Chapitre 14 - Une demande
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"Aimer, c'est vouloir du bien à quelqu'un" - Aristote
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- Alors dit moi, on n'a pas eu l'occasion de parler ces temps ci, comment tu prends le fait de devenir Mangemort ? , me demande Evan
On est actuellement dans notre chambre, en train de parler. J'aime beaucoup avoir une conversation avec Evan, il est intelligent, et trouve toujours les bons mots. On peut certaines fois débattre pendant des heures, et c'est rare les gens avec qui je peux parler en étant égal.
- Si tu te demandes si je le prends bien niveau psychologiquement, eh bien je ne sais pas quoi dire, si ce n'est que je ne m'attendais pas au fait que ce soit ainsi. Je pensais que cela serait plus .. diplomatique, disons.
- Tu ne pensais pas devoir tuer et torturer.. je comprends. Je ne vais pas dire que je t'ai prévenu, parce que ce qui est fait est fait, je ne veux pas que tu te sentes coupable. Cependant, entre nous, je n'avais pas vraiment le choix au début quand j'y suis entré, tu connais mon père, mais .. je peux te dire qu'on s'y fait. C'est cruel à dire, mais c'est ainsi. J'ai un exemple à te donner, tu te souviens peut-être de Rodolphus Lestrange, je sais qu'au début il était carrément sceptique quant à l'idée de devenir un partisan du Maître, mais maintenant comme tu peux le voir c'est devenu un de ses plus fervents serviteurs. Je l'ai déjà vu à l'action, c'est devenu un grand malade, il adore tuer. Si tu voyais sa tête, on aurait dit qu'il y prend même un plaisir extrême.
Je ne sais pas si je peux lui dire ce que j'en pense.. Et si il était mauvais en occlumancie ? Si le Seigneur des ténèbres entrait dans son esprit et découvrait la conversation, je serais finie.
Je risque cette question :
- Est-ce que tu es bon en Occlumancie Evan ?
- Si tu as peur que le Maître ne découvre cette discussion, sache qu'il n'y a rien à craindre, et tu peux me croire, je ne m'amuserais pas à être ton bourreau indirect, dit-il avec le plus grand sérieux
- Bon, très bien, je vais être tout à fait honnête. Je n'aurai jamais dû y aller, et c'est étonnant que je te le dise, car j'ai encore du mal à me l'avouer.
Je n'aime pas ça Evan, je n'aime pas tuer, ni torturer. Quand j'ai torturé la moldue l'autre jour, je ne sais pas pourquoi, mais ça m'a fait quelque chose, et j'ai beaucoup de mal à rester impassible. Tu étais là à ce moment, tu as dû voir la tête que je faisais. Mais je le dois, car je n'ai pas envie qu'on me prenne pour quelqu'un de faible. Je pense que tu peux le comprendre. Qui plus est, j'ai cette peur assez fondée de devenir folle, Evan. J'ai peur d'aimer tuer. J'ai peur de devenir ce genre de personne. J'ai peur de perdre toute notion de bien. Je n'aurais vraiment jamais dû y aller, dis-je le plus vite possible, de peur de regretter mes mots
- Et bien je ne sais pas quoi dire, si ce n'est que tu as beaucoup d'humanité en toi, Meredith. Tu ne ressembles absolument pas à ton père ni à ton frère, et crois moi, c'est bien mieux ainsi. Mais au fond, je pense que.. ce que je vais te dire risque peut-être de t'effrayer, mais au début, tout le monde a cette appréhension, même si tout le monde la cache. Mais à un moment, cela devient une habitude, devenir un "meurtrier" comme je m'appelais au début, devient malheureusement habituel. On finit par se trouver des excuses, on peut se dire que que se soit nous qui mettons le coup fatal ou quelqu'un d'autre, la personne aurait eu la même fin. On peut se trouver pleins de raisons stupides pour agir ainsi, comme par exemple j'ai entendu dire une personne dire que c'est bien de les torturer, car au moins ils ont une chance certes infime, mais ils ont une chance de sortir de cet endroit vivant.
Quand le Maître a entendu parler de cette "noble phrase" comme il l'a appelé, en guise de leçon, il l'a torturé pendant longtemps pour montrer l'exemple.
Donc au fond, la plupart des mangemorts apprennent à ne plus rien sentir, à être insensible, ça vient avec le temps.
