Chapitre 46

À peine la formule que prononce Ladybug finit-elle de franchir ses lèvres qu'une vive lumière rose fait brusquement briller ses boucles d'oreille. Ces dernières scintillent une seconde, puis deux, avant de reprendre tout aussi brusquement leur aspect initial.

Ou du moins, un aspect presque similaire à leur aspect initial.

Car lorsque la lueur s'évanouit, l'unique point qui clignotait au centre du miraculous de Ladybug et les espaces vides autour ont fait place à cinq étoiles noires.

Prise de court, Volpina jette un regard stupéfait aux lobes d'oreille de son ennemie.

Il n'en faut pas plus à Ladybug.

Profitant de la surprise de son adversaire, l'héroïne lance sa main libre vers le collier qui pend au cou de la super-vilaine.

Un geste vif.

Sec.

Rapide.

Mais pas assez rapide, hélas.

Volpina esquisse un mouvement de recul instinctif, laissant les doigts de Ladybug n'effleurer que de justesse le précieux bijou.

Raté.

Dents serrées de frustration, Ladybug laisse échapper un juron alors que sa main se referme sur du vide.

Mais hors de question pour l'héroïne de se laisser décontenancer pour autant. Elle met immédiatement à profit le changement de position de Volpina et l'équilibre désormais plus que précaire de cette dernière pour l'écarter d'un violent coup dans les côtes.

La super-vilaine bascule aussitôt à terre, roulant au sol sous la force de l'impact.

Libérée du poids de son adversaire, Ladybug saute sur ses pieds d'un geste vif. Elle est malheureusement imitée presque aussitôt par Volpina, qui se remet en garde à peine une fraction de seconde plus tard.

Les deux jeunes femmes restent un instant immobiles alors qu'elles se toisent du regard. Il crépite dans l'air une hostilité si palpable que Ladybug a l'impression de la sentir courir contre sa peau comme autant de petites décharges électriques.

Et, tout à coup, le temps reprend son cours.

Ladybug et Volpina se ruent l'une sur l'autre, l'arme au clair, chacune farouchement déterminée à prendre le dessus sur son ennemie. Débarrassé du robot qui l'avait attaqué un instant plus tôt, Chat Noir ne met guère longtemps à se joindre à son tour à la lutte.

Alors que son coéquipier bondit à ses côtés, Ladybug jette un bref coup d'œil à la bague qui orne l'une de ses phalanges. Là où clignotait auparavant un dessin en forme de coussinet se trouvent désormais cinq étoiles vertes, disposées de la même façon que celles qui ornent actuellement son propre miraculous.

« Merci pour la recharge, ma Lady », lui lance Chat Noir en agitant les doigts de sa main baguée dans les airs.

« De rien, chaton », réplique la jeune femme avec un petit sourire complice.

Personnellement, en ce qui la concerne, cette nouvelle capacité n'aurait pas pu tomber mieux. Sans cette formule magique qui lui permet de réinitialiser artificiellement les facultés de base de son propre miraculous et de ceux de ses alliés, elle se serait retrouvée sans pouvoirs - et sans défense - face à Volpina.

Oh, certes, le potentiel de cette recharge est loin d'être infini. Ladybug ne pourra plus utiliser son Lucky Star avant une nouvelle transformation, tout comme Chat Noir n'aura pas la possibilité de corrompre de nouvel akuma sans que Plagg ne reprenne lui aussi réellement des forces.

Mais peu importe.

À partir de maintenant, les compteurs sont remis à zéro. Chat Noir et elle disposent d'un second Lucky Charm, d'un second Cataclysme et, elle l'espère de tout cœur, de plus de temps qu'il n'en faudrait pour pouvoir défaire leurs ennemis.

À eux de réussir à exploiter cette opportunité.





Désormais libérés de la pression de devoir s'éclipser au plus vite pour éviter de se détransformer en plein combat, Chat Noir et Ladybug redoublent d'ardeur. Tous deux laissent les robots-taxis à leurs coéquipiers pour concentrer toutes leurs forces sur Volpina.

Les coups pleuvent de toutes parts alors qu'une lutte féroce s'engage. Les protecteurs de Paris se battent certes à deux contre une, mais Volpina se défend comme une diablesse.

Lorsque Chat Noir tente de la mettre à terre en lui taclant brusquement les jambes, la jeune femme bondit habilement sur le côté pour esquiver l'attaque - non sans tenter au passage de lui fendre le crâne d'un violent coup de flûte.

Quand Ladybug cherche à entraver les gestes de son ennemie à l'aide de son yo-yo, cette dernière lui échappe, glissant à terre, sautant vers les cieux, feintant ou parant sans discontinuer.

