Chapitre 40

Les quatre héros s'élancent sur le champ de bataille sans s'attarder davantage.

Sur les instructions de Ladybug, le Paon se place aussitôt en tête de file pour mieux guider ses coéquipiers à travers la nuée d'illusions déployée par Volpina. Il leur signale systématiquement les projecteurs représentant une réelle menace, leur donnant ainsi la possibilité de choisir la route la plus sûre et la plus rapide.

Si cette manœuvre permet aux héros d'éviter des luttes et esquives inutiles (et ainsi de faire l'économie de précieux efforts physiques), elle leur offre aussi le luxe de préserver de tout aussi indispensables ressources mentales. Pour Chat Noir, Ladybug et la Guêpe, le fait de pouvoir savoir exactement de quels projecteurs se méfier est un véritable soulagement.

Plus besoin de se demander si chaque appareil qu'ils croisent va les emprisonner dans un dangereux rayon de lumière ou s'évanouir dans un nuage de fumée orange.

Plus d'armes à lancer pour dissiper aussi bien leurs doutes que les illusions.

Plus de questions.

Plus d'incertitudes.

Juste des faits que le Paon leur délivre avec une assurance tranquille – et ô combien rassurante -, et qui leur permettent de se focaliser uniquement sur l'essentiel.





Suivant leur coéquipier avec une foi absolue, les jeunes gens progressent à bonne vitesse à travers la ville. Il ne leur faut finalement que peu de temps pour localiser Volpina, crânement perchée au sommet d'une statue.

Les yeux verts de super-vilaine s'écarquillent de surprise en voyant surgir non pas deux, ni trois, mais bel et bien quatre héros.

« Oh, vous avez fait venir des renforts ? Bien tenté, mais ça ne suffira pas », les nargue-t-elle avec un sourire narquois. « Metteur en scène ! », s'écrie-t-elle en tournant brièvement la tête vers la droite. « Viens par ici ! »

Répondant à son appel, l'homme sous l'emprise du Papillon sors d'une ruelle voisine et s'avance avec une lenteur calculée. Une lueur mauvaise brille dans son regard alors qu'il lève le bras dans les airs à l'attention de la nuée d'appareils qui danse au-dessus de sa tête.

Les projecteurs réagissent en un éclair. Suivant l'ordre muet de leur maître, ils se déploient en cercle autour du quatuor de héros et s'allument brusquement.

Leurs rayons roses se croisent et s'entrecroisent, s'élevant vers les cieux, plongeant vers le sol, formant en un instant une cage de lumière qui prive leurs cibles de toute possibilité de retraite.

Impossible pour les quatre héros de s'échapper.

Pas sans être pris à coup sûr dans l'un de ces dangereux faisceaux.

« Vous voilà coincés ! », s'exclame triomphalement Volpina. « Et maintenant, donnez-nous vos miraculous », poursuit-elle en tendant autoritairement la main vers ses adversaires. « À moins que vous ne préfériez qu'on vous force à vous battre entre vous jusqu'au dernier ? », ajoute-t-elle avec une jubilation malsaine. « Ça pourrait être intéressant. Je me demande bien qui gagnerait... »

Mais Ladybug ne l'écoute que d'une oreille distraite.

Si elle s'était retrouvée dans une pareille situation ne serait-ce que quinze minutes plus tôt, la vague de panique qui l'aurait alors frappée aurait été d'une telle force et d'une telle violence qu'elle aurait certainement finie sonnée, paralysée devant l'horreur d'être tombée dans un piège inextricable.

Mais là, elle se trouve en compagnie d'un coéquipier capable de voir à travers les mirages de Volpina.

Et ledit coéquipier lui semble calme.

Bien, bien trop calme pour ne pas attiser ses soupçons.

« Le Paon ? », lui glisse-t-elle d'un ton méfiant.

« On est tranquilles », lui confirme le jeune homme en agitant la main d'un geste désinvolte. « Ces projecteurs sont tous faux. »

« Parfait », approuve Chat Noir avec un immense sourire.

Le jeune homme lève la tête vers Volpina, une lueur goguenarde dansant au fond de ses yeux vert électrique. Il s'avance d'une démarche tranquille, faisant nonchalamment tourner sa ceinture entre ses doigts.

Un pas.

Deux pas.

Trois pas.

Et à peine l'extrémité de sa botte touche-t-elle l'un des faisceaux que la cage de lumière disparaît dans un nuage de fumée orange.

