Chapitre 3
Note :
Pour rappel, je ne veux rien savoir des futurs épisodes (pas de titres d'épisodes, de noms de persos, d'éléments de grande ou moindre importance, RIEN). Merci de me pas me spoiler dans les commentaires.
S'il y a des épisodes récemment diffusés, il est également possible que je ne sois pas à jour. Alors au besoin demandez-moi où j'en suis avant d'en parler dans les commentaires de mes fics.
Merci.
***
Le corps secoué de sanglots inconsolables, Marinette se cramponne désespérément à Chat Noir. Ses mains s'agrippent compulsivement à ses bras, à ses épaules, comme s'il était le dernier roc au monde auquel elle pouvait se raccrocher pour ne pas sombrer.
Plus qu'inquiet de la violence de la réaction de sa partenaire, Chat Noir jette un coup d'œil alarmé à Tikki.
Le minuscule kwami croise son regard et secoue doucement la tête. Cette soudaine crise de larmes est impressionnante, mais nécessaire, lui fait elle silencieusement comprendre. Marinette a besoin d'évacuer cette tension inhumaine qui la torture depuis leur dernier combat.
Après, seulement, ils pourront parler.
Comprenant le message de Tikki, Chat Noir acquiesce d'un bref geste du menton et resserre un peu plus ses mains autour de Marinette.
Marinette, qui lui paraît tout à coup terriblement frêle.
Oh, ce n'est pas comme si Chat Noir n'avait jamais noté leur différence de taille. Contrairement à la sienne, l'adolescence de Ladybug ne s'est guère vue accompagnée d'une spectaculaire poussée de croissance. (Même s'il mentirait en affirmant ne pas avoir remarqué les changements plus subtils mais non moins appréciables de l'anatomie de la jeune femme.)
Les épaules de Chat Noir sont plus musclées, son torse plus large, et il a grandi, grandi, au point de faire à présent une bonne tête de plus que Ladybug.
Mais bien qu'il ait désormais une carrure plus imposante que celle de sa coéquipière, jamais cette dernière ne lui a paru petite, fragile ou vulnérable.
Jamais, avant aujourd'hui.
Et alors qu'il la tient pourtant pelotonnée dans ses bras, jamais il n'a eu aussi peur qu'elle ne s'évanouisse de sa vie. C'est à peine s'il ose cligner des yeux de peur qu'elle ne disparaisse en un instant.
« Marinette... », murmure-t-il d'une voix désolée, tandis que la jeune femme continue de pleurer toutes les larmes de son corps.
Un bras toujours fermement passé autour de la taille de Marinette, Chat Noir passe doucement les doigts de sa main libre dans les cheveux de sa coéquipière.
En toute sincérité, il ne saurait pas dire qui de lui ou de Marinette puise le plus de réconfort dans cette caresse affectueuse. Pour sa part, une chose est sûre : il a besoin de ce contact. Besoin de s'assurer que ses yeux ne le trompent pas et que Marinette n'a pas disparu de la surface de la terre. Besoin d'un petit geste qui lui rappelle que tout n'est pas que peur et désespoir dans ce monde qui lui parait désormais plus hostile que jamais.
Chat Noir n'ose pas imaginer à l'enfer que vit actuellement sa partenaire, mais en ce qui le concerne, le choc a été dévastateur.
Certes, il ne sait que trop bien à quel point quelques minuscules secondes peuvent suffire pour que tout bascule dans l'horreur. Le terrible accident de voiture qui a coûté la vie à sa mère et failli emporter son père a été une leçon suffisamment cruelle à ce sujet.
Mais entre le savoir et le vivre, il y a un monde.
Et ce d'autant plus que cette fois, il a été le témoin impuissant de la scène.
Il n'a qu'à fermer les paupières pour revoir le sourire machiavélique du vilain, le visage livide de terreur de Marinette et ses immenses yeux bleus écarquillés d'horreur. Ces souvenirs le hantent, alimentant en lui les plus atroces frayeurs.
Jamais Chat Noir n'a été aussi terrifié de toute sa vie.
Il aime Ladybug - Marinette – avec une intensité presque viscérale. Son cœur ne bat que pour cette merveilleuse jeune femme qui est un jour tombée du ciel pour illuminer son existence, au point qu'il a parfois l'impression de ne vivre que pour la voir sourire.
Il aime son courage, sa gentillesse, son imagination sans bornes.
Il aime comment elle l'inspire, comment elle le pousse à se dépasser et à donner le meilleur de lui-même.
