Freestyle

Quand mon esprit part en freestyle TOTAL, ça donne un truc de ce genre. Un dialogue un peu loufoque entre deux hommes inventés de toutes pièces, dont on ne connait ni le début ni la fin. Le tout dans un contexte plutôt banal. Et l'ensemble fait totalement incongru, sans vraiment de rapport avec le moment présent.


***

- Mais non, je ne suis pas un ermite associable! La preuve: j'ai accepté de venir boire un verre avec toi!

- Ça c'est toi qui le dit! Et tu es avec moi, donc ça ne compte pas, répliqua Jean.

- Bien sûr que ça compte! me bornai-je.

- Écoute, ça ne compte pas et tu le sais très bien, raisonna-t-il. Alors je vais te proposer un truc. Tu réussis à être sociable toute une journée, et je te paye un coup la prochaine fois qu'on vient ici. Et en prime tu gagne toute mon estime, et je ne t'embêterai plus avec cette histoire d'ermite. Tu tentes le coup? A moins que tu ne sois une mauviette peureuse et que tu aies peur de relever mon défi? continua-t-il avec un sourire sournois.

Il me tenait. Et il le savait. On se connaissait trop bien. Je ne pouvais pas refuser son défi, sinon j'en entendrai parler toute ma vie. Et il me saoulait suffisamment avec son histoire d'ermite associable, pour que je puisse avoir envie te tenter le diable.

- Tu veux que je fasse quoi? grognai-je, vaincu.

Il eut un grand sourire victorieux.

- En fait, c'est tout simple. Vois-tu, l'école d'Emmeline organise une kermesse dimanche prochain. Je me suis proposé pour gérer le stand de tir et tu vas...

Soudain il se figea.

- Chut! Attend! Ne bouge pas! ordonna-t-il d'une voix autoritaire, qui ne souffrait d'aucune réplique.

Il sortit un cahier  et un crayon de sa sacoche. Il ouvrit le cahier et se mit à écrire frénétiquement sur une page blanche. J'avoue que je fus sidéré par sa vitesse d'écriture, presque olympique. Je crois qu'il noircit une dizaine de pages comme ça. Et moi, j'attendis qu'il eut terminé, la bouche grande ouverte, ébahi.

Puis il ferma son cahier d'un claquement sec, et le rangea avec son stylo à leur place initiale, dans le sac.

Ensuite il finit sa phrase, comme si de rien n'était.

- Et tu vas m'aider. Tu seras aimable, poli, tu discuteras avec les enfants sans leur faire peur, sinon gare à toi! Le tout sans jamais te plaindre. C'est d'accord?

Mes yeux étaient exorbités à force de le fixer.

Attendez! Attendez. Pause. Qu'est-ce qu'il venait de me faire là?

Ah. Si. Je savais. L'écrivain lunatique qui me servait de meilleur ami venait visiblement d'être foudroyé par une vague d'inspiration. Après ce n'était que pure théorie, mais je pensais qu'il venait enfin de résoudre son problème avec son chapitre treize, qui le bloquait depuis une semaine, et l'empêchait de poursuivre son livre.

Et après, il reprenait le fil de la discussion, comme s'il ne s'était rien passé. Un comportement assez étrange, pour qui ne le connaissait pas. Malgré ce qu'il disait, j'étais loin d'être le plus bizarre dans notre duo.

Il attendait que je réponde, calmement.

A ce moment-là, l'ampleur de ce qu'il avait dit me frappa.

- Quoi?!!! Tu veux que je passe toute la journée à côté de mômes criants et hurlants? Mais ça va pas la tête? Tu veux me tuer? C'est ça?

- J'ai oublié de te dire: tu n'as pas le choix. C'est ça ou je passerai le restant de ma vie à te parler de l'ermite associable et de la tapette peureuse que tu es. Et puis, ajouta-t-il, je serai un peu triste, parce que je finirai par te pousser au suicide, et comme je t'aime bien, ce serait dommage. Je n'aurai plus personne à embêter, finit-il avec un clin d'œil à mon attention.

A la fin de sa tirade, je sus qu'il avait gagné. Et de loin. Je ne cherchai pas à argumenter en vain.

***


Voilà. Je ne sais ce que mon cerveau trafique, je ne sais pas d'où ça sort.

Sûrement de recoins lointains dans ma cervelle.

Voilà un exemple de résultat, quand mon esprit par en freestyle TOTAL.

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