Chut Night, murmura-il toujours en larme pour le calmer bien que sa demeure ait été désertée par les Bad Gays. Je suis là papa. On va s'en sortir ; personne ne connaît mieux les sorts et les écrits que nous. A nous deux, nous ne pouvons pas échouer. On mettra le temps qu'il faudra mais il reviendra, promit-il tandis que son regard coulait à nouveau sur la fleur assassine qui était désormais le témoin d'un destin trop dur de si frêles épaules. Allez viens, je suis sûr que tu n'as encore rien avalé depuis mon dernier passage, n'est-ce pas ?
Nightmare : Pourquoi continuer à vivre s'il n'est plus à mes côtés ? Sans lui, je ne suis rien ! Si seulement je pouvais le retrouver là où il est alors peut-être qu'enfin je me sentirais vivant à nouveau ?
Sachant à quoi il pensait, le nouveau faucheur fit ce que toute personne censée aurait fait. Il lui administra la plus belle droite qu'il put ; puis il attendit patiemment son câlin avec le mur derrière lui. Mais rien. Le corrompu se tenait la joue comme un enfant grondé mais il n'y eut aucune autre réaction de sa part. Aucune explosion de rage. Alors Goth laissa exploser la sienne, lui crachant tout son désespoir de le voir ainsi dépérir. Il ne voulait pas le perdre lui aussi. Il refusait le laisser lui aussi alors il fit ce qu'un adulte ferait dans ce genre de situation. Il prit soin de lui tel un père l'aurait fait. Et oui, les rôles s'inversaient, comme c'était ironique. Il accomplit encore dans ce sens les tâches quotidiennes du château tandis que Nightmare mangea quelque peu le plat que son fils lui avait préparé. Ce fut en rangeant la bibliothèque, qu'un livre tomba au sol et s'ouvrit accidentellement sous le regard surpris du jeune faucheur. Intrigué, il lit l'intitulé : « La malédiction des âmes sœurs ». Est-ce que... il continua rapidement de lire les chapitres jusqu'à tomber sur un passage concernant une vieille maladie incurable causée par les liens d'âme sœur non réciproque.
« Hanahaki
Maladie concernant deux âmes sœurs.
Affliction où l'un des deux individus souffre de l'absence de réciprocité de ses sentiments.
Niveau de douleur : insoutenable et entraînant la mort par asphyxie et épuisement après un temps indéfini lors duquel le patient souffre sans qu'il n'y ai de cesse.
De ce fait, monstres et humains confondus, commencent à montrer des signes de faiblesse ainsi qu'un trouble de la respiration dû à un encombrement des poumons et des voies respiratoires supérieures par un afflux de sang pour les êtres humains ou de magie pour ce qui concerne les monstres atteints, et une concentration de pétales de fleurs allant jusqu'au rejet de fleurs en tant que tel dans les cas des patients les plus touchés. Plus l'individu crache des quantités importantes, plus il se rapproche de son trépas imminent.
Le seul traitement à ce jour est un retour des sentiments de la part de l'âme sœur ou une opération rendant le patient insensible au moindre sentiment. »
Lorsque s'acheva cette découverte, Goth me reconnecta avec la réalité. Il pleurait, il pleurait toutes les larmes dont son corps était pourvu puis il fuit les lieux, quittant le château pour aller tuer, non pardon faucher l'âme des morts mais qu'importe le nom utilisé, l'action restait la même. Il ne savait comment son père a pu soutenir tous ces tourments. Goth était écœuré de connaître de façon manuscrite l'étendue de la douleur qui avait étreint l'âme de son père, la souillant d'un amour toxique au goût florescent de seringas. Mais ce que n'avait pas vu Goth était une petite note manuscrite qui pourrait pourtant être décisive.
« A toi qui cherche à faire revenir l'âme de ton proche disparu pour un lien qui l'a conduit à la mort, je ne te laisserai qu'une question : n'y a-t-il pas en un lieu défendu la présence résiduelle de chaque peuplant le Multivers ?
A toi de jouer maintenant. »
Mais si un autre individu que Goth lisait ces quelques lignes écrites à la main, si un certain poulpe par exemple qui cherchait par tous les moyens à ressusciter sa petite mort lisait ce paragraphe... Que se passerait-il ?
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