Mais je t'en prie Meredith, je ne veux pas te perdre, alors essaies de faire du mieux que tu puisses, ce n'est que du self-control. Tu peux te trouver des justifications si tu le souhaites, mais n'oublie pas les nombreux avantages que cela procure en échange. Nous mettrons enfin les bonnes personnes au pouvoir, et là alors nous les sang-purs, seront à notre juste place.
N'abandonnes pas, ne déserte pas, car j'en ai vu les conséquences désastreuses que cela donne, et n'oublie pas que quand le Seigneur des ténèbres en personne veut traquer une personne, il y arrive toujours.
- C'est étonnant, tu as le don de toujours trouver les bons mots Evan. Tu ferais un excellent politicien, dis-je avec un petit sourire
- D'ailleurs, tu sais j'ai reçu une lettre de tes parents, c'est une invitation pour le diner de Noël, rajoutais-je pour changer de sujet
- Vraiment ! C'est super, ils ont eu la politesse de t'inviter contrairement à moi, j'en suis désolé. Ça serait super que tu viennes, sincèrement, dit-il avec un grand sourire
- Tant que je ne dérange pas, ce serait un plaisir, je me sentirais moins seule avec ta très chère compagnie, dis-je en rigolant
À ce moment là, je sens des coups contre la porte. C'est étrange, mais nous crions "Entrez" en même temps, alors on rigole deux fois plus.
Je vois alors Lucius à l'encadrement de la porte.
- Alors que nous vaut ta précieuse compagnie Lucius, demande Evan avec une pointe de sarcasme
Lucius regarde alors Evan avec une expression .. indéfinissable. Je crois qu'il se retiens de lui dire quelque chose, jusqu'a ce qu'il dit :
- Désolé de déranger, mais il se trouve que je suis venu chercher Meredith pour la ronde, je crois qu'elle a du l'oublier, dit il en me regardant
Merde ! Ah oui ! J'avais complètement oublié !
- Je suis désolé, c'était complètement sorti de ma tête ! dis-je avec surprise
Je me lève alors d'un coup, salue Evan, puis sors de la chambre.
- J'espère que tu ne m'as pas trop attendu, dis-je pendant qu'on passes la porte de la salle commune
- Non, pas vraiment, j'étais sûr que tu oublierais, comme quoi je te connais bien, dit-il
Mmh. Il y a 20 minutes que la ronde aurait du commencer.
- Qu'est-ce qui se passe entre Evan et toi ? J'ai l'impression que vous vous supportez de moins en moins, dis-je calmement
- Non pas grand chose, c'est juste que je me rends compte qu'il a tendance à .. empiéter sur mon territoire, on va dire, dit-il
- Allons Lucius ne fait pas le mystérieux ainsi, tes phrases deviennent aussi dures à déchiffrer que des runes, dis-je
- Non non, il n'y a rien à déchiffrer, c'est juste qu'il .. Non ce n'est rien de plus que des histoires de famille, dit-il
D'accord. Il semble oublier que d'un côté, sa famille est également la mienne, mais bon. Ce n'est pas grave.
- D'ailleurs, en parlant de famille, j'ai cru reconnaître le sceau des Powler ce matin à table, et j'ai vu la tête que tu faisais quand tu lisais cette lettre, c'est encore ton père ? , demande t-il
- Non, c'est cet imbécile qui me sert de frère. Plus les années passent, plus ses chevilles gonflent, dis-je tout en lui tendant la lettre qui est restée dans la poche de ma robe
Pendant qu'il l'étudie, je vois un gryffondor qui n'aurait pas du être là, et je prends un plaisir presque sadique a enlever vingt points à sa maison. C'est pas contre le petit, mais contre sa maison d'irrespectueux arrogants. Je hais les gryffondor, mais pas qu'à cause de la fameuse rivalité entre nos maisons. C'est devenu personnel depuis qu'ils se mettent à attaquer des élèves de ma maison.
- Meredith.. Est-ce que tu m'en voudrais si je tuais ton frère ? As-tu vu comment il te parles ? C'est inadmissible ! Je n'ai jamais vu autant d'irrespect ! s'énerve Lucius
- Oui je t'en voudrais si tu éteignais le dernier héritier de notre maison, rigolais-je
- Tu n'as qu'a attendre qu'il ait un fils, et te jure que je t'accompagnerai, et que je prendrai même un malin plaisir à m'occuper personnellement de sa mort, dis-je tandis que je me rémemore le "cauchemar" de cette nuit, spécialement du moment où il m'a torturé.
Il sourit en disant qu'il n'avait pas pensé à cette éventualité.
