Chapitre 37
Note :
Pour rappel, je ne suis pas du tout à jour dans la diffusion de la saison 3 (je n'ai vu que les 4 premiers épisodes) et je fuis les spoilers comme la peste. Au moment où je poste ce chapitre, le kwami du Paon n'est donc jamais apparu dans les épisodes que j'ai regardé. Je ne sais même pas s'il doit apparaître dans cette saison et je ne veux pas le savoir.
Merci de ne rien me spoiler le concernant. Ni son nom, ni son caractère, ni si il est déjà apparu et dans quel épisode, ni rien du tout en fait ^^ .
Merci !
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À peine quelques minutes après que Nino ait donné son accord pour endosser le rôle périlleux de protecteur de Paris, Adrien se retrouve à faire route avec lui en direction de la demeure de son père.
Le temps est un luxe qu'ils ne peuvent se permettre. Une attaque peut survenir n'importe où, n'importe quand. Plus tôt Nino récupèrera le miraculous du Paon, plus vite le quatuor de héros nouvellement formé aura une chance d'arrêter enfin Volpina.
Avançant à bonne vitesse, les deux amis ne mettent que peu de temps à atteindre la luxueuse demeure de Gabriel Agreste. Ils y sont accueillis par Nathalie qui, son inséparable tablette en main, leur fait aussitôt part des instructions de son employeur.
« Adrien, votre père souhaite voir votre ami seul à seul », annonce-t-elle d'un ton sans réplique. « Vous pouvez attendre dans votre ancienne chambre. Monsieur Lahiffe », poursuit-elle en se tournant vers Nino, « suivez-moi. Monsieur Agreste va vous recevoir immédiatement. »
Manifestement peu rassuré, Nino jette un regard interrogateur à son meilleur ami.
La gorge soudain désagréablement sèche, Adrien ne peut s'empêcher de déglutir. Même avec les années, les manières autoritaires de son père n'ont jamais cessé de lui hérisser le poil – sans mauvais jeu de mot. Difficile pour le jeune homme de se sentir parfaitement serein en se voyant accueilli avec autant d'amabilité que s'il avait été un inspecteur des impôts, et les circonstances tout à fait exceptionnelles de cette entrevue ne sont pas pour le rasséréner davantage.
Gabriel va-t-il tenir sa parole ?
Revenir sur sa promesse ?
Imposer des conditions drastiques auxquels son fils et ses alliés n'auront d'autre choix que de se plier pour pouvoir obtenir ce précieux miraculous dont ils ont tant besoin ?
Impossible à dire.
Mais pour autant, hors de question pour Adrien de laisser ses angoisses déteindre sur Nino. Il plaque sur son visage un sourire bien, bien plus optimiste que celui qui reflèterait son réel état d'esprit et encourage son meilleur ami à obéir d'un signe du menton.
« Ne t'inquiète pas, ça va aller », lui affirme-t-il avec une assurance qu'il est loin de ressentir. « Je suis sûr que ça va n'être qu'une simple formalité. »
Mais Nino connaît trop bien l'illustre géniteur de son meilleur ami pour pouvoir croire à pareil miracle, et la moue dubitative qu'il échoue à dissimuler indique à Adrien que ses belles paroles sont restées lettre morte.
Malgré tout, Nino redresse légèrement la tête et tend la main vers Adrien pour lui donner une tape amicale sur l'épaule.
« Ok », répond-il en lui rendant son sourire. « À tout de suite. »
Puis, sans un mot de plus, le jeune homme tourne les talons et s'éloigne à la suite de Nathalie.
Assis sur le canapé qui trône dans son ancienne chambre, Adrien regarde sans réellement les voir les images qui défilent sur l'écran de son téléviseur. Il sort son téléphone de sa poche, regarde l'heure pour ce qui lui semble être la millième fois (au moins !) et range l'appareil en poussant un profond soupir de frustration.
« Tu crois que ça va durer encore longtemps ? », lance-t-il à l'attention de Plagg. « Ça fait des heures que Nino est parti voir mon père. »
Perché à l'autre bout du canapé, le petit kwami gratifie son partenaire de son regard le plus condescendant.
« Et d'une, ça ne fait pas si longtemps », rétorque-t-il d'une voix hautaine. « Et de deux, quand bien même, qu'est ce que tu voudrais que ton père fasse à Nino ? Qu'il le mange ? Il n'est pas si maléfique que ça. À ta place je m'inquièterai d'abord pour le camembert. Si ça se trouve ils prennent leurs temps parce qu'ils sont en train de dévorer toutes mes réserves », conclut-il avec un frisson d'horreur.
