Chapitre 21

Note :

Pour rappel, je ne veux rien savoir des futurs épisodes (pas de titres d'épisodes, de noms de persos, d'éléments de grande ou moindre importance, RIEN). Merci de me pas me spoiler dans les commentaires.

S'il y a des épisodes récemment diffusés, il est également possible que je ne sois pas à jour. Alors au besoin demandez-moi où j'en suis avant d'en parler dans les commentaires de mes fics.

Merci.

***



Lorsque vient le soir, fidèles à de récentes habitudes, kwamis et héros se séparent pour la nuit. Plagg et Tikki s'éclipsent dans la pièce auparavant allouée à Marinette et dans laquelle ils ont désormais pris leurs quartiers, tandis que leurs amis gagnent la chambre du jeune homme après s'être tour à tour changés dans la salle de bain.

Arrivée devant le lit, Marinette marque un temps d'arrêt.

Dormir avec Adrien est une chose. L'embrasser en est une aussi.

(Et toutes deux déjà non négligeables en soi, d'ailleurs.)

Mais dormir avec Adrien après l'avoir embrassé ?

Voilà qui est une toute autre histoire.

La jeune femme a beau avoir accueilli jusque-là les divers évènements de la journée avec une relative sérénité au vu des circonstances, les choses sont à présent sensiblement différentes. Il lui semble que toute la folle fébrilité qu'elle aurait dû ressentir, que toutes les questions existentielles qu'elle aurait pu se poser, que toutes ces années à se consumer de nervosité en présence de ce garçon se sont cristallisées pour se manifester maintenant.

Ce n'est pas qu'elle ait peur, non.

Mais elle mentirait en affirmant qu'elle n'est pas impressionnée par cette nouvelle, merveilleuse, exaltante et définitivement déroutante situation.

Les choses pourraient être simples, pourtant.

Se coucher, s'endormir, se plonger dans un bienheureux sommeil jusqu'à demain.

Elle l'a déjà fait.

Elle le fera même probablement encore, si son cœur daigne ne pas l'achever d'une crise cardiaque à force de battre aussi ridiculement fort.

Mais manifestement nostalgique de ses tourments d'adolescente, son stupide cerveau tourne et tourne sans cesse. Il analyse, surinterprète, tord et décortique le moindre fait, se repaissant fiévreusement de chaque bribe de pensée comme une créature aussi vorace qu'incontrôlable.

Avec une pareille tempête sous son crâne, impossible de trouver le repos.

Alors que la jeune femme tente désespérément de se focaliser sur n'importe quoi d'autre que l'ouragan qui se déchaîne sur ses malheureux neurones, Adrien laisse échapper une brève quinte de toux.

« Si tu préfères, je peux te laisser ma chambre et aller dormir dans la chambre d'amis », lui propose-t-il d'une voix qu'il espérait manifestement nonchalante, mais qu'il accompagne d'une légère grimace en réalisant qu'elle sonne un peu trop tendue pour réussir à faire illusion. « Ou inversement. »

Le mannequin se balance mécaniquement d'un pied sur l'autre, tout en passant et repassant ses doigts sur l'arrière de sa nuque.

Marinette n'a manifestement pas l'apanage de la nervosité, réalise brusquement la jeune femme. Il irradie d'Adrien une fébrilité incontestable, qui traverse les airs pour venir glisser contre sa peau.

Mais curieusement, loin de vriller encore un peu plus ses nerfs, constater qu'elle n'est pas la seule à appréhender cette nouvelle situation apaise Marinette. Pas beaucoup, certes, mais un peu.

Adrien est au moins aussi intimidé qu'elle.

C'est... rassurant, d'une certaine façon.

« N-non, c'est bon », balbutie-t-elle enfin. « Enfin, si c'est bon pour toi aussi ? », ajoute-t-elle en jetant un coup d'œil interrogateur à son coéquipier, qui la rassure d'un bref hochement de tête.