- D'ailleurs, en parlant de meurtres, comment avance ton apprentissage ? J'ai entendu dire par mon père que tu as fait des très grands progrès, il répète même très souvent qu'il aurait préféré t'avoir comme enfant plutôt qu'un "bon à rien" tel que moi, rajoute t-il en rigolant
- Ça avance, ça avance.. Le maître m'a appris le sorts d'Occulus Exitus, tu l'as déjà utilisé ? , demandais je
- Celui qui fait sortir les yeux de la personne ? Pour être tout à fait honnête je n'y suis pas encore là, c'est un peu trop avancé pour mon niveau, dit-il un peu gêné
- C'est bien la première fois que je t'entends dire que tu es nul à quelque chose, dis-je
- C'est parce que je ne suis nul en rien d'autre, dit il en ricanant
- Toujours aussi arrogant, Lucius, fait attention à ne pas devenir comme mon frère, dis je pour le taquiner
- Jamais je ne deviendrais comme lui ! Je veux bien être condescendant avec tout le monde, mais je ne serais sûrement pas aussi .. impertinent avec toi que lui l'est, dit-il
Pendant qu'on parle, nous passons devant la tour d'astronomie, je ne peux m'empêcher de laisser mes pieds m'y conduire. Ça me fait penser à ce jour, il y a quelques semaines où nous étions là, les bras dans les bras. Je pense alors à oncle Bulstrode, mort pour les Mangemorts. Il aurait pu rester en vie, passer quelques années à Azkaban, mais il a préfèré se tuer plutôt que de nous dénoncer. C'est courageux, je ne sais pas si j'aurais eu le courage d'en faire tout autant, ou si j'aurais eu la lâcheté de tout révéler. J'aurais probablement choisi de sauver ma peau. Mais d'un côté, je sais qu'Azkaban est un lieu horrible, et qu'il vaut mieux parfois être mort plutôt que de n'y poser ne serait-ce qu'un pied. Spécialement pour les gens qui n'ont pas eu une vie facile, et qui ont beaucoup de .. mauvais souvenirs que les détraqueurs prendraient un plaisir fou à les utiliser pour rendre la personne complétement folle.
Je m'approche du bord, et apprécie la belle vue qui s'offre à moi. J'observe le beau ciel étoilé, mélancolique.
Je sens Lucius à côté de moi, il me présente les étoiles qui sont au programme d'astronomie de 7ème année.
- Celle ci, c'est l'étoile Véga, c'est la plus brillante de la constellation de la Lyre, c'est d'ailleurs le prénom de ma grand-mère, et donc de ta grande tante, Véga Powler, dit il tout en la pointant du doigt
- Oui, c'est la soeur de Tobias, mon grand-père. C'est grâce à cette très chère Véga que nous sommes reliés, dis-je
- Exact. De plus, Meredith Elladora Cassiopeia Powler, je te présente la constellation Cassiopée, d'ou tu tiens donc un de tes noms, d'ailleurs à chaque qu'on en parle en classe je ne peux m'empêcher de penser à toi, dit-il en souriant à moitié
***
Nous parlons encore un moment, mais pas que d'étoiles. Je crois qu'on a complétement oublié notre ronde, et que le temps limite, le couvre feu pour les préfets à déjà du être dépassé, mais on s'en fout. Je lui révèle honnêtement, tout comme je l'ai fait avec Evan tout à l'heure, que je n'aurais jamais du être Mangemort. Il y a peu de personnes en qui j'ai suffisamment confiance pour leur révéler une chose qui met ma vie en danger, mais il est clair que Lucius en fait partie, depuis toujours.
Il me réponds qu'il a entendu dire que mon père lui même était contre l'idée que j'en fasse partie, car ce n'était pas un lieu correct pour une femme. C'est donc pour ça que je n'étais au courant de rien. Ou peut-être que c'est juste une excuse pour ne pas avoir à me parler. Qui plus est, ce n'est pas comme si il s'en plaingnait maintenant.
Lucius rajoute qu'il aurait aussi préferé que je ne sois pas une Mangemort, pas pour des raisons sexistes, mais juste car il a peur que j'ai de plus en plus de mal à le supporter avec le temps.
C'est .. gentil de sa part, mais je vais faire en sorte que ce ne soit pas le cas. De toute manière, que je sois là ou pas, le destin est déjà tout tracé pour eux. Et puis, avec l'habitude, je m'y ferai. Il me suffit juste de garder en tête tout ce que j'y gagnerais.