Il aime jusqu'à ses petites maladresses et ses hésitations, qui lui rappellent qu'elle est juste une fille ordinaire qui trouve la force de faire des choses extraordinaires et qu'il l'admire infiniment pour ça.
Il l'aime, tout court, et la simple pensée qu'il puisse lui arriver quoi que ce soit lui glace le sang.
Il échangerait sa place avec elle cent fois, mille fois s'il le pouvait.
Tout pour la savoir un peu plus en sécurité.
Si la terreur qu'éprouve Chat Noir lui donne la sensation qu'une étreinte gelée s'empare son cœur et glace ses veines, il est d'autres émotions qui lui retournent l'estomac presque jusqu'à la nausée.
Des regrets immondes, insoutenables, qui le torturent sans discontinuer depuis l'instant où le visage de sa Lady a été exposé à leur ennemi.
Chat Noir s'en veut de ne pas avoir pu protéger Ladybug. Il est son coéquipier. Son fidèle partenaire. Il aurait dû empêcher ça, il aurait dû agir.
S'il avait été plus fort.
S'il avait été plus rapide.
S'il était arrivé ne serait-ce qu'une minute plus tôt.
« Si », « si », « si »... Deux minuscules petites lettres qui ne cessent d'empoisonner l'esprit de Chat Noir depuis l'instant où la vie de sa Lady a sombré dans le plus terrible des cauchemars.
Et deux mots qui ne peuvent rien faire pour l'aider à améliorer la situation actuelle. Il s'est déjà suffisamment reproché son incompétence au fil de cette horrible journée et il se la reprochera certainement encore longtemps ensuite.
Pour l'heure, Marinette n'a pas besoin d'un partenaire qui ressasse sans cesse ses erreurs passées.
Elle a besoin de quelqu'un qui la soutienne.
Et il le fera.
De toutes ses forces.
Les minutes s'égrènent et Marinette reste blottie contre Chat Noir, bercée par les battements de son cœur et par les paroles de réconfort qu'il lui murmure sans discontinuer.
Lentement, ses pleurs se calment, puis s'arrêtent.
Marinette se sent à présent étrangement engourdie. Ses larmes ont emporté ses dernières forces avec elles, la vidant de toute son énergie et toutes ses émotions.
Paupières closes et tête posée contre la poitrine de Chat Noir, la jeune femme laisse échapper un profond soupir. Elle ne se sent pas prête à quitter ce cocon protecteur que lui a offert son partenaire. Pas encore.
Mais hélas, le temps est probablement venu pour elle d'affronter la réalité.
Comme s'il lisait dans ses pensées, Chat Noir choisit cet instant précis pour rompre ce fragile instant de tranquillité. Marinette le sent se pencher vers elle pour déposer un léger baiser sur le sommet de son crâne, puis se dégager doucement de son étreinte. A peine la chaleur réconfortante des bras du héros a-t-elle disparu qu'elle manque déjà à Marinette, mais la jeune femme est trop épuisée pour trouver le courage d'émettre ne serait-ce qu'un son de protestation.
Gentiment, Chat Noir place une main dans son dos et la guide en direction du canapé-lit qui trône dans un coin de la pièce. Il la fait s'y asseoir et s'éloigne le temps de chercher un verre d'eau, qu'il lui glisse ensuite entre les doigts.
Marinette s'empare du précieux breuvage avec reconnaissance. Elle a tant pleuré qu'il ne lui reste certainement plus une goutte d'eau dans le corps et ce verre qu'elle vide d'un trait lui fait un bien fou.
Alors que Chat Noir s'installe à côté d'elle et passe un bras réconfortant autour de ses épaules, Marinette sent gonfler en elle une vague d'affection farouche pour son coéquipier. Le monde peut s'écrouler autour d'elle, elle sait que Chat Noir sera toujours à ses côtés pour l'aider à en ramasser les morceaux.
Jamais elle ne remerciera assez sa bonne étoile d'avoir mis ce garçon extraordinaire sur son chemin.
« Merci », lui murmure-t-elle d'une voix rauque d'avoir trop pleuré.
« Je t'en prie », répond Chat Noir sur le même ton.
Alors que Tikki s'installe sur ses genoux, Marinette pose son verre sur sa table basse, le regard perdu dans le vide. Elle commence seulement à appréhender la montagne de conséquences qu'entraînent les évènements de cette folle journée et leur nombre est tel qu'il lui donne le vertige.
