Chapitre 2
Note :
Pour rappel, je ne veux rien savoir des futurs épisodes (pas de titres d'épisodes, de noms de persos, d'éléments de grande ou moindre importance, RIEN). Merci de me pas me spoiler dans les commentaires.
S'il y a des épisodes récemment diffusés, il est également possible que je ne sois pas à jour. Alors au besoin demandez-moi où j'en suis avant d'en parler dans les commentaires de mes fics.
Merci.
***
Quelque part dans les rues de Paris, Ladybug court, saute, court encore, poursuivie par un vilain qui la talonne de bien trop près.
Il faut qu'elle s'échappe.
Vite.
Très vite.
La jeune femme s'élance vers un toit, se laisse glisser sur une pente d'ardoises, atterrit souplement dans la ruelle suivante et reprend sa folle course.
Vite.
Encore plus vite.
Ses muscles la brûlent, ses poumons sont en feu, mais elle ne peut pas se permettre de ralentir. Pas alors que sa détransformation est si proche et son ennemi si près. Pas alors que Chat Noir se trouve si loin d'elle, provisoirement immobilisé par une attaque qu'il a pris de plein fouet en voulant faire diversion pour qu'elle puisse s'enfuir à temps.
Le souffle court, Ladybug bifurque brusquement dans une petite rue.
Son sang bat dans ses tempes et les bips frénétiques qui résonnent à ses oreilles ne font qu'accroître son sentiment d'urgence.
Si seulement elle pouvait réussir à enfin distancer son ennemi...
Mais un jet de sucre poisseux qui s'écrase à à peine dix centimètres de sa tête sonne aussitôt le glas de ses espoirs. Le super-vilain est toujours derrière elle, et beaucoup trop près pour son propre confort.
Oscillant entre rage impuissante et une panique de plus en plus difficile à contenir, Ladybug accélère encore.
Au vu de la situation, ce sucre rose et pâteux que son adversaire semble pouvoir projeter à sa guise s'avère particulièrement dangereux pour elle. Il y a tout juste deux minutes, elle a vu ce pâtissier contrarié utiliser la spatule qui lui sert d'arme pour récupérer du sucre fondu dans la casserole qu'il tient dans son autre main (et qui parait hélas incapable de se désemplir) et lancer cette matière visqueuse droit sur les jambes de Chat Noir, paralysant ainsi la course du jeune héros.
Si jamais elle se fait toucher à son tour, jamais elle ne pourra s'enfuir à temps.
Réalisant soudain qu'elle s'est engouffrée dans une impasse, la jeune femme pile brusquement. Elle lève le regard au ciel, tourne sur elle-même pour chercher une échappatoire. Une allée, une fenêtre, une cheminée à laquelle enrouler son yo-yo.
N'importe quoi qui lui permettrait de s'éclipser.
Mais il est déjà trop tard.
Comme dans un mauvais rêve, elle voit son adversaire se ruer à sa suite. Une violente décharge d'adrénaline déferle dans les veines, ses immenses yeux bleus s'écarquillent d'horreur, et il lui semble que soudain, le temps se fige.
Ladybug voit tout.
Image par image, fraction de seconde par fraction de seconde, avec une précision digne de la plus impitoyable des tortures.
Le vilain qui arme son attaque.
Sourit.
Vise.
Et tire.
En un battement de cil, une gigantesque masse de sucre fondu traverse les airs et s'écrase sur la jeune héroïne, la plaquant contre le mur auquel elle tourne le dos.
Empêtrée dans cette matière gluante et visqueuse qui l'emprisonne aussi sûrement que du chewing-gum, Ladybug se débat avec l'énergie du désespoir. Mais le sucre colle sur ses doigts, s'agglutine autour de ses mains, immobilise ses bras et son torse pour la garder fermement attachée contre le mur.
Et ses boucles d'oreilles bipent, bipent, bipent, plus vite, plus fort, encore plus fort...
Puis plus rien.
Le bruit strident s'évanouit, à l'instant même une vague d'énergie rose engloutit l'héroïne.
Le sentiment d'horreur qui s'empare alors de Marinette est tel qu'il la glace jusqu'aux os.
Elle s'est détransformée.
En plein combat.
Face à un vilain, dont elle est actuellement prisonnière.