En toute honnêteté, les deux héros ne s'attendaient pas à une résistance aussi acharnée. Entre leur travail d'équipe et leur expérience, ils sont pourtant de loin de meilleurs combattants que leur adversaire.

Mais une rage flamboyante et une soif inextinguible de revanche guide visiblement leur ennemie, la poussant à se dépasser tant et tant qu'elle arrive encore à leur tenir tête.

Malgré tout, la supériorité des deux héros n'en reste pas moins flagrante.

De minute en minute, de coup en coup, Chat Noir et Ladybug prennent lentement le dessus sur leur adversaire. Chaque geste de leur part se fait plus précis, chaque attaque plus coordonnée, chaque riposte plus dévastatrice.

La situation est d'autant plus critique pour Volpina qu'au vu des circonstances, ses pouvoirs s'avèrent parfaitement inutiles. À la frustration évidente de la super-vilaine (et à la plus grande satisfaction de Chat Noir et Ladybug), la moindre des illusions qu'elle tente d'invoquer est aussitôt repérée par Bluebird, qui se fait un plaisir d'en informer aussitôt ses coéquipiers.

La vilaine recule de plus en plus sous les assauts combinés de ses adversaires. Ses yeux verts parcourent frénétiquement les alentours, à la recherche évidente d'une échappatoire.

Mais ni Chat Noir ni Ladybug ne lui offrent ce luxe, poussant au contraire de plus en plus leurs attaques pour la priver de toute retraite possible.

C'est avec une sombre satisfaction que Ladybug voit une lueur de panique s'allumer dans le regard de son ennemie.

Bientôt, Volpina se retrouvera complètement acculée. C'est une certitude.

Mâchoires serrées de concentration, l'héroïne de Paris lance son arme en direction de son adversaire. Volpina esquive l'attaque de justesse en se penchant brusquement sur la droite, mais c'est exactement ce que Ladybug attendait. Elle s'élance vers son ennemie, bras tendu en avant, et l'attrape solidement par le poignet.

Les yeux de la super-vilaine s'écarquillent d'horreur et de surprise alors que son opposante pivote sur elle-même, muscles tendus sous l'effort.

Ladybug fléchit les genoux, tire la main de Volpina vers l'avant, se redresse pour la pousser de son épaule et, dans une superbe parabole, l'envoie chuter à terre.

La complice du Papillon s'écrase lourdement au sol, un cri de douleur aux lèvres. Le regard étincelant de rage, elle se dégage de la prise de Ladybug d'un violent coup et bondit vivement sur ses pieds. Elle tourne la tête à droite, à gauche, avant de faire brusquement demi-tour dans le but évident de s'enfuir.

Un sentiment de triomphe gonfle dans la poitrine de Ladybug alors que Volpina interrompt son geste en découvrant la silhouette menaçante de Chat Noir qui lui barre la route.

Et, soudain, alors que la victoire semble enfin à portée de main, tout bascule.





Un bruit d'une violence inouïe déchire tout à coup les airs alors qu'une violente onde de choc fait trembler toute la place.

Prise de court, Ladybug trébuche. Elle écarte machinalement les bras, mains tendues de part et d'autre de son corps pour tenter de se stabiliser. Tout aussi surpris qu'elle, Chat Noir se fige aussi brusquement qu'un animal prit dans la lumière des phares et plie instinctivement les genoux pour conserver ses appuis.

Lorsque les deux héros retrouvent enfin leur équilibre, c'est avec un parfait ensemble qu'ils tournent la tête en direction de l'origine du vacarme.

Leurs regards effarés se posent aussitôt sur l'un des deux derniers robots qui résistaient encore à leurs coéquipiers.

Quelque chose cloche.

La vitesse à laquelle la créature se déplace, la force de ses coups, l'agilité de ses mouvements...

Aucun doute possible.

Ce robot – et, réalisent-ils avec horreur, le second qui se meut à ses côtés – est désormais plus rapide. Plus vif. Plus précis. Plus puissant.

Et ce n'est pas tout.

Ce ne sont désormais plus de simples taxis qui se joignent à la bataille. De toutes les rues alentours surgissent à présent une nuée de véhicules : des voitures en tous genres, un camion, un engin de chantier... Même quelques motos et une poignée de trottinettes électriques se transforment désormais en autant de robots pour se jeter dans la mêlée.

Profitant de cette diversion, Volpina bondit sans tarder hors de portée de Chat Noir et Ladybug. Mais pour une fois, la défection de son ennemie ne fait ni chaud ni froid à la célèbre héroïne.

