Chapitre 44

Le cœur battant à tout rompre, Chat Noir bondit souplement de toit en toit. Aussi furtif qu'un courant d'air, aussi silencieux qu'une ombre.

Il n'a pas le droit à l'erreur.

De sa discrétion dépend la réussite de sa mission.

Tous ses sens en alerte, le jeune homme s'arrête un bref moment à l'abri d'une large cheminée. Il fait machinalement rouler ses épaules pour dénouer ses muscles contractés par la tension, tout en expirant profondément pour tenter de ralentir les battements affolés de cœur.

Rarement le célèbre héros ne s'est senti ainsi sous pression.

Ses nerfs sont autant à vifs que s'ils avaient été passés au papier de verre et l'adrénaline qui déferle dans ses veines maintient son pouls dans des sommets guères confortables.

Mais en contrepartie, jamais ses réflexes n'ont été aussi affûtés qu'en cet instant. Il le sent, dans chaque recoin de son être. Ses gestes sont plus vifs, ses déplacements plus précis, ses sens plus aiguisés.

Son corps n'est plus qu'un élastique tendu à l'extrême, prêt à réagir en une seconde.

Non.

En une fraction de seconde.

Depuis sa cachette, Chat Noir jette un rapide coup d'œil en contrebas. Sa vision surdéveloppée (et pour l'heure particulièrement stimulée par l'adrénaline) accroche le moindre détail qui s'offre à elle.

La corole délicate des fleurs qui ornent le balcon de fer forgé situé sous lui.

Les jointures des pavés qui tapissent le trottoir un peu plus bas et les tâches blanchâtres de chewing-gum accumulées au fil du temps.

Le quadrillage régulier des plaques de bouches d'égout.

Et surtout, surtout, la silhouette familière de Nino, qui remonte nonchalamment la rue.

Chat Noir suit son meilleur ami du regard et se remet en route dès l'instant où ce dernier s'éloigne un peu trop. Fidèle à l'animal auquel il emprunte le nom, il se déplace tout en souplesse et discrétion, calquant son avancée sur celle de Nino pour ne pas le perdre de vue.

Ce petit manège se poursuit durant quelques minutes encore. Chat Noir reste attaché aux pas de son meilleur ami, le suivant depuis les toits tel une ombre certes distante, mais fidèle.

Soudain, alors que Nino traverse une place bordée d'arcades et surplombée par de larges immeubles, une silhouette féminine bondit brusquement à ses côtés.

Une silhouette féminine et toute d'orange vêtue.

Volpina.





Le cœur de Chat Noir fait un tel bond que le jeune homme a l'impression de le sentir jaillir littéralement de son torse.

Un bourdonnement sourd résonne dans ses tempes alors que son sang déferle à toute allure dans ses veines, tandis qu'un curieux sentiment d'inquiétude, d'excitation et de triomphe mêlés gonfle dans sa poitrine.

Inquiétude pour Nino.

Excitation de pouvoir enfin passer à l'action.

Triomphe devant l'exactitude des précisions de sa Lady.

Car si le plan de Marinette comporte nombre de détails, de nuances, d'incertitudes et de pieux vœux de chance, ses grandes lignes peuvent malgré tout être résumées assez simplement.

Premièrement, appâter Volpina en lui faisant miroiter l'occasion d'attaquer un Paon sans défense.

Deuxièmement, réussir à la pousser suffisamment dans ses retranchements pour que la menace de voir sa complice neutralisée et le miraculous du Renard récupéré par ses ennemis force le Papillon à sortir de sa cachette.

Et pour l'instant, tout se déroule comme les héros le souhaitaient.

Reste à espérer que ça dure.





Il ne faut qu'une fraction de seconde à toutes ces pensées pour se télescoper sous le crâne de Chat Noir avant que le jeune homme ne se mette brusquement en mouvement. Le héros bande ses muscles, et d'un bond impressionnant, se propulse dans les airs pour venir au secours de son ami.

Il atterrit à deux mètres à peine de Volpina, l'arme au clair et le regard étincelant d'une volonté farouche.

« Rends-toi ! », lui ordonne-t-il en levant le bras avec la ferme attention d'assener un violent coup à son ennemie.

La super-vilaine lève brusquement la tête vers lui, les pupilles dilatées de stupeur. Manifestement, elle ne s'attendait guère à être interrompue ainsi.

Mais sa réaction n'en reste pas moins fulgurante.

