Chapitre 47

Ladybug resserre machinalement ses doigts autour du filin de son yo-yo pour maîtriser le violent tremblement qui agite soudain ses doigts.

« Chat... », réussit-elle à articuler d'une voix blanche.

Le jeune homme suit son regard, pour pâlir dès l'instant où il repère à son tour la silhouette de leur ennemi. Mais à peine son cerveau a-t-il temps d'assimiler cette nouvelle information que le chaos s'abat brusquement sur le hall.

Taximan se rue sur les deux jeunes gens comme un taureau enragé et frappe sans perdre une seconde. Les coups pleuvent, les dalles volent en éclat, le sol tout entier tremble sous la force de ses assauts successifs.

À se demander si le bâtiment pourra résister longtemps sans s'effondrer sur lui-même, s'interrogent Chat Noir et Ladybug avec une légitime appréhension.

Mais les héros n'ont guère le loisir de s'attarder sur la question.

Manifestement, le Papillon a parfaitement conscience d'avoir encore moins le luxe du temps qu'eux. L'assaut du super-vilain qu'il contrôle est brutal, rapide et sans la moindre forme de pitié

Impossible pour les deux jeunes gens de détourner leur attention de leur adversaire.

Ne serait-ce qu'une fraction de seconde, ne serait-ce que l'espace d'un battement de cil.

C'est tout juste s'ils arrivent encore à réagir aux attaques de leur agresseur tant ce dernier les noie sous un déluge de frappes d'une puissance inimaginable.

À peine les pieds de Ladybug effleurent-ils le sol après une esquive particulièrement hâtive qu'elle doit de nouveau bondir dans les airs pour éviter une nouvelle charge. À peine Chat Noir a-t-il le temps de parer un coup qu'il se voit contraint d'en bloquer un second, puis un troisième, avant de battre précipitamment en retraite aux côtés de sa coéquipière.

C'est sans fin.

Chat Noir et Ladybug doivent toujours sauter plus haut, frapper plus fort, avec pour seul résultat de voir leur adversaire s'adapter à leurs gestes avec une aisance déconcertante.

Rapidement, il devient évident pour les jeunes héros qu'ils ne sont pas trop de deux pour lutter contre ce déferlement de violence. Jamais leur travail d'équipe n'a revêtu une importance aussi cruciale, jamais leurs attaques coordonnées n'ont été aussi nécessaires, jamais ils n'ont autant eu besoin de se porter respectivement assistance dans le feu d'une bataille.

Si Ladybug n'avait pas enroulé son yo-yo autour de la taille de Chat Noir pour le tirer hors de porter d'un violent coup de poing.

Si le jeune homme n'avait pas plaqué sa coéquipière à terre alors qu'une frappe passait au-dessus de leur tête dans un sifflement sourd.

S'ils avaient été moins vifs, moins précis...

Si, si, si, autant de « si » qui résonnent dans leurs têtes comme autant d'avertissements mortels et qu'ils s'efforcent de refouler aussi loin que possible de leurs pensées pour se focaliser uniquement sur l'instant présent.

Empêtrés dans cette bataille qui mobilise toutes leurs ressources, Chat Noir et Ladybug voient les secondes s'égrener avec une vitesse inquiétante. Peu importe combien ils tentent encore et encore de s'extraire du combat qui les oppose à Taximan pour se précipiter vers le Papillon. Leur adversaire refuse farouchement de leur laisser la moindre ouverture, les obligeant à poursuivre la lutte avec lui.

Alors qu'elle esquive un nouveau coup, Ladybug jette un coup d'œil alarmé à la sinistre silhouette qui se dresse toujours au fond de la pièce.

Le Papillon est proche, si proche...

Hors de question de lui laisser une chance de s'échapper. Mais pour ça, Chat Noir et elle doivent d'abord trouver un moyen de se débarrasser de Taximan.

Vite.

« Chat, ton pouvoir ! », s'écrie-t-elle d'une voix désespérée.

« Cataclysme ! », s'exclame aussitôt son coéquipier.

Bras tendu en avant, le jeune homme se rue sur le super-vilain. Des particules sombres dansent autour de ses doigts alors que Ladybug lance son yo-yo vers la cabine de leur adversaire pour faire diversion.

La réaction de Taximan prend les deux héros de court.

