Chapitre 31

Le lendemain, Marinette se réveille avec le bras d'Adrien pesant sur sa taille et le souffle chaud du jeune homme caressant sa nuque. Elle tourne tant bien que mal la tête vers son coéquipier, pour lui découvrir des traits creusés qui trahissent sans le moindre doute une nuit des plus agitées.

Marinette se fige aussitôt, osant à peine respirer de peur de tirer Adrien de son sommeil.

Mais à peine une fraction de seconde plus tard, deux yeux d'un vert lumineux qui se rivent au sien lui font prendre conscience de l'inutilité d'une pareille précaution.

Désormais réveillé lui aussi, Adrien tourne légèrement la tête et met sa main devant sa bouche pour étouffer un profond bâillement.

« Hello », articule-t-il d'une voix encore enrouée de sommeil, tout en plongeant de nouveau son regard dans celui de Marinette.

« Hey », lui répond-elle dans un murmure.

Sans un mot de plus, la jeune femme tend la main vers son compagnon pour écarter délicatement une mèche de ses cheveux.

« Tu as l'air fatigué. Tu devrais rester te reposer encore un peu », lui suggère-t-elle en laissant ses doigts courir doucement le long de sa joue.

Un faible sourire éclaire aussitôt le visage d'Adrien. Il se penche vers Marinette et dépose un léger baiser sur la pointe de son nez.

« Non, merci », réplique-t-il doucement. « Ça va aller. »





Un brin de toilette et un solide petit déjeuner plus tard, Adrien et Marinette se retrouvent dans leur salon pour rediscuter des évènements de la veille.

D'un commun accord – et avec l'assentiment de Plagg et Tikki -, ils décident d'appeler Alya pour l'informer au plus vite de leurs récentes découvertes. Maître Fu se complaît peut-être dans le secret, mais hors de question pour eux de laisser leur nouvelle coéquipière perdue dans le même brouillard que celui qui a été le leur pendant tant d'années.

Il ne faut qu'un essai à Marinette pour réussir à joindre Alya, et quatre secondes environ pour la convaincre de passer à l'appartement d'Adrien.

À peine une vingtaine de minutes plus tard, c'est une blogueuse aussi curieuse qu'inquiète qui sonne à la porte de ses amis. Marinette lui ouvre et l'invite à la suivre jusqu'au salon, où les attendent Adrien, Plagg et Tikki.

Alors que Pollen rejoint les autres kwamis au sommet d'une étagère, les trois jeunes gens s'asseyent respectivement sur le canapé et l'un des fauteuils installés autour la table basse. Visiblement anxieuse et impatiente de connaître les raisons de cette convocation urgente, Alya tambourine fébrilement des doigts sur la coque de son téléphone.

« Alors ? », lance-t-elle sans autre forme de préambule. « Qu'est-ce qu'il se passe ? »

Adrien échange un bref regard avec Marinette avant de reporter son attention sur Alya. Il entrelace machinalement ses doigts avec ceux de sa compagne, prend une profonde inspiration et commence son récit.

Durant de longues minutes, seule la voix tremblante d'émotion d'Adrien trouble le silence qui s'est installé dans le salon.

Il parle, parle et parle encore, alors que le pouce de Marinette qui caresse doucement le dos de sa main lui donne la force de poursuivre son terrifiant récit.

Assise face à lui, Alya le fixe avec des yeux écarquillés d'horreur. Son visage d'une pâleur de craie et son absence totale de mouvements lui donnent d'étranges allures de statue, comme si elle avait été soudain pétrifiée par les révélations tragiques de son ami.

Quand Adrien s'interrompt enfin, elle secoue machinalement la tête en battant des paupières, l'air hagarde, comme si elle tentait de se remettre d'un violent un coup de massue.

« Woaw... », murmure-t-elle d'un ton abasourdi, tout en faisant mécaniquement rouler ses boucles rousses entre ses doigts. « Woaw... Jamais je n'aurais cru... »

Pour une – rare – fois à cours de mot, la blogueuse s'interrompt.

Elle reste un instant silencieuse, visiblement perdue dans ses pensées. Puis, au bout d'un long, très long moment, elle relève finalement la tête et jette un coup d'œil incisif à Adrien.

« Et toi, est-ce que ça va ? », lui demande-t-elle avec un froncement de sourcils préoccupé. « Ça fait quand même beaucoup... »

« Ça ira », répond son ami avec un haussement d'épaule évasif.

La moue dubitative qui se peint sur les traits d'Alya ne laisse pas planer le moindre doute quant au peu de crédit qu'elle accorde à cette réponse. Devinant sans mal les pensées de son amie, le jeune homme se penche instinctivement vers elle.