Chat Noir n'a pas le temps d'abattre son bâton sur Volpina que la jeune femme se précipite sur Nino. Elle l'attrape sans ménagement et, d'une torsion vicieuse du bras, le force à se tenir devant elle comme un bouclier humain.

Les deux adversaires se figent un bref instant.

L'air crépite d'une telle hostilité que Chat Noir la sent courir le long de sa peau, en une onde irritante qui hérisse ses poils et se glisse sous son épiderme pour mieux vriller ses nerfs. Ses yeux plissés de colère font se froncer le matériau de son masque alors qu'il braque un regard assassin sur Volpina. Il effectue un pas vers Nino et elle, son bâton serré si fort dans son poing que toute autre arme non-magique aurait certainement déjà rompu.

La position délicate de son ami l'exhorte à la prudence, mais difficile pour lui de lutter contre l'impulsion de se jeter sauvagement sur son ennemie pour en découdre avec elle maintenant.

La super-vilain le regarde s'approcher lentement, son attention rivée sur lui.

Mais visiblement, pas toute son attention.

Si Volpina garde ses yeux braqués sur Chat Noir, elle n'en reste manifestement pas moins suffisamment consciente de son environnement pour remarquer le son à peine audible d'un objet qui fends les airs à toute vitesse.

Elle bondit en arrière dans un réflexe surhumain, entraînant Nino avec elle.

A peine une seconde plus tard, un yo-yo rouge et noir heurte le sol dans un bruit sec.

« Tsss », siffle Ladybug entre ses dents, depuis les hauteurs de l'immeuble d'où elle espérait surprendre son ennemie.

Debout à ses côtés, la Guêpe crispe rageusement ses doigts autour de son arme.

« Rahhh, ça s'est joué à rien ! », s'exclame-t-elle d'une voix tendue.

Leur effet de surprise raté, les deux héroïnes s'élancent dans les airs et atterrissent souplement aux côtés de Chat Noir.

Volpina recule de quelques pas de plus, tenant toujours Nino d'une poigne de fer. Une vilaine lueur violacée à la forme ô combien reconnaissable apparaît brièvement autour de ses yeux et aussitôt, un sourire mauvais éclaire son visage.

Haine et triomphe s'entremêlent dangereusement sur son visage, faisant courir un frisson de malaise le long de la colonne vertébrale des héros.

« Vous espériez la jouer à trois contre une, peut-être ? », crache-t-elle à ses adversaires avec une jubilation malsaine. « C'est raté. Je ne suis pas seule non plus. »

À peine ces mots franchissent-ils ses lèvres qu'un nouveau projectile vient frapper violemment les pavés de la place.

Les héros sursautent violemment de surprise.

Le cœur battant à tout rompre, ils tournent la tête vers le point d'impact juste à temps pour voir une boule lumineuse d'une quinzaine de centimètres de diamètre redécoller du sol. L'objet traverse les airs à toute vitesse avant de s'arrêter finalement au-dessus de la paume ouverte d'un jeune homme.

Enfin, de la paume ouverte d'un vilain, plus exactement.

Impossible de se méprendre sur la nature de cet homme dont le jaune vif de la peau rappelle celui de son costume, par ailleurs également coloré de noir et orange, et dont le regard étrangement clair est masqué par une paire de lunettes teintées à la forme plus qu'improbable.

Le nouveau venu s'approche d'un pas rapide, paume toujours orientée vers le ciel pour y laisser flotter paresseusement ce qui semble être une sorte de soleil miniature.

« Je suis Solaris », se présente-t-il aux héros d'une voix sèche. « Et maintenant, je vous conseille de me donner vos miraculous. »

« Tu peux toujours rêver », rétorque mécaniquement Chat Noir, ses yeux d'un vert électrique rivés à la silhouette de son ennemi.

C'est tout juste si le jeune homme réalise qu'il a parlé tant son esprit reste focalisé sur ce nouvel adversaire. Ses doigts se resserrent instinctivement sur le manche de son bâton alors que ses pensées tournent à toute vitesse sous son crâne.

Un vilain pour venir seconder Volpina ?

Si tôt ?

Voilà qui n'arrange guère ses affaires, pas plus que celles de ses coéquipiers.

Mais si le Papillon s'avère manifestement capable de se montrer bien, bien, bien plus réactif que tout ce que les héros avaient anticipé, hors de question pour Chat Noir de se laisser paralyser par la stupeur pour autant.

Il doit se débarrasser de ce nouvel ennemi.

Vite.