D'ailleurs, j'ai entendu dire que quasiment tous les Mangemorts ne savent pas produire un patronus. Je me demande pourquoi. Je pense que tout bonheur leur a été enlevé à partir du moment où ils ont commencé à répandre le mal. C'est donc une des conséquences, ils paraient le prix de leurs actions ainsi. Quoiqu'il en soit, je me sens moins seule. Je ne suis donc pas la seule à ne pouvoir obtenir ne serait-ce qu'une légère lueur bleue, une lueur d'espoir.
C'est tout de même paradoxal de réussir des sorts très compliqués et délicats, de torture, ou de magie noire, mais de ne pas savoir un acte de magie aussi stupide que celui ci. De plus, je sais qu'on ne demande pas une forme complète de l'animal, mais rien qu'une légère lueur. Alors bon.
Je me demande :
- Lucius, est-ce que tu sais produire un patronus ?
- Oui, dit-il
- Vraiment ! Comment est-ce possible ? Enfin non, plutôt, comment fais-tu ? , je demande
- Tu n'y arrives pas ? C'est étonnant , dit-il
- Tu n'as pas étudié cela avec ton professeur de défense contre les forces du mal ? , demande t-il
- Si, mais je suis l'une des seules personnes qui n'arrivent pas à créer ne serait-ce qu'une fine lumière bleue, dis-je un peu honteusement
- Mulciber et Avery y arrivent ? , demande t-il
- Il n'y a qu'Evan qui arrive à produire une légère lueur, sinon non, les autres sont dans le même cas que moi, dis-je
Il se rapproche alors de moi, et me demande de sortir ma baguette. Une fois sortie, il saisit ma main avec la baguette à l'intérieur de celle-ci.
Je sens sa main en contact avec la mienne, et je ne peux m'empêcher d'avoir des frissons, et j'ai la curieuse impression que mes jambes vont me lâcher. Je crois qu'il commence à se faire tard, je dois être fatiguée.
Il me dit ensuite de penser à mon souvenir le plus heureux. Le plus heureux ? Bon, réfléchis Meredith.
Mmh, pourquoi pas le jour de mon dernier anniversaire. C'étais pas trop mal, la petite fête organisée à la salle commune était sympa. Je me souviens avoir pas mal ris ce jour là.
Je me concentre alors du mieux que je peux, et toujours ma main dans la sienne, il me guide en effectuant la gestuelle à faire, les deux grands cercles, tandis que je murmure l'incantation.
J'observe alors le bout de ma baguette, en espérant trouver ne serait-ce qu'une fine lueur, mais non, rien. Je souffle alors, et tandis qu'il me dit qu'on va réessayer, je m'efforce de penser à un souvenir plus heureux.
Peut-être que le jour le plus heureux de ma vie est quand je suis seule, et que je lis ? Je vais penser à ça, et honnêtement si ça marche.. Je comprendrais qu'en réalité, la solitude m'est plus plaisante que la compagnie de certaines personnes.
Je bouge alors ma main pour effectuer le mouvement pendant que je prononcer la formule : Expecto Patronum
Oui ! Il y'a une toute petite lumière bleue qui jaillit de ma baguette, mais ce n'est pas du tout puissant. On a même du mal à la discerner. Mais, c'est déjà mieux que ce que j'ai déjà fait jusqu'à maintenant.
Lucius me dit alors de mieux chercher, et d'en trouver un qui sorte réellement du lot.
Je ne peux m'empêcher de lui demander à quoi il pense, lui.
- Je pense à .. Tu te souviens du 13 juin dernier ? , dit-il
- Oui, c'était le jour de ton anniversaire, on ne l'avait fêté que tous les deux puisque les autres nous ont lâchés. Mais donc .. tu ne pouvais pas en produire avant ?
Il me dit que non, il a appris il y'a très peu.
Effectivement, cette journée était vraiment belle. Je devrais peut-être y penser aussi, mais une idée me germe dans l'esprit, un peu comme une petite voix qui me chuchoterais à l'oreille. Je sais à quel souvenir je vais penser.
- Expecto Patronum !
Je vois alors sous mes yeux ébahis un animal de lumière jaillir de ma baguette. J'ai réussi ! Je n'y crois pas ! Je dois rêver.. J'ai tant bataillé, et là, avec cette simple pensée, ce moment, j'y arrive. J'essaie alors d'identifier l'animal, c'est encore un peu flou, mais il me semble distinguer un félin. Un lynx, il me semble. Je n'arrive pas y croire, j'ai réussi, je l'ai fait !