Un frisson traverse l'échine de la jeune femme alors qu'un nouvel engrenage virtuel s'emboîte parfaitement aux autres rouages de son plan déjà en place.

Ce soudain afflux de puissance est le signal qu'elle attendait depuis le moment où un super-vilain est entré dans la danse. Un point de repère, sur lequel elle comptait depuis l'instant où Maître Fu leur a confié tout ce qu'il savait des pouvoirs de leur pire ennemi.

Grâce au Grand Gardien, Ladybug sait que le Papillon possède aussi bien la capacité de prendre le contrôle total d'une de ses victimes que de décupler de façon terrifiantes les forces de cette dernière. Mais ce pouvoir est soumis à une restriction, autour de laquelle est articulé tout le plan de la jeune femme.

S'il veut utiliser son pouvoir, le Papillon doit se trouver à proximité de son Champion.

Dès lors, le soudain débordement de puissance dont se trouve miraculeusement doté Taximan ne peut signifier qu'une chose.

Le Papillon se trouve dans les environs.

Là, maintenant.

C'est une certitude.





La réaction de Ladybug est immédiate. Elle tourne brusquement la tête vers le haut pour chercher des yeux le porteur du miraculous du Paon.

« Bluebird ! », s'exclame-t-elle à l'attention de son coéquipier. « Maintenant ! »

« Ok ! », lui hurle le jeune homme depuis son perchoir. « Mille yeux ! », poursuit-il en tendant son miroir devant lui.

Des dizaines de pseudo-caméra s'échappent aussitôt de l'arme. Elles se déploient dans les airs, contournent les bâtiments, plongent dans les rues avoisinantes sur les indications silencieuses de leur maître.

Suspendue aux lèvres de Bluebird, Ladybug pose sur lui un regard intense. Son sang bat lourdement dans ses tempes alors que les secondes qui défilent lui semblent durer des heures. Nervosité, anxiété et impatience croissent et croissent encore au creux de sa poitrine, au point qu'elle pourrait presque craindre que son cœur n'explose sous la pression.

Soudain, une exclamation triomphante de Bluebird la fait sursauter si fort qu'elle a l'impression de jaillir de sa propre peau.

« Trouvé ! », s'écrie le jeune homme avec une excitation non dissimulée. « Il est dans un bâtiment vide, à quelques rues d'ici », précise-t-il en tendant vivement le bras sur sa droite.

« Parfait ! », approuve Ladybug d'une voix tendue. « Tortuga », poursuit-elle en se tournant vers sa coéquipière, « bloque tout le quartier ! Il ne faut pas qu'il nous échappe ! »

La jeune femme ne perd pas une seconde pour réagir.

« Barrière ! », s'exclame-t-elle en lançant aussitôt son bouclier dans les airs.

Un dôme d'un vert translucide se déploie aussitôt autour du quartier, délimitant une zone infranchissable par quiconque voudrait entrer ou sortir – hormis Tortuga.

Satisfaite, Ladybug hoche brièvement la tête.

C'est fait. Le Papillon ne pourra plus s'échapper. Et à partir de maintenant, elle a cinq minutes devant elle pour le rejoindre et engager le combat avec lui.

Alors que Chat Noir s'avance à ses côtés, la jeune héroïne se tourne vers le reste de ses alliés. Ses yeux sont aussi durs et brillants que deux agates et ses traits plus sévères que jamais. Mais si la crispation de sa mâchoire trahit la tension inhumaine qui l'habite en cet instant décisif, c'est d'une voix claire et ferme qu'elle leur donne ses ultimes consignes.

« On vous laisse les robots et Volpina », leur lance-t-elle sans la moindre trace d'hésitation. « Chat Noir et moi, on s'occupe du Papillon. »





Guidés par les instructions que Bluebird leur transmet via leurs oreillettes, Ladybug et Chat Noir progressent à vive allure à travers le dédale des ruelles parisiennes. Ils tournent à droite, à gauche, à gauche encore, continuent tout droit sur quelques mètres avant de bifurquer une nouvelle fois, et ainsi de suite jusqu'à s'arrêter enfin au pied d'un vaste immeuble en construction.

Le cœur battant à en jaillir de sa poitrine, Ladybug lève les yeux vers l'imposant édifice.

Son regard court sur la façade flambant neuve, sur les vitres encore recouvertes d'un film de protection, sur le permis de travaux accroché un peu plus loin.

Et, enfin, sur la large baie vitrée qui fait office d'entrée au bâtiment.

Ladybug se racle machinalement la gorge, qui lui paraît soudain aussi sèche que si elle avait été passée au papier de verre.

Ça y est.