Joignant le geste à la pensée, Chat Noir se précipite à toutes jambes vers le super-vilain. Il traverse la place à la vitesse d'un éclair sombre, prêt à s'abattre avec fracas sur sa cible.

Vite.

Vite.

Plus vite encore.

Alors que Chat Noir n'est plus qu'à deux mètres à peine de son adversaire, ce dernier tend la main vers lui, comme pour lui présenter l'orbe lumineuse qui tournoie toujours au-dessus de sa paume ouverte.

Le regard de Chat Noir se rive instinctivement à l'objet.

Et soudain, tout devient blanc.





Chat Noir pile brusquement sur place alors qu'une vague de lumière vient frapper douloureusement sa rétine. L'attaque est d'autant plus rude pour le héros que sa vision surdéveloppée, d'ordinaire si utile, le rend ici particulièrement sensible au flash éblouissant dont vient de le gratifier le super-vilain.

Ébloui, Chat Noir titube, une main machinalement posée sur son masque pour protéger sa vue.

Mais il ne peut se permettre de rester ainsi bien longtemps, aveugle et bien trop vulnérable à un nouvel assaut.

Le jeune homme laisse vite retomber ses doigts et bat des paupières une fois, deux fois, aussi bien pour chasser les larmes qui perlent de ses yeux que pour tenter de se réhabituer à un niveau de luminosité normal. Des taches multicolores dansent devant lui alors que son champ de vision peine à se stabiliser.

Soudain, un cri affolé parvient à ses oreilles.

« Chat ! », entend-il hurler Ladybug.

Du coin de l'œil, le jeune homme aperçoit tout à coup une masse gigantesque qui fond à toute vitesse sur lui.

Une masse floue, brouillée par une nuée de lumières dansantes, que sa vue encore affectée par l'attaque qu'il vient de subir peine à identifier.

Plissant instinctivement les yeux pour mieux tenter de discerner la menace qui s'abat sur lui, Chat Noir fléchit légèrement les genoux pour se préparer à bondir. Mais à la dernière seconde, il marque un bref temps d'arrêt.

Il doit s'écarter. Vite.

Mais vers où ?

Avec sa vision encore altérée, comment être certain qu'il ne va pas se jeter directement la tête la première dans un mur ? Dans un trou ? Ou pire encore, dans les bras d'un de ses ennemis ?

Mais alors que ces questions existentielles traversent son esprit en une fraction de seconde, Chat Noir sent tout à coup un fin filin s'enrouler autour de sa taille. Une brusque traction décolle ses pieds du sol une fraction de seconde plus tard et l'entraîne en arrière sans le moindre ménagement.

Les sentiments de soulagement et de reconnaissance qui traversent le jeune homme devant l'intervention providentielle de sa Lady s'effacent dans un frisson d'horreur lorsqu'un qu'un grondement sourd s'élève de l'endroit où il se trouvait un instant plus tôt.

Le son de pavés qui volent en éclat explose dans les airs juste avant que Chat Noir ne sente des fragments de pierre ricocher contre son corps.

Le héros lève instinctivement un bras devant son visage pour se protéger de cette pluie de débris. Lorsque ses pieds touchent de nouveau terre, il se remet en garde et tourne la tête vers l'origine du violent fracas.

Alors que les effets du flash qui l'avaient jusque-là handicapé s'estompent enfin, Chat Noir découvre avec effroi la silhouette massive d'un second super-vilain.

Non.

Pas d'un second super-vilain, réalise-t-il avec un hoquet d'horreur incrédule.

D'une voiture, transformée pour l'occasion en un robot humanoïde dont la présence n'aurait pas démérité dans un film de science-fiction.

Mais au vu des autres véhicules qui s'animent et se métamorphosent aux alentours, ce géant de métal est hélas loin d'être le seul de son genre. Pour le héros, aucun doute possible. Ces engins ne sont guère des vilains en soit, mais la manifestation du pouvoir d'une seconde victime du Papillon.

Victime du Papillon qui rôde quelque part, certes invisible pour l'instant, mais qui fait visiblement preuve de capacités des plus dangereuses.

Un filet de sueur glacée descend lentement la colonne vertébrale de Chat Noir.

Certes, Maître Fu les avait bien prévenus que le Papillon pouvait parfaitement, au prix d'une débauche d'énergie supplémentaire, akumatiser deux personnes à la fois. Mais jamais leur ennemi n'avait poussé ses capacités aussi loin jusque-là.

Pour les héros, le coup est rude.