Les joues d'Adrien sont légèrement plus roses que d'ordinaire, et Marinette se sent s'empourprer à son tour.

Elle s'apprête à dormir aux côtés de celui qui est désormais son petit ami, et cette situation inédite la décontenance décidément bien plus qu'elle ne l'aurait cru au vu du degré de familiarité qu'a déjà leur relation.

Les pommettes d'un splendide rouge vif, Marinette grimpe sur le lit, écarte le haut des draps dans un doux crissement de tissu et se glisse en dessous d'un mouvement fluide.

Du coin de l'œil elle voit son coéquipier imiter son geste. Le matelas s'incurve sous le poids du jeune homme alors que ce dernier s'installe à son tour et prend sa place habituelle auprès de sa partenaire.

Les deux jeunes gens restent un instant immobiles, laissant glisser les secondes alors que la tension qui les oppressait jusque-là se dénoue lentement.

Marinette ne saurait dire si la situation lui paraît absurdement irréelle ou d'un naturel absolu. Aucun des deux, peut-être. Ou les deux à la fois. Ce n'est pas la première fois qu'elle partage le lit d'Adrien - quoi qu'en de circonstances légèrement différentes-, et elle oscille à présent entre des nuées d'émotions plus contradictoires les unes que les autres.

Sentiment de familiarité. D'inconnu. De gêne. De bien-être.

Et, quelque part entre ses nerfs à fleur de peau et ses pensées assourdissantes, une indéniable exaltation.

Elle est avec Adrien.

Son précieux partenaire et irremplaçable amour de sa vie.

Guidée par ses pensées, Marinette tourne machinalement la tête vers son partenaire. Elle se trouve aussitôt happée par un regard d'un vert envoûtant et par un sourire timide, que ses lèvres imitent avant même qu'elle n'en prenne conscience.

Pendant une seconde encore, les deux jeunes gens restent sans bouger.

Puis, lentement, comme s'il redoutait d'esquisser le geste de trop, Adrien écarte le bras en une invitation muette.

Il n'en faut pas plus à Marinette pour jeter aux orties toutes les appréhensions qu'elle aurait encore pu avoir et pour venir se blottir contre son partenaire.

Elle est avec Adrien.

Et en dépit de son cœur tambourinant de toutes ses forces dans sa poitrine, du fait que son cerveau choisisse ce moment précis pour lui rappeler que rien d'autre ne les sépare que de simples pyjamas, de la douce chaleur qui l'envahit à cette idée et de celle, plus douce encore, que dégage le corps de son partenaire contre le sien, elle se sent envahie d'un merveilleux sentiment de sérénité.

Elle a confiance en Adrien comme en personne au monde.

Jamais elle ne sera autant à sa place qu'entre ses bras.

Adrien se penche vers elle pour déposer un léger baiser sur ses lèvres, lui décoche un dernier sourire, puis éteint la lumière.

Marinette ferme instinctivement les paupières et gigote légèrement jusqu'à se retrouver confortablement lovée contre Adrien, tête contre son épaule et paume contre son torse. Elle laisse échapper un soupir d'aise, bercée par les pulsations régulières de son pouls et blottie dans le douillet cocon qu'il forme de ses bras.

Puis, tout à coup, elle sent son coéquipier chercher sa main à tâtons. Les doigts du jeune homme localisent d'abord son poignet, puis sa paume, avant de venir finalement s'entrelacer avec les siens.

Le cœur débordant d'une nouvelle vague d'affection, Marinette lève la tête vers Adrien et l'embrasse. Ses lèvres atterrissent quelque part près de sa joue, de sa mâchoire, elle ne sait pas trop exactement.

Mais peu importe, pour approximatif qu'il soit, ce baiser n'en est pas moins rempli d'une indéniable tendresse.

Au final, c'est tout ce qui compte.

« Bonne nuit », roucoule-t-elle en se blottissant de plus belle contre Adrien.

En réponse, le jeune homme resserre un peu plus son étreinte autour d'elle, un bras passé autour de ses épaules et une main posée au creux de sa taille.