« Le Papillon sait qui je suis », lâche-t-elle dans un souffle.
« Hey, il a vu ton visage, mais ça ne ça ne veut absolument pas dire qu'il sait qui tu es », réplique son coéquipier d'un ton qui se veut clairement apaisant, mais que contredit malgré lui son visage crispé.
Les lèvres de Marinette s'étirent en un pâle sourire.
Chat Noir fait de son mieux, elle le sait.
Mais elle le connaît trop bien pour ne pas remarquer que tous les efforts qu'il déploie à la réconforter elle sont aussi destinés à le rassurer lui.
Sous ses paroles calmes, Chat Noir est une boule de nerfs prête à exploser à tout instant. Il passe sa main libre dans ses cheveux, tambourine des doigts contre l'épaule de Marinette, déplace de quelques millimètres le verre que la jeune femme a posé sur la table, repasse encore sa main dans ses cheveux, encore.
Difficile de manquer à quel point la situation périlleuse de sa coéquipière l'affecte lui aussi.
« Chat Noir a raison », approuve Tikki de sa petite voix flûtée, arrachant son amie à ses observations. « Il y a des millions de gens à Paris et aux alentours, et sûrement des milliers de filles qui te ressemblent plus ou moins. Les chances que le Papillon te trouve sont faibles, même s'il a vu ton visage. »
« Elles sont faibles, mais elles ne sont pas inexistantes », rétorque Marinette en secouant tristement la tête.
Durant un instant, seul le silence répond à la remarque de la jeune femme.
En dépit de leur volonté de la soutenir, difficile pour Tikki et Chat Noir de la contredire sur ce point. C'est une évidence dont tous ont douloureusement conscience. S'il est tout à fait possible que le visage de Marinette n'ait pas trahit son identité, ils ne peuvent hélas pas écarter l'hypothèse inverse.
« Non, bien sûr », approuve finalement Chat Noir, d'un ton si résigné, si triste que Marinette sent son cœur se serrer.
« Je ne sais pas quoi faire... », soupire la jeune femme en se passant une main lasse sur le visage. « Le Papillon sait peut-être qui je suis et nous, on n'a aucune idée d'où on peut le trouver. »
« Marinette... », murmure Tikki d'un ton désolé.
« Je ne peux pas quand même pas rester à me cacher chez moi en attendant qu'on mette enfin la main sur lui ! », poursuit désespérément son amie. « Et encore, ça c'est en admettant qu'il ne mette pas la main sur mon adresse ! Encore heureux que je n'habite plus chez mes parents parce que- »
Marinette s'interrompt, le souffle brusquement coupé par une nouvelle bouffée d'angoisse.
Ses parents.
Ses amis.
Toutes ces personnes auxquelles elle tient tant et qui risquent à présent d'être en danger juste parce qu'elles sont chères à son cœur.
La jeune femme ferme un instant les yeux pour tenter de contenir la vague de panique qui gonfle en elle. Il lui semble qu'une main se resserre impitoyablement autour de sa gorge, l'étranglant jusqu'à empêcher la moindre goulée d'air d'arriver jusqu'à ses poumons.
Elle s'affole, suffoque, noyée dans un océan de terreur.
Respirer.
Il faut absolument qu'elle arrive à respirer respirer.
« Marinette ? »
La voix inquiète de Chat Noir lui parait étrangement lointaine, mais Marinette s'y raccroche comme un naufragé à sa bouée de sauvetage. Alors que les doigts du jeune homme passent le long de son dos dans un geste de réconfort, elle serre fébrilement son autre main dans la sienne et se force à prendre de profondes inspirations.
Inspirer.
Expirer.
Lentement.
Calmement.
Quand elle rouvre finalement les paupières, Marinette croise aussitôt le regard alarmé de Chat Noir. Elle tente de le rassurer d'un faible sourire – sans grand succès, mais elle aura au moins tenté le coup.
Voyant quant à elle que son amie peine encore à se remettre de cet embryon de crise de panique, Tikki volette vers le visage de Marinette et dépose un léger baiser sur sa joue en signe de soutien. Puis, à la grande surprise des héros, elle réitère son geste avec Chat Noir, arrachant aux deux jeunes gens leur premier éclat de rire sincère depuis la catastrophe.
Alors que Tikki se réinstalle sur ses genoux, Marinette se replonge dans ses pensées.
Si elle le pouvait, elle mettrait tous les gens qu'elle aime dans le premier avion venu et elle les expédierait tous à l'autre bout de la planète. Loin, loin, le plus loin possible de Paris et du Papillon.
