Chapitre 25

À présent que le miraculous de l'Abeille se trouve entre les mains d'Alya, Marinette et Adrien ne peuvent s'empêcher d'éprouver un curieux mélange de soulagement, d'espoir et d'appréhension quant à leur prochaine bataille.

Est-ce que leur amie saura s'en sortir sans dommage ?

Est-ce que les pouvoirs de la Guêpe seront suffisants pour faire pencher la balance en leur faveur ?

Est-ce, peut-être, bientôt la fin de leur terrible cauchemar ?

Tout autant de questions qui tournent, tournent et tournent encore sous leurs crânes, en une farandole obsédante dont ils n'arrivent à se défaire.

Tout autant de questions dont ils ne tarderont guère à avoir la réponse, c'est une certitude.

Au vu du rythme intensif que leur impose le Papillon ces derniers temps, les deux coéquipiers ne doutent un instant qu'il ne se passera pas plus d'une journée avant qu'Alya n'ait à étrenner ses nouveaux pouvoirs.

Et les faits leurs donnent rapidement raison.

Vingt-quatre heures ne se sont même pas écoulées depuis le moment où ils ont confié son miraculous à Alya que déjà, de nouveaux cris s'élèvent dans la ville.

Avachi sur son canapé, jambes entremêlées avec celles de Marinette, Adrien laisse échapper un grognement de contrariété en voyant s'interrompre brusquement cette sieste dont il comptait bien profiter pour rattraper ses (trop) nombreuses heures de sommeil en retard. Décidément, que ce soit en pleine nuit ou en journée, le Papillon se fait un triste plaisir de l'empêcher de dormir.

« Bon », lâche-t-il d'une voix pâteuse, alors sa coéquipière se redresse à son tour et étouffe un immense bâillement. « C'est parti. »





Il ne faut que quelques instants à Chat Noir et Ladybug pour localiser les lieux de l'attaque (et le vilain qui les a tirés de leur bienheureux sommeil).

« Donnez-moi vos miraculous ! », leur hurle un homme vêtu d'un costume dont les couleurs bariolées heurtent profondément le sens stylistique de Ladybug.

Mais au moins, soupire intérieurement la jeune femme, cet assortiment de teintes particulièrement hasardeux a le mérite de ne pas laisser de doutes quant à la nature de celui qui vient de les interpeller de façon aussi cavalière.

Ça, et le masque plaqué sur son visage.

Cependant, l'élément qui attire réellement l'attention de Ladybug n'est autre qu'un dossard, que ce nouveau super vilain arbore fièrement sur son torse.

« Un sportif », maugrée Chat Noir en repérant à son tour le carré de tissu. « Super. C'est quoi cette fois ? Volley ? Foot ? Cyclisme ? »

« Je dirais plutôt athlétisme », réplique Ladybug en voyant l'homme faire surgir du néant un disque de lancer.

D'un geste fluide, le super-vilain fait décrire un large arc-de-cercle à son bras, puis lance son projectile de toutes ses forces en direction des deux héros. L'objet fend les airs à une vitesse folle, fondant sur Chat Noir et Ladybug comme un rapace sur sa proie.

« Attention ! », s'exclame instinctivement la jeune femme, tandis que son coéquipier et elle bondissent de part et d'autre de la trajectoire du disque.

Ladybug regarde le projectile se perdre dans les airs, les yeux brillants de frustration, et laisse échapper un claquement de langue irrité. Certes, Chat Noir et elle ont réussi à esquiver cette première attaque sans réel problème.

Mais en temps normal, ils auraient été plus rapides. Plus précis.

Peu importe combien les deux héros essayent de se préserver autant que possible et à quel point ils tentent de toujours être au maximum de leurs capacités une fois sur le champ de bataille. Force est de constater que des jours et des jours d'assauts ininterrompus ont émoussés leurs réflexes d'ordinaire si affûtés.

Bien décidée à ne pas laisser l'initiative à son ennemi, Ladybug porte sa main à sa hanche pour se saisir de son yo-yo et, d'un mouvement souple, lance ce dernier droit sur le vilain.