« Bonne nuit », murmure-t-il dans un souffle.





Le lendemain, Adrien se réveille avec la délicieuse sensation de ne quitter un rêve enchanteur que pour mieux se replonger dans un autre.

Pendant un merveilleux instant, son esprit encore embrumé de sommeil oublie le Papillon, Volpina, les terribles risques qui pavent ses pas et ceux de celle qu'il aime et toutes ces terrifiantes épreuves qui les attendent certainement encore.

Rien n'existe à part Marinette.

Marinette et ses baisers qui brûlent encore dans sa mémoire, Marinette et son souffle régulier caressant le creux de son cou, Marinette et la chaleur de son corps encore pelotonné contre le sien.

Comme attiré par un aimant, le regard d'Adrien se pose sur la jeune femme allongée à ses côtés.

Les volets tirés maintiennent encore la pièce dans une semi-pénombre, mais la luminosité n'en est pas moins suffisante pour qu'Adrien puisse admirer le profil endormi de sa compagne.

Il peut voir son petit nez légèrement retroussé, la courbure familière de ses pommettes et même ses lèvres, délicatement entrouvertes, comme si elles invitaient les siennes à un tendre baiser. Il faut à Adrien toute la volonté du monde pour résister à cette dernière pulsion et pour s'arracher à la contemplation de Marinette.

La motivation d'Adrien s'arrête cependant ici.

Le jeune homme se trouve parfaitement à son aise dans ce moelleux cocon de tendresse et de douces températures, et le bienheureux sommeil de Marinette est contagieux.

Durant de longues minutes encore, il s'autorise à savourer ainsi ce réveil on ne peut plus tranquille et la présence de sa Lady à ses côtés. Il reste immobile, le regard perdu dans le vague, laissant sa conscience flotter entre deux eaux.

Mais bientôt, son sens du devoir le rappelle à l'ordre, et c'est avec le plus profond regret qu'il se résout à tirer sa belle endormie de son profond sommeil.

Comme bien souvent, le réveil de Marinette est... laborieux, pour ainsi dire.

La jeune femme laisse échapper des grognements inintelligibles, se roule en boule sur elle-même, chasse la main d'Adrien d'une petite tape du bout des doigts et bougonne de plus belle lorsque son compagnon insiste pour qu'elle émerge enfin.

« Gnveux pas me lever... », marmonne-t-elle en enfonçant sa tête dans son oreiller.

Il faut à Adrien toute la patience du monde et force de cajoleries pour obtenir d'elle qu'elle daigne enfin ouvrir les paupières.

Elle pousse un profond soupir, passe une main hagarde le long de son visage et lève sur son coéquipier ses yeux impossiblement bleus. À demi-redressé au-dessus d'elle, en appuis sur son coude, Adrien peut surprendre l'instant exact où le voile de sommeil qui embrumait le regard de Marinette se déchire enfin.

Une lueur étincelante s'allume au creux de ses prunelles et son expression s'éclaire, illuminée par un sourire empli de tant d'affection que le cœur d'Adrien se met aussitôt à bondir joyeusement dans sa poitrine.

« Bonjour, chaton », articule-t-elle d'une voix encore enrouée de sommeil.

Souriant à son tour, Adrien se penche vers elle et l'embrasse tendrement.

« Bonjour, ma Lady », ronronne-t-il avec bonheur.





Les minutes s'égrènent paresseusement alors que le soleil poursuit sa lente ascension dans les cieux de Paris.

L'instant de flottement de la soirée de la veille désormais complètement oublié, Marinette et Adrien retombent dans leur confortable routine. Rien n'a changé, quelque part, à la différence près qu'ils se retrouvent désormais complètement incapables de garder leurs mains loin de l'autre.

Bon, d'accord.

Les choses ne sont peut-être pas si différentes que ça.

