Chapitre 7

Note :

Pour rappel, je ne veux rien savoir des futurs épisodes (pas de titres d'épisodes, de noms de persos, d'éléments de grande ou moindre importance, RIEN). Merci de me pas me spoiler dans les commentaires.

S'il y a des épisodes récemment diffusés, il est également possible que je ne sois pas à jour. Alors au besoin demandez-moi où j'en suis avant d'en parler dans les commentaires de mes fics.

Merci.

***

 

Le trajet en direction de l'appartement d'Adrien se déroule dans une ambiance plutôt morose.

Les deux coéquipiers marchent en silence, encore secoués par les récents évènements.

Adrien a pris la main de Marinette dans la sienne pour l'aider à se relever lorsqu'ils ont quitté le campus et ne l'a plus lâchée depuis. Dans une autre vie, avancer ainsi aux côtés du jeune mannequin aurait propulsé Marinette au sommet de la félicité. Aujourd'hui, elle éprouve juste un profond sentiment de réconfort en sentant la chaleur de sa paume contre la sienne.

Elle est avec Chat Noir.

Celui à qui elle confierait sa vie sans hésiter et la seule et unique personne auprès de laquelle elle veut être dans ces circonstances difficiles.

Elle est avec Chat Noir, se répète-t-elle comme une prière. À eux deux, ils trouveront le moyen de s'en sortir. Ils trouvent toujours.

Machinalement, Marinette exerce une légère pression sur la main d'Adrien.

Son cœur se gonfle de reconnaissance et d'affection quand elle le sent serrer à son tour ses doigts autour des siens.

Elle est avec Chat Noir.

Tout finira par s'arranger.




Il faut à peine une dizaine de minutes aux deux amis pour rejoindre l'immeuble dans lequel vit Adrien.

Le jeune homme tape un code à l'entrée du bâtiment, utilise une carte magnétique pour passer un sas, salue un gardien qui guettait scrupuleusement leur arrivée depuis sa loge, puis entraîne enfin Marinette vers un ascenseur.

Quelques étages plus haut, l'appareil s'arrête dans un doux tintement.

Adrien avance dans le couloir jusqu'à une porte et sort un trousseau de clefs de sa poche pour en déverrouiller la serrure.

« Voilà », annonce-t-il en s'écartant pour inviter la jeune femme à entrer dans l'appartement. « Bienvenue chez moi. »

Marinette s'exécute, tout en jetant un regard curieux autour d'elle. Entre ses propres obligations et l'emploi du temps surchargé d'Adrien, jamais elle n'a eu l'occasion de venir chez lui.

Elle découvre une entrée dotée de deux larges placards, puis un vaste salon donnant sur une cuisine ouverte. Mais avant qu'elle puisse pousser plus loin ses observations, une boule noire voletant dans les airs apparait tout à coup dans son champ de vision.

« Je te présente Plagg », annonce Adrien en s'avançant à son tour à ses côtés. « Mon kwami. »

« Salut, Ladybug », lance le petit être avec une parfaite désinvolture.

« Enchantée, Plagg », le salue Marinette en réussissant à esquisser un faible sourire malgré les terribles circonstances qui l'ont menée en ces lieux. « Tikki », poursuit-elle en baissant la tête vers le minuscule sac dans lequel se trouve logée son amie. « Tu peux sortir. »

Tandis que les deux kwamis fêtent leurs retrouvailles, Marinette jette un nouveau coup d'œil au salon à l'entrée duquel elle se trouve.

Bien qu'elle ne s'y soit pas rendue souvent, la jeune femme se souvient parfaitement de l'ambiance glaciale qui régnait dans la maison familiale des Agreste. Elle se rappelle des espaces immensément vides, de cette austérité parée de noir et blanc qui donnait à l'imposant bâtiment de tristes allures de mausolée.

L'appartement qui se dévoile à présent à elle ne pourrait pas être plus différent.

Pas de lignes épurées et froides, pas d'impressionnante salle donnant à l'endroit un air de hall d'entreprise plutôt que de réel foyer.

Là, Marinette découvre des couleurs vives, des meubles résolument choisis pour leur aspect moderne et chaleureux, des coussins et autres bibelots accentuant l'atmosphère conviviale de l'endroit. Une large baie vitrée inonde la pièce de lumière et un immense balcon complète cette pièce aux dimensions plus qu'appréciables.

À tous ces éléments s'ajoutent une foule de détails rappelant la présence du propriétaire des lieux, comme des livres de cours empilés sur une chaise, une liste de courses posée sur une table ou un gilet négligemment abandonné sur un canapé. En y regardant de plus près, Marinette remarque même un mur orné de photos représentant très certainement les personnes chères au cœur d'Adrien.