Sous le choc, la jeune femme se retrouve incapable de contenir le raz-de-marée de panique qui déferle sur elle et emporte avec lui ses dernières bribes de sang-froid. Elle n'arrive plus à bouger. N'arrive plus à réfléchir. N'arrive plus à ressentir quoi que ce soit d'autre que cette terreur immonde, abjecte, qui l'écorche vive.
Seule la violente nausée qui lui tord l'estomac lui rappelle qu'elle est encore composée d'autre chose que de pure frayeur.
Le vilain se fend d'un sourire mauvais, une lueur violacée danse autour de ses yeux, et l'envie de vomir qu'éprouve Marinette se fait plus violente encore.
Son ennemi l'a vue.
Le Papillon l'a vue.
Sans son costume.
Sans son masque.
« Et bien, on dirait que la partie est finie », articule le super-vilain avec délice, et Marinette sent une nouvelle onde d'horreur courir sur sa peau.
Jamais elle n'aurait pu croire qu'il puisse être possible de ressentir de la terreur d'une façon aussi physique.
Cette nausée qui refuse de disparaître. Ses nerfs tendus à en rompre. Son crâne au bord de l'explosion. Son cœur qui bat à s'en arracher de sa poitrine. Même sa peau lui semble à vif, comme passée au papier de verre.
C'est un cauchemar.
Un épouvantable cauchemar.
Et hélas, un cauchemar qui est loin d'être terminé.
L'homme s'approche à présent d'elle, tend une main vers l'une de ses boucles d'oreille.
Marinette se débat, mais en vain. Le sucre qui l'emprisonne est trop épais, trop poisseux pour qu'elle puisse avoir la moindre chance de s'enfuir. Les pupilles dilatées de frayeur, elle voit les doigts du vilain s'approcher. Encore, encore...
Et soudain, un coup de pied sorti de nulle part envoie l'homme voler violemment sur le côté. Le super-vilain s'écrase contre un mur dans un bruit sourd, puis retombe au sol.
Chat Noir se redresse et, sans jeter un regard à son ennemi, se tourne vers Marinette.
Le visage du héros est dangereusement pâle sous son masque et ses yeux verts reflètent la même horreur que celle qui se lit dans ceux de sa partenaire.
« Cataclysme », articule-t-il d'une voix blanche, avant d'abattre la main sur la gangue de sucre qui retient toujours Marinette prisonnière.
Marinette.
Et non plus Ladybug, dont il ignorait jusque-là l'identité.
Mais au vu de la situation, le fait que Chat Noir sache qui elle est est le cadet des soucis de la jeune femme. A présent libre de ses mouvements, elle avance d'un pas, vacille, se raccroche machinalement au bras de son coéquipier. Elle lève la tête vers lui et ouvre la bouche pour parler, mais les mots restent coincés dans sa gorge.
Que dire quand le monde s'écroule autour de soi ?
Manifestement conscient de la détresse de sa coéquipière – et tout aussi bouleversé qu'elle -, Chat Noir prend une profonde inspiration. Le jeune homme puise visiblement dans ses ultimes ressources pour trouver la force de ne pas se disperser en ces instants critiques.
Il se redresse les épaules, serre la mâchoire, relève le menton.
Mais la main qu'il pose sur celle de Marinette tremble, et la légère pression qu'il exerce sur ses doigts semble être destinée autant à le réconforter lui que sa partenaire.
« Va-t'en, ma Lady », la presse-t-il d'une voix qui apparait à Marinette comme déformée par un écho. « Je m'occupe de lui. »
Toujours muette de stupeur, la jeune femme hoche mécaniquement la tête.
Chat Noir a raison.
Elle doit se mettre en sécurité d'abord, arrêter le vilain ensuite.
Le reste devra attendre.
Chat Noir adresse un pâle sourire à sa coéquipière puis laisse glisser ses doigts entre les siens. Marinette le voit se placer défensivement entre elle et leur ennemi, dans une volonté évidente de la protéger quoi qu'il en coûte.
Puis, sans lui jeter un regard de plus, elle se met à courir.
Vite et loin, loin, très loin de cette ruelle où tout a basculé.
La fin du combat passe comme dans un brouillard.
Tout est flou, étouffé, irréel.
Ladybug a regagné le champ de bataille, mais elle a désormais l'impression de n'être plus qu'une spectatrice impuissante des évènements. Son corps agit en autopilote, réagissant par pur instinct à tout ce qui l'entoure.