- Bravo ! Tu as réussis, et du troisième coup ! Du coup, tu as pensé à quoi comme souvenir ? ,me demande Lucius
- En fait .. j'ai pensé à maintenant , dis-je un peu gênée
Il a l'air étonné. Je comprends, il y'a de quoi.
- Maintenant ? Tu as pensé à ce moment ? , me demande t-il
- Oui, au moment où tu avais ma main dans la tienne, et ou tu m'expliquais comment faire, dis-je assez timidement
- C'est .. génial ! , dit-il en souriant
Oui, génial, comme tu dis. J'aurais peut-être mieux fait de pas dire ça, ça devient un peu gênant. Un peu beaucoup, même.
- Tu n'aurais pas l'heure ? , je demande (un peu pour changer de sujet)
Il sort une montre à gousset, il serait 00h35. Oups.
Je pense qu'on ferait mieux de rentrer dans nos chambres. Oui, avant qu'on croise cette saleté de Rusard. Ou pire, son horrible chat.
On descends alors de la tour, et je ne peux m'empêcher de sourire quant au fait que désormais, je sais produire un patronus. Honnêtement, si on m'avais dit ça il y'a quelques heures, j'aurais ris au nez de la personne.
Lucius propose de me raccompagner à la salle commune, on se dirige donc vers les escaliers, on se dépêche, jusqu'a ce que j'entends du bruit. Des bruits de pas.
Je sens alors une main saisir la mienne, et me tirer vers un coin.
Je vois donc McGonagall passer à toute vitesse, en habit de nuit, sans même regarder à ses côtés. Tant mieux, si elle avait tourné la tête, on aurait été grillé, parce que notre cachette est pas franchement super.
Une fois sûrs qu'elle soit passée, et qu'elle ne puisse pas nous voir, nous continuons notre chemin.
Jusqu'a ce que nous entendons des pas ainsi que des gens parler, mais venant du côté d'ou nous voulons aller. On risque donc de se croiser.
Comme réflexe, Lucius reprends ma main, et nous nous mettons à courir, mais vers le sens opposé d'ou nous venions. Je ne comprends pas trop, nous continuons, nous passons juste devant le bureau de Dumbledore, puis nous nous dirigeons vers les appartements des professeurs, du côté Est du château.
Nous arrivons donc sans trop d'encombres, mis à part que nous sommes essouflés, devant une porte, que je comprends donc être la chambre de Lucius.
- J'ai pensé que ce serait mieux de venir ici, plutôt que de se faire prendre.. Ça ne te dérange pas de passer la nuit ici ? , me demande t-il
Je lui dis que non, il chuchote le mot de passe, et la porte s'ouvre.
Je ne peux alors m'empêcher de m'exclamer. C'est magnifique ici !
La chambre est assez spacieuse, il y a un coin "salon" avec des fauteils autour de la cheminée à droite, et du côté opposé il y a un lit à baldaquins qui a l'air très grand. La chambre est majoritairement à dominance vert émeraude, et de légères touches d'argent. C'est un peu logique, en même temps.
Tout à gauche, il y a une porte que je devine être la salle de bain. C'est vraiment très beau ici.
Je m'avance, et Lucius me dit que si je veux, il peut dormir sur un fauteuil. Je lui réponds de ne pas être stupide, il risque de se faire mal au dos.
Un peu gênée, je lui demande si il n'aurait pas quelque chose à me passer pour dormir. Je crois que je n'ai pas pu cacher la surprise qui doit se lire sur ma tête quand je vois qu'il enlève sa chemise pour me la donner.
Je viens de remarquer pour la première fois, qu'il est assez musclé. Ça me fait sourire, non je ne me rince pas du tout l'oeil, pas .. vraiment. Je détourne ma tête, je suis sûre que je dois avoir la peau qui rosit, là. Je me dirige vers la porte que je pense être la salle de bain pour me changer.
J'ouvre la porte, et effectivement, je ne me suis pas trompée. Je me déshabille (je garde quand même mes sous-vêtements, bande de coquins), et enfile sa chemise. Elle s'arrête en dessous du début de mes cuisses, car je ne suis pas très grande. Je souris alors intérieurement quand je me mets à humer son odeur, elle sent bon, une odeur douce et fraîche, ça doit être son eau de cologne.
Je passe les doigts dans mes cheveux, par habitude, je respire un bon coup, puis sors de la salle de bain. Tout va bien.
