Chapitre 4

Note :

Pour rappel, je ne veux rien savoir des futurs épisodes (pas de titres d'épisodes, de noms de persos, d'éléments de grande ou moindre importance, RIEN). Merci de me pas me spoiler dans les commentaires.

S'il y a des épisodes récemment diffusés, il est également possible que je ne sois pas à jour. Alors au besoin demandez-moi où j'en suis avant d'en parler dans les commentaires de mes fics.

Merci.

*** 

Et un gros merci à Kimie, Orphée et Aelig pour m'avoir évité de tomber malencontreusement sur d'autres spoils aujourd'hui et ces derniers jours <3 ! 

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Autant la journée de Marinette lui a paru démesurément longue, autant sa nuit est courte.

En tout, la jeune femme a dormi peut-être une heure.

Et encore, ces quelques minutes de sommeil qu'elle a réussi à grappiller péniblement çà et là ont été tout sauf réparatrices. Lorsque son alarme l'arrache à un énième cauchemar, Marinette se réveille avec l'impression de ne même pas avoir fermé les yeux une seconde.

Elle se lève, puis se prépare machinalement à partir en cours.

Comme un automate, elle se lave, s'habille, rassemble ses affaires. Elle ne mange rien, en revanche. Son estomac est bien trop noué pour qu'elle réussisse à ingurgiter quoi que ce soit – ni même pour qu'elle ait envie d'essayer, d'ailleurs.

Tant pis. Elle se préoccupera de son appétit plus tard.

Quand vient le moment de se coiffer, Marinette n'hésite pas un instant. Cela fait des années qu'elle a abandonné ses couettes, qu'elle juge trop enfantines, et qu'elle préfère généralement attacher ses cheveux en un chignon lâche.

Mais aujourd'hui, elle les laissera détachés.

C'est peut-être ridicule, mais après sa rude journée d'hier, elle refuse instinctivement d'exposer davantage son visage en relevant sa chevelure. Bien sûr, elle ne se fait pas non plus d'illusion. Ce n'est pas un rideau de cheveux qui la protègera de son ennemi.

Seulement, la peur est là.

Perfide, insidieuse, et impossible à ignorer.

Peu importe tout le courage dont la jeune héroïne peut faire preuve. Cette frayeur primaire la fait se raccrocher à toutes les inepties possibles, même les plus absurdes, juste pour pouvoir se garantir une illusion de sécurité supplémentaire.

Refusant de s'attarder plus longtemps sur le sujet, Marinette s'empare de ses affaires et se dirige vers l'entrée de son appartement. En chemin, elle se saisit d'une paire de lunettes de soleil qu'elle place aussitôt sur son nez.

Quelques verres teintés, ce n'est pas ça qui la protégera non plus.

Mais la peur a ses raisons que la raison ignore, alors peu importe.

« Est-ce que ça va aller ? », s'inquiète Tikki depuis l'ouverture de son sac, tout en lui jetant un regard soucieux.

La main sur la poignée de la porte, Marinette se fige, puis pousse un profond soupir.

« J'espère. »




Le cerveau encore embrumé par le manque de sommeil, Marinette traverse le campus quasi-désert d'un pas mécanique.

Elle se dirige tout droit vers la machine à café la plus proche, à la recherche de ce précieux breuvage qui pourra donner à son esprit le coup de fouet dont il a besoin. Ajouter de la caféine à un mélange déjà conséquent de stress et d'angoisse n'est peut-être pas là meilleure idée qui soit, mais peu importe. Au vu de la menace qui plane sur elle, Marinette tient à rester aussi vigilante que possible.

Son gobelet en main, la jeune femme gagne son amphithéâtre et s'assied à sa place habituelle. Autour d'elle, les étudiants s'installent à leur tour dans un joyeux brouhaha. Certains sont bien trop énergiques pour une heure si matinale, d'autres ont l'air aussi peu réveillés qu'elle (pour dire), mais cette agitation de début de cours dégage une impression de familiarité merveilleusement réconfortante.

Après tout, peut-être le monde ne s'est-t-il pas entièrement effondré hier.

Le nez plongé dans ses affaires, Marinette entend distraitement son professeur saluer ses élèves en entrant à son tour dans l'amphithéâtre. Cependant, loin de baisser comme il le fait traditionnellement à cette occasion, le volume sonore ambiant augmente brusquement.

Autour de la jeune femme, les élèves s'agitent et laissent échapper des éclats de voix surpris.

Aussitôt sur ses gardes, Marinette relève vivement la tête pour chercher la source de cette effervescence...

... et manque littéralement de tomber de son siège sous le coup de la surprise.

Aux côtés de son professeur se trouve un jeune homme qu'elle pourrait reconnaître entre mille.