Eux qui souhaitaient neutraliser rapidement Volpina voient la réactivité extraordinaire du Papillon sonner le glas de leurs espoirs.

Au lieu d'une seule et unique adversaire, les voilà désormais face à une porteuse de miraculous, à un premier vilain capable d'attaquer à distance et à un second ayant manifestement le pouvoir de transformer une multitude de voitures – de taxis, plus précisément, réalisent-ils vite - en autant de robots de combat.

Rapidement, l'affrontement reprend de plus belle.

Ladybug, Chat Noir et la Guêpe se démènent du mieux qu'ils peuvent pour réussir à tenir tête à Volpina, à Solaris et à un, puis deux, puis trois taxis.

Mais la principale priorité pour eux reste Nino, toujours prisonnier de la poigne de fer de leur ennemie.

Peu importent les attaques vicieuses et les coups violents qu'ils subissent, peu importe ce danger omniprésent que leurs adversaires font planer au-dessus de leur tête. Les trois héros n'ont de cesse de tenter d'atteindre enfin Volpina afin de libérer leur ami.

Cependant, s'ils arrivent à distraire suffisamment la super-vilaine pour l'empêcher de fuir avec Nino ou d'avoir le temps de réellement porter son attention sur lui, jamais ils n'arrivent à se débarrasser assez longtemps de leurs autres adversaires pour pouvoir vraiment la gêner.

Lorsqu'un robot-taxi cherche à s'en prendre à Chat Noir, ce dernier esquive aussitôt l'assaut et ignore royalement cet encombrant adversaire pour se précipiter à toutes jambes vers Volpina, n'interrompant sa course que quand un seconde véhicule lui barre la route.

Au moment où la Guêpe réussit à s'approcher suffisamment de la super-vilaine, proche, si proche qu'elle n'aurait qu'à tendre le bras pour enfoncer ses ongles dans la chair tendre de sa joue, un violent coup de pied de son adversaire et l'arrivée d'un nouveau robot la dégagent aussitôt au loin.

Quand Ladybug se retrouve au cœur d'une lutte acharnée avec Solaris, c'est l'esprit tournant à toute vitesse qu'elle cherche désespérément une échappatoire, un moyen de neutraliser son ennemi provisoirement ou même de le neutraliser tout court. Bref, n'importe quoi qui lui permettrait de s'échapper rapidement de ce duel pour aller porter secours à Nino.

Mais en vain, pour l'instant.

C'est avec un sentiment croissant de désespoir et de frustration que Ladybug ferme les yeux pour éviter un nouveau flash éblouissant de Solaris, et qu'elle pare à l'aveugle ce qui lui semble être sa millième attaque.

Lorsqu'elle rouvre les paupières à peine un instant plus tard, son premier réflexe est de tourner la tête sur le côté pour jeter un coup d'œil impuissant à la silhouette de Nino. En dépit de ses tentatives et de celles de ses coéquipiers pour réussir à dégager le jeune homme des mains de Volpina, cette dernière le maintient pour l'instant toujours fermement auprès d'elle.

Dents serrées de rage, Ladybug maudit intérieurement sa propre naïveté.

Oh, bien sûr, elle avait parfaitement conscience que même avec la proximité de Chat Noir, il serait difficile pour eux d'assurer la sécurité de Nino. L'une des principales composantes de leur plan consistait à faire en sorte que Volpina s'attaque à lui, après tout.

Mais de là à imaginer que Chat Noir, la Guêpe et elle devraient faire face presque immédiatement à deux vilains en plus de Volpina ?

Dont un lui-même capable de générer de nouveaux adversaires ?

Si elle l'avait su...

Mais l'heure n'est pas aux regrets.

Ravalant sa colère envers elle-même et sa peur croissante pour la sécurité de Nino, Ladybug se jette de plus belle dans la bataille.





Si les terribles instants que Nino passe à la merci de Volpina semble durer des heures à ses amis, Chat Noir, Ladybug et la Guêpe réagissent en réalité avec une rapidité des plus remarquables.

Il ne se passe au final guère longtemps entre la capture du jeune homme par Volpina et l'apparition d'un sourire mauvais sur les traits de la super-vilaine lorsque cette dernière note les efforts désespérés que déploient les trois héros pour venir en aide à leur camarade.

Quand Ladybug réussit enfin à se dépêtrer de son adversaire, l'abandonnant pour un temps aux furieuses attaques de la Guêpe, et qu'elle se rue vers Volpina, la réaction de son ennemie est immédiate.