Adrien ouvre la bouche pour répondre vertement à son kwami quand soudain, un bruit familier attire son attention.
Le bruit d'une porte, qui s'ouvre et se referme pour laisser place à un Nino sensiblement plus pâle que d'ordinaire.
Adrien se lève aussi brusquement que s'il avait été propulsé par un ressort et se précipite à la rencontre de son meilleur ami.
« Nino ! Est-ce que ça va ? »
Visiblement légèrement secoué, Nino lève sur lui un regard hébété.
« Wow mec... », articule-t-il d'une voix blanche. « Je pensais que je savais à quel point ton père pouvait être flippant quand il voulait mais... wow... j'avais tort. Jusque-là je ne l'avais jamais vu essayer d'intimider vraiment quelqu'un. »
Un faible sourire aux lèvres, Adrien pose une main compatissante sur le bras de son ami.
« Il peut être très persuasif quand il veut », approuve-t-il avec un petit haussement d'épaules d'excuse.
« J'ai vu ça », soupire lourdement Nino en secouant la tête, comme pour tenter de chasser physiquement ces pénibles souvenirs de sa mémoire.
Mais l'esprit d'Adrien reste ailleurs.
En temps normal, il serait le premier à compatir avec quiconque se serait retrouvé sous les foudres de son père (à l'exception de Lila ou du Papillon, bien sûr). Mais là, la nervosité qui le tenaille est telle qu'elle menace de le dévorer vivant s'il n'a pas de réponses à ses questions maintenant.
« Et donc ? », demande-t-il d'une voix tendue. « Le miraculous ? »
Aussitôt, Nino bombe machinalement le torse.
L'expression déconfite qui marquait jusque-là son visage s'efface, éclipsée par le sourire triomphant qui éclaire ses traits alors qu'il retourne l'encolure de son t-shirt pour dévoiler une broche d'un doux bleu-vert.
« Mission accomplie », lâche-t-il avec un clin d'œil satisfait.
Nino tend un poing victorieux vers son meilleur ami, dans une splendide imitation de la célébration signature de Chat Noir et Ladybug.
Mais incapable de contenir plus longtemps la joie, la fierté et surtout l'intense sentiment de soulagement qui déferlent sur lui, Adrien ne prend même pas garde au geste de Nino. Ignorant royalement sa main tendue, il bondit vers lui pour le serrer de toutes ses forces dans ses bras, lui arrachant un glapissement de surprise au passage.
« Tu as réussi ! », s'exclame-t-il dans un éclat de rire, tout en le congratulant à coup de vigoureuses claques dans le dos. « Bravo ! »
Passé l'instant de stupéfaction, Nino s'esclaffe devant l'enthousiasme de son ami et passe à son tour ses bras autour de lui pour lui tapoter gentiment l'épaule.
Durant quelques instants encore, les deux coéquipiers se félicitent encore à grand renfort de paroles joyeuses et de grands gestes de la main. Ce n'est que quand Adrien s'écarte enfin de Nino qu'il remarque soudain la présence d'un petit être bleu, qui volette aux côtés de son ami tout en le dévisageant avec un sourire indulgent.
Oh.
Bien sûr.
Si Nino a pu récupérer le miraculous de son père, il a nécessairement aussi hérité d'un minuscule compagnon pour l'assister dans sa tâche.
« Bonjour Adrien », lui lance la créature d'une petite voix flutée, stoppant là le court de ses pensées. « Nous n'avons jamais eu le plaisir d'être présentés. Je suis Phazzi, le kwami du Paon. »
Joignant le geste à la parole, le petit être s'incline gracieusement dans les airs pour saluer son interlocuteur.
« Enchanté, Phazzi », répond Adrien avec un franc sourire. « C'est un plaisir de te rencontrer enfin. »
« Plaisir partagé », réplique joyeusement le kwami. « Et sur un autre sujet », ajoute-t-il d'un ton approbateur, « je tiens à te dire que je trouve ta symétrie maxillaire absolument remarquable. »
Pris de court, Adrien porte machinalement sa main à sa mâchoire et hausse un sourcil interloqué.
Peut-être a-t-il mal entendu. Ou mal compris.
Mais l'expression perplexe de Nino lui confirment que ses oreilles ne lui ont pas jouée des tours et que Phazzi vient bien de complimenter le bas de son visage de la plus étrange manière.
« Heuu... merci ? », finit-t-il par répondre d'une voix incertaine.
