colère

J'ai envie de vomir les mots d'un coup d'un seul, que tout sorte que je n'ai pas à les écrire; car de toute manière je n'écrirai jamais assez vite pour eux. Je fais de mon mieux, de mon possible.

J'ai le cerveau cassé, le cœur en miette et le corps qui prend le même parcours. J'ai mille idées qui fusent, je veux les supplier de se taire. D'arrêter. De me laisser un instant tout remettre en place. Je parle de cents choses à la fois. Peut-être parce que pour une fois je peux parler, et ça je sais pas comment le faire. Comment BIEN le faire.

J'ai trois pages d'ouvertes mais mon esprit veut dire trop de choses. Il veut commencer, laisser tomber tout ça dans l'oubli, reprendre et dire la fin sans dire le début comme il faut ni même s'intéresser au milieu.

Je me suis mise dans le noir, je crois que je ne veux pas être vue. Juste mes doigts et toi dans une danse effrénée. Aujourd'hui encore je ne descendrai pas. Comme si je n'essayais pas de guérir. Est-ce que même j'ai envie de guérir?

Je prends tout le temps que m'offre la journée pour penser, m'interroger mais je n'ai même pas fait l'effort de savoir si je voulais guérir?

Là tout de suite, honnêtement, je ne sais pas. Peut-être pas.

Je ne me sens pas capable, je n'ai pas la force.

J'ai déjà guéri un peu, j'ai parlé enfin ça m'a fait du bien mais pourquoi continuer? Ça y est j'ai donné ce que je voulais donner, j'ai dit ce que je voulais dire maintenant laissez moi partir.

Peut-être qu'en fait cette hospitalisation c'est ma lettre de suicide. Comme pour dire au monde: regardez vous avez pas pu me soigner, je me devais de mourir alors ce n'est pas grave!

Comme pour trouver le courage de dire enfin aux personnes concernées la souffrance dans laquelle je me suis trouvée. Je m'en fous qu'ils m'en veuillent. Comme si moi je ne leur en voulait pas pour l'horreur qu'a été ma vie depuis eux.

Ils m'en veulent parce qu'encore une fois ils ferment les yeux sur eux même, c'est plus simple que je sois le problème, je l'ai toujours été depuis des années. Ils n'osent même pas s'avouer que si je mourrai ça les arrangerait. "Je suis triste? c'est de sa faute! Elle s'est tuée." "Je me noie dans l'alcool? C'est de sa faute, elle m'a laissée tomber!" Et d'un coup d'un seul, le résultat d'une incision de mes artères et ils pourraient enterrer leurs problèmes avec leur fille.

Alors peut-être qu'en fait je veux mourir pour eux? Encore une fois, toujours pour les autres et mon existence est réduite à néant. Je n'existe pas. Ai-je déjà eu la prétention d'exister? Du moins aucun souvenir ne me revient réellement. Même mon suicide ne m'appartient pas.

Je suis là au milieu du monde sans envie, aucune. Perdue.

Je suis l'enfant d'un monde en désordre, qui n'a jamais su être en ordre.

En physique on dit que l'état le plus stable est le chaos. Peut-être bien que c'est vrai et que ça explique ce chaos qui est la vie.

Mais alors pourquoi sommes nous des êtres ordonnés. Pourquoi cherchons- nous la stabilité tandis que l'on pourrait vivre en harmonie avec cette instabilité constante? Ce chaos autrement dit. Toutes les années que nous avons passées ont été "mauvaises" "décevantes" "inattendues". Alors que si, nous pouvions le prévoir, parce que pendant 365 jours des tas d'événements graves peuvent se produire. Non, 2023 ne sera pas une bonne année. Cet été on aura chaud, trop chaud. Il ne pleuvra pas, les forêts brûleront. Des gens vont mourir, beaucoup. Alors des tas de personnes seront tristes. La guerre est là, et chaque jour elle se rapproche. Des hommes puissants décident d'envoyer des humains tuer d'autres humains, parce qu'ils sont en désaccord avec leur façon de penser, leur façon d'agir. Parce qu'ils ne voudront pas qu'ils s'allient à d'autres pays. Et bientôt ce sera à notre tour de connaître la peine et la souffrance de la guerre. C'est un cycle, ça revient.

C'est le chaos. Il n'y a pas de réel fautif autre que la loi ultime de l'univers qui dit que tout sera chaos. Nous ne sommes rien, ni personne. Nous ne passerons pas entre les mailles du filet.

J'ai envie d'appeler ma mère et de lui hurler ma colère. Hurler à plein poumons tous ces instants que j'ai tu et qui me tuent. Mais je ne peux pas. Parce que "Clara tu peux pas être méchante envers les autres pour guérir". Parce que dire la vérité telle qu'elle est, aussi violente qu'elle est c'est être méchant. Que je devrais me taire et être gentille avec mes bourreaux. Je les emmerde. Du fond du cœur. J'ai 22 ans et je veux mourir. Le fait est là. Alors quitte à mourir laissez moi au moins le droit de leur dire d'aller se faire foutre. Le droit de me mettre un instant à nue, qu'ils voient toutes ces blessures, toutes ces failles, ces couteaux, ces épées encore plantées en moi. De leur faute.

J'ai passé des années à me culpabiliser d'être mal. Mal parce qu'on a touché mon corps, mal parce qu'on m'a dénudé d'un regard, mal parce qu'on m'a emprisonnée les bras pour pas que je parte dans le but de me violer. Coupable d'être harcelée, coupable d'aimer. Coupable d'être en vie.

Avec le recul j'ai juste envie de dire à la jeune Clara que ça ne s'arrangera pas, que je lui laisse le droit d'abandonner. De se tuer.

C'est agaçant de devoir avoir ce rôle d'auto-analyse. J'en ai marre de me dire "hm, je me sens en colère, d'où provient elle? Oh de ceci. Est-elle nécessaire?" Blablabla. Laissez moi juste être en colère, je suis énervée un point c'est tout. J'ai envie de tout envoyer bouler, bah c'est très bien comme ça et me faites pas chier. J'en ai ras le bol d'avoir une caméra constamment sur moi qui surveillent la moindre émotion que je ressens. Moi qui ne veux plus rien ressentir, je suis coincée à devoir ressentir cent fois toutes les émotions que j'aurais ignoré en règle générale. Alors oui, parfois ça pète, je prends ma lame je me détruis les jambes, je réfléchis à ce couteau si loin et si près de moi à la fois. Je réfléchis à ces artères que j'ai envie de couper, comme si je coupais ce fil qui me relie à la vie. Et voilà, fin de la crise. Je suis ailleurs, complètement défoncée par toutes les hormones qui en ressortent mais au moins ça va mieux. Ici je peux juste espérer que ça aille moins mal à chaque crise. Et je les emmerde. C'était très bien avant. Quelle est conne cette voix qui m'a dit d'envoyer ce message pour me soigner. Résultat je suis coincée ici, parce que c'est trop tard pour partir parce que j'ai commencé à guérir et c'est trop tôt pour partir parce que je suis encore complètement névrosée. Encore une fois coincée. Et ça m'emmerde.

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