Son cœur se met à bondir d'excitation en voyant l'homme rester figé sur place, tandis que le projectile rouge et noir s'approche de lui dans un sifflement sourd.

Serait-ce si simple ?

Le yo-yo file en direction de sa cible à toute vitesse.

Vite.

Vite.

Plus vite encore.

Le super-vilain le regarde fondre sur lui sans esquisser un seul mouvement, comme paralysé de stupeur devant la riposte de l'héroïne.

Et à l'instant où Ladybug pense enfin le toucher, il disparaît.

Pas dans un nuage de brume orange, synonyme d'une intervention inopportune de Lila. Non. Là, l'homme bouge avec une telle dextérité, avec une telle vitesse que les yeux de Ladybug peinent à le suivre.

C'est tout juste si elle arrive à apercevoir une ombre, qui esquive son yo-yo au dernier millième de seconde et qui se précipite tout à coup droit sur elle.

« Que... », a-t-elle tout juste le temps d'articuler quand tout à coup, un poing apparaît dans son champ de vision pour chercher à s'écraser sur son visage.

La jeune femme ne doit son salut qu'à une soudaine pression autour de sa taille, qui la fait basculer en arrière à l'instant même où la main du vilain s'abat sur elle. Les doigts fermés de l'homme effleurent à peine son menton que Chat Noir, un bras fermement passé autour d'elle, l'entraîne d'un bond hors de portée du super-vilain.

« Wow... », laisse échapper le héros en atterrissant souplement un toit plus loin, sa Lady toujours serrée contre lui.

« Pour être rapide, il est rapide », approuve la jeune femme dans un souffle.

Alors que Chat Noir relâche son étreinte autour d'elle, Ladybug jauge son adversaire en serrant des dents. Son coéquipier et elle ont beau toujours avoir des réflexes au-delà de la norme, elle sait que des jours et des jours de combats ont fini par laisser des traces dans leurs organismes. La fatigue ralentit leurs gestes, engourdit leurs corps, charge leurs membres de plomb.

Avoir un ennemi à la célérité surhumaine, voilà qui tombe on ne peut plus mal.

Et bien sûr, Volpina choisit cet instant précis pour rappeler aux deux héros que le Papillon et ses victimes sont loin d'être la seule épine dans leur pied.

« Chat Noir, Ladybug », les salue-t-elle en apparaissant soudainement aux côtés de son allié. « Je dirais bien que c'est un plaisir de vous revoir, mais on sait tous ce qui m'intéresse vraiment », poursuit-elle avec un sourire suffisant. « Et si vous mettiez fin à tout ça en me donnant vos miraculous ? ça serait plus simple pour tout le monde », conclut-elle en tendant la main vers eux d'un geste péremptoire.

« Pourquoi est-ce que tu ne nous donnerais pas ton miraculous ? », rétorque immédiatement Ladybug.

Pour toute réponse, Volpina porte sa flûte à ses lèvres pour en tirer une brève mélodie.

A peine une fraction de seconde plus tard, le super-vilain qui jaugeait les héros d'un regard narquois se trouve entouré d'un, de deux, puis d'une dizaine de ses clones, qui se mettent immédiatement à courir à une vitesse surnaturelle.

« Et bien, je sens que ça va être pénible », grommelle Chat Noir d'une voix fatiguée. « On a bien fait de décider de recruter quelqu'un. »

« Oui », approuve Ladybug avec un bref hochement de tête. « Il ne reste plus qu'à espérer qu'elle arrivera vite. »





Alors que l'affrontement se poursuit, Ladybug et Chat Noir réalisent que leur adversaire du jour mise manifestement bien plus sur sa rapidité effrayante que sur sa capacité à générer des projectiles à volonté.

Et quelque part, ils le comprennent.

Jamais ils n'auraient cru que quelqu'un puisse se déplacer aussi vite.

Puissantes accélérations, brusques changements de trajectoires, courses d'une vélocité folle, rien ne lui semble impossible. C'est tout juste si les deux héros arrivent à suivre du regard cette silhouette floue qui danse autour d'eux avec la célérité des plus dangereux prédateurs.