Bien qu'ils ne soient officiellement en couple que depuis la veille, cela fait bien longtemps déjà qu'il ne leur est plus possible de définir leur relation de « simplement amicale ». Les contacts physiques, les paroles tendres et les regards chargés d'affection leur sont tout sauf extraordinaires.

Ce qui change, en revanche, c'est l'intimité de leurs gestes.

Ces baisers brûlants qu'ils échangent avec autant d'avidité que si le seul air dont ils avaient désormais besoin était celui prisonnier entre leurs lèvres.

Ces mots d'amour éperdus murmurés contres leurs peaux, les frôlant en d'innombrables caresses.

Ces doigts qui semblent à présent animés d'une vie propre, courant le long de leurs mâchoires, de leurs bras, se glissant dans leurs cheveux, allant même parfois jusqu'à se faufiler sous le tissu de leurs vêtements à la recherche de quelques centimètres d'une tendre chaleur.

Redécouvrir ainsi leur relation emplit Adrien et Marinette d'un délicieux sentiment d'exaltation et d'euphorie.

Jamais ils n'ont éprouvé une pareille joie en la présence l'un de l'autre, et le moindre petit geste se fait aussitôt le reflet de cet océan de merveilleuses émotions qui déborde de leurs cœurs. Impossible pour eux de ne pas éprouver le besoin primaire, instinctif, de se témoigner physiquement leur affection.

Lorsque Marinette se tient debout devant la cafetière, attendant dans un état de semi-conscience que sa tasse se remplisse de breuvage favori, Adrien vient se placer derrière elle, bras amoureusement passés autour de sa taille et menton posé sur son épaule.

Quand tous deux se trouvent attablés l'un face à l'autre le temps de déjeuner, ils étendent leurs jambes, frôlant leurs chevilles, leurs mollets, tandis que milles mots d'amour dansent dans leurs regards.

Faire le ménage dans la cuisine leur prend une éternité, chaque mouvement de leur part se trouvant propice à de nouveaux contacts. Leurs mains se tendent et s'effleurent. Leurs lèvres trouvent le creux de leur cou, leurs pommettes, leurs tempes, s'éparpillant en une myriade de baisers volés.

Ils s'étreignent, s'embrassent, se glissent des mots d'amour et laissent échapper des éclats de rire incrédules.

Ces instants de complicité les plongent dans un océan de félicité dont ils voudraient ne jamais ressortir, et c'est sans la moindre retenue qu'ils se délectent du bonheur simple d'être enfin ensemble.





La vaisselle matinale terminée, Marinette s'attarde encore un peu dans le salon, bavardant tranquillement avec Adrien, Plagg et Tikki. Puis, au bout d'un instant, elle se détourne d'eux pour se diriger vers un meuble jouxtant la baie vitrée. Elle y récupère son téléphone, qu'elle avait abandonné là un peu plus tôt, et jette un bref coup d'œil à l'écran.

Alors qu'elle repose l'appareil et relève la tête pour laisser courir son regard sur les crêtes d'immeubles avoisinantes, elle entend son coéquipier s'approcher dans son dos.

« Il va falloir que je file », lui annonce-t-elle en piochant un élastique dans sa poche et en rassemblant ses cheveux avec l'aisance née d'une longue pratique. « J'ai rendez-vous avec Alya. »

Le jeune homme laisse échapper un murmure approbateur et passe sa main autour de la taille de sa partenaire pour l'attirer contre lui. Il écarte du bout des doigts les quelques mèches qui s'échappent encore de son chignon improvisé pour venir appuyer ses lèvres sur sa nuque en un baiser langoureux, d'une lenteur délibérée, qui fait courir un frisson le long son épine dorsale et tord son bas-ventre de la plus plaisante manière.

Marinette laisse échapper un soupir d'aise, puis tourne sur elle-même pour faire face à Adrien.

Elle se dresse légèrement sur la pointe des pieds et l'embrasse, encore et encore, glissant ses doigts dans ses cheveux dorés.

« Je vais être en retard... », soupire-t-elle entre deux baisers.

« Rien d'inhabituel », souligne Adrien d'un ton espiègle.