Je le vois alors allongé dans le lit, en train de lire un livre. Je le vois, concentré, les yeux plissés, et je souris, bêtement.
Il tourne la tête vers moi, et souris à son tour. Il est beau quand il sourit. Non, je me corrige, il est beau tout le temps.
Il m'invite à entrer dans le lit, je m'exécute. Il me dit de me rapprocher, nous nous retrouvons ainsi, sur le dos et ma tête posée sur son épaule, son bras autour de moi.
Il lit à haute voix son livre, j'entends sa voix mélodieuse, et le sommeil me cherche, et bercée par son rythme de respiration, je sens le sommeil m'emporter.
Avant de partir pour un voyage lointain, je réalise une chose. En réalité je me voile la face. Je me suis toujours voilée la face. Je ne considère pas Lucius comme un ami, ou un meilleur ami. Non, il est bien plus à mes yeux, bien plus précieux. C'est indéfinissable comme sensation, ce que je ressens, là, actuellement.
Je me dis, est-ce que c'est ça ce sentiment idiot ? Celui qui commence par un -A, et que je n'ose même pas prononcer ? Ce mot qui, me ferait plus peur à dire que le nom du Seigneur des ténèbres ? Certainement pas. Comment une personne qui n'a jamais reçu de ce sentiment, qui a grandi dans un monde de glace, de marbre, pourrait en ressentir ? Ça n'a pas de sens.
Ce sentiment tant décrit dans les livres que je lis, qui donnerait des ailes, et qui ferait naître des choses dont je n'avais pas idée jusque là. Cette impression de toucher du bout des doigts une part du paradis lorsque tu vois l'être aimé. La sensation que notre âme s'envole, pour atteindre une place qui te donne l'impression, que du sucre, du miel coule dans tes veines.
Oui, ces belles métaphores prouvent ma passion pour les livres. Ces quelques pages assemblées qui nous donnent l'impression de rêver, de vivre dans un autre monde. Quand je lis, je ne suis plus Meredith Powler, noble sang pur à la vie parfois .. étrange et à qui le Destin ne s'est pas montré toujours clément, je ne suis plus Meredith la fille faible qui a du mal à tuer où torturer, non, je suis une toute autre personne.
Mais, jai peur. J'ai l'impression de me dire cela très souvent. En réalité, sous mes airs de fille intrépide et sans coeur, j'ai peur de pas mal de choses.
J'ai peur des choses nouvelles, qui changent mon quotidien. Je ne crains pas la mort comme certains, car toute âme y goutera un jour. Je suis certes assez curieuse de savoir ce qui s'y passe après. Certaines disent qu'il n'y a rien, et que l'on ne fait que de reposer, ou d'errer, sans buts. D'autres disent que l'après vie contient des lieux différents, selon si on a fait le bien ou le mal au cours de son existence. Je pencherais plutôt pour la deuxième option, un lieu beau et paradisiaque pour ceux qui ont un bon coeur, et un mauvais endroit pour ceux qui ont répandu le mal autour d'eux. Pas besoin que je me demande quelle sera ma destination.
Cependant, j'ai bien peur de ce drôle de sentiment né en moi depuis pas mal de temps. Que j'ai largement essayé de repousser. En fait, je crains les choses qui risquent de me modifier psychologiquement, qui risquent de changer la vision de ma vie. J'ai peur d'avoir mal. J'ai peur de souffrir.
C'est bizarre de penser ça, sans détours, mais honnêtement. Avec le temps, j'ai appris que la pire douleur possible, n'est pas la douleur physique, mais bel et bien la douleur morale, psychologique.
J'ai comme apréhension de me lancer dans une aventure qui risque de changer ma vision de la vie. Elle n'est déjà pas très jolie, mais si elle empire, je n'ose y penser.
Par exemple, quand bien même on se mettait ensemble, et si un jour il trouvait mieux ?
Voilà, malgré mes airs hautains et très souvents arrogants, je n'ai pas du tout confiance en moi.
Je me pose beaucoup de questions, mais au fond, je ne devrais pas vivre au jour le jour, et profiter de chaque seconde qui passe comme si elle était la dernière ? Je devrais.
C'est pourquoi, je décide de vivre ma vie, comme je le souhaite, et non par peur du lendemain. Qui me dit déjà que j'aurais un lendemain ?
Je ne veux pas vivre avec des regrets, non, surtout pas. Je préfère regretter des décisions plutôt que de regretter de ne pas les avoir faites.