Les illusions de Volpina ne font rien pour arranger les choses. Suivre ce super-vilain du regard tient déjà presque de l'irréalisable.

Alors une dizaine de clones ?

Difficile de faire plus compliqué.

Cela ne fait même pas deux minutes que le combat a commencé et Ladybug sent déjà une violente migraine lui vriller les tempes. Elle doit focaliser toute son attention sur ces silhouettes qui évoluent dans son champ de vision, sans en oublier une seule. Si elle relâche sa concentration ne serait-ce qu'une fraction seconde, elle risque de perdre de vue l'une de ces ombres qui n'attend qu'une faiblesse dans sa garde pour venir lui porter un coup.

C'est une véritable gymnastique, cérébrale et oculaire, qui met à rude épreuve son corps déjà éreinté par une interminable succession de batailles.

Entre Volpina et ses illusions, et ce sportif ensorcelé que sa vitesse rend infiniment dangereux, les deux héros se débattent comme de beaux diables. Ils doivent faire attention à tout, tout le temps, et trouver au milieu de cet effroyable désordre une façon d'arrêter leurs adversaires.

Vite, avant qu'il ne soit trop tard.

Mais soudain, au détour d'une énième feinte, le véritable super vilain réussit à s'approcher de Chat Noir.

Trop près.

Bien trop près.

D'un vif coup de pied, il fauche les jambes du héros. Déséquilibré, ce dernier bascule en arrière. Il effectue un pas vacillant, un deuxième, battant maladroitement des bras pour tenter d'éviter une lourde chute. Ses hanches exécutent une rotation improbable, son buste se tord, et son corps vacille dangereusement avant de se stabiliser enfin.

Mais hélas pour Chat Noir, s'il réussit à éviter de tomber à terre, ce bref instant passé à retrouver son équilibre laisse à présent une ouverture béante dans sa garde.

Ouverture dont Volpina profite aussitôt.

La jeune femme bondit vers le héros, flûte brandie comme une massue.

Le temps paraît tout à coup curieusement distendu à Chat Noir.

En une fraction de seconde, son cerveau enregistre brutalement tout ce qui se trouve dans son champ de vision, avec la précision d'une photographie. Chat Noir voit le sourire mauvais de Volpina, la lueur déterminée qui brille dans ses yeux verts, sa mâchoire contractée et son corps légèrement arqué en arrière pour donner plus de puissance à son attaque.

Et il sait qu'il ne pourra pas esquiver à temps.

Le héros contracte instinctivement ses muscles dans l'attente de l'inévitable choc quand soudain, une silhouette s'interpose pour parer le coup.

Une silhouette féminine, striée de jaune et noir.

« Qui... », laisse machinalement échapper Volpina, abasourdie, tout en ramenant sa flûte devant elle pour mieux se protéger d'une éventuelle riposte.

La nouvelle venue passe fièrement sa main dans ses boucles ramenées en une haute queue de cheval. Ses yeux bruns étincellent d'une lueur déterminée derrière son masque bicolore et ses doigts gantés de noirs resserrent un peu plus fort leur prise autour du pinceau géant qu'elle vient d'utiliser pour contrer l'attaque de Volpina.

« Je suis la Guêpe, une nouvelle héroïne », se présente-t-elle d'une voix tranchante. « Et je suis du côté de Chat Noir et Ladybug, au cas tu aies encore le moindre doute », conclut-elle en toisant son ennemie avec une hostilité non dissimulée.

Les dents serrées de rage et les yeux brûlants de haine, Volpina fusille la Guêpe du regard.

Peu décontenancée par l'hostilité de cet accueil, la nouvelle héroïne tourne légèrement la tête vers Chat Noir.

« Désolée pour le retard », lui glisse-t-elle d'une voix contrite. « J'ai eu du mal à m'éclipser discrètement. »

« Mais tu es arrivée à temps », la rassure le jeune homme en s'avançant à son niveau, bâton en main. « C'est tout ce qui compte. »





Avec l'apparition tant attendue de la Guêpe, les forces en présence s'équilibrent enfin.

