Folie
Il était fou. Il était différent. Personne ne le comprenait. Parfois, lui-même ne se comprenait pas non plus.
Au premier abord, il semblait parfaitement normal.
Rien ne pouvait indiquer que la vérité était toute autre.
Ce n'est qu'en apprenant à le connaître, petit à petit, que l'on commençait à le cerner. On remarquait des détails dérangeants. Des choses, des réactions qu'il avait, et que les gens trouvaient totalement incongrues ou déplacées. La première fois, ils n'y faisaient pas attention. La deuxième non plus. Mais au bout du vingtième petit truc qui ne collait pas, on commençait à se poser des questions. On se demandait se qui clochait. Mais ils ne trouvaient pas le problème.
Alors ils se disaient qu'il n'y avait aucun problème. Qu'ils se faisaient des illusions. Mais jamais bien longtemps. Parce que tous les machins, les bidules, les trucs et les choses étranges de cet homme revenaient.
Il ne souffrait d'aucune maladie mentale. C'était malheureux. Car s'il avait été reconnu officiellement fou, les gens auraient pu l'excuser. Mais il n'était pas excusable.
Cet homme n'arrivait pas à s'adapter à la société. Et la société ne s'adaptait pas à lui.
Maintes fois, il avait cru être comme tous les autres êtres humains. Jusqu'à ce qu'une de ses défaillances surgisse de nouveau. Mais tout ça c'était fini. Il ne se faisait plus aucune illusion. La vie avait été dure avec lui. Et il avait tiré des enseignements de cette dureté; enseignements qui régissaient à présent son quotidien.
Ce n'était pas pour autant qu'il s'y était habitué. Au contraire. Simplement, il évitait les contacts prolongés avec les vivants, qui ne feraient que le juger et qui ne le comprendraient jamais.
Beaucoup de personnes avaient tenté de l'aider. De le comprendre. Mais il n'y avait rien à comprendre. Beaucoup ont essayé, avec plus ou moins de conviction. Certains abandonnaient dès le premier round, d'autres s'accrochaient, le plus loin possible, jusqu'à l'extrême limite de leur tolérance.
Mais tous, finissaient par le lâcher. Ils sortaient, de ce combat perdu d'avance, exténués et au bord de la dépression.
Lui-même n'était pas en reste. Il faisait le maximum pour qu'ils puissent le comprendre; pour qu'il puisse SE comprendre. Ça ne marchait pas. Ce n'était jamais suffisant. Cela l'abattait un peu plus chaque jour. Parce qu'à chaque fois, il avait un peu d'espoir. Espoir que ça marche, pour changer. Espoir réduit en miettes à chaque tentative.
Alors il restait seul. Non que la solitude ne le dérange. Elle ne lui posait pas de problèmes, elle.
Ses contacts avec les autres humains restaient rares, et bref.
Il avait songé, plusieurs fois, à mettre fin à ses jours. Il ne le voulait pas. Et il ne le fit pas. Ce serais admettre sa défaite face à la vie, face au destin.
Alors, chaque jour, il continuait, seul, vaille que vaille, à vivre.
Ou à survivre plutôt, ce serai plus juste.
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