"L'amour est un poison, un doux poison certes, mais qui te tue tout autant"
J'ai lu cette belle phrase dans un de mes livres préfèré. Et vous savez quoi ? Si l'amour est poison, alors je souhaite mourir entre ses mains mille fois.
***
J'émerge du sommeil, je sors petit à petit du monde des rêves et des bras de Morphée, mais quand je sens littéralement des bras autour de moi, je ne comprends pas très bien ce qu'il se passe.
Puis, tout me reviens. L'escapade nocturne d'hier, le patronus, le marathon main dans la main, sa lecture du livre, et surtout, les pensées que j'ai eu avant de m'endormir.
J'ouvre les yeux, et vois Lucius endormi, la bouche entrouverte, ses cheveux éparpillés autour de sa tête. Je vois son torse monter puis redescendre au rythme de ses respirations. Il a l'air paisible lorsqu'il dort.
Je ne sais pas trop quelle heure il est, mais je devine qu'il doit être vers les cinq heures du matin, étant donné que c'est l'heure vers laquelle je me réveille très souvent, quasiment chaque nuit. Je ne saurais sans doute jamais pourquoi.
J'essaie de me rendormir, mais il n'y a pas moyen. Pourtant, je suis bien installée, il n'y a pas de doutes là dessus.
Après avoir passé un nombre incalculable de minutes à avoir essayé de dormir, j'abandonne la bataille, je déclare forfait. Morphée m'a lâché.
J'observe Lucius, je ne peux pas m'en empêcher. Je souris, bêtement.
Je me lève, je m'extirpe des draps en douceur, je ne veux pas le réveiller. Je me dirige vers la fenêtre, que j'ouvre. J'observe le beau ciel étoilé, et quand je vois la constellation Cassiopée, je pense à ce qu'a dit Lucius tout à l'heure :
"À chaque fois qu'on l'étudie en classe, je ne peux m'empêcher de penser à toi"
Je souris à cette pensée, et réessaie de lancer ce sort, qui m'a valu de longs essais. Ça fait des années que j'essaie d'apprendre à lancer un patronus, et étonnement, avec Lucius j'ai réussi en trois essais.
- Expecto patronum !
J'admire alors l'animal qui me représenterais, un lynx. Ça aurait pu être pire, imaginez si mon patronus avait était un rat. On dit que sa forme dépend de la personnalité de la personne. Un lynx me correspond, à la fois rapide, majestueux, et qui aussi dévore ses proies sans pitié. Ha ! Majestueux ! Je me fais rire des fois.
Mais, je l'observe, non sans fierté. Je le vois virevolter autour de moi. Je ne peux m'empêcher de penser au contraste incroyable entre un patronus et un feudeymon. Le premier est une sorte de force positive, qui fait le bien et lutte contre des forces obscures, comme les détraqueurs par exemple. En revanche, le second est un acte très puissant et très instable de magie très sombre. En effet, non seulement un feudeymon est capable de détruire et de tuer, mais la souffrance est telle qu'elle peut facilement valoir le plus puissant Doloris, même jeté avec une grande fougue. La mort est lente, et très douloureuse. Il est inutile de préciser que j'adore ce sort.
Je m'avance à la fenêtre, et pendant que j'observe sans me lasser la beauté du ciel nocturne, je sens une présence près de moi. Je me tourne, et je vois en effet un aigle en lumière bleue. Je pivote encore un peu, et je vois Lucius debout, sa baguette à la main, son patronus virevoltant autour de la pièce.
- Je ne t'ai pas réveillé j'espère ? , je demande
- Non pas du tout, je me lève tôt ces derniers temps. Il n'est d'ailleurs pas si tôt que ça, il est six heures du matin , dit-il
- Hahaha six heures c'est tôt pour moi, dis-je
- Ton patronus est un aigle, fais attention, je commencerai à penser que tu es en réalité un Serdaigle refoulé, je rajoute
- Dit elle celle pour qui le choixpeau a hésité à répartir à Gryffondor ou à Serdaigle, dit il en souriant
Non mais ! Co..Comment ? Comment le sait-il ? C'est assez honteux comme ça, je n'en ais jamais parlé à personne !
- Ne fais pas cette tête, si ça peut te rassurer, il a n'a pas vraiment hésité à me placer à Serdaigle, mais l'a mentionné, mais une fois que je l'ai menacé de le découper en pièces et de les jeter au feu il en a déduit que j'étais bel et bien un Serpentard, dit-il
Ces paroles me font sourire.