Faisant preuve d'une vivacité surprenante pour une créature aussi massive, la victime du Papillon agrippe habilement l'arme de Ladybug et la tire violement vers lui. Le poing toujours fermement refermé autour du filin qui la relie à son yo-yo, la jeune femme décolle du sol dans un glapissement de surprise.

Elle traverse les airs sur un mètre, deux mètres, tractée à toute vitesse par son ennemi.

Les yeux de Chat Noir s'écarquillent de terreur lorsque le héros réalise tout à coup que sa trajectoire coupe à présent celle de sa coéquipière.

Le jeune homme arque son corps dans une tentative désespérée d'éviter de toucher sa compagne. Son dos se tord dans un angle impossible, ses bras et ses hanches pivotent en faire hurler ses muscles et tendons.

Il doit éviter Ladybug.

À tout prix.

Après une terrible fraction de seconde qui lui paraît durer une éternité, Chat Noir frôle sa coéquipière et abat sa paume en plein sur l'épaule du super-vilain.

La vague de soulagement qui déferle sur le jeune homme en voyant Ladybug atterrir au sol sans le moindre dommage est indescriptible.

« Ça va ? », lui demande-t-il d'une voix blanche, incapable de rester plus longtemps sans qu'elle lui confirme que non, ses yeux ne le trompent pas.

Qu'il ne la pas grièvement blessée ou pire encore.

« Oui », le rassure précipitamment Ladybug, les pupilles encore légèrement dilatées sous l'effet de la frayeur qu'elle vient de subir. « Plus de peur que de mal. »

Mais les deux héros n'ont hélas guère le temps de s'attarder plus longtemps sur cette nouvelle réconfortante. Leur adversaire se tient toujours devant eux, malheureusement toujours aussi redoutable.

Car si l'attaque de Chat Noir a bel et bien touché le super-vilain, elle n'a manifestement pas été suffisante pour réussir à le neutraliser complètement. Le pouvoir de destruction du jeune homme n'a fait que désintégrer une imposante plaque de métal et quelques autres éléments situés à la jointure de l'épaule du robot, entravant certes une partie de ses mouvements mais ne le rendant pas moins menaçant.

Des pièces de moteurs se dressent désormais par l'ouverture béante, hérissées vers le ciel en autant de dangereuses aspérités.

Mais pire encore.

Le vilain ne peut certes plus frapper de son bras endommagé, mais il peut encore se battre.

Et il le prouve dans la seconde qui suit.

En un battement de cils, la gigantesque machine se rue sur ses adversaires. Ses pieds massifs fendent les dalles à chacun de ses pas, soulevant des volutes de poussière sur leur passage. Taximan bondit ensuite avec une agilité surprenante, pivote sur lui-même et lance sa jambe en avant pour donner un coup que Chat Noir n'esquive que de justesse.

À peine son pied a-t-il de nouveau touché le sol que le vilain se lance de nouveau à l'assaut.

Il se précipite une seconde fois vers Chat Noir, fonçant à toutes jambes dans sa direction. Le héros se met en garde, prêt à parer ou esquiver à tout instant.

Mais à la dernière seconde, le robot dévie de sa course.

Il pivote sur lui-même avec agilité surréaliste et, emporté par son élan, charge violemment Ladybug.

Prise de court, la jeune femme n'a pas le temps de réagir. Elle vole sur plusieurs mètres avant de heurter un mur dans un bruit sourd, puis de glisser à terre telle une poupée désarticulée.

Désorientée par la force de l'impact, Ladybug reste un moment immobile.

Elle clôt un bref instant les paupières pour tenter de chasser les étincelles lumineuses qui dansent dans son champ de vision, avant de les rouvrir aussitôt quand une brusque sensation de vertige s'empare tout à coup d'elle. Le fait que sol sur lequel elle se trouve et la paroi contre laquelle elle s'adosse soient parfaitement solides n'y change rien. La pièce entière tangue autour d'elle dès qu'elle tenter de fermer les yeux.

Mais peu importe le choc, peu importe cet étrange sentiment de stupeur qui refuse de la quitter, peu importent les battements de son pouls qui bourdonnent si fort dans ses tempes qu'ils éclipsent tout autre bruit.

Ladybug reste une héroïne avant tout.

Hors de question pour elle de faillir à sa mission.