Et, en conséquence, le chaos ambiant augmente.

Héros et vilains se jettent dans la bataille avec toute l'énergie et la hargne possibles pour tenter de faire pencher la balance en faveur de leur camp. Jaune, rouge, noir et orange s'entrecroisent dans des bruits de coups sourds, tandis que rôde la silhouette à peine perceptible de la dernière victime du Papillon.

À la grande satisfaction de Chat Noir et Ladybug, Volpina peine à présent à déployer ses illusions.

Oh, certes, ils n'arrivent pas encore à contrer systématiquement ses gestes lorsqu'elle porte sa flûte à ses lèvres, mais les progrès sont quand même indéniables. Leur ennemie n'a souvent que le temps de tirer une note de son instrument avant qu'un yo-yo, un bâton ou un pinceau géant ne mettent – littéralement - un coup d'arrêt à sa mélodie maléfique en la forçant à parer une attaque.

Ce n'est hélas cependant pas suffisant pour réussir à la neutraliser totalement, pas plus qu'à tempérer les ardeurs du super-vilain.

Visiblement galvanisé par l'arrivée d'une nouvelle adversaire, l'homme démultiplie les prouesses pour tenter de défaire ses ennemis. Il court, court et court sans cesse, harcelant sans relâche les trois héros. Invoque tour à tour javelots, poids, marteaux et disques de lancer. Frappe. Lance. Bondit. Court encore.

C'est une véritable ronde infernale, dans laquelle il tente de perdre ses adversaires.

Non content de profiter de sa vitesse phénoménale pour tourmenter autant que possible les trois héros, l'homme s'accompagne à l'occasion des quelques clones que Volpina arrive encore à faire apparaître, ne rendant la situation que plus chaotique encore.

Mais au soulagement de Chat Noir et Ladybug, si ce vilain s'avère particulièrement coriace, leur nouvelle coéquipière ne se laisse pas démonter pour autant.

Le regard brillant de détermination, la jeune femme se saisit de son pinceau à pleines mains et s'élance dans la rue, striant le sol de larges bandes de miel. À peine le vilain passe-t-il dessus qu'il interrompt sa course, visiblement perturbé par cette substance visqueuse qui colle à ses pas.

« Du miel ? », s'étonne-t-il en levant l'un de ses pieds pour jeter un coup d'œil incrédule à sa semelle. « Les guêpes ne font pas de miel normalement », poursuit-il en dardant un regard accusateur sur l'héroïne qui se dresse face à lui.

Alors que la Guêpe pince les lèvres en une moue irritée, Chat Noir s'approche nonchalamment d'elle et pose une main sur son épaule.

« Qu'est-ce que je t'avais dit ? », lui glisse-t-il avec un sourire amusé. « Les vilains peuvent être affreusement protocolaires. »

Pour toute réponse, la jeune femme laisse échapper un léger soupir et se lance de nouveau à l'attaque.





Le combat se poursuit férocement, la Guêpe s'en prenant à présent à Volpina - avec, comme elle l'avait souligné à juste titre, beaucoup de motivation -, tandis que Chat Noir et Ladybug se concentrent quant à eux sur cet insaisissable super-vilain dont les a gratifiés le Papillon.

Pendant des minutes qui leurs semblent des heures, les deux héros tentent des interceptions désespérées pour essayer de freiner sa course. Mais en vain. Ils ont toujours un temps de retard.

Le yo-yo de Ladybug qui ne manque la cheville de l'homme que d'un cheveu.

La main gantée de Chat Noir qui se referme une fraction de seconde trop tard.

Et pire encore.

Cet homme après lequel ils courent en vain ne les laisse pas respirer un seul instant. S'ils relâchent leur vigilance ne serait-ce que pendant un minuscule moment, la riposte est immédiate. Les chasseurs deviennent les proies, et leur adversaire se fait un malin plaisir de leur prouver à nouveau ô combien il peut se montrer dangereux.

Chat Noir et Ladybug n'ont pas le choix.

Ils doivent toujours courir, toujours rester en mouvement.

Mais ces efforts ont un prix. L'épuisement les gagne peu à peu, pesant sur leurs os et engorgeant leurs poumons.