« Ne t'inquiète pas pour ça », intervient Plagg avec un ricanement moqueur. « Phazzi a toujours été fasciné par l'Art », poursuit-il en insistant avec une emphase ironique sur ce dernier mot. « S'il y a le moindre truc qu'il trouve beau à voir ou à entendre, tu peux être sûr qu'il ne va pas pouvoir s'empêcher de disserter dessus. »
« Plagg, tu n'as absolument aucun sens esthétique », réplique Phazzi en secouant doucement la tête. « Ou artistique. »
« Et je ne m'en porte pas plus mal, merci », rétorque Plagg sans se formaliser le moins du monde de la critique explicite de son camarade. « Qu'on me parle plutôt de camembert, ça c'est de l'art, du vrai ! »
Refusant visiblement de s'embourber dans une conversation qui n'a certainement jamais mené nulle part, Phazzi se tourne vers Nino avec un sourire aimable.
« À ce propos, j'ai cru comprendre que tu aimais particulièrement la musique ? », lui lance-t-il avec un intérêt non dissimulé. « Est-ce que le menuet est toujours à la mode ? »
Quoique visiblement surpris, le jeune homme met un point d'honneur à ne pas laisser échapper la moindre parole désobligeante – contrairement à Plagg, qui se fend d'un nouveau rire moqueur.
« Plus depuis quelques siècles, j'en ai peur... », réplique-t-il avec un petit sourire contrit.
« Oh ? », relève Phazzi avec étonnement. « Intéressant, intéressant... Nous en rediscuterons une fois que tout ça sera fini. »
Et soudain, le regard du kwami se fait dur comme de la pierre. Toute trace d'affabilité déserte ses traits, remplacée par une expression d'une gravité presque dérangeante pour un petit être à l'apparence si adorable.
« En attendant, il y a plus urgent à faire », reprend-il d'un ton aux inflexions si sérieuses qu'Adrien a soudain la désagréable impression de se retrouver face à une minuscule incarnation de son père. « Nous devons arrêter le Papillon. »
Bien que surpris par le changement de comportement drastique de Phazzi, Adrien ne pourrait pas être plus d'accord avec ses propos.
Assez perdu de temps.
« Exactement », approuve-t-il avec un bref hochement de tête, avant de se tourner vers son meilleur ami. « Est-ce que tu sais comment te transformer ? »
« Oui », lui confirme Nino sans la moindre once d'hésitation. « Phazzi », s'exclame-t-il en posant instinctivement sur la broche en forme d'éventail accrochée à son col, « transforme-moi ! »
Il ne faut à la magie que quelques fractions de secondes et un éclair de lumière azur pour faire son œuvre. Le jeune homme à l'apparence jusque-là on ne peut plus ordinaire qu'était Nino laisse place à un super-héros, vêtu de la tête aux pieds d'un costume d'un profond bleu roi.
« Woaw... », murmure-t-il avec émerveillement, les yeux rivés sur ses mains gantées.
Peinant toujours à y croire, le nouveau héros parcourt sa tenue du regard pour mieux en admirer les détails. Il sourit en découvrant des motifs rappelant le dessin qui orne la queue des paons, tend la jambe et fait tourner machinalement sa cheville pour scruter les bottes qui remontent jusqu'à ses mollets, pivote la tête en arrière autant que possible tout en tordant son dos et ses hanches afin de mieux poursuivre son inspection.
Debout face à lui, bras croisés sur la poitrine, Adrien le regarde faire avec un petit sourire amusé.
« Et bien », lâche-t-il d'un ton approbateur, « les choses sérieuses commencent.
Le miraculous du Paon enfin entre les mains de Nino, les deux amis ne voient guère de raisons de s'attarder plus longtemps dans la demeure de la famille Agreste.
Après avoir salué son père et s'être vu aimablement rappeler par lui qu'il avait tout à fait la possibilité de faire de la vie de Nino un enfer ce dernier avait le malheur de trahir sa confiance, Adrien regagne sa chambre et se transforme à son tour.
« Au fait, tu as choisi ton nom de héros ? », se renseigne-t-il en se tournant vers son meilleur ami.
« Je vais faire terriblement original », réplique ce dernier avec un sourire en coin. « Tu peux m'appeler le Paon. »
« Va pour le Paon, alors », approuve Chat Noir en se dirigeant vers son immense baie vitrée. « Et maintenant, allons-y », conclut-il en ouvrant une fenêtre d'un geste fluide.
Mais le Paon reste immobile, ses yeux écarquillés de surprise rivé à l'ouverture que lui désigne son coéquipier.
« Allons-y... par là ? », demande-t-il d'une voix incrédule.
« Hey, il va falloir t'y habituer », réplique Chat Noir avec un clin d'œil malicieux. « Tu as un miraculous, tu as le droit – et le privilège ! – d'utiliser la sortie des héros. »
« Et donc l'idée, c'est de descendre depuis ici ? », poursuit le Paon en s'approchant de la fenêtre pour jeter un coup d'œil vers le bas.