Puisant ses forces dans sa volonté indomptable, la jeune femme plaque ses paumes tremblantes contre le mur auquel elle est toujours adossée. Elle pousse, lentement, sûrement, se servant de ce point d'appui pour s'aider à se relever.

Une fois debout, Ladybug pousse un soupir de soulagement.

Le choc a été rude, mais pas suffisamment pour la mettre hors de combat.

Ladybug redresse la tête pour jeter un rapide coup d'œil autour d'elle. Ce n'est que quand elle aperçoit l'expression horrifiée de Chat Noir, livide sous son masque, qu'elle suit le regard du jeune homme et baisse les yeux vers sa propre épaule.

La jeune femme fronce aussitôt les sourcils.

Quelque chose n'est pas normal.

Ce matériau qui la recouvre et qu'elle connaît aussi bien que sa propre peau est désormais curieusement... brillant.

Non...

... humide ?

C'est dans un moment d'étrange dissociation que Ladybug réalise soudain qu'au rouge de son costume se mêle désormais celui du sang.





Sous le choc, Ladybug fixe sans réellement la voir son épaule d'où suinte désormais un liquide cramoisi.

Ce...

Ce n'est pas possible.

Ses yeux doivent lui jouer des tours.

Jamais elle n'a été blessée ainsi et si c'était à présent le cas, elle aurait forcément senti quelque chose.

Un coup précis contre son épaule.

De la douleur.

... non ?

Il faut à Ladybug doute la force de sa volonté pour sortir son cerveau de l'état de stupeur dans lequel il se trouve emprisonné.

Ce n'est pas le moment de se laisser submerger par les évènements.

Elle doit rester concentrée.

Des images fusent soudain dans sa mémoire alors que, dans un étrange éclair de lucidité, elle prend tout à coup conscience de ce qui vient très certainement de se produire.

Comme dans un rêve dont elle reste la spectatrice impuissante, elle revoit la main gantée de Chat Noir s'abattre sur leur ennemi.

Les particules sombres qui dansent autour de ses doigts alors qu'une portion entière du bras du robot se désintègre dans un nuage de couleur rouille.

Les pièces de moteur, mises à nu par le pouvoir dévastateur du héros.

Ces mêmes pièces de moteur qui, Ladybug en est désormais sûre, sont directement responsables de sa propre blessure.

Car si les détails de l'attaque que Taximan a dirigé contre elle restent flous dans sa mémoire, la jeune femme n'en reste pas moins convaincue d'un fait précis. Lorsque le super-vilain l'a chargée avec la fureur d'un taureau en enragé, c'est avec son épaule endommagée qu'il l'a heurtée de plein fouet.

Ladybug ne peut que faire des suppositions quant à la cascade d'évènements qui en a ensuite découlé, mais elle ne doute pas un instant de son raisonnement.

Le coup que son ennemi lui a été d'une telle violence qu'un morceau métallique a percé son costume, déchirant sa chair, écorchant ses os.

Et, visiblement, la déconnectant au passage de la réalité, constate la jeune femme avec une froideur clinique. Elle-même est venue en aide à trop de victimes d'accidents ou d'agressions au cours de sa carrière d'héroïne pour ne pas reconnaître ces curieux signes de dissociations qu'elle dont elle a parfois été témoin.

Le choc qu'elle vient de subir l'a vraisemblablement tellement secouée qu'il a anesthésié la douleur et altéré son jugement.

Le retour à la réalité n'en sera certainement que plus rude.

Comme pour mieux illustrer ce dernier point, la tension de Ladybug et l'adrénaline qui déferlait jusque-là dans ses veines choisissent cet instant précis pour partir en chute libre. Prise d'un nouveau vertige, la jeune femme vacille dangereusement. Ses genoux se dérobent sous elle et serait tombée à terre sans les mains de Chat Noir, qui se referment fermement autour de sa taille.

« Ma Lady ! », l'entend-elle s'exclamer d'une voix affolée, qu'elle perçoit à peine à travers le martellement sourd de son pouls.

Il faut une seconde à Ladybug pour réaliser que son partenaire a réussi à se soustraire de l'attention du super-vilain pour se précipiter à ses côtés.