« Ça ira, vraiment », insiste-t-il, le regard franc et la voix ferme. « Bien sûr, j'ai besoin d'un peu de temps pour assimiler tout ça », ajoute-t-il précipitamment en voyant Marinette ouvrir la bouche pour intervenir à son tour. « Mais ça va aller. Je vous l'assure. »

Alors qu'Alya se laisse retomber lourdement contre le dossier du canapé en lançant un ultime avertissement à son ami, Marinette garde ses yeux d'un bleu perçant braqués sur son coéquipier. Elle pince machinalement sa lèvre inférieure entre ses dents, une expression contrariée sur le visage.

Elle aimerait pouvoir croire aux paroles d'Adrien.

Sincèrement.

Mais hélas, au vu des récents évènements, impossible pour elle de se sentir sereine. Pas parfaitement, en tout cas.

Adrien a beau être l'une des personnes les plus fortes et les plus résilientes qu'elle connaisse, l'ampleur des révélations concernant le passé de sa famille est telle qu'elle se demande encore s'il saura les appréhender sans dommages. Et si elle connait parfaitement la force de caractère de son coéquipier, elle ne sait également que trop bien à quel point il peut se montrer doué pour dissimuler ses émotions.

Adrien lui affirme-t-il qu'il surmontera aisément cette épreuve parce qu'il en est réellement persuadé ?

Parce qu'il tente de la protéger ?

Parce qu'il cherche encore à se convaincre lui-même ?

Ou pire encore, clame-t-il en toute bonne foi que tout ira bien sans même réaliser à quel point la découverte des véritables circonstances de la disparition de sa mère a pu l'affecter ?

Marinette l'ignore.

Elle l'ignore, et elle s'inquiète.

Quoi qu'Adrien puisse dire.





Après le départ d'Alya, la journée poursuit tranquillement son cours pour Adrien et Marinette.

Du moins, en apparence.

Car au grand désarroi de la jeune femme, le temps qui passe ne fait rien pour tempérer ses craintes concernant le bien-être de son compagnon, au contraire.

Au début, ce n'est rien, ou presque.

Un sourire triste d'Adrien.

Un regard perdu dans le vague.

Des réponses trop évasives, des gestes trop lents, une attitude globalement trop calme.

Le changement de comportement d'Adrien est subtil. Si subtil que pour n'importe qui, le jeune mannequin pourrait simplement paraître un peu fatigué.

Mais Marinette n'est pas n'importe qui, et elle sait déchiffrer les attitudes d'Adrien mieux que quiconque. Elle le connaît trop bien pour ne pas manquer de remarquer l'ombre mélancolique qui assombrit ses yeux verts lorsqu'il pense qu'elle ne le regarde pas, ou pour ne pas deviner à ses traits tirés que les pensées qui ont tourmenté son sommeil le hantent encore à présent.

Et alors que l'après-midi s'avance, ce qui n'était jusque-là qu'une petite voix inquiète murmurant dans un recoin de l'esprit de la jeune femme se transforme peu à peu en ritournelle obsédante, qui l'envahit au point de devenir impossible à ignorer.

L'angoisse la ronge. Inexorablement. Impitoyablement.

Marinette ignore comment réussir à contenir ces sentiments qui la torturent et l'oppressent un peu plus à chaque fois que son regard se pose sur Adrien.

Elle voudrait pouvoir se montrer forte.

Inébranlable.

Elle voudrait réussir à afficher – et ressentir – une sérénité de tous les instants et affronter cette situation inédite avec la décontraction qui sied à une grande héroïne.

Mais ces vœux pieux ne sont que peu de choses face aux battements anxieux de son cœur et aux petites voix alarmées qui lui susurrent mille scénarios catastrophes à l'oreille.

Peu importe combien elle souhaiterait ne rien laisse transparaître de son trouble, peu importe à quel point elle craint de nourrir les tourments d'Adrien avec ses propres peurs. Impossible pour elle de mettre de côté si facilement ses inquiétudes concernant son coéquipier.

Et pire encore. En temps normal, le fait de savoir une personne chère à son cœur plongée dans de pareils tourments aurait suffit à inquiéter Marinette.

Mais là, il est question d'Adrien.

De Chat Noir.

Marinette n'est que trop bien placée pour savoir combien il est facile de perdre le contrôle de ses émotions lorsque ses proches sont pris pour cible, et à quel point il peut être dangereux pour un héros de ne pas avoir les idées claires sur le champ de bataille. D'ordinaire, Chat Noir est déjà le risque-tout de leur duo. La simple idée qu'il puisse se mettre à agir de façon aussi inconséquente qu'elle après que le Papillon se soit attaqué à ses parents lui glace le sang jusqu'aux os.