Mais hélas, les choses sont loin d'être aussi simples.
Ses proches ont tous une vie et des obligations qui les clouent à Paris. Un métier, une famille ou encore un compte en banque permettant à peine d'aller jusqu'à Roubaix et d'y survivre 2 jours, par exemple. Voire même les trois à la fois pour certains. Impossible de leur demander de tout abandonner du jour au lendemain pour une quelconque destination à des centaines de milliers de kilomètres de là, surtout sur la base d'une simple hypothèse.
Quant à leur avouer les récents évènements...
« Est-ce que tu veux en parler à tes parents ? », s'enquiert soudain Chat Noir, suivant sans s'en rendre compte le même cheminement de pensées que celui de sa coéquipière. « De Ladybug, du Papillon, de ce qu'il vient de se passer ? »
« Tu serais d'accord ? », s'exclame machinalement Marinette.
« Je te soutiendrais quoi que tu décides », approuve Chat Noir avec un faible sourire.
La jeune femme le remercie d'un bref hochement de la tête, avant de se perdre dans ses pensées. Elle reste un instant silencieuse, tentant comme elle le peut d'envisager toutes les implications possibles.
« Je ne sais pas », confie-t-elle dans un souffle. « Je... Je suis un peu perdue. Je ne veux pas leur faire courir de risques, mais je ne suis pas sûre que ça changerait grand-chose s'ils savaient que je suis Ladybug. Je veux dire, même si je leur dis de faire attention, ils ne font clairement pas le poids contre un super-vilain », poursuit-elle d'une voix blanche. « Au mieux, ils se feraient juste un sang d'encre pour moi et je n'ai pas envie de leur imposer ça. Sans compter le fait qu'ils n'ont pas les moyens de laisser la boulangerie fermée pendant des mois si jamais je leur demande de se cacher. »
Marinette s'interrompt le temps de pousser un profond soupir, avant de reprendre le fil de son discours.
« Et il n'y a pas qu'eux », reprend-elle avec un grognement de frustration. « Mes amis, mes oncles et tantes... Toutes les personnes que je connais et qui vivent à Paris sont des cibles potentielles. Est-ce que je dois leur dire à tous de faire attention parce qu'ils sont en danger à cause de moi ? »
« Je pense qu'il ne faut pas te précipiter », intervient brusquement Tikki.
Alors que Chat Noir et Marinette lui jettent un coup d'œil interloqué, le petit kwami continue sur sa lancée.
« Il faut que tu réussisses à garder la tête froide », précise-t-elle d'un ton ferme. « Tu dois absolument prendre le temps d'analyser calmement la situation. »
« C'est plus facile à dire qu'à faire », réplique sèchement Marinette.
« Je sais... », soupire Tikki en lui donnant une petite tape compatissante sur la jambe. « Mais pour l'instant, on n'a aucune preuve que le Papillon ait bel et bien réussi à découvrir ta véritable identité. Si tu dis que tu es Ladybug à absolument toutes les personnes auxquelles tu tiens, tu pourrais finir par le mettre réellement sur ta piste. Un secret perd un peu plus de sa force chaque fois qu'il est partagé », conclut-elle sentencieusement.
Surprise, Marinette pose un regard pensif sur Tikki.
« Je n'avais pas pensé à ça... », murmure-t-elle d'une voix songeuse.
« Je ne dis pas qu'il faut que tu n'en parles à personne », poursuit le petit kwami. « Mais soit prudente. Soit très prudente », insiste-t-elle avec une inquiétude palpable. « Je ne veux pas que tu te mettes plus en danger que tu ne l'es déjà, juste parce que tu auras pris une décision hâtive. »
Silencieuse, Marinette hoche doucement la tête. Au-delà de sa propre sécurité, la remarque de Tikki soulève un problème on ne peut plus délicat.
Que faire ?
Avertir ses proches, mais courir le risque que l'un d'entre eux ne trahisse un jour son identité au cours d'une akumatisation – en admettant que le Papillon ait échoué à la trouver d'ici là – et ne mette ainsi tous ceux qu'elle aime en danger ?
Ne rien leur dire, mais les laisser ainsi à la merci de son ennemi si ce dernier a effectivement deviné son identité ?
Le dilemme est cruel.
Longuement, Marinette réfléchit, pesant le pour et le contre.