Mais le semblant de répit des deux héros sera de courte durée. Visiblement fermement décidé à ne pas laisser échapper ses proies, Taximan se rue vers eux à toute vitesse, faisant trembler le sol sous ses lourdes foulées.

Sans perdre une seconde, Chat Noir se penche vers sa compagne et la soulève dans ses bras.

Un violent haut-le-cœur secoue Ladybug suite au brusque changement de position. Mâchoires serrées pour mieux maîtriser cette vague de nausée naissante, la jeune femme noue ses bras autour du cou de son coéquipier et ferme un bref instant les paupières.

Chat Noir resserre sa prise autour d'elle et, d'un bond félin, s'élance en avant. Il traverse le hall à toutes jambes, loin, loin, le plus loin possible de Taximan, avant d'enfin reposer délicatement sa partenaire au sol.

Ladybug rouvre les yeux dès l'instant où elle touche de nouveau terre, pour découvrir le visage livide d'inquiétude de son compagnon. Les doigts du jeune homme tremblent alors qu'il lève la main vers elle pour écarter une mèche trempée de sueur de son front.

« Tiens bon, ma Lady », lui murmure-t-il d'une voix tremblante. Suppliante. « Je m'occupe du vilain et du Papillon. Ça va aller. »

Ladybug ouvre la bouche pour lui répondre, mais ses paroles s'étranglent dans sa gorge.

En cet instant précis, Chat Noir est proche d'elle. Proche, très proche, si proche qu'elle peut saisir précisément la fraction de seconde où son esprit bascule.

Son regard inquiet se détache d'elle alors qu'une lueur féroce s'allume soudain dans ses yeux verts. Sa mâchoire se crispe, ses lèvres se tordent en un rictus presque animal, dévoilant brièvement la blancheur de ses canines, et il s'échappe de sa gorge un grondement sourd qui fait frissonner Ladybug d'appréhension.

Puis, avant que la jeune femme ait eu le temps d'articuler le moindre mot, Chat Noir s'élance vers son adversaire dans un feulement de rage.





Chat Noir fond sur Taximan avec la vitesse et la violence d'un éclair.

Hors de question de le laisser s'approcher davantage de Ladybug. Ni lui, ni le Papillon, ni quiconque oserait faire ne serait-ce qu'un pas vers elle avec des intentions belliqueuses.

Sans une hésitation ni la moindre considération pour sa propre sécurité, le jeune homme arme son bâton et assène un puissant coup au super-vilain. Puis un autre. Et un autre, et encore un autre, prenant tout juste le temps d'esquiver les ripostes de son adversaire avant de se lancer de nouveau à l'assaut.

Loin de se laisser faire, Taximan se défend avec ardeur contre ce diable noir qui s'est donné pour mission de le défaire.

Alors que Chat Noir se ramasse sur lui-même, prêt à bondir de nouveau sur son ennemi, le super-vilain se fend à son tour d'une violente attaque.

Ce n'est que grâce à un réflexe surhumain que le jeune homme se plaque à terre pour éviter le coup. Le poing massif du robot le frôle dans un sifflement sourd, accompagné par un soudain déplacement d'air qui fait danser ses mèches blondes sur le sommet de son crâne.

À quelques centimètres près, l'attaque aurait pu être fatale.

Sans le moindre doute.

En temps normal, un pareil assaut aurait exhorté Chat Noir à la prudence.

Mais pas aujourd'hui.

Le jeune homme pose sa paume au sol pour prendre appuis et se relève d'un bond souple, prêt à se jeter de nouveau dans la bataille. Rien ne saurait le détourner de son but.

À savoir, détruire Taximan d'abord, et le Papillon ensuite.

Car si Chat Noir se trouve pour l'heure aux prises avec un robot géant, il n'oublie pas un instant l'homme qui contrôle réellement cet adversaire particulièrement belliqueux.

Avec son pouvoir, le Papillon peut exercer une maîtrise totale de sa victime. Chat Noir le sait. Et ici, la vilaine aura pourpre qui entoure la gigantesque machine contre laquelle il lutte ne lui rappelle que trop bien que derrière ses moindres faits et gestes se cache en vérité la volonté directe du Papillon.

C'est sur ses ordres et ses ordres uniquement que Taximan les a attaqués, sa coéquipière et lui.

Qu'il a chargé Ladybug de toutes ses forces.