Et alors que Marinette prie silencieusement pour que le Papillon daigne enfin, enfin leur accorder au moins une journée de repos, un bulletin d'information spécial apparaît soudain sur l'écran de télévision de son coéquipier.

Une alerte.

Un akuma.

Au plus mauvais moment possible.

Marinette tourne la tête vers son partenaire, pour le voir se diriger d'un pas vif vers la baie vitrée qui donne sur le balcon.

« Allons-y », lance-t-il sans la moindre hésitation.

Le cœur lourd, Marinette hoche doucement la tête.

« Tikki », articule-t-elle sombrement. « Transforme-moi. »





Dans les rues de Paris, le combat fait rage.

Des bruits de coups résonnent de toutes parts, amplifiés et démultipliés par les échos qui se réverbèrent contre les façades des immeubles.

Mais malgré ce tumulte qui donne à la capitale des allures de gigantesque concert de percussions à ciel ouvert, impossible pour Ladybug de se concentrer pleinement sur la bataille. L'inquiétude coule comme du poison dans ses veines, perfide et insidieuse, et gangrène un peu plus son esprit à chaque fois qu'elle pose les yeux sur son coéquipier.

Alors qu'elle se perche élégamment au sommet d'une cheminée, Ladybug se surprend une énième fois à chercher son compagnon du regard. Il ne lui faut qu'une fraction de seconde pour repérer sa silhouette sombre, à peine quelques mètres en contrebas.

Chat Noir se démène comme un beau diable, bondissant et virevoltant avec la grâce de l'animal auquel il emprunte son nom.

Rien de plus normal en apparence.

Pourtant, il n'en faut pas plus à Ladybug pour sentir une nouvelle bouffée d'angoisse l'envahir.

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Chat Noir est... trop sérieux.

Trop concentré.

Trop calme.

Oh, bien sûr, Ladybug sait parfaitement que sous ses dehors fanfarons, Chat Noir est tout à fait capable de faire preuve d'un professionnalisme des plus exemplaires lorsque la situation l'exige. Mais là, le héros charmeur qu'elle a l'habitude de côtoyer a laissé sa place à une véritable machine de guerre, programmée pour se focaliser uniquement sur sa mission.

Cette constatation laisse Ladybug aussi abasourdie que désemparée.

Elle qui craignait que, comme elle autrefois, son partenaire ne se transforme en créature avide de vengeance, se découvre au contraire un coéquipier coupé de toute émotion.

Pas une parole légère ne s'échappe des mâchoires serrées du jeune homme, pas une lueur malicieuse ne traverse ses yeux d'un vert électrique. Chat Noir n'est plus qu'une arme affûtée à l'extrême, qui n'existe que pour frapper ses ennemis avec une précision chirurgicale.

Le cœur de Ladybug se serre encore un peu plus en voyant son coéquipier fondre sur leur adversaire, le visage aussi impassible que s'il avait été sculpté dans le marbre.

« Oh, chaton... », ne peut-elle s'empêcher de laisser échapper dans un murmure désolé.

Seule et piètre consolation pour elle : la parfaite maîtrise que Chat Noir semble garder de ses gestes et de son environnement. Ses mouvements d'une précision surhumaine ne se traduisent pas seulement par des attaques dévastatrices, mais aussi par des réflexes hors du commun et un sens de l'esquive plus extraordinaire encore.

Jamais Chat Noir n'a semblé aussi loin du héros enjoué qu'il est d'ordinaire, mais jamais il n'a été autant focalisé sur sa mission non plus.

Au moins, songe Ladybug avec une sorte de résignation désespérée, il n'y a pas à s'inquiéter pour la sécurité de son coéquipier. Pas pour l'instant, en tout cas.

Dommage qu'elle ne puisse pas en dire autant pour son état d'esprit.





La journée passe, suivie d'une autre, sans que Marinette ne réussisse à se débarrasser de cette inquiétude qui ne cesse de s'accrocher à elle comme une seconde peau.

Adrien reste d'humeur morose, perdu dans des pensées mélancoliques desquelles sa compagne peine à l'arracher. Les seuls instants où ses yeux ne se couvrent pas d'un voile de tristesse sont ceux où ils se parent du vert électrique qui accompagne le masque de Chat Noir, et où le héros se métamorphose en cette machine implacable qui inspire tant d'angoisses à Ladybug.

Mais rapidement, même le fait de le voir aussi efficace en combat ne suffit plus à apporter un semblant de réconfort à la jeune femme.