« Je... Je pense que je vais attendre », finit-elle par articuler d'une voix hésitante. « Je vais voir comment se présentent les choses avant de prendre la moindre décision. »
« Même en ce qui concerne tes parents ? », s'enquiert doucement Chat Noir.
« Oui... », répond Marinette après une nouvelle pause. « Je ne veux pas les affoler. Et ce n'est pas comme si j'habitais encore avec eux », ajoute-t-elle avec un pâle sourire. « Là, ça fait environ deux ans que j'ai déménagé. J'ai changé mon adresse partout : assurance, école, téléphone... Jamais je n'aurai cru que je serai un jour aussi soulagée d'être partie ! », s'exclame-t-elle avec un petit rire étranglé, qui se brise sur un sanglot.
Serrant la main de Chat Noir dans la sienne, Marinette prend une profonde inspiration dans une vaillante tentative de reprendre la maîtrise de ses cordes vocales.
« Du coup », conclut-elle dans un souffle, « si j'évite d'aller les voir le temps qu'on neutralise le Papillon, ils devraient être en sécurité. »
« Je pense aussi », approuve Tikki avec un sourire encourageant. « En plus, la boulangerie s'appelle 'Tom et Sabine, Boulangerie Pâtisserie' », continue-t-elle. « Impossible de faire directement le lien avec toi ! »
A moitié rassurée seulement, Marinette laisse échapper un faible murmure d'approbation. Elle se blottit un peu plus contre Chat Noir, pose sa tête contre son épaule et laisse échapper un profond soupir.
Elle sent une douleur sourde pulser sous son crâne, plus insistante que jamais.
Si seulement elle pouvait effacer cette maudite journée...
« Et maintenant ? », demande son coéquipier au bout d'un instant de silence. « Qu'est-ce qu'on fait ? »
« Je ne vois pas ce qu'on pourrait faire de particulier », grogne Marinette en lâchant la main de Chat Noir pour se masser les tempes du bout des doigts. « On n'a jamais réussi à trouver le Papillon jusque-là, ce n'est pas comme s'il allait brusquement se balader dans les rues de Paris juste parce qu'il sait à quoi je ressemble. »
« Non, c'est sûr... » soupire lourdement Chat Noir.
« En tout cas, je ne veux pas rester cachée chez moi », lâche machinalement Marinette, avant de se figer brusquement en prenant conscience de l'implication de ses paroles.
Au-delà de la terreur, au-delà du désespoir, un sentiment gronde sourdement en elle.
Une résolution farouche, indomptable.
Du courage.
De la fierté, aussi, peut-être.
Tout autant d'émotions qui étaient restées étouffées jusque-là et qui hurlent à présent à travers elle, tentant de faire entendre leurs voix.
Engluée dans ses pensées négatives, Marinette avait presque oublié cette bravoure qui fait pourtant d'elle une si grande héroïne. Sa détermination et sa volonté de se battre restent gravées en elle jusqu'au plus profond de sa chair, impossibles à ignorer.
Oh, bien sûr, la peur est toujours là. Le doute aussi.
Mais telle la lueur d'un phare perçant péniblement à travers la brume, le courage indomptable de Marinette se manifeste de toute ses forces pour mieux la guider au milieu de cet océan de désespoir.
Et de seconde en seconde, la conviction de l'héroïne se fait de plus en plus puissante.
Elle est Ladybug, avec ou sans le masque.
Elle n'abandonnera pas.
« Je ne veux pas restée cachée », répète-t-elle d'un ton plus ferme, « et je ne veux pas fuir non plus. »
Alors que Chat Noir la dévisage avec une telle intensité qu'elle a presque l'impression de pouvoir sentir son regard peser physiquement sur elle, Marinette se redresse légèrement.
« Je mentirai en disant que je ne suis pas morte de trouille », avoue-t-elle dans un souffle. « Je n'ai jamais aussi peur. Mais je ne veux pas laisser le Papillon me dicter ce que je dois faire ! », martèle-t-elle avec l'énergie du désespoir. « Je ne veux pas me laisser abattre. Je... Je vais essayer de vivre ma vie aussi normalement que possible, et... et on verra. Après tout, il ne m'a pas attaquée pour l'instant, c'est plutôt bon signe », ajoute-t-elle d'un ton faussement optimiste, qui ne trompe absolument personne.
Pensif, Chat Noir la jauge un instant du regard.
A quoi songe-t-il, Marinette l'ignore. Mais à peine quelques secondes plus tard, il pose machinalement une main sur son cœur, sa décision manifestement prise.