Le souffle dangereusement court, Chat Noir se passe machinalement la main le long de l'épaule après une rude chute. Soudain, un cri d'alarme lui fait vivement relever la tête.

Il ne lui faut qu'une seconde pour repérer son ennemi.

Son ennemi, et le javelot à la pointe menaçant qu'il tient en main.

Le corps de l'homme se détend brusquement alors qu'il lance son arme en direction du héros et Chat Noir pourrait jurer qu'à cet instant précis, son cœur rate un battement. Ses traits se déforment d'horreur alors que le projectile fonce sur lui dans un vrombissement sourd.

Le tir est trop précis, trop rapide pour l'esquiver sans risque.

Il n'a qu'une seule option.

« Cataclysme ! », s'écrie-t-il en tendant la main droit devant lui.

Juste à temps.

Le javelot se désagrège au contact de sa paume, centimètre par centimètre, transformé au rythme de sa folle course en un nuage de particules couleurs rouille.

« Chat ! », s'exclame Ladybug d'une voix blanche, tout en se précipitant à ses côtés. « Est-ce que ça va ? »

La jeune femme est livide sous son masque, et ses grands yeux bleus écarquillés de terreur témoignent de la peur sans nom que ce dernier assaut vient de lui faire éprouver.

« Rien de cassé », la rassure le jeune homme avec un faible sourire, tout en posant doucement sa paume sur l'épaule de sa coéquipière pour y exercer une pression réconfortante.

Ladybug pose machinalement sa main sur celle de Chat Noir.

Ses doigts tremblent, note le jeune homme avec un pincement de cœur.

Mais refusant visiblement de se laisser gagner par l'émotion, Ladybug laisse retomber son bras pour se saisir de son yo-yo et lance ce dernier dans les cieux de Paris.

« Lucky Charm ! », s'écrie-t-elle d'une voix légèrement étranglée, marque résiduelle de l'émotion qui l'a secouée à l'instant.

À peine une dizaine de secondes et quelques nuées de coccinelles magiques plus tard, une bouteille en plastique rouge et noir retombe entre ses mains.

« De l'huile de tournesol ? », articule Chat Noir, lisant par-dessus l'épaule de sa coéquipière l'étiquette qui orne l'étrange objet dont vient de la gratifier son pouvoir.

« Oui », répond distraitement Ladybug. « Quant à savoir ce qu'on peut en faire... »

Le regard de la jeune femme scanne les alentours, observant, analysant, cherchant comment tirer parti de cet environnement qui s'offre à sa propriétaire. Les idées fusent sous la boîte crânienne de l'héroïne, étudiées, écartées ou conservées à la vitesse de l'éclair.

Soudain, une lueur triomphale s'allume au creux des prunelles de Ladybug.

« Chat, j'ai besoin de toi pour distraire Volpina », lui annonce-t-elle sans hésiter. « Essaye de l'occuper autant que possible, on se charge de l'autre. »

« À tes ordres, ma Lady », réplique Chat Noir avec une légère courbette.

Alors que le jeune homme bondit dans les airs, bâton brandit par-dessus sa tête pour tenter d'assener un violent coup à son ennemie, Ladybug porte son attention sur le nouveau membre de leur petit groupe.

« La Guêpe, viens par ici ! », lance-t-elle avec un geste de la main à l'attention de son amie. « Je vais avoir besoin de ton aide ! »

« J'arrive ! », s'exclame la jeune femme en profitant de l'arrivée de Chat Noir pour se désengager de son duel avec Volpina et bondir aux côtés de son amie.

Ladybug se penche vers elle, main posée sur son épaule, et lui glisse quelques mots rapides à l'oreille. La Guêpe hoche la tête d'un air entendu et se place face au super-vilain, doigts crispés sur le manche de son pinceau.

Nullement impressionné, ce dernier toise les deux jeunes femmes avec un sourire mauvais.