(Des photos de son père. De sa mère, bien sûr. De deux ou trois personnes qu'elle n'arrive pas à identifier. De Chloé. De Nino. D'Alya.

Des photos d'elle, aussi.)

(Ce dernier détail en particulier lui donne envie de se jeter dans les bras d'Adrien pour le serrer très fort contre son cœur.)

Luttant contre cette soudaine pulsion, Marinette s'avance de quelques pas dans la pièce.

Elle jette un nouveau coup d'œil autour d'elle tout en portant machinalement une main à sa tête pour se masser le crâne du bout des doigts. La douleur s'est estompée, mais nul doute qu'elle gardera une belle bosse en souvenir de sa rencontre avec Lila.

Alors que la jeune femme laisse retomber son bras, elle surprend le coup d'œil incisif que lui jette Adrien.

« Assieds-toi », lui ordonne-t-il en désignant d'un geste le canapé à côté duquel elle se tient debout. « J'en ai juste pour quelques secondes. »

Interloquée, Marinette le suit des yeux alors qu'il disparaît dans un couloir voisin, puis décide finalement d'obéir en attendant de savoir de quoi il en retourne exactement.

Elle a à peine le temps de s'installer confortablement que son coéquipier revient déjà, une trousse médicale à la main.

« Il faut nettoyer ta blessure », lui annonce-t-il d'un ton sans réplique.

Marinette ouvre la bouche pour protester, puis se ravise en remarquant la lueur résolue qui brille dans les prunelles du jeune homme.

Elle connait ce regard. Cette inquiétude profonde mêlée d'une détermination farouche.

Elle n'a que trop souvent vu cette expression sur le visage de Chat Noir.

Et surtout, elle sait parfaitement ce qu'elle-même éprouverait si leurs rôles étaient inversés. Si elle était à la place d'Adrien et lui à la sienne, rien au monde ne pourrait la dissuader de lui venir en aide.

Alors, sans chercher à discuter, Marinette hoche silencieusement la tête et se décale pour faire de la place à son coéquipier.




Adrien s'assied aux côtés de Marinette et lève la main pour toucher légèrement son menton, la priant silencieusement d'incliner la tête. La jeune femme s'exécute sans broncher et laisse au jeune homme le soin d'examiner son crâne.

Les mains d'Adrien sont fraîches, et ses gestes aussi délicats que précis. Sourcils froncés de concentration, il nettoie la plaie de sa partenaire avec autant de précautions que s'il manipulait la plus fragile et la plus précieuse des œuvres d'art.

« Je suis désolé », lâche-t-il soudain, tout en continuant de passer doucement un coton imbibé de désinfectant sur la blessure de la jeune femme. « Je n'ai pas été à la hauteur. »

Surprise, Marinette tente de tourner la tête vers lui pour croiser son regard. Mais la prise d'Adrien autour de son menton se raffermit, l'empêchant d'achever son geste.

« Comment ça ? », réplique-t-elle malgré tout.

« Je t'avais promis que je te protègerai », soupire Adrien sans interrompre ses soins. « Et Lila... »

« Tu ne pouvais pas savoir pour Lila », le coupe-t-elle fermement. « On s'est fait avoir tous les deux. »

Pour toute réponse, Adrien secoue silencieusement la tête. Puis, son travail achevé, il relâche le menton de Marinette et range lentement son matériel.

Une légère odeur de désinfectant flotte à présent dans les airs, rappel du dur tribut que la jeune femme vient de payer.

« Tu m'as trouvée et tu m'as sauvée », poursuit Marinette en se tournant enfin vers Adrien et en posant ses doigts sur les siens. « Je ne m'en serai pas sortie sans toi », lui affirme-t-elle d'une voix tremblante, alors que la fine armure de sang-froid derrière laquelle elle se cachait se craquelle de plus en plus. « Merci, chaton. »

Un faible sourire se dessine sur le visage du jeune homme. Sans un mot, il s'incline et porte la main de sa coéquipière à ses lèvres pour y déposer un doux baiser.

Marinette prend une profonde inspiration, dans une vaillante tentative de chasser la boule qui commence à se former au fond de sa gorge.

« Au moins, je n'ai plus besoin de me demander si le Papillon sait qui je suis », reprend-elle avec une assurance qu'elle est loin de ressentir. « S'il n'était pas au courant avant aujourd'hui, Lila lui a sûrement... »

Mais soudain, sa voix se brise.

Au temps pour ses tentatives de fausse bravade.

Ses émotions la rattrapent. Vite, fort et avec tant de violence qu'elle a l'impression de recevoir un coup de poing dans l'estomac.