Un jeune homme blond, aux yeux incroyablement verts, et dont le sourire timide ressemble furieusement à celui qui éclairait son visage lors de son premier jour d'école.

Adrien.

Tandis que le cerveau de Marinette tente toujours d'assimiler cette vision surréaliste, le professeur réclame autoritairement le silence.

« J'ai une annonce à vous faire », commence-t-il posément. « Je sais que c'est plutôt inhabituel à cette période de l'année, mais un nouvel élève va nous rejoindre pour les quelques semaines de cours qu'il nous reste encore. Je vous demande à tous de lui faire bon accueil. »

Alors qu'un murmure interloqué parcourt la salle, le professeur se tourne légèrement vers le jeune homme qui se tient toujours à ses côtés.

« Je vous présente Adrien Agreste », poursuit-t-il, imperturbable, tout en posant paternellement la main sur l'épaule d'Adrien. « Vous devez normalement avoir entendu parler de son père, le célèbre Gabriel Agreste. Pour rappel, nous avons étudié sa collection automne-hiver de l'an passé pas plus tard qu'il y a... »

Mais Marinette ne l'écoute déjà plus.

Toute son énergie est concentrée sur une chose : diriger son esprit ailleurs que vers les raisons qui auraient pu pousser Adrien à réapparaître aussi brusquement dans sa vie. Elle a déjà eu sa part de soupçons quant à l'identité de son coéquipier et là, la coïncidence est trop grosse pour être ignorée.

Mais elle ne veut pas y penser.

Elle refuse de songer à Chat Noir et à ce qui pourrait peut-être être sa véritable identité.

Elle est déjà une cible.

Hors de question pour elle de mettre son partenaire en danger plus que nécessaire en sachant avec certitude qui se cache derrière son masque.

Visiblement inconscient des tourments que sa simple présence inflige à son ancienne camarade de classe, Adrien remonte l'amphithéâtre en direction de Marinette et s'installe arbitrairement à côté d'elle.

« Salut », lui souffle-t-il à voix basse. « On dirait qu'on se retrouve de nouveau dans la même classe. »

Le sourire d'Adrien est engageant, sa voix chaleureuse, mais Marinette n'arrive plus à réfléchir.

Trop de fatigue, trop de surprise.

« Qu'est ce que tu fais là ? », lâche-t-elle machinalement, incapable de faire preuve du tact le plus élémentaire.

Alors que la jeune femme s'empourpre jusqu'à la racine des cheveux en réalisant ce qu'elle vient de dire et commence à bredouiller des excuses pour son manque de délicatesse, Adrien l'interrompt d'un petit geste de la main.

« J'ai déjà fini mes cours », explique-t-il avec un sourire affable. « Je suis en stage dans la société de mon père jusqu'à la prochaine rentrée, et curieusement, ça se passe plutôt bien. Sauf que je n'ai jamais fait d'études de mode », confesse-t-il en se passant la main derrière le crâne, « et mon père pense que ça pourrait être bien pour moi d'en découvrir un peu plus là-dessus, pour savoir si je veux vraiment continuer à m'impliquer dans son travail. Comme il connaît bien le directeur de cette école, il s'est arrangé pour que je puisse venir quelques semaines en observation. Et me voilà ! », conclut-il joyeusement.

Marinette lui jette un coup d'œil suspicieux, mais l'expression angélique d'Adrien est celle de l'innocence incarnée.

Le mannequin ouvre la bouche dans une volonté manifeste de poursuivre la conversation quand soudain, la voix de leur professeur les rappelle à l'ordre. Les joues rouges de gêne, les deux jeunes gens échangent un regard embarrassé. Puis, sans perdre un instant de plus, ils sortent diligemment feuilles et crayons et commencent enfin à suivre le cours.




Lorsqu'arrive la pause de midi, Marinette et Adrien retrouvent Alya et Nino pour manger avec eux. Voir ainsi ses amis attablés avec elle rappelle à Marinette le collège et toutes ces heures que leur petit quatuor passait ensemble entre deux cours.

Hélas, l'insouciance de cette époque bienheureuse quant à elle bien loin.

Contrairement à tout à l'heure, le campus est à présent noir de monde.

Marinette se sent terriblement vulnérable dans cette foule où le danger peut surgir de nulle part.

Trop de visages inconnus, trop de gens à surveiller.

Si jamais le Papillon l'avait réellement repérée...

Incapable de se concentrer sur la conversation, Marinette mange en silence. Elle ne cesse de jeter des coups d'œil fébriles à droite, à gauche, le corps entier tendu comme un nerf prêt à rompre. Ce n'est que quand Alya pose délicatement sa main sur la sienne qu'elle réalise soudain qu'elle tapote nerveusement la table avec le manche de sa fourchette, et que son amie essayait d'attirer son attention sur ce fait depuis au moins deux bonnes minutes.