Loin de là.

Elle est trop habituée à la gouaille naturelle de son coéquipier pour réussir à se faire à ce héros ombrageux qui porte les traits de son partenaire.

Chat Noir lui manque.

Son Chat Noir.

Et alors que le jeune homme assène un violent coup à leur adversaire du jour, Ladybug serre rageusement les dents devant sa propre impuissance.

Adrien a besoin de temps. Elle le sait.

De temps, de soutien moral et de longues conversations qu'elle se sait prête à lui offrir dès qu'il en éprouve le besoin.

Il n'y a rien qu'elle ne puisse faire de plus pour l'instant.

Aussi difficile cela soit-il.





Heureusement pour Marinette, pour son partenaire et pour leur santé mentale à tous les deux, Adrien est de nature à surmonter tous les obstacles. Il ne lui faut finalement que peu de temps pour laisser sa mélancolie derrière lui et retrouver un moral digne des plus grands jours (même si l'intervalle aura semblé durer une éternité à sa coéquipière).

Pour être parfaitement honnête avec lui-même, il aura effectivement fallu à Adrien plus longtemps qu'il ne l'avait imaginé pour se faire au passé insoupçonné de ses parents.

Sans compter qu'avec le recul, cette capacité à se couper de ses émotions qui a tant inquiété sa compagne – et qui ne rappelle que trop bien l'attitude de son propre père - aurait dû l'alarmer bien plus tôt.

Mais désormais, peu importe.

La volonté à toute épreuve d'Adrien et son éternel optimisme reprennent rapidement le dessus, et le soutien indéfectible de sa compagne achève de l'aider à remonter définitivement la pente.

L'ombre mélancolique qui hantait les yeux verts du héros a disparu, chassée par une lueur déterminée qui illumine de nouveau son regard. Ses conversations avec sa coéquipière se font plus enjouées, ses sourires plus francs, ses nuits enfin plus tranquilles.

Marinette n'a pas les mots pour exprimer la joie qu'elle éprouve à voir Adrien de nouveau serein et semblable à lui-même.

Elle a la sensation qu'un poids immense a été ôté de ses épaules. Ou que la gravité a soudainement été modifiée, peut-être.

Quoi qu'il en soit, elle se sent merveilleusement, extraordinairement légère.

Et quand, au cours de l'attaque suivante, Chat Noir se fend d'un joyeux « Manque de pot ! » à l'attention d'un jardinier fou de rage (qu'il qualifie ensuite allègrement de « trop terre à terre »), Ladybug ne peut s'empêcher de laisser échapper un éclat de rire soulagé.

Son Adrien, son Chat Noir est de retour.

Enfin.





Avec le moral d'Adrien de nouveau dans de bonnes dispositions, le quotidien du jeune homme et de sa compagne retrouve vite un cours ordinaire (enfin, aussi « ordinaire » que puisse être la vie d'un couple de super-héros).

Ce retour à la normale s'accompagne tout aussi rapidement de l'envie de reprendre leurs plaisantes activités matinales là où ils les avaient laissées quelques jours plus tôt.

Mais, cette fois, sans séance photo ou réunion familiale improvisée pour les interrompre.

Le soleil est déjà haut dans le ciel, mais ni Adrien ni Marinette n'ont la moindre envie de quitter leur lit. Paris doit bien pouvoir se passer d'eux encore quelques temps.

En tout cas, en ce qui les concerne, ils peuvent parfaitement se passer de Paris.

Pour l'instant, en tout cas.

Seuls comptent cette chambre - ce cocon dans lequel ils peuvent se couper du monde et ne penser qu'à eux -, et ces étreintes dans lesquelles ils se perdent avec délice.

Le réveil des deux amoureux commence par de tendres baisers, de doux gestes d'affection et des mots d'amour murmurés contre leurs lèvres.

Mais rapidement, leurs pensées jusque-là encore embrumées de sommeil se retrouvent électrisées par des envies bien plus primaires. Le haut de pyjama d'Adrien vole à travers la pièce, presque aussitôt suivi par celui de Marinette, et la température de la pièce subit soudainement une hausse qui n'a strictement rien à voir avec le lever du jour et le beau temps extérieur.

Allongée sous Adrien, Marinette passe ses doigts dans ses cheveux d'or pour mieux l'embrasser encore et encore. Jamais, elle en est sûre, elle ne se passera de ces étreintes avec lui. Elle s'enivre de son odeur, du goût de ses lèvres sous les siennes, de la sensation de sa peau chaude, si chaude contre son corps.