- D'ailleurs, je voudrais te demander un truc.. Tu n'es pas obligée d'accepter, mais sache que cela me ferait très plaisir, dit-il
- Qu'est-ce que c'est ?
- Est-ce que tu accepterais de m'accompagner, d'être ma cavalière le jour du bal ?
C'est pas vrai. Je crois que je dois être en train de rêver. Honnêtement, si je me réveille, et que je me rends compte que tout ceci n'est qu'une illusion.. Je ne sais pas comment je réagirais.
Cependant, je me pince, et je ressens la douleur, alors j'en déduit que c'est bel et bien la réalité.
Je crois que mon sourire doit faire quatre kilomètres de long.
- Bien sûr, mais ne serait-ce pas .. Un rendez-vous ? , dis-je
- C'est libre d'interprétation, si tu le souhaites, ça peut en être un, dit-il d'un air mutin
Je n'avais pas remarqué que l'on était si proche. Je peux presque sentir son souffle sur ma peau.
- Je décide alors que s'en est un, dis-je
Tout en disant ça, je vois que sans nous en rendre compte, nous nous rapprochons de plus en plus.. Je pose mes yeux dans les siens, gris comme de l'acier mais si brillants, lumineux. On dit souvent que les yeux sont le reflets de l'âme. Ce que je vois de son âme me plaît. M'a toujours plu.
Je pose ensuite mes yeux sur ses lèvres. Elles sont rosées, j'ai ce besoin de les regarder, et j'ai terriblement envie de poser mes lèvres sur les siennes. J'ai envie de connaître leur goût.
J'ai un électrochoc qui me parcourt, je me rends compte de mes pensées. Si l'on m'avait dit un jour que je ressentirais ce genre d'envie avec l'une des personnes que je connais le mieux au monde, et ce depuis longtemps, aussi longtemps que je me souvienne. Je suis pourtant parfaitement sobre, j'essaie de me trouver des excuses, mais non, Meredith, tu n'en as aucune. Tu devrais juste regarder les choses en face. En réalité, tu en meurs d'envie depuis bien longtemps, beaucoup trop longtemps.
Je sens une main se poser sur mon visage, sur ma joue, et nos visages se rapprochent, tandis que je me mets à penser à ce risque de se passer. Les choses ne seront plus jamais les mêmes qu'avant. Et si je perdais son amitié en faisant cela ? Les choses deviendraient gênantes après non ?
Mais, je repense à toutes mes belles citations poétiques venant de mes livres préférés, je ne veux pas commencer à douter. Je devrais faire ce que j'ai envie de faire, peu importe les conséquences. Car j'en ai terriblement envie.
Pendant que sa main se trouve toujours sur ma joue, nos visages ne se trouvent plus qu'a deux centimètres d'écart. Je décide de faire le premier pas, et presse mes lèvres contre les siennes.
Je ressens alors une décharge électrique, et un long frisson se former en moi. Je savoure le moment, et lorsque je sens sa langue tilter pour se frayer un passage, j'entrouvre la bouche.
Je passe ma main derrière sa tête, et nos langues commencent à danser, délicatement au début, puis de plus en plus sauvagement. Je n'ai jamais ressenti une telle chose en moi, ce sentiment de plénitude complète, cette douceur à l'intérieur de ma personne. Je le sens sourire contre ma bouche
Nous restons ainsi, je n'ai plus aucune notion de temps. Il passe bien trop vite. Quand le besoin d'oxygène se fait sentir, nous nous séparons.
On se regarde les yeux dans les yeux pendant quelques secondes, jusqu'a ce qu'on explose de rire en même temps.
Un rire franc, honnête sort de ma bouche.
Lucius se penche alors, et recapture mes lèvres pour un baiser, plus doux que le précédent.
Il murmure alors entre des petits smacks :
- Je. Te. Laisses. Je. Vais. Aller. Prendre. Une. Douche. Froide. Très. Froide.
Et nous nous détachons l'un de l'autre. J'essaie de ne pas rougir quant au sous entendu assez clair. Je me dis, qu'en réalité, vu l'effervescence qui se joue dans mon corps, et le coup de chaud incroyable que je ressens actuellement, j'aurais aussi bien besoin d'une douche glacée pour refaire fonctionner mon cerveau correctement. J'en aurais vraiment besoin.
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PS : Je sais qu'il y a des gens qui seront déçus de ne pas voir MeredithxEvan. Certains trouvent qu'ils iraient mieux ensemble.. Dites moi ce que vous en pensez, votre avis si vous en avez !
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