Elle s'entend répondre machinalement aux paroles inquiètes de Chat Noir (bien qu'elle serait incapable de se souvenir ne serait-ce que d'un seul mot de leur conversation), se voit purifier l'akuma et saluer distraitement la foule. Tout juste se rappelle-t-elle d'avoir congédié son coéquipier mort d'inquiétude, alors que sa bague se mettait à son tour à biper avec insistance.
Ils se parleront plus tard, lui affirme-t-elle. A l'abri des regards curieux et des oreilles indiscrètes.
Visiblement, Chat Noir a tout sauf envie de partir. Que ce soit son regard offensé, son menton relevé en avant, ses bras croisés défensivement sur sa poitrine, tout dans son attitude trahit la plus grande défiance. Mais il met un point d'honneur à toujours respecter les limites que lui impose sa Lady.
Alors, à contrecœur, il s'exécute.
Ladybug lui promet une dernière fois qu'ils en reparleront très vite. Puis, sans un mot de plus, les deux héros se séparent et s'évanouissent dans les rues de Paris.
À peine quelques pâtés de maison plus loin, Marinette se détransforme à l'abri d'un imposant bâtiment.
Enfin, pour être honnête, elle ne se rappelle même pas avoir prononcé les paroles qui lui permettent de retrouver son apparence de tous les jours. Elle est encore sonnée par les récents évènements et l'étrange impression de dissociation qui s'est emparée d'elle refuse de la quitter.
« Oh, Marinette ! », s'exclame Tikki d'une voix désolée, tout en se lovant contre sa joue pour lui donner une étreinte réconfortante.
Mais la jeune femme ne l'entend guère.
La panique qu'elle éprouve est telle qu'elle a court-circuité son cerveau, la déconnectant du monde extérieur et laissant ses automatismes prendre la relève. C'est une question de survie. Si elle a le malheur de réfléchir ne serait-ce qu'une minute, ne serait-ce qu'une seconde, Marinette s'écroulera sur elle-même.
Alors, pour éviter l'implosion, son propre esprit la chasse de sa boîte crânienne et tente comme il le peut de contenir lui-même la catastrophe en cours.
Peut-être Marinette répond-elle à Tikki. Peut-être que non. Elle ne saurait le dire. Elle n'est plus qu'une coquille en autopilote, qui présente son sac à sa minuscule amie afin que cette dernière puisse s'y réfugier. Tikki lui jette un coup d'œil dubitatif mais s'exécute sans insister, devinant certainement qu'argumenter serait inutile.
Une fois son kwami confortablement installé, Marinette se met machinalement en route vers son école.
Aller en cours n'est peut-être pas la chose la plus productive à faire au vu de la situation, mais jeune femme agit désormais par pur instinct. C'est plus fort qu'elle. Sans même y réfléchir, elle accomplit mécaniquement ces gestes familiers qui auraient dû être les siens si son univers n'avait pas basculé quelques instants plus tôt.
Marcher jusqu'au campus.
Passer les portes de son bâtiment.
Grimper les marches.
Tourner à gauche, à droite, traverser le couloir jusqu'au lieu où elle a cours à présent.
S'asseoir à sa place habituelle, près de la sortie de secours.
Ouvrir son sac.
Sortir ses notes, ses stylos, ses dessins.
Se raccrocher au bourdonnement familier qui emplit l'amphithéâtre alors que les élèves s'installent, au crissement des crayons sur le papier, au doux toucher des pages de son carnet sous ses doigts.
À n'importe quoi qui lui permettrait de s'ancrer dans la réalité et de ne pas basculer plus profondément dans son cauchemar.
Mais les récents évènements hantent Marinette, refusant de la laisser en paix. Peu importe la bulle protectrice dans laquelle s'est réfugié son cerveau, des pensées parasites se frayent un chemin jusqu'à son esprit et la torturent à chaque seconde qui passe.
Un vilain a vu son visage.
Et par la force des choses, le Papillon aussi.
Marinette ne se fait guère d'illusions sur ce sujet. Elle ne sait que peu de choses sur son adversaire, mais le lien télépathique qu'il partage avec ses victimes fait partie des rares certitudes qu'elle a en ce qui le concerne.
Le Papillon sait à quoi elle ressemble sous son masque.
Il sait.
Il sait, il sait, il sait.
Il sait, et Marinette est terrifiée.
La fin de la journée est un véritable calvaire.