« Plutôt de sauter directement sur l'immeuble d'en face », réplique son coéquipier sans hésiter. « C'est plus rapide. »
« Ok... », approuve le Paon en jetant un bref coup d'œil au bâtiment pour mieux évaluer la distance. « J'ai intérêt à ne pas me rater. Tu as peut-être l'habitude de passer par là, mais je te rappelle que je débute », fait-il remarquer à son ami avec un petit sourire contrit.
« Si ça peut te rassurer, je suis déjà tombé de bien plus haut », lui confie Chat Noir en se passant la main dans les cheveux d'un geste embarrassé.
« Je ne suis pas certain que ça soit vraiment rassurant », rétorque le Paon dans un éclat de rire. « Mais ok », poursuit-il. « Si tu dis que je peux le faire, je te fais confiance. »
Ces derniers mots, prononcés avec une tranquille certitude, font gonfler dans le cœur de Chat Noir une soudaine et immense vague d'affection.
Il comprend l'appréhension de Nino. Le moment est venu pour lui de se jeter dans le vide, au sens propre comme au figuré. Mais sa foi en lui le touche, le bouleverse bien plus qu'il ne pourrait jamais l'exprimer avec des mots.
Nino a accepté de se battre à ses côtés sans exprimer la moindre réserve et sachant le danger auquel il s'exposerait. Et aujourd'hui, il lui réaffirme avec le plus parfait naturel combien il croit en lui.
Jamais, jamais Chat Noir n'aurait un jour espéré avoir un ami aussi fidèle et aussi dévoué.
La gorge soudain étrangement serrée, Chat Noir se racle machinalement la gorge. Il s'avance vers le Paon et pose une main sur son épaule, autant pour tenter de dissimuler sa propre émotion que pour lui montrer son soutien indéfectible.
« Ne t'inquiète pas », affirme-t-il d'un ton qui, il l'espère, saura chasser les derniers doutes de son nouveau coéquipier. « Ça peut avoir l'air impressionnant pour un premier saut, mais rappelles toi que tu es un héros maintenant. Tu es plus fort, plus rapide, plus résistant. Tout ira bien. »
« Et au pire, je compte sur toi pour me rattraper », le taquine son ami avec un clin d'œil complice.
En dépit de l'émotion qui l'étreint toujours, Chat Noir ne peut retenir l'éclat de rire qui franchit joyeusement ses lèvres.
« Promis ! », s'esclaffe-t-il. « Et maintenant, allons-y ! Je te montre le chemin. »
Si Nino s'est montré au départ moins à l'aise qu'Adrien, qui a embrassé son rôle de Chat Noir comme s'il n'avait attendu que ce moment depuis la naissance (ainsi qu'avec un certain dédain pour tout instinct d'auto-préservation), il n'en trouve pas moins rapidement ses marques. Il se retrouve très vite à bondir avec aisance aux côtés de son coéquipier, et c'est à bonne allure que les deux héros progressent en direction de l'appartement d'Adrien.
Quand les deux amis se faufilent finalement sur le balcon du jeune homme, le Paon se tourne vers son partenaire avec un sourire béat.
« Woaw, mec, c'était génial ! », s'exclame-t-il avec des étoiles plein les yeux. « Je ne suis pas certain que je serais fan des combats, mais ça... Faire des sauts de trois mètres de hauteur ou de longueur, bondir sur les toits... C'est quand tu veux ! », conclut-il en tendant le bras vers son interlocuteur pour lui donner une tape complice dans la paume de la main.
« Haha oui, ça fait partie des bons côtés du boulot », confirme Chat Noir avec un gloussement amusé.
Sur ses entrefaites, les deux amis pénètrent dans le salon où les attendent encore Alya et Marinette. Ils y sont aussitôt accueillis par d'impressionnantes exclamations de joie, aussi bien de la part des jeunes femmes que de leurs kwamis respectifs.
Tandis qu'Alya se précipite dans les bras de son compagnon, Marinette s'approche de Chat Noir pour cogner son poing contre le sien.
« Vous avez réussi », constate-t-elle avec un immense sourire. « Bravo ! »
« Tout le mérite en revient à Nino », réplique Adrien en se détransformant, le visage tout aussi radieux que celui de sa partenaire. « Il a réussi à finir de convaincre mon père, et c'était loin d'être gagné d'avance. »
« Ça, j'imagine bien », confesse Marinette avec un petit rire soulagé.