« Oh, désolée ! », s'excuse-t-elle en lâchant son couvert aussi brusquement que s'il venait de lui brûler la main.

Alors que le cliquetis métallique de la fourchette se perd dans le brouhaha ambiant, Marinette tente de relancer la conversation avec autant de naturel possible. Néanmoins, le regard lourdement suspicieux que lui jette sa meilleure amie lui confirme qu'au moins une personne n'a pas été dupe de ses efforts.

L'intuition de Marinette se trouve confirmée dès la fin du repas, lorsqu'Alya lui ordonne (enfin, lui "propose") de se retrouver autour d'un café à la sortie des cours. Et histoire de faire bonne mesure, la jeune blogueuse accompagne son invitation d'un regard qui signifie clairement « Si jamais tu te défiles, je te traquerais, je te trouverais et je t'interrogerais ».

Marinette connaît Alya presque aussi bien qu'elle se connaît elle-même. Quand son amie arbore une expression aussi résolue, elle sait qu'il est inutile de résister.

Alors, sans chercher à lutter, elle accepte.

Et après tout, parler à Alya lui fera peut-être du bien.




Au grand soulagement de Marinette, le reste de la journée se poursuit sans incident notable à déplorer.

En revanche, de là à dire qu'elle se poursuit dans la sérénité la plus totale, il y a hélas une large marge.

Marinette reste à ce point sur ses gardes qu'elle ignore combien de temps sa santé mentale résistera à pareil traitement. Impossible pour elle de traverser un couloir sans jeter un coup d'œil prudent par-dessus son épaule, d'arriver dans une salle sans guetter immédiatement la présence d'une issue de secours, de suivre correctement une conversation tant son attention se focalise sur ce qui se passe autour d'elle.

Même la présence continuelle d'Adrien à ses côtés ne parvient pas à lui changer les idées.

Le moindre visage inconnu lui apparait comme un ennemi potentiel. Le plus petit bruit sortant de l'ordinaire la fait sursauter avec tant de force qu'elle s'émerveille à chaque fois de ne pas avoir été aussitôt foudroyée par une crise cardiaque.

Elle est toujours en éveil. Toujours à guetter, analyser, soupçonner.

C'est sans fin.

Cet état de veille perpétuelle épuise la jeune femme, et c'est avec la plus grande joie qu'elle voit arriver la fin de journée.

Une fois son dernier cours terminé, Marinette traverse le campus en direction du café où Alya et elle ont leurs habitudes. Son cerveau lui semble au bord de l'implosion et une sourde douleur pulse sous son crâne, mais malgré tout, elle est heureuse à l'idée de retrouver son amie.

Un rendez-vous avec Alya, voilà une bouffée d'oxygène bienvenue dans son étouffante journée.




Dès son arrivée, Marinette se réfugie à l'intérieur du café et envoie un bref message à Alya pour la prévenir. Son amie la rejoint à peine quelques minutes plus tard et les deux jeunes femmes s'attablent au fond de la pièce.

« Alors ? », commence Alya sans autre forme de préambule, sourcils froncés par l'inquiétude. « Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Tu n'as vraiment pas l'air dans ton assiette aujourd'hui. »

Pour toute réponse, Marinette se contente de faire tourner distraitement son verre entre ses doigts. La question d'Alya la ramène une journée en arrière, au cœur de ces instants de cauchemar où tout a basculé.

Le vilain. La peur. L'horreur.

Comment réussir à mettre des mots sur ce qu'elle éprouve ?

« Il s'est passé quelque chose ? », insiste Alya, visiblement alarmée par le silence de son interlocutrice. « C'est... »

La jeune femme s'interrompt le temps de jeter un coup d'œil méfiant aux alentours, puis se penche vers son amie.

« C'est en rapport avec ton autre activité ? », lui souffle-t-elle à voix basse. « Hier, je me suis dit que tu avais l'air un peu absente, à la fin. J'ai mis ça sur le compte de la fatigue, mais ce n'est pas ça, n'est-ce pas ? », poursuit-elle avec une angoisse évidente. « Il s'est vraiment passé quelque chose ? »

Soulagée que son amie aborde d'elle-même le sujet, Marinette hoche doucement la tête.

Avant le Papillon, avant Chat Noir, il y a eu Alya.

Son amie a découvert d'elle-même son secret lorsqu'elles étaient en première et lui offre depuis tout le support dont elle pourrait avoir besoin. Excuses diverses et variées pour justifier ses absences, soutien moral et logistique, Alya est sur tous les fronts. Elle est rapidement devenue pour Ladybug une alliée aussi fidèle que Chat Noir ou Tikki, et c'est sans la moindre réserve que Marinette peut désormais lui confier son histoire.