« Hey ! », proteste Marinette en riant.

Alors qu'elle s'écarte légèrement pour mieux marquer sa prétendue indignation, elle croise le regard pétillant de malice de son coéquipier.

« Quoi ? », réplique-t-il en resserrant sa prise autour de la taille de la jeune femme, avant de se pencher vers elle pour déposer un léger baiser sur la pointe de son nez. « Je t'aime, ma Lady, mais tu es tout sauf ponctuelle. »

« Tu es pire que moi, chaton », rétorque Marinette en lui donnant une pichenette affectueuse sur le nez.

« Certes », concède Adrien avec un immense sourire, « mais reconnais que j'ai toujours de meilleures excuses que toi. »

« Tu as un visage d'ange », riposte la jeune femme en levant dramatiquement les yeux au ciel. « C'est tout ce qui te sauve. »

Adrien laisse échapper un petit rire et se penche de nouveau vers Marinette pour l'embrasser légèrement dans le creux du cou. Surprise par ces lèvres qui viennent malicieusement chatouiller sa peau, la jeune femme laisse échapper un petit rire.

« Je dirai à Alya que c'est de ta faute si je suis en retard », glousse-t-elle avec ravissement.

« Et si tu lui dis précisément pourquoi c'est de ma faute, elle ne te laissera jamais repartir sans que tu lui aies tout raconté dans le détail », rétorque son coéquipier avec une lueur amusée dans le regard. « Trois fois. »

« Touché », s'esclaffe Marinette. « Donc », poursuit-elle en posant un doigt accusateur sur le torse de son partenaire, « si tu ne veux pas que j'aie encore plus de choses à lui dire, je te conseille de me laisser filer rapidement. »

Adrien laisse échapper un soupir théâtral, puis détache doucement ses mains de la taille de Marinette.

« Tu me manques déjà », lui glisse-t-il d'une voix douce. « Reviens vite. »

Les lèvres de la jeune femme s'étirent en un tendre sourire.

« Promis. »





Quelques minutes plus tard, Ladybug atterrit souplement sur le toit de l'immeuble d'Alya, au sommet duquel sa meilleure amie et elle ont désormais leurs habitudes. Ainsi à l'abri des regards et du moindre suspect dont Volpina pourrait avoir volé le visage, elles savent qu'elles peuvent se retrouver en toute sérénité.

Alya l'y attend déjà, une tasse fumante dans chaque main.

Après s'être chacune assurée qu'elles ne faisaient pas face à leur ennemie, les deux jeunes femmes se saluent joyeusement. Ladybug se transforme dans une nuée d'étincelle roses avant qu'Alya ne lui glisse dans les doigts l'un des deux récipients qu'elle tenait jusque-là.

Il ne faut qu'une fraction de seconde à un délicieux arôme de café pour venir chatouiller les narines de Marinette.

« Ahhh, merci Alya », soupire-t-elle en humant le précieux breuvage avec délectation. « Qu'est-ce que je ferais sans toi ? »

« Tu trouverais quelqu'un d'autre pour t'encourager dans notre addiction commune », rétorque Alya avec un sourire sardonique. « Combien de tasses depuis que tu t'es levée ? »

« Pas tant que ça », élude Marinette avec un haussement d'épaules évasif.

Elle boit une petite gorgée, laissant le liquide brûlant descendre dans sa gorge, puis braque un regard incisif sur son amie.

« Alors, pour Lila », lui demande-t-elle sans autre forme de préambule. « Tu as du nouveau ? »

L'expression d'Alya s'assombrit aussitôt.

« Rien du tout », grogne-t-elle avec frustration. « Je t'avais dit que ses parents avaient déménagé trois fois depuis le collège ? », poursuit-elle en levant trois doigts dans les airs pour mieux illustrer ses paroles. « J'ai fini par retrouver leur trace, même si c'est loin d'avoir été une partie de plaisir. Je n'ai pas besoin de te rappeler le nombre de Rossi qu'il peut y avoir à Paris. »

« Ne m'en parle pas », soupire Marinette en levant les yeux au ciel.