Marinette et Adrien échangent un dernier sourire satisfait puis, notant que les effusions du Paon et d'Alya semblent toucher à leur fin, se tournent vers leurs amis pour aller les rejoindre.
Alors que la conversation va bon train, Marinette scrute d'un regard intrigué l'objet accroché dans le dos de son nouveau coéquipier.
Un objet dont la taille et la forme peuvent sans conteste rappeler celles d'une petite raquette de tennis, mais dont l'usage pourrait au contraire difficilement être plus éloigné.
À vrai dire, l'utilisation d'un pareil attirail comme outil de combat efficace paraît même si incongrue à Marinette que la jeune femme se sent plongée au fond des abîmes de la perplexité.
Certes, elle est elle-même armée d'un yo-yo pour faire régner l'ordre sur Paris.
Certes, Alya se retrouve quant à elle affublée d'un pinceau géant capable de produire du miel à volonté.
Mais tout de même...
Il est impossible, catégoriquement impossible que Nino puisse être contraint de se battre avec un...
« ...un miroir ? », s'étonne-t-elle en fronçant les sourcils d'un air mi-inquiet, mi-dubitatif. « C'est ça ton arme ? »
« Exactement », réplique le Paon avec un immense sourire.
Le jeune homme passe son bras dans son dos d'un geste souple et tend son arme vers Marinette pour la soumettre à son examen.
Croisant le regard perplexe de son propre reflet, Marinette effleure la surface réfléchissante du bout des doigts.
Cet objet qui l'intrigue tant n'est bien nul autre qu'un miroir ovale, rattaché à un long manche, et dont le cadre bleu comporte les mêmes motifs semblables à des yeux que ceux qui ornent les queues de paon et le costume de son nouveau coéquipier.
Mais bien que Nino ne semble guère s'en formaliser, la présence d'un tel ustensile entre les mains d'un héros paraît toujours aussi peu protocolaire à Marinette que celle de la présence purement désintéressée de Chloé à un gala de charité pour la sauvegarde des pingouins. Impossible pour elle d'imaginer quiconque attaquer ou se défendre au corps à corps avec une pareille arme sans courir aussitôt à la catastrophe.
Détachant son regard du reflet du miroir, Marinette plonge ses yeux dans ceux du Paon.
« Et... ça ne risque pas de se casser, si jamais tu te bats avec ? », lui demande-t-elle d'une voix lourde de scepticisme.
« Pas selon le père d'Adrien », la rassure son interlocuteur en faisant négligemment tournoyer son arme entre ses doigts. « Il m'a promis que ce miroir est aussi solide que ton yo-yo ou que le bâton de Chat Noir », conclut-il en donnant un coup sec sur la surface polie pour mieux illustrer son propos.
« Et pour ça, je lui fais confiance », approuve Adrien avec un faible sourire. « Mon père est loin d'approuver toutes mes fréquentations, mais il n'irait pas jusqu'à nous mettre tous en danger juste parce qu'il n'aime pas Nino. »
« Mais si ça peut te rassurer, j'ai fait un essai sur le chemin », ajoute le Paon à l'attention de Marinette. « J'ai tapé contre une cheminée avec, et regarde », poursuit-t-il en lui mettant – littéralement- le miroir sous le nez. « Pas une égratignure ! Pourtant je peux t'assurer que j'y suis allé de bon cœur ! »
« Mais pas de trop bon cœur, si ça peut te rassurer », intervient aussitôt Adrien devant le pincement de lèvres réprobateur qui apparaît furtivement sur les traits de sa compagne. « On n'a rien cassé. »
« Promis », confirme hâtivement le Paon.
Les yeux d'un bleu perçant de Marinette se posent tour à tour sur les deux amis. Et, lentement, la jeune femme sent un irrépressible sourire se dessiner sur son visage.
Il n'y a désormais plus d'inquiétude à éprouver, plus d'hésitation à avoir.
Avec Nino, leur équipe est enfin complète et la victoire plus que jamais à portée de main.
Elle le sent.
Elle le sait.
Le cœur soudain gonflé d'une merveilleuse vague d'optimisme, Marinette relève fièrement le menton et, mains posées sur les hanches, promène un regard gorgé de confiance et d'affection sur ses trois coéquipiers.
« Et bien, le Papillon et Lila n'ont plus qu'à bien se tenir », conclut-elle de la même voix convaincue que celle avec laquelle elle avait défié son ennemi lors ses premiers jours d'héroïne. « Cette fois, on va les arrêter ! »
Note : Pour celles et ceux qui se demanderaient d'où je sors le nom de Phazzi (il fallait bien que j'en invente un xD ), c'est parce que les paons appartiennent à la famille des phasianidés :) .
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