Essayant vaillamment d'ignorer la façon dont les yeux d'Alya s'écarquillent d'horreur à mesure qu'elle progresse, Marinette déroule son récit.

Sa voix n'est qu'un murmure à peine perceptible et elle doit serrer les poings si forts pour empêcher ses mains de trembler que les jointures de ses doigts prennent une pâleur de cire, mais elle tient bon.

Elle raconte cette partie du combat dont personne d'autre que son coéquipier et son ennemi n'ont eu conscience. Sa fuite. Sa détransformation. Son visage à découvert. Elle parle, parle, parle encore, détaillant un à un tous les évènements de cette terrible journée.

Le teint livide sous son hâle, Alya l'écoute sans mot dire.

Puis, dès l'instant où Marinette termine son récit, elle prend la parole à son tour.

Avec une ferveur digne de celle de Chat Noir, Alya fait de son mieux pour réconforter son amie par tous les moyens. Elle affirme à son tour que le visage de Marinette n'est qu'un parmi la foule et que ce n'est pas parce que son ennemi l'a vue qu'il connait pour autant son identité. Paris est vaste, martèle-t-elle. Les jeunes femmes aux cheveux noirs et aux yeux bleus s'y comptent certainement par milliers et le Papillon l'a à peine aperçue quelques secondes.

Les probabilités pour qu'il ait pu l'identifier si aisément sont minces.

Sans se démonter le moins du monde, Alya assure à son amie qu'elle se tiendra malgré tout prête à faire des recherches sur la moindre personne suspecte qui s'approchera d'elle – quitte à utiliser des moyens flirtant dangereusement avec la légalité – et qu'elle diffusera préventivement de fausses informations via le Ladyblog. Elle promet même à Marinette qu'elle ira elle-même botter les fesses du Papillon si ce dernier à le malheur de toucher à un seul de ses cheveux.

Pour la première fois de la journée, Marinette éclate sincèrement de rire à cette idée.

« Je suis sérieuse ! », proteste Alya avec indignation. « Ce sale bonhomme n'a pas intérêt à s'en prendre à toi ! »

Continuant sur sa lancée, Alya énumère tour à tour mille plans qui pourraient permettre de garantir la sécurité de son amie.

Elle propose de mettre Kim et Alix à contribution comme gardes du corps si le besoin s'en fait sentir – Kim a l'air suffisamment impressionnant pour dissuader quiconque de s'en prendre à elle et Alix peut réellement être effrayante quand elle le veut. Elle suggère à son amie de se teindre en blonde ou en rousse pour modifier son apparence, avant de se rétracter immédiatement en réalisant que le changement se verrait aussitôt chez Ladybug. Elle parle enquête, pièges, changement d'identité, leurres.

Tout ce qui lui vient en tête et qui pourrait offrir autant de pistes à son amie.

Elle propose même à Marinette de venir un peu chez elle, histoire que Tikki et elle ne pas restent pas seules.

Marinette serait presque tentée par cette dernière offre si Alya ne vivait pas toujours avec sa famille. Mais elle ne veut pas mettre les proches de son amie en danger dans la terrifiante hypothèse où elle attirerait un akuma avec elle, alors elle préfère décliner.

Durant encore longtemps, les deux amies poursuivent leur conversation.

Elles parlent du Papillon.

De Marinette. De Ladybug.

Du danger qui plane sur la tête de la jeune femme.

Puis, de fil en aiguille, leur ton se fait peu à peu plus léger, comme un vaillant pied de nez à cette terrible situation.

Alya se met à taquiner gentiment Marinette, qui n'hésite pas un instant à répondre aux plaisanteries de son amie. La jeune héroïne se paye même le luxe de citer l'un des jeux de mots préférés de son coéquipier, au grand amusement de son interlocutrice.

Marinette ne saurait dire combien elle est reconnaissante à son amie de la soutenir avec autant de force, au point même de réussir à la faire sourire dans ce moment difficile.

Certes, l'angoisse est toujours là. Elle se glisse dans les silences qui s'installent parfois entre les deux jeunes femmes, se tapit dans l'ombre de leurs valeureuses paroles de réconfort.

Mais Marinette sait qu'elle n'est pas seule.

Elle a Tikki.

Elle a Alya.

Elle a Chat Noir.

Chacun de leurs encouragements est comme autant de pierres qui s'ajoutent à l'édifice de son courage. Ils la rendent plus forte, plus sûre, plus confiante en l'avenir et en ses chances de se sortir de cette terrible épreuve.

Avec eux pour la soutenir, elle pourra se battre.

Elle se battra, et elle gagnera.

Il le faut.

A tout prix.  

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