Qu'il l'a blessée au plus profond de sa chair.

Cette simple pensée fait bouillir le sang de Chat Noir. Comme attiré par un aimant, le regard étincelant de colère du héros se pose brièvement sur la haute silhouette du Papillon, toujours immobile au fond du hall.

Si le jeune homme avait réussi à se contenir jusque-là, étouffant ses sentiments sous ses devoirs de héros, il n'en est plus rien depuis l'instant où Ladybug a été touchée.

Ses limites ont été largement atteintes.

Dépassées.

Atomisées.

Chat Noir n'est désormais plus piloté que par une rage pure, incandescente, qui annihile toute pensée rationnelle de son esprit. Plus rien d'autre ne compte à présent pour lui que de réussir à atteindre l'homme dont les actions ont directement causé mort de sa mère et la grave blessure celle qu'il aime.

Le Papillon lui a déjà pris l'une des deux femmes les plus importantes de sa vie.

Il ne le laissera pas lui arracher l'autre.





Le cœur au bord des lèvres, Ladybug suit son compagnon des yeux avec une anxiété croissante.

Loin du félin auquel il emprunte le nom, Chat Noir est désormais une bête sauvage. Un fauve, qui n'existe plus que pour déchiqueter sa proie de ses griffes enragées.

Jamais elle ne l'a vu dans un tel état de fureur.

Pour autant, si elle ignore ce que peut réellement éprouver son coéquipier, elle n'imagine que trop bien la nature du maëlstrom d'émotions qui s'est abattu sur lui et l'a bouleversé au point de le priver de toute raison. Elle le connaît trop bien pour ça.

Instinct de protection.

Pulsion vengeresse.

Deux sentiments qui se sont entremêlés en formant un cocktail des plus dangereux, et que n'a fait qu'exacerber le passé cruel qui unit la famille de son compagnon au Papillon.

Mais à se battre ainsi, guidé par une colère pure qui a annihilé tout bon sens en lui, Chat Noir court à la catastrophe.

Ladybug en est sûre.

Et hors de question pour elle de le laisser risquer ainsi sa vie sans tenter d'intervenir.

Puisant dans les ultimes ressources qui lui restent, Ladybug pose une main ensanglantée contre le mur pour tenter de se relever. Mais en vain. La jeune femme glisse aussitôt à terre, une exclamation de souffrance aux lèvres.

L'adrénaline a depuis longtemps déserté ses veines, la laissant endurer seule les conséquences de sa blessure.

Une douleur lancinante pulse depuis son épaule.

Une douleur aussi vive qu'entêtante, qui cloue son corps au sol et transperce son esprit comme un poignard chauffé à blanc.

Ladybug a mal. Elle a mal, mal, mal, tellement mal que se concentrer sur quoi que soit d'autre tient presque de l'impossible.

Et plus inquiétant encore que ces vagues de souffrance qui irradient depuis sa blessure, ce sont les signes de faiblesse que donnent son corps qui commencent à alarmer sérieusement Ladybug.

La tête lui tourne.

Sa peau est glacée.

Sa respiration se fait de plus en plus laborieuse.

Elle a perdu - et perd encore - trop de sang, c'est une évidence.

À ce rythme, Ladybug ignore combien de temps elle pourra encore tenir sans perdre conscience. Chaque seconde qui passe ne fait que la rendre plus faible, plus inutile, plus inapte à faire quoi que ce soit qui pourrait aider Chat Noir.

Un sentiment de rage désespérée enfle au creux de la poitrine de la jeune femme.

Elle déteste se sentir aussi impuissante.

Dents serrées de frustration, Ladybug se force à ignorer un instant sa blessure pour se concentrer sur la scène qui se déroule devant elle. Son estomac se tord désagréablement alors qu'elle voit Chat Noir esquiver une série d'attaque de bien trop peu.

Obnubilé par sa volonté de réduire son adversaire à néant, le héros laisse les coups de Taximan passer trop vite. Trop près.

Ça ne peut pas continuer ainsi.

Soudain, alors qu'elle se demande désespérément comment ramener Chat Noir à la raison, un mouvement au fond du hall attire l'attention de Ladybug.

C'est avec un frisson d'horreur que la jeune femme réalise que, pour la première fois depuis le début de la bataille, le Papillon s'est mis en marche. 

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