De sa main libre, Volpina porte sa flûte à ses lèvres pour créer une nuée de doubles d'elle-même et de sa victime.

Ladybug se retrouve aussitôt entourée de dizaines de Volpina, de dizaines de Nino, tous strictement indiscernables à ses yeux. Et avant même qu'elle ait le temps de réagir, ces multitudes de duos se mettent en mouvement. Les uns sautent à droite, les autres à gauche, devant, derrière, changeant de position jusqu'à ce que l'original soit impossible à retrouver.

Quand cette folle farandole s'arrête enfin, une nuée de regards verts toisent l'héroïne d'un air moqueur, tandis qu'autant de Nino se figent avec une expression terrifiée sur le visage.

« Alors », lui lancent les multiples voix de Volpina, se réverbérant contre les façades des immeubles en une infinité d'échos, « on fait moins la maligne ? »

Ces mots qui se superposent les uns aux autres accentuent les inflexions hautaines des paroles de la super-vilaine et ravivent chez Ladybug l'envie de lui faire ravaler son sourire satisfait.

Mais le moment n'est pas venu de se déconcentrer.

Volpina peut fanfaronner autant qu'elle veut, Ladybug est loin d'avoir abattu toutes ses cartes.

Et le moment de la riposte est venu.





Alors que les Volpina et ses doubles se fendent de nouvelles paroles narquoises, Ladybug lance son arme droit sur l'une des copies de son adversaire. L'illusion s'évanouit aussitôt dans un nuage de fumée orange, accompagnée par le Nino factice qu'elle retenait prisonnier.

À peine le yo-yo retrouve-t-elle les doigts de Ladybug que cette dernière le renvoie d'un habile mouvement de poignet, faisant disparaître un autre duo.

Puis un autre.

Et un autre.

Et encore un autre.

Et ainsi de suite, encore et encore, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que les véritables Nino et Volpina.

Les yeux de la super-vilaine s'écarquillent de surprise devant un aussi franc succès. Mais loin de se laisser décontenancer par cette situation inattendue, elle ne perd guère de temps pour réagir. Elle porte vivement sa flûte à ses lèvres et, en une fraction de secondes à peine, parsème de nouveau la place de doubles d'elle-même et de son prisonnier.

Doubles dont Ladybug se défait aussitôt, avec la même réussite insolente dont elle avait fait preuve pour se débarrasser des précédentes copies invoquées par son ennemie.

Cette fois, Volpina reste figée de stupeur.

« Que... », laisse-t-elle échapper d'une voix incrédule, clairement prise de court par la clairvoyance de son adversaire. « Mais comment... ? »

Un sentiment de triomphe plus que bienvenu flatte délicieusement le moral et la fierté de Ladybug.

Elle a beau ne pas réussir à occulter complètement de sa rancœur envers Volpina ni ses craintes pour la sécurité de Nino, impossible pour elle de nier pour autant le plaisir que lui procure la mine déconfite de son adversaire.

Galvanisée par la réaction de Volpina, l'héroïne étire ses lèvres en un sourire goguenard qui, elle le sait, ne pourra qu'irriter un peu plus son ennemie.

Et au vu des taches rouges qui viennent marbrer le visage tordu de colère de Volpina, sa tentative de jouer avec les nerfs de la super-vilaine s'avère couronnée de succès.

« Comment est-ce que je peux réussir à voir à travers tes illusions ? », complète Ladybug d'un ton narquois, tout en levant machinalement le bras pour effleurer son oreille du bout des doigts. « Facile », poursuit-elle avec un petit geste désinvolte de la main. « Il suffit de savoir bien s'entourer. »

Alors qu'une expression perplexe se dessine sur les traits de Volpina, une nouvelle voix tombe soudain des cieux.

« Je dirais même qu'il faut savoir s'entourer des meilleurs », lance une forme nonchalamment perchée sur les toits.

Un immense sourire aux lèvres, Marinette agite le bras dans les airs pour saluer non pas une, mais deux silhouettes qui se découpent à présent distinctement sur la crête d'un immeuble voisin.

Une femme, dont le vert de la tenue jure splendidement avec le rose éclatant de sa chevelure, et un homme, aussi grand et massif que sa camarade est petite et menue, et quant à lui tout de bleu vêtu.

L'une armée d'un bouclier, l'autre d'un miroir, et chacun aux traits dissimulés d'un masque.

Deux nouveaux combattants.

Deux nouveaux héros.   

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