Après tant d'années de lutte, d'angoisses et de sacrifices, le moment de la confrontation tant attendue est arrivé.

Debout à ses côtés, Chat Noir fixe l'immeuble avec autant d'intensité que s'il cherchait à en percer les murs du regard.

« On y est, ma Lady », lâche-t-il d'une voix tendue, faisant sans le vouloir écho aux pensées de sa coéquipière. « Le Papillon. »

« Oui », approuve Ladybug en portant mécaniquement sa main à sa hanche pour se saisir de son yo-yo. « Allons-y. »





Doigts nerveusement crispés autour de leurs armes respectives, Chat Noir et Ladybug passent les portes d'entrée de l'immeuble. Ils pénètrent aussitôt dans un vaste hall d'entrée, haut comme plusieurs étages et d'une largeur qui n'aurait rien à envier à celle des plus impressionnants bâtiments de la ville.

En revanche, si la construction des lieux semble finie, l'endroit n'en reste pas moins sinistrement vierge du moindre objet.

Pas de meubles accueillants, pas de décoration chaleureuse, pas même ne serait-ce qu'une malheureuse plante verte pour rehausser le sol en marbre d'un blanc immaculé. Juste du vide, encore et toujours plus de vide, qui rend cet endroit aux proportions vertigineuses encore plus impressionnant. Les protections des vitres qui maintiennent la pièce dans une semi-pénombre ne font qu'accentuer l'impression de malaise qui gagne rapidement Ladybug et Chat Noir.

Les deux héros échangent un bref regard, chargé autant de détermination que d'inquiétude, puis commencent à s'avancer prudemment.

L'écho de leur pas résonne dans la vaste pièce à mesure de leur progression, accroissant encore un peu plus la fébrilité qui vrille leurs nerfs. L'air est chargé d'une telle tension que tout leur semble prêt à claquer à tout moment, comme un élastique qu'on étire jusqu'à le rompre.

Une ombre qui se dessine soudain à terre est l'unique avertissement que Chat Noir perçoit avant l'attaque.

Le jeune homme a tout juste le temps de saisir Ladybug par la taille et de bondir sur le côté que le sol explose brusquement à l'endroit où ils se trouvaient à peine une fraction de seconde plus tôt.

Un bruit assourdissant et une onde de choc plus impressionnante encore fait douloureusement résonner les tympans des deux héros, recroquevillés par terre pour se protéger de la pluie de débris qui s'abat sur eux.

Lorsqu'ils redressent finalement la tête, leurs yeux aux pupilles dilatées de surprise se posent sur une forme gigantesque qui se dessine à travers le nuage de poussière soulevé par le choc. Ce n'est que quand l'amas de particules retombe enfin qu'ils prennent pleinement conscience de ce qui se trouve devant eux.

Un énorme robot-taxi, au moins deux fois plus haut que tous ceux qu'ils ont eu à affronter jusque-là.

Ou non, pas vraiment. Pas un simple robot, réalisent rapidement Ladybug et Chat Noir.

Au lieu d'un véhicule autonome tel que ceux qu'ils ont déjà rencontré, la machine humanoïde dressée devant eux se trouve pilotée par un super-vilain qui les toise haineusement depuis sa cabine.

Taximan, sans le moindre doute.

Les deux héros se relèvent d'un bond et se mettent aussitôt en garde. Le bâton de Chat Noir se déploie avec un bruit sec tandis que le yo-yo de sa coéquipière tournoie dans les airs dans un sifflement sourd, brandit devant la jeune femme comme un bouclier.

Mais en dépit de l'urgence de la situation, les jeunes gens ne se lancent pas tout de suite à l'assaut.

Non seulement ce vilain et sa machine s'avèrent particulièrement impressionnants, mais il émane d'eux une aura d'une vilaine couleur violacée qui déroute les héros autant qu'elle les inquiète. Ce halo est-il la marque du contrôle que le Papillon exerce sur sa victime ? D'un mystérieux pouvoir dont ils ignoreraient l'existence ? D'autre chose encore ?

Ils l'ignorent.

Alors que ces questions fusent sous son crâne, Ladybug se fige brusquement.

Elle ne saurait dire si c'est son instinct de combattante aguerrie ou de la pure chance, mais toujours est-il que ses yeux se détachent un bref instant de la forme massive de leur ennemi pour courir machinalement le long du fond de la pièce.

La jeune femme sent son cœur remonter dans sa gorge lorsque son regard se pose sur une silhouette à demi-dissimulée dans les ombres du hall.

Le Papillon.

En personne. 










Note : Pour le bien du scénario, il se passe beaucoup de choses en moins de 5 minutes x) 



Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top