Pour la seconde fois en une poignée de secondes, les yeux de Volpina s'écarquillent de stupeur. Puis, à peine un instant plus tard, un éclair de compréhension traverse brièvement ses prunelles pour laisser ensuite place à une rage meurtrière.

« Le miraculous du Paon... », gronde-t-elle en braquant un regard brûlant de haine sur le héros tout de bleu vêtu.

« Allons, allons, ça ne se fait pas d'accueillir les petits nouveaux comme ça », intervient Chat Noir avec un sourire plus large encore, qui tranche de façon flagrante avec la sévérité de ses traits et de sa voix.

Le jeune homme écarte les doigts pour laisser retomber sa ceinture et passe rapidement sa main dans son dos pour s'emparer de son arme. D'un geste fluide, il décrit un large arc-de-cercle du bras, allongeant son bâton pour tenter de porter un coup dévastateur à son ennemie.

Hélas pour lui (et à la non-surprise générale), Volpina réagit à la vitesse de l'éclair.

Elle bondit vivement en arrière, se mettant hors de portée de cette arme qui se contente de fendre les airs dans un sifflement sourd.

« Tss... », laisse-t-elle échapper dans un sifflement agacé, alors que ses pieds touchent souplement le sol.

Le regard aussi dur et froid que deux émeraudes, Chat Noir se remet instinctivement en garde. Il fléchit les jambes, prêt à bondir de nouveau sur son adversaire.

Ladybug s'avance à ses côtés, son yo-yo tournoyant à toute vitesse dans les airs. Elle jette un rapide coup d'œil aux héros regroupés autour d'elle, puis se tourne vers ses adversaires pour lancer un seul et unique ordre.

« A l'attaque ! »





Avec quatre héros, deux vilains, une demi-douzaine de projecteurs, quelques innocentes victimes envoûtées par le Metteur en scène et une quantité innombrable d'illusions, le quartier tout entier se transforme rapidement en champ de bataille.

L'anarchie règne en maîtresse incontestable, rendant la moindre anticipation quasiment impossible.

Partout, les coups pleuvent. Les cris fusent. Les silhouettes bondissent.

Au milieu de ce chaos, les héros tentent malgré tout de garder un semblant de coordination. Ladybug et le Paon se partagent les directives, l'une cherchant désespérément à mettre en place une stratégie qui leur permettrait de prendre le dessus sur leurs adversaires et l'autre ne cessant d'indiquer à ses amis la position des véritables projecteurs.

Conformément aux instructions précédemment données par sa compagne, Chat Noir suit son meilleur ami comme une ombre. Cependant, à son grand soulagement, ce dernier ne semble guère avoir besoin de protection. Ou du moins, pas dans la majorité des cas.

Le Paon sait se battre.

C'est une évidence.

Oh, certes, il fait parfois preuve d'une nervosité qui trahit son manque d'expérience au combat et certes, son garde du corps désigné doit de temps à autre intervenir pour le tirer d'un mauvais pas. Mais malgré tout, les compétences du Paon vont bien au-delà de tout ce que pouvait espérer Chat Noir.

Ses gestes sont précis, rapides, et le courage dont il fait preuve à chaque instant est des plus remarquables.

Chat Noir ne doute pas un instant que de pareils résultats sont la conséquence d'un entraînement aussi intensif que rigoureux. Depuis qu'il a reçu son miraculous, Nino s'est exercé durant de longues heures avec l'aide d'Alya – ou plutôt, de la Guêpe – afin de se préparer au mieux à son rôle de héros. Il le sait.

Le cœur gonflé d'un brusque élan de reconnaissance, Chat Noir se note mentalement de remercier une fois de plus ses deux amis pour leur implication.

Soudain, alors que le Paon s'écarte prudemment du trajet d'un rayon lumineux, l'une des victimes sous l'emprise d'un projecteur le charge avec la férocité d'un taureau en furie.

Le jeune homme bascule en arrière sous la violence du choc et heurte le trottoir avec une exclamation de douleur. Ses traits se tordent dans une grimace de souffrance tandis que ses doigts s'écartent machinalement, laissant son miroir glisser sur plusieurs mètres.

Alors que Chat Noir bondit aux côtés de son ami et écarte son agresseur d'un puissant coup de bâton dans l'estomac, le Paon tourne la tête avec affolement.

Ses pupilles se dilatent d'horreur lorsqu'il découvre son arme gisant au loin, à deux pas ou presque du Metteur en scène.

« Mon miroir ! », lâche-t-il dans un hoquet de terreur.