Depuis l'instant où elle a pleinement embrassé son rôle d'héroïne, Marinette a toujours craint que son ennemi découvre un jour son identité. Son imagination fertile aidant, elle s'est représenté les pires scénarios, a envisagé les plus improbables catastrophes.

Elle a essayé de se figurer l'horreur, le désespoir, l'impuissance qu'elle éprouverait dans de pareilles circonstances.

Elle a tenté comme elle le pouvait de se préparer au mieux à cette épouvantable éventualité.

Hélas pour Marinette, bien que la force des émotions qu'elle éprouve soit largement en deçà de tout ce qu'elle avait pu imaginer de pire, elle a eu raison sur bien des points.

Elle éprouve bien une terreur abjecte qui lui semble s'être glissée sous sa peau tant elle est à présent partie intégrante de sa vie. Elle ressent bien une angoisse si forte, si envahissante, si étouffante qu'elle va parfois jusqu'à la priver de toute possibilité de respirer.

Ce qu'elle n'avait pas anticipé, en revanche, c'est cet affreux sentiment d'être dépossédée d'un pan entier de son existence.

Lila et le Papillon lui ont arraché ses secrets avec autant de violence que s'ils avaient écarté ses côtes et ouvert son cœur avec un couteau pour aller les y chercher.

Ils savent qui elle est.

Où elle habite.

Où elle étudie.

Ils l'ont privée de son foyer et de tout ce qui faisait son quotidien jusque-là.

Plus rien ne sera comme avant.




Marinette sent Adrien passer un bras autour de ses épaules et la serrer doucement contre lui.

Ce n'est qu'à cet instant qu'elle se rend compte de sa propre détresse, et des larmes silencieuses qui roulent sur ses joues.

D'un geste rageur, elle passe ses mains sur son visage pour essuyer ses pleurs.

Elle ne veut pas craquer. Pas encore.

Se blottissant un peu plus contre Adrien, Marinette ferme les yeux et prend de profondes inspirations pour tenter de retrouver son calme. Son coéquipier reste quant à lui silencieux, comprenant son besoin de tranquillité sans qu'elle ait besoin de lui dire. Seule la caresse de son pouce sur l'épaule de la jeune femme et la douce chaleur de son corps contre le sien trahit encore sa présence.

Peu à peu, Marinette sent sa maîtrise d'elle-même revenir.

L'étau qui comprimait sa cage thoracique se détend. Ses émotions se stabilisent.

Lentement, elle rouvre les paupières et tourne la tête vers Adrien.

« Merci, chaton », murmure-t-elle avec un faible sourire.

« Je t'en prie, ma Lady », réplique le jeune homme en se penchant vers elle pour déposer un léger baiser sur sa tempe.

Bien que ces surnoms affectueux réchauffent le cœur de Marinette, ils ne font que lui rappeler un peu plus que sa vie a basculé au point de lui paraître à présent absurdement irréelle.

Elle est dans le salon de Chat Noir.

Le Papillon a les clefs de chez elle.

L'un de ses anciens camarades de classe est son plus fidèle allié.

Une autre est l'une de ses pires ennemies.

Les frontières qui séparaient ses différentes vies se sont définitivement effondrées, laissant les différents fragments de son existence se mélanger dans un chaos indescriptible.

Poussant un profond soupir, Marinette se dégage délicatement de l'étreinte d'Adrien.

« Maintenant, il faut qu'on décide quoi faire », lâche-t-elle en se passant une main lasse sur la figure.




Rejoints par Plagg et Tikki, les deux coéquipiers discutent longuement.

Tous deux conviennent qu'il serait trop dangereux pour Marinette de continuer à suivre ses cours à présent qu'elle a été repérée par le Papillon et Lila. Un emploi du temps fixe serait une faiblesse bien trop facilement exploitable par ces redoutables adversaires.

Heureusement pour la jeune femme, la fin d'année est proche. Il ne lui reste plus qu'un dernier examen et au vu de ses notes, elle peut aisément se permettre de rater quelques leçons et de passer des rattrapages en septembre.

En revanche, il faut à Marinette toute la patience du monde pour convaincre Adrien de retourner en cours sans elle.

« Hors de question que je te laisse toute seule », répète-t-il avec obstination. « Tu es en danger. »

« Et si tu ne retournes pas en cours, tu le seras toi aussi », objecte à son tour la jeune femme. « Lila ne sait pas que tu es Chat Noir, sinon elle t'aurait attaqué en premier. Ça aurait été beaucoup plus simple pour elle vu qu'elle n'avait pas besoin de ses pouvoirs pour t'approcher », poursuit-elle hâtivement en voyant Adrien ouvrir la bouche pour protester. « En revanche, si on disparaît tous les deux le même jour, ça risque d'attirer les soupçons sur toi. »

Pendant encore de longues minutes, kwamis et héros échangent arguments et contre-arguments sur la meilleure attitude à avoir.