Dès l'instant où Adrien et elle ont réalisé que Lila s'était envolée du campus de son université, la chercher chez ses parents leur est apparu comme une piste évidente. Mais c'était malheureusement sous-estimer le nombre décourageant de « Rossi » que comporte l'annuaire parisien.

Et tout ça, en admettant que les parents de Lila habitent effectivement à Paris.

« Qui aurait cru que c'était un nom de famille si répandu... », lâche Marinette en se passant une main lasse sur le visage.

« Beaucoup trop répandu, si tu veux mon avis », approuve Alya avec une grimace. « Bref. Je les ai retrouvés et je me suis présentée chez eux en demandant à parler à Lila sous un faux prétexte. Mais je te le donne dans le mille : tout ce qu'ils pu me dire, c'est qu'elle était partie en stage à Milan. Rien de plus », conclut-elle avec un froncement de sourcil irrité.

Poussant un profond soupir, Alya passe machinalement la main dans ses boucles rousses.

« Je suis quand même restée à surveiller au cas où », conclut-elle en secouant la tête avec impuissance. « Mais rien... »

Ravalant sa déception, Marinette pose doucement la main sur le bras de son amie.

« Au moins, ça fait une piste qu'on peut écarter grâce à toi », souligne-t-elle d'un ton encourageant. « Ce n'est pas négligeable. »

« Peut-être, mais je ne serai contente qu'une fois que Chat Noir et toi aurez mit la main sur cette petite peste et qu'elle payera pour tout ce qu'elle t'a fait », rétorque obstinément Alya.

Les deux amies restent un instant silencieuses, ruminant ces dernières paroles tout en sirotant doucement leur café. Finalement, décidant manifestement de ne pas laisser ses pensées moroses assombrir plus longtemps son début de journée, Alya se tourne vers Marinette.

« Et sinon, comment se passe ta cohabitation avec Chat Noir ? », reprend-elle avec un faible sourire. « Toujours aussi formidablement platonique ? »

Malgré la déception qui lui mord toujours les entrailles, Marinette ne peut s'empêcher d'éclater de rire.

C'est loin d'être la première fois qu'Alya la taquine - de façon plus ou moins subtile – sur sa relation avec son coéquipier. C'en en même devenu une habitude. Une phrase rituelle, qui finit presque toujours par surgir au milieu de leurs conversations dès l'instant où il est question de Chat Noir.

C'est toujours la même routine.

Alya plaisante gentiment au sujet de l'absence de relation qu'entretient sa camarade avec Chat Noir, Marinette écarte ses remarques espiègles avec désinvolture, les deux amies échangent un sourire complice et la discussion reprend son court comme si de rien n'était.

Du moins, c'est ce qui se passe d'ordinaire.

Mais là, les choses sont différentes.

Merveilleusement différentes.

Le cœur tambourinant joyeusement dans sa poitrine, Marinette se fend d'un sourire malicieux que n'aurait pas renié son coéquipier.

« Platonique ? Je ne dirais pas ça... », lâche-t-elle avec une fausse nonchalance.

De surprise, Alya laisse tomber sa tasse au sol.

Le tintement de la céramique heurtant le béton se perd dans le cri de surprise qui s'échappe de ses lèvres.

« Non ? ENFIN ? », s'exclame-t-elle en fixant son amie avec des yeux grands comme des soucoupes.

Bien malgré elle, Marinette sent ses lèvres s'étirer en un immense sourire.

C'est plus fort qu'elle. Le simple souvenir de son coéquipier et de ces instants partagés avec lui l'emplit d'un sentiment de douce euphorie dont elle voudrait ne jamais se défaire. Des nuées des étincelles de joie crépitent au creux de son cœur, des feux d'artifices de bonheur déflagrent dans tout son être.

« Oui », approuve-t-elle avec délectation. « Enfin. »

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top