Il ne faut qu'une seconde à Chat Noir pour prendre la mesure de la situation.

Heureusement pour eux, le super-vilain ne semble pas avoir remarqué l'objet qui gît derrière lui, mais la situation n'en reste pas moins terriblement pressante.

Il faut agir.

Et vite.

« Ne t'inquiète pas, on va le récupérer », affirme Chat Noir en posant une main réconfortante sur l'épaule du Paon, tout en gardant ses yeux rivés à la silhouette de leur adversaire. « Tu peux me dire s'il y a de vrais projecteurs dans le lot ? », poursuit-il en désignant d'un geste du menton les appareils métalliques qui gravitent autour du vilain.

« Non, je ne peux pas ! », réplique son ami d'une voix paniqué. « J'ai besoin d'avoir mon arme en main pour que mon pouvoir fonctionne ! »

« Quoi ? », s'exclame Chat Noir, une expression choquée sur le visage.

« Tu crois que Volpina peut créer des illusions sans sa flûte ? Même problème ici », rétorque le Paon en jetant un coup d'œil affolé à son miroir. « Je vais le chercher ! »

Joignant le geste à la parole, le jeune homme se dégage de la poigne de son coéquipier et bondit sur ses pieds.

Une lueur alarmée dans le regard, Chat Noir tend machinalement la main vers son meilleur ami.

« Attend ! »

Mais trop tard.

Le Paon s'élance déjà à toute vitesse, courant à toutes jambes sur le trottoir en direction de son précieux miroir – et du super-vilain.

Chat Noir sent son estomac effectuer un désagréable demi-tour sur lui-même en voyant son ami accélérer le pas à chaque foulée. Après une ultime impulsion, le Paon bondit dans les airs et se laisse brusquement retomber au sol, finissant sa course dans une splendide glissade.

Il glisse, glisse, glisse encore, plante un talon à terre pour freiner son avancée lorsqu'il arrive au niveau de son miroir, puis referme fermement sa main sur le manche de son arme.

Enfin.

Mais si cette intervention aussi efficace que spectaculaire a été couronnée de succès, elle laisse désormais le jeune homme dans une situation plus que périlleuse.

Le Paon est désormais à terre, et près du vilain.

Bien, bien, bien trop près du vilain.

Le cœur au bord des lèvres, Chat Noir voit le Metteur en scène tourner la tête et baisser les yeux vers son ami.

Le visage de l'homme s'éclaire d'une joie malsaine alors qu'il découvre cet adversaire à la fois si proche et si vulnérable. Ses lèvres se tordent dans un rictus mauvais, son bras ganté de rose et doré s'élève dans les airs, ses doigts s'écartent...

La réaction du Paon est purement instinctive.

Il lance sa jambe vers le haut et frappe violemment son ennemi en plein dans l'entrejambe.

Le vilain se plie en deux sous le choc, laissant au Paon le laps de temps nécessaire pour se relever et s'enfuir. Lorsque l'homme redresse finalement la tête, c'est le teint verdâtre et la bouche visiblement incapable d'articuler le moindre mot qu'il abaisse frénétiquement le bras pour appeler ses projecteurs à la rescousse.

« Désolé, mec ! », lui lance le Paon par-dessus son épaule, alors qu'il cavale à toutes jambes pour rejoindre son coéquipier.

Lorsqu'il arrive enfin aux côtés de Chat Noir, ce dernier l'accueille avec une étreinte soulagée.

Au regard de toutes les frayeurs que lui-même a pu causer à sa Lady, Chat Noir sait pertinemment qu'il n'est pas le mieux placé pour critiquer qui que ce soit sur le fait de prendre des risques inconsidérés. Peu importe. Leur petite équipe n'a guère besoin d'une seconde tête brûlée et dès qu'il le pourra, il ne manquera pas de sermonner son ami pour son imprudence et pour cette crise cardiaque qu'il vient de manquer de lui causer.

Mais plus tard.

Pour l'instant, le Paon va bien.

C'est tout ce qui compte.

« Attends d'avoir un peu plus d'expérience pour me refaire un coup pareil », lui ordonne-t-il malgré tout. « La prochaine fois, tu me laisses faire. »

« Promis », répond le Paon en lui tapotant machinalement le dos, d'un geste qui se veut aussi bien d'excuse que de réconfort.

Lorsque Chat Noir s'écarte finalement de son ami, l'inquiétude qui couvait jusque-là dans son regard se dispute désormais à un certain amusement.