« Je te protègerai », lui annonce-t-il, une lueur résolue brillant dans ses yeux verts. « Tu pourras compter sur moi à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, aussi longtemps qu'il le faudra. On est une équipe, ma Lady », poursuit-il hâtivement, voyant la jeune femme ouvrir la bouche pour tenter de protester. « Hors de question que je te laisse traverser ça toute seule. »
Marinette sent gonfler en elle une extraordinaire bouffée d'affection pour son partenaire. Elle a toujours su qu'elle pourrait compter sur son soutien indéfectible quelles que soient les circonstances, mais elle n'imaginait pas être aussi touchée en voyant les récents évènements confirmer cette certitude.
Un bref instant, Marinette s'émerveille de l'effet que peut avoir son coéquipier sur elle. Sa simple présence à ses côtés la pousse à continuer de lutter. Ses paroles de réconfort lui réchauffent le cœur. Ses serments de protection lui donnent envie de croire, enfin, qu'elle va peut-être pouvoir se sortir de cette terrible situation.
Elle a une foi absolue en Chat Noir, peut-être même plus qu'en elle-même.
Si ce n'était pour lui, jamais elle n'aurait trouvé la force de continuer de se battre envers et contre tout.
Jamais elle n'aurait trouvé la force d'être Ladybug, tout court.
D'un geste vif, elle se penche vers lui et dépose un rapide baiser sur sa joue.
« Merci, Chat », lui murmure-t-elle, la gorge nouée par l'émotion.
Visiblement tout aussi touché qu'elle, Chat Noir laisse échapper une brève quinte de toux pour tenter de dissimuler son trouble.
« A ton service, ma Lady », rétorque-t-il en incline solennellement la tête vers elle.
« Mais il ne faut pas que tu oublies de faire attention à toi aussi », poursuit Marinette d'un ton grave, refusant de se laisser distraire par les brusques sursauts de son cœur. « Je suis devenue une cible », précise-t-elle en se tordant nerveusement les mains. « Je ne dois pas savoir qui tu es, et je ne veux pas non plus te voir prendre des risques inutiles. Je... Je ne veux pas que tu sois en danger à cause de moi », conclut-elle dans un souffle.
Les yeux de Chat Noir s'écarquillent de surprise, puis l'expression du jeune homme s'adoucit. Il s'empare délicatement d'une des mains de sa coéquipière et la porte à ses lèvres pour y déposer un léger baiser.
« J'apprécie l'intention, ma Lady », murmure-t-il en posant un regard gorgé d'affection sur Marinette, « mais je préfère m'inquiéter pour toi. »
Un léger sourire aux lèvres, Marinette serre doucement sa main dans la sienne.
« Je ne serai jamais trop loin de toi », lui promet Chat Noir avec ferveur. « Si tu as le moindre souci, appelle-moi, et j'arrive tout de suite. »
« D'accord », approuve Marinette d'une voix émue. « Je... Merci, Chat. Encore merci. Pour tout. »
Durant un long moment encore, Chat Noir, Marinette et Tikki restent assis sur le canapé de la jeune femme. Tous trois ne parlent guère, puisant simplement dans leurs présences un réconfort dont ils ont tous besoin.
Quand vient finalement le temps pour Chat Noir de rentrer chez lui, Marinette se lève le raccompagne jusqu'à la porte-fenêtre de son balcon. Elle passe une dernière fois ses bras autour de lui et le serre fort, très fort contre son cœur, tentant par ce geste de lui transmettre toute la reconnaissance et toute l'affection qu'elle éprouve pour lui.
Alors qu'elle s'écarte pour le laisser partir, elle se dresse sur la pointe des pieds et l'embrasse. Pas tout à fait sur la joue, mais pas tout à fait sur les lèvres non plus.
Quelque part, dans cet entre-deux qui caractérise si bien ce qu'est devenu leur relation.
« Merci », lui murmure-t-elle encore une fois, ses lèvres effleurant doucement sa peau.
« Je t'en prie », réplique doucement Chat Noir. « Prend soin de toi, Princesse », lance-t-il en s'avançant sur le balcon.
« Promis », rétorque-t-elle avec un faible sourire.
Chat Noir la salue d'une brève courbette, puis, se propulsant à l'aide de son bâton, disparait vers les toits de Paris.
Une fois son coéquipier hors de vue, Marinette referme la porte, pose son fond contre le verre froid de la vitre et pousse un lourd soupir.
La journée a été rude.
Il ne lui reste plus qu'à espérer que demain le sera un peu moins.
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