Il respire un bon coup, prend son portable entre ses mains et le déverrouille.

Il essuie nerveuseusement la sueur de ses paumes sur son pantalon.

Il aspire de nouveau une grande bouffée d'air.

Son coeur bat un peu plus vite. Il sait très bien que se sera difficile. Il se prépare à un combat de haute voltige.

Heureusement, il a de la ressource.

Puis il se décide enfin à envoyer le premier texto.

Lui :
Salut

Elle :
Si ce "salut" est une manière de me dire
que tu as envie d'engager la conversation
avec moi, je suis au regret de te dire que
tu vas devoir trouver quelque chose de
plus intéressant à me raconter si tu veux
que cette discussion se poursuive.

Outch. Elle attaquait fort dès le début.

Il allait devoir réagir en conséquence.

Lui :
Mince ! Mes intentions étaient-elles si claire
que ça ? Tu m'as grillé à dix kilomètres. Et
quel sujet peut bien être assez intéressant
pour te donner envie de continuer à me
répondre ?

Elle :
Alors là n'essaye même pas ! Je ne vais
quand même pas te mâcher le travail !
Tu trouveras tout seul !

Elle :
Mais bon, avouons-le. Ma répartie t'aide
grandement dans la tâche que je t'ai
imposée. Le fait que je réagisse comme
ça te permet de réagir à ton tour sur ce
que je dis, et donc de trouver un sujet de
conversation.

Lui :
Tu es vraiment une fille stupéfiante...

Elle :
La banalité est beaucoup trop récurrente
pour que je m'y conforme. Être stupéfiante
est un moyen comme un autre de la contrer.

Lui :
Et cela se confirme de plus en plus...

Lui :
Ma veine tentative d'attirer ton attention
d'une manière qui manque cruellement
d'originalité, je l'avoue, est avant tout
pour te demander quelque chose.

Elle :
Ah ! On y vient. Cela serait-il dans le but
d'un éventuel rapprochement entre nos
deux personnes ?

Lui :
Autant que tu me le dises tout de suite.
Ai-je raison d'espérer ? Ou est-ce inutile ?

Elle :
Rien n'est jamais inutile. Sache juste que
si je ne te prêtait aucune attention, je
n'aurais même pas pris la peine de répondre
à ton premier message.

Lui :
Dois-je en déduire que j'ai ma chance ?

Elle :
Tu déduis ce que tu veux de mes réponses.
Je me garderai bien d'infirmer ou d'affirmer
tes suppositions.

Lui :
Je me doutais bien que ça serait dur.
Mais il faudra bien que je me rende à
l'évidence : je ne serai jamais vraiment
assez préparé à l'avance pour t'affronter.

Elle :
M'affronter ? Mais de quoi tu parles ?

Lui :
En fait, tu es assez terrifiante comme
fille. Pourquoi crois-tu que les gars
n'osent jamais te parler ? Tu leur fais
un peu peur. Tu n'imagines même pas
la dose de courage qu'il m'a fallut
pour venir te parler.

Elle :
Ah. Euh... Je ne savais pas que l'on me
voyait comme ça.

Elle :
Mais bref, qu'est-ce que tu voulais me
demander ?

Il souffle profondément.

Prend son courage à quatre mains, parce que deux ne suffisent pas, et...

Lui :
Tu voudrais m'accompagner au cinéma
ce week-end ?

Elle :
Ce n'était que ça ? Pas la peine de flipper
autant tu sais.

Lui :
Ça veut dire oui ?

Elle :
Effectivement.

Il ne pensait pas qu'elle accepterait aussi facilement. Son cerveau reste bloqué sur le dernier mot qu'elle lui a envoyé.

Soudain, un grand sourire illumine son visage. Elle a accepté !

Il se met à sautiller un peu partout, son cellulaire à la main.

Certes, rien n'est encore fait, mais la partie la plus compliquée est passée.