« Alors, le matou a eu la trouille ? », lâche-t-il d'un ton narquois. « Tant pis, je récupérerai vos miraculous d'abord, puis le sien ensuite. Le Papillon sera content que je lui ramène celui de l'Abeille en bonus. »

« Il faudra nous battre d'abord », riposte Ladybug en relevant fièrement le menton.

« Oh, pour ça, je ne m'inquiète pas », rétorque le vilain sans ciller.

À peine ce dernier mot franchit-il ses lèvres que l'homme s'élance en direction les deux héroïnes. Il se précipite vers elles à toute vitesse, ses bras et jambes presque flous tant ces derniers bougent rapidement.

Ladybug parvient tout juste à suivre son adversaire du regard, mais peu importe.

Elle en voit assez.

« Parfait », murmure-t-elle dans un sourire.

Les yeux plissés de concentration, la jeune femme jauge la progression de son ennemi.

Elle n'aura qu'une seule chance.

Le vilain s'approche, encore, encore, encore.

Et soudain, le regard de l'héroïne s'illumine.

« Maintenant ! », hurle-t-elle brusquement.

Joignant le geste à la parole, Ladybug lance la bouteille d'huile de toutes ses forces pour la faire s'écraser par terre. L'objet explose sous la puissance de l'impact, répandant son contenu au sol.

« Essaim ! », hurle Alya au même instant, pointant son pinceau droit devant elle.

Une nuée d'abeilles surgit brièvement du néant pour venir ériger un gigantesque mur de cire, avant de disparaître aussi rapidement qu'elles étaient venues. La structure ainsi construite sur les ordres de la Guêpe barre totalement la route, isolant les deux héroïnes de la flaque d'huile qui s'étale à présent quelques mètres plus loin.

Les évènements s'enchaînent ensuite en un battement de cil.

Le vilain arrive vite, bien trop vite pour pouvoir modifier sa trajectoire. Un glapissement de surprise s'échappe de ses lèvres alors qu'il pose le pied sur sol huileux, là où Ladybug a jeté sa bouteille un instant plus tôt.

Sa semelle ripe instantanément sur le côté, lui faisant perdre l'équilibre.

L'homme glisse, bascule, et, emporté par son élan, vient s'écraser dans un bruit sourd contre l'obstacle fraîchement créé par la Guêpe.

Ladybug rentre instinctivement la tête dans les épaules en entendant le son du choc, une grimace sur le visage. Mais sa compassion s'arrête là. D'un bond, elle franchit le mur de cire, atterrit aux côtés du vilain et lui arrache vivement son dossard.

Tandis que Ladybug purifie l'akuma ainsi libéré, Chat Noir s'approche de la Guêpe.

« Pratique, ton pouvoir », lui fait-il remarquer Chat Noir.

« Structures en cire sur mesure », réplique son interlocutrice en formant joyeusement le V de la victoire avec ses doigts. « Je ne peux faire que des formes assez simples, mais c'est vraiment pratique. Maintenant, tu m'excuses, mais j'ai mon poing à aller écraser quelque part », reprend-elle en jetant un regard assassin à Volpina.

Manifestement peu encline à affronter le courroux de la nouvelle héroïne, la super-vilaine déploie aussitôt une nuée d'illusions autour d'elle et, profitant de la confusion, fuit prestement les lieux du combat.

« Non, c'est de la triche ! », s'exclame rageusement la Guêpe.

« On l'aura la prochaine fois », la rassure sa meilleure amie en revenant vers elle.

En temps normal, Ladybug aurait été la première à laisser exploser sa frustration de voir Volpina lui glisser entre les doigts une fois de plus. Mais là, le soulagement et la fierté qu'elle éprouve à voir son amie assumer parfaitement son nouveau rôle sont tels qu'il étouffe sa déception.

Avec Alya à leurs côtés, Chat Noir et elle vont de nouveau pouvoir se battre à arme égale contre leurs ennemis. Et, avec un peu de chance, ils pourront bientôt les arrêter définitivement.

Ladybug cogne son poing contre celui de Chat Noir et se tourne vers la Guêpe pour reproduire le même geste.

« Bien joué », la félicite-t-elle avec un sourire gorgé de gratitude. « Et merci. Du fond du cœur. » 

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