« En tout cas, en temps normal je t'aurais dit que ce n'est pas nécessaire de s'excuser d'avoir frappé un super-vilain », lâche-t-il avec un faible sourire, alors que le Metteur en scène s'échappe d'un pas tout sauf naturel. « Mais pour cette fois, je comprends. «

« C'est sûr que ce n'était pas le coup le plus élégant du monde », concède le Paon avec une grimace d'excuse, « mais j'avoue que j'ai un peu paniqué dans la précipitation. »

« Ne t'en fais pas », réplique Chat Noir en posant une main sur son épaule. « Tu t'en es bien sorti, c'est le principal. Et maintenant », poursuit-il en braquant ses yeux dans la direction prise par le super-vilain, « on y retourne ! »





Il faut quelques minutes au Metteur en scène pour se remettre complètement de ce que Chat Noir se plaît à appeler « un coup bas, dans tous les sens du terme ». Mais une fois que c'est chose faite, l'affrontement reprend avec une férocité renouvelée.

Visiblement galvanisé par un implacable besoin de revanche – ainsi que par une animosité tout particulièrement dirigée vers le Paon -, l'homme fait preuve d'une efficacité qui donne du fil à retordre aux quatre héros. Il libère ses précédentes victimes de l'emprise de ses projecteurs puis déploie ces derniers partout aux alentours, quadrillant méticuleusement le terrain et contrariant autant que possible les déplacements de ses ennemis.

Et pire encore.

Bien que ne combattant aux côtés l'un de l'autre que depuis quelques dizaines de minutes au grand maximum, les deux vilains font preuve d'un esprit d'équipe des plus remarquables.

Lorsque Ladybug s'élance pour asséner un violent coup au Metteur en scène, elle est immédiatement contrée par Volpina.

Quand la Guêpe tente de neutraliser la complice du Papillon, elle doit battre précipitamment en retraite devant la soudaine arrivée d'un rayon de lumière rose.

Chat Noir ne peut quitter le Paon d'une semelle sous risque de voir aussitôt l'un de ses deux adversaires fondre sur eux comme un aigle sur sa proie.

Le Paon ne peut indiquer la position d'un véritable projecteur sans que ce dernier n'aille se perdre dans une énième nuée d'illusions, l'obligeant à renouveler sans cesse les renseignements qu'il donne à ses coéquipiers.

Volpina et le Metteur en scène se déplacent avec une parfaite harmonie, se couvrent, se coordonnent, comme s'ils avaient déjà mille fois combattus ensemble.

Tout ce qu'il faut pour compliquer autant que possible la tâche aux héros.

Soudain, alors que le Paon bondit précipitamment dans sur le côté pour éviter de justesse une attaque particulièrement sournoise de Volpina, un projecteur surgit brusquement et braque son rayon lumineux pile sur sa trajectoire.

Trop tard pour sauter de nouveau.

Trop tard pour esquiver.

Les pupilles du héros se dilatent d'horreur devant cette lumière rose qui vient à sa rencontre à toute vitesse. Il se raidit instinctivement, muscles paralysés de terreur à l'idée de tomber sous l'emprise de ses ennemis.

Mais alors qu'il adresse d'ultimes excuses mentales à ses coéquipiers, ce n'est pas un halo lumineux qui s'abat finalement sur lui, mais une large zone d'ombre.

Stupéfait, le jeune homme tourne la tête sur le côté pour découvrir un gigantesque mur de cire, qui s'est brusquement interposé entre le projecteur et lui pour venir couper le rayon de lumière. Il ne faut au Paon qu'une seconde de plus pour repérer la Guêpe, qui, pinceau en main, braque un regard féroce sur l'appareil qui vient de manquer de le piéger.

« Merci », lui lance-t-il d'une voix tremblante.

« De rien », réplique-t-elle avec un sourire tendu.

Mâchoires serrées, Ladybug observe brièvement la scène avant de reporter son attention sur ses ennemis. Les yeux de la jeune femme se plissent de concentration alors que son esprit tourne à toute vitesse sous son crâne.

À présent que la Guêpe a utilisé son pouvoir, le compte à rebours est lancé.

Ce n'est désormais plus qu'une question de minutes avant que les héros ne se voient privés d'une coéquipière et cette perspective est loin de réjouir Ladybug. Il est déjà suffisamment difficile de lutter à quatre contre un duo aussi bien rôdé et nul doute que la perte d'un allié ne placerait les protecteurs de Paris dans une situation des plus délicates.