Finalement, après cet échange pour le moins intense, Adrien finit par se ranger à l'avis de sa coéquipière – avec, comme le découvre rapidement Marinette, bien d'autres objectifs que le simple maintien des apparences.

« J'en profiterai pour essayer d'enquêter sur Lila », annonce-t-il d'un ton sans réplique, le regard brillant d'une détermination implacable. « Plus on en sait sur elle, mieux ça sera. Et avec un peu de chance, je pourrais peut-être même la neutraliser. »

« Soit prudent », insiste fermement Marinette. « Je veux que tu continues d'agir comme si rien ne s'était passer pour qu'elle ne te soupçonne pas, pas pour que tu prennes encore plus de risques qu'en restant avec moi. »

« Je serai un modèle de précaution, ma Lady », affirme Adrien.

Mais le ton qu'il adopte est si similaire à celui que Chat Noir emploie avant d'agir avec autant d'inconscience que s'il avait réellement neuf vies que Marinette ne se retient qu'à grand peine de lever les yeux au ciel.

« Je ferais vraiment attention », insiste le jeune homme, ne manquant pas de remarquer l'expression d'inquiétude et d'exaspération mêlées qui s'est peinte sur les traits de sa coéquipière. « Promis. »

Pour toute réponse, Marinette lui jette un regard chargé de scepticisme. Puis, décidant finalement de lui accorder le bénéfice du doute, elle préfère clore là le sujet.

Tandis que le silence s'installe dans la pièce, la jeune femme se perd dans ses pensées.

L'esprit en ébullition, elle liste une à une les mille petites choses qui ne concernent pas directement le Papillon ou Lila mais qui lui restent malgré tout à régler de façon plus ou moins urgente. Il faut qu'elle trouve un prétexte pour justifier de son soudain départ de son école. Il faut qu'elle informe ses camarades de classe et ses professeurs les plus pointilleux de sa future absence – hors de question de voir ses proches mettre la police à ses trousses sous prétexte qu'elle aurait mystérieusement disparu.

Il faut également qu'elle prévienne...

Le visage de Marinette se tord soudain d'une légère grimace.

Il y a un détail qu'Adrien ignore encore. Une information dont elle n'a jamais osé lui faire part en tant que Ladybug, mais qu'il lui semble inutile de lui dissimuler maintenant qu'il n'y a plus de secrets entre eux.

« Je vais aussi devoir prévenir Alya », commence-t-elle prudemment. « Elle va s'inquiéter si elle ne me voit pas demain. Elle va vraiment s'inquiéter. »

Alors qu'Adrien hausse un sourcil interrogateur devant la façon dont Marinette accentue cette dernière phrase, la jeune femme se sent rougir légèrement.

« Elle... Elle sait que je suis Ladybug », avoue-t-elle d'une voix gênée. « Elle est au courant depuis le lycée. »

La stupéfaction d'Adrien est évidente.

Pris de court par cette révélation inattendue, il laisse échapper un « Oh » abasourdi, tandis que ses yeux verts s'écarquillent de surprise.

« Il faut croire que je ne suis pas aussi transparente pour elle que je ne le pensais », poursuit Marinette avec un sourire embarrassé. « Elle a fini par deviner toute seule et elle m'a promis de garder le secret. »

« Oh, je vois », murmure doucement Adrien, toujours sous le coup de la stupeur.

Le jeune homme garde un instant le silence, s'imprégnant lentement de cette nouvelle information.

« Et Nino ? », lui demande Marinette, l'arrachant à ses pensées.

« Il ne sait rien », réplique immédiatement Adrien. « Enfin, pas que je sache. »

« Ce qui tient véritablement du miracle », intervient Plagg avec une certaine condescendance. « Vu le nombre de fois où tu t'es éclipsé en prétextant devoir prendre une douche, ce garçon doit penser que tu as un sévère problème avec ton hygiène corporelle. »

« Merci pour ton avis, Plagg », soupire Adrien en levant les yeux au ciel. « Ça nous aide beaucoup. »

« De toute façon, c'est une bonne chose que ton ami ne soit pas au courant », reprend machinalement Plagg. « Vos secrets sont importants pour... »

« Plagg, ça suffit ! », le coupe vivement Adrien, à l'instant précis où le kwami s'interrompt de lui-même et jette un regard horrifié à Marinette.

Oreilles tombantes, Plagg s'approche de la jeune femme et lui tapote maladroitement la main en signe d'excuse – et peut-être aussi dans une piètre tentative de réconfort.

« ...nos secrets sont importants pour notre sécurité », complète tristement Marinette, tout en remerciant Plagg d'un faible sourire. « On sait. »

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