Marinette est incapable de se concentrer sur quoi que ce soit. Elle emploie toute son énergie à ne pas s'écrouler sur elle-même, à tenter de survivre comme elle le peut à ce choc qui continue de la secouer jusqu'au plus profond de ses os.
Mais c'est comme tenter d'arrêter le plus terrible des tremblements de terre avec des vœux pieux.
Le séisme qui l'a frappée un peu plus tôt et qui continue encore son œuvre dévastatrice a fait s'effondrer les murs qui cloisonnaient si bien ses deux vies.
Il n'y a plus d'étudiante au quotidien si ordinaire, plus d'héroïne à l'identité mystérieuse. Juste une jeune femme glacée d'effroi qui tente de tenir debout, secousse après secousse, couche d'horreur après couche d'horreur.
Mais l'évidence reste là, aussi difficile à ignorer qu'une marque au fer rouge.
Le Papillon a vu le visage de Ladybug, et la fille sous le masque est plus en danger que jamais.
Quand les cours se terminent enfin, Marinette rassemble rapidement ses affaires et se met en route pour chez elle. Elle n'habite pas très loin, à une dizaine de minutes à pied, mais le chemin jusqu'à son appartement lui semble interminable.
Durant tout le trajet, elle sent Tikki appliquer de petites pressions réconfortantes à travers le tissu du sac qui repose contre sa hanche.
Et durant tout le trajet, elle serre les dents pour mieux se retenir de pleurer.
Elle refuse de s'effondrer.
Pas maintenant, pas ici. Voire pas du tout, tout court.
Elle doit se montrer forte.
Comme dans un état second, Marinette arrive en bas de son immeuble. Elle monte la volée de marches qui mène jusqu'à chez elle, cherche ses clefs de ses doigts tremblants, ouvre sa porte, entre, referme derrière elle. A peine le cliquetis de la serrure résonne-t-il dans l'appartement que déjà, la jeune femme se débarrasse de ses affaires.
Elle pose délicatement son sac, jette ses vêtements dans un coin et, ignorant le regard inquiet de Tikki, file sous sa douche.
A peine quelques secondes plus tard, un bruit de puissant jet d'eau s'élève dans la minuscule pièce qui sert de salle de bain à Marinette. Paupières closes et doigts crispés autour du robinet, la jeune femme tourne ce dernier aussi fort qu'elle le peut.
Encore, encore, encore, comme si ce liquide brûlant qui déferle à présent sur son corps pouvait entraîner avec lui toutes ses craintes et toute cette abominable journée.
L'eau marbre la peau de Marinette de plaques rouges, des volutes de vapeur étouffantes s'élèvent dans les airs, et Marinette respire trop vite. L'étrange impression de dissociation qu'elle ressentait s'est évanouie au fil des heures et le retour à la réalité est rude.
C'était facile de ne plus réfléchir. D'avoir ses pensées enfermées dans une brume cotonneuse et de laisser son corps agir sans elle.
Mais à présent, les émotions de Marinette reviennent de toutes leurs forces et la frappent de plein fouet, la laissant étourdie de peur et de désespoir.
De violents frissons secouent le corps de Marinette et la jeune femme augmente encore la température de l'eau, jusqu'à la limite du supportable. Une boule s'est formée dans sa poitrine, dans sa gorge, lui donnant l'impression que son corps est trop petit pour contenir les émotions qui enflent en elle.
Soudain, Marinette sent les larmes lui monter aux yeux.
Elle bat furieusement des paupières et se mord l'intérieur de la joue jusqu'au sang pour se retenir d'éclater en sanglots.
Ce n'est peut-être que qu'un stupide orgueil, mais peu importe.
Elle est Ladybug, avec ou sans le masque.
Elle ne veut pas craquer.
Un goût métallique se répand dans la bouche de Marinette, mais la douleur a fait son effet. Les larmes refluent. Probablement pas pour longtemps, mais peu importe. L'héroïne se satisfait pour l'instant de cette maigre victoire.
Mais hélas pour Marinette, ces pleurs qu'elle cherche désespérément à retenir n'est la seule lutte qu'elle doit désormais livrer avec son corps.
La jeune femme se passe une main tremblante sur le visage et expire profondément.
Puis inspire. Expire. Inspire encore.