Mais finalement, cet ultimatum n'est peut-être qu'un mal pour un bien, songe la jeune femme en relevant la tête, le regard étincelant d'une volonté farouche.

Toutes les stratégies que les héros ont tenté de mettre en place jusque-là ont fait preuve de leur inefficacité.

Il est temps de passer à la vitesse supérieure.

« Lucky Charm ! », s'écrie Ladybug en jetant son yo-yo dans les airs.

Un parapluie rouge à pois noirs retombe entre ses mains à peine une seconde et une nuée de coccinelles plus tard. Il ne faut ensuite à Ladybug qu'un bref coup d'œil autour d'elle pour qu'un plan se forme dans son esprit.

Un plan risqué, mais un plan quand même.

Et au vu de la situation, ses coéquipiers et elle n'ont pas vraiment le luxe de faire les difficiles.

« Chat Noir ! », lance-t-elle à l'attention de son compagnon. « Viens ici ! »

À peine le jeune homme arrive-t-il à ses côtés qu'elle plaque sans ménagements le parapluie entre ses paumes ouvertes.

« Tiens », lui chuchote-t-elle d'un ton pressant. « Il faut détruire le gros projecteur qui reste tout le temps au-dessus du vilain. Utilise ça pour te protéger des rayons lumineux, mais fait vite. Il ne faut pas qu'ils réussissent à te toucher. »

Chat Noir hoche mécaniquement la tête et jette un rapide coup d'œil autour de lui pour évaluer la situation. Les projecteurs se trouvent pour l'instant tous dans les airs, suffisamment hauts pour qu'il ne puisse pas risquer de se faire toucher par un rayon en rase-motte.

C'est le moment ou jamais.

Le jeune homme se ramasse sur lui-même et détend brusquement les jambes, se propulsant en avant aussi brusquement que s'il avait été éjecté par un ressort.

Parapluie en main, il s'élance à toute vitesse vers son ennemi.

Vite.

Vite.

Plus vite.

Mais pas assez vite pour échapper à l'attention du super-vilain.

Les yeux de l'homme s'écarquillent alors qu'il prend soudainement la mesure de la situation. D'un geste, il braque tous ses projecteurs vers Chat Noir, mais l'ombre du parapluie protège le héros des dangereux rayons qui le frappent par le haut.

Les muscles de Chat Noir roulent sous sa peau alors que le jeune homme accélère encore sa foulée.

Il doit aller vite.

Encore plus vite.

Ce n'est que quand le jeune homme arrive presque sur le vilain que ce dernier déploie son ultime moyen de défense.

Comme dans une scène au ralenti, Chat Noir voit l'énorme projecteur qui surplombe le super-vilain se tourner vers lui. Il a tout juste le réflexe d'abaisser légèrement l'objet confié par sa Lady devant lui avant que l'attaque ne se déclenche.

Un halo rose illumine les bords du parapluie à peine une fraction de seconde plus tard – et à peine une fraction de seconde trop tard pour pouvoir toucher sa cible, dissimulée dans l'ombre de cet abri salvateur.

Mais pour Chat Noir, l'heure est tout sauf aux réjouissances.

Il a peut-être réussi à éviter provisoirement l'assaut, mais le rayon lumineux n'en reste pas moins braqué sur lui. S'il a le malheur de s'écarter de la protection de son parapluie, il se fera toucher.

C'est une certitude.

Mais jamais il ne pourra frapper sa cible en restant abrité ainsi.

C'est une certitude aussi.

Le cœur battant à tout rompre, le héros resserre machinalement sa prise autour du manche.

Il n'a qu'une option. Une seule.

« Cataclysme ! », hurle-t-il à pleins poumons.

D'un bond, le jeune homme se propulse en direction de l'appareil contrôlé par son ennemi. Il tend en avant sa main autour de laquelle dansent de sinistres particules noires et, mâchoires serrées, relève légèrement son parapluie.

Un rayon de lumière rose emprisonne aussitôt le héros.

Mais, emporté par son élan, ce dernier poursuit sa course.

Chat Noir a tout juste le temps de sentir sa conscience glisser doucement hors de son contrôle que sa paume s'écrase lourdement contre le verre du projecteur. Ce dernier se désagrège aussitôt dans un nuage de poussière couleur rouille, emportant avec lui l'envoûtement qui menaçait d'enchaîner Chat Noir.

L'esprit de nouveau limpide, le jeune homme lève la tête à temps pour voir un akuma s'élever brièvement dans les airs et se faire capturer presque aussitôt par un habile lancer de yo-yo.

Victoire.

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