Rien ici n'est nouveau pour elle – du moins, pas pour l'instant -, mais ses sens réagissent avec tout autant d'intensité que si elle tenait Adrien dans ses bras pour la première fois. Ils la submergent, l'enveloppent, au point d'éclipser tout ce qui n'est pas cet homme qu'elle aime plus que tout au monde.

Elle ne sent, ne touche, n'entend plus que lui.

Rien d'autre n'existe sur Terre.

Perdu dans le même océan de sensations que Marinette, Adrien répond aux attentions de sa compagne par des baisers enthousiastes, des murmures haletants, des caresses brûlantes. Il tente, par mille mots et tout autant de gestes, de lui faire comprendre combien il l'aime.

Combien il l'admire.

Combien il la désire.

« Oh, Adrien... », laisse échapper Marinette dans un soupir voluptueux, alors que les lèvres et mains du jeune homme explorent chaque centimètre carré de son torse.

Le cœur battant à tout rompre, elle glisse fiévreusement ses doigts sous l'élastique du short qui sépare encore son coéquipier d'une nudité totale. Ses mains s'attardent sur le haut de ses fesses, puis reviennent jouer avec le bord du tissu. Elles s'y agrippent dans un geste presque compulsif, alors que la langue d'Adrien continue de chasser sa conscience un peu plus loin encore, puis commence à tirer légèrement vers le bas.

Adrien ne laisse pas échapper une parole – pas une parole intelligible, en tout cas -, mais peu importe. Le jeune homme met tout en œuvre pour faire comprendre à Marinette que oui, oui, il est plus que d'accord pour qu'elle poursuive son geste.

Ses paumes se détachent de sa poitrine pour venir se plaquer derrière sa nuque, ses lèvres emprisonnent les siennes dans un long et profond baiser, tandis que son corps ondule instinctivement en un langoureux mouvement de bassin qui ravive en Marinette des incendies qu'elle désespère de pouvoir éteindre.

Et de pouvoir éteindre vite.

Le souffle brûlant et la respiration haletante, Marinette laisse échapper un gémissement incontrôlable. Ses doigts se crispent de plus belle autour de l'élastique du bas de pyjama d'Adrien, puis reprennent fébrilement leur progression.

Elle fait descendre le short de son coéquipier le long de ses hanches, puis plus bas, et plus bas encore.

Avant-bras posés à plat contre le matelas, Adrien se soulève légèrement pour faciliter la tâche à Marinette. Le pouls de cette dernière s'affole un peu plus à chaque centimètre, comme une machine qui s'emballe sans plus pouvoir ralentir. Le cœur d'Adrien n'est pas en reste, battant si puissamment que la jeune femme peut le sentir résonner jusqu'au plus profond de son torse.

Rapidement, le short arrive aussi bas sur les jambes d'Adrien que les bras de Marinette puissent le permettre.

Et alors que les mains tremblantes du jeune mannequin viennent prendre le relai des siennes pour l'aider à finir de se débarrasser de cette encombrante pièce de tissu, une alarme résonne soudain dans les airs.

Une alerte akuma.

Le Papillon.

Une fois de plus.

Prenant appuis sur ses paumes, Adrien se lève avec un soupir exaspéré. Il achève de glisser son bas de pyjama le long de ses chevilles, l'envoie valser à travers la pièce d'un geste brusque et se dirige d'un pas vif vers son armoire pour passer des vêtements.

Trop contrariée pour admirer pleinement la nudité de son compagnon, Marinette laisse retomber sa tête en arrière dans un grognement sourd.

(Non pas qu'elle n'apprécie pas la vue, bien au contraire.

Mais cela ne fait que rendre la situation terriblement plus frustrante.)

« Rahh, ce Papillon », grommelle-t-elle en se passant une main irritée sur le visage. « Plus le temps passe, plus je le déteste. »

La jeune femme se lève à son tour et s'approche de la penderie dans laquelle ont également finies par être logées toutes ses affaires. Alors qu'elle arrive aux côtés d'Adrien, ce dernier se penche vers elle pour déposer un léger baiser sur sa tempe.

« Allez, on ne devrait pas en avoir pour très long. Je ne donne pas cinq minutes à ce vilain avant de s'écraser platement devant nous », lance-t-il dans une vaillante tentative d'alléger l'atmosphère. « Et ensuite », ajoute-t-il avec un clin d'œil lourd de sous-entendus, « on pourra reprendre exactement là où on en était. »

Un sourire amusé aux lèvres et un joli rose aux joues, Marinette lève la main vers son coéquipier et, du doigt, lui donne une légère tape sur le bout du nez.

« J'y compte bien, chaton », réplique-t-elle sans se démonter le moins du monde. « J'y compte bien. »

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