Sa respiration est lourde, hachée. Ses poumons lui semblent gorgés d'eau et l'air chaud et humide de la salle de bain ne fait qu'accentuer son sentiment d'oppression.
Tout son bon sens lui hurle de sortir d'ici.
(Son bon sens, et Tikki, qui s'est invitée dans la pièce et exhorte à présent Marinette à mettre fin à cette douche aux dangereuses allures de noyade.)
Ecoutant les conseils de sa minuscule amie, la jeune femme coupe l'eau, se sèche, se rhabille et sort de la salle de bain.
« Marinette », commence Tikki d'une voix inquiète, « il faut qu'on parle de ce qu'il s'est passé pendant le combat tout à l'heure. Tu... »
Mais un son inhabituel interrompt brusquement le kwami. Un léger coup, tapé contre la porte fenêtre du petit balcon qui fait tout l'intérêt de l'appartement sur lequel Marinette a jeté son dévolu.
Alors que Tikki se cache instinctivement derrière un meuble, Marinette tourne la tête vers l'origine du bruit...
... et aperçoit aussitôt Chat Noir, qui la salue timidement depuis l'autre côté de la vitre.
En temps normal, la jeune femme aurait certainement été surprise (voire inquiète) de voir son coéquipier débarquer inopinément chez elle.
Oh, bien sûr, elle est parfaitement au courant qu'il sait où elle habite. Après tout, il connaît « Marinette » depuis de nombreuses années et l'a déjà saluée de nombreuses fois alors qu'elle prenait l'air sur son balcon (ou plutôt, en toute honnêteté, qu'elle venait tout juste de se détransformer sans qu'il s'en doute).
Cependant, s'il s'est toujours montré courtois et s'est même parfois arrêté pour discuter un peu avec elle, jamais Chat Noir ne s'est permit de venir sur son balcon sans qu'elle ne l'invite d'abord.
Mais aujourd'hui, les choses sont différentes.
Aujourd'hui, Chat Noir sait que Marinette et Ladybug ne font qu'une.
Il sait qu'elles ne font qu'une et il sait à quel point elles sont – elle est – en danger.
Avec la terreur que lui inspire le Papillon, Marinette n'a même pas prit le temps de songer à ce qu'elle pense du fait que son coéquipier connaisse désormais son identité. Mais au vu des circonstances, c'est certainement la meilleure des choses qu'il pouvait lui arriver. S'il y a bien UNE personne au monde qui peut réellement comprendre la situation dans laquelle elle se trouve, c'est Chat Noir.
Et s'il y a bien une personne au monde qu'elle a besoin de voir en cet instant précis, réalise brusquement Marinette, c'est bien Chat Noir aussi.
Poussée par cette conviction profonde, la jeune femme fait signe à son coéquipier d'entrer.
Tandis que Tikki sort discrètement de sa cachette, le héros s'exécute, ouvrant timidement la porte fenêtre et la refermant ensuite doucement derrière lui. Le regard rivé à celui de Marinette, il s'avance vers elle. Lentement, précautionneusement, comme s'il craignait que le moindre geste brusque ne fasse s'écrouler sa partenaire en un million de morceaux.
Alors que Chat Noir poursuit sa progression, Marinette s'étonne distraitement du silence qui reste installé dans la pièce. Son coéquipier d'ordinaire si volubile semble pour une fois à court de mots.
Mais son visage, en revanche, en dit plus que mille paroles.
Cette pâleur qu'elle devine même malgré son masque, ces traits tirés par l'inquiétude, ces yeux hantés par la même terreur que celle qui se lit certainement dans les siens...
Marinette connait trop bien son partenaire pour ne pas lire ses émotions comme dans un livre ouvert, et l'angoisse qu'il éprouve est évidente.
Arrivé à un mètre à peine de Marinette, Chat Noir s'arrête. Il ouvre les bras en une invitation muette, et la jeune femme s'y précipite comme si c'était le dernier refuge qui lui reste sur terre. Elle glisse ses mains autour du torse de Chat Noir alors que ce dernier referme ses bras autour de sa taille, de ses épaules, et qu'il la serre fort, très fort contre lui.
A présent blottie contre son coéquipier, Marinette ferme les yeux pour mieux se noyer dans cette étreinte qui lui semble être sa première goulée d'oxygène depuis l'instant où le Papillon a découvert son visage.
A son tour, elle le serre fort, très fort contre elle.
Et alors, seulement, les larmes viennent.
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