Chapitre 54
Taehyung contemplait le visage d'Hoseok.
Il détaillait ses traits, admirait chaque parcelle de cette peau qu'il savait si douce, comme une caresse lente sur le front, la tempe, puis la pommette saillante.
À ses côtés, sur le lit du petit logement juste en face du Soleil d'Or, Hoseok avait fermé les yeux, se prêtait au spectacle.
Ils venaient de courir, comme chaque semaine. Quelques tours de palestre à se suivre l'un après l'autre, puis l'autre après l'un, en un jeu désormais habituel mais qui ne les lassait pas. Arrivés au dernier tour ils avaient accéléré, bien sûr, à savoir qui gagnerait, comme toujours. C'était Taehyung qui avait gagné.
C'était lui qui gagnait maintenant.
L'habitude, le corps qui forcissait peu à peu. La joie à lâcher toute son énergie, à se mettre tout entier dans ce but, dépasser Hoseok, la joie de sentir ses muscles se dérouiller, fonctionner pleinement.
La fatigue d'Hoseok, aussi, aujourd'hui.
— J'ai peu dormi cette nuit, avait-il avoué en riant, une fois arrivé lui aussi à l'entrée de la palestre.
Alors, à peine baigné, à peine changé, il s'était allongé dans le petit logement où ils aimaient à se retrouver après la course, depuis quelques séances. Taehyung aussi avait pu se changer, se baigner même, mis en confiance par Hoseok qui lui avait juré qu'il garderait l'entrée des bains "au péril de sa vie s'il le fallait".
Alors il s'était baigné, s'était immergé un bref instant dans l'eau chaude du Soleil d'Or, heureux d'enfin apprécier cette merveille dont Hoseok semblait si fier. Mais la peur de voir quelqu'un entrer, la peur qu'on le voie nu, malgré le serment d'Hoseok, l'avait empêché d'apprécier pleinement. Une fois habillé, Taehyung avait un peu regretté. Il s'était dit qu'il prendrait plus son temps, la prochaine fois.
— Pourquoi as-tu si peu dormi ? avait-il demandé à Hoseok une fois celui-ci étendu sur le drap, un peu pâle.
Taehyung s'était approché, inquiet, s'était assis sur le rebord du lit. Hoseok s'était un peu décalé vers le mur pour lui faire de la place, avait souri à la main qui s'était attardée un bref instant sur son front.
Il n'avait pas de fièvre. Il suffirait qu'Hoseok se repose correctement, qu'il ne force pas trop pendant quelques jours et ça irait, supposait Taehyung. Mais pourquoi cet idiot ne lui avait-t-il rien dit, pourquoi l'avait-il laissé le challenger de la sorte, faire leur sprint final ?
— Tu sais qu'ils partent demain. Alors j'avais des choses à terminer, pour que Jimin puisse s'inscrire au nom du Soleil d'Or.
Taehyung sourit à voir le visage soudain rayonnant d'Hoseok.
Pour un gymnase, surtout un petit comme le Soleil d'Or, envoyer un athlète aux Jeux d'Olympie était un honneur. Un immense signe de réussite.
Si en plus, comme dans le cas de Jimin, il avait une chance de gagner...
Hoseok avait refermé les yeux, un vague sourire aux lèvres. Taehyung sentait qu'il n'était pas loin de s'endormir.
Qu'il était beau, ainsi apaisé.
Taehyung ne se lassait jamais de le regarder.
Maintenant qu'il avait accepté d'avoir des sentiments pour Hoseok, et maintenant qu'il avait compris que ses sentiments étaient partagés, Taehyung faisait des choses dont il ne se serait jamais cru capable.
Comme passer son temps à admirer le visage parfaitement dessiné d'Hoseok.
— Je vais te laisser te reposer, murmura-t-il en posant une main sur son bras, avant de se pencher pour déposer un léger baiser sur ses lèvres.
Comme embrasser Hoseok. Et aimer embrasser Hoseok.
— Reste encore un peu...
La voix ensommeillée d'Hoseok le retint alors que Taehyung allait se lever du lit.
— Mais tu t'endors ! répondit-il en riant.
— Dors avec moi.
Taehyung rit de plus belle, il secoua la tête.
— Je n'ai pas sommeil. Et Jimin doit passer tout à l'heure...
Il allait se lever pour de bon lorsque les doigts d'Hoseok attrapèrent les siens.
— Taehyung... Est-ce que tu penses qu'un jour tu pourras... t'allonger contre moi ? Si tu en as envie bien sûr.
Taehyung releva la tête. Il rencontra le regard d'Hoseok, un peu brumeux, un peu hésitant. Et sentit l'envie soudaine de le prendre dans ses bras, de le rassurer. De le remercier.
Hoseok prenait tant de précautions avec lui.
Il prenait son temps, laissait souvent Taehyung faire le premier pas d'une nouvelle étape. Et, surtout, il lui laissait toujours la possibilité de dire non.
Comme cette fois où Hoseok, debout derrière lui, avait demandé d'une voix un peu tremblante s'il pouvait l'embrasser sur la nuque, là, juste à la naissance des cheveux, où il avait un bref instant posé son doigt. Taehyung avait senti l'effleurement, avait compris le désir. Il s'était raidi sous le toucher, sous la demande, légèrement inquiet de ne pouvoir voir correctement Hoseok, inquiet peut-être aussi de s'apercevoir que sa nuque était à découvert, qu'elle pouvait créer des émotions pareilles dans la voix d'Hoseok.
Il s'était retourné, vite, avait fait face au regard vague d'Hoseok, à son souffle légèrement plus fort qu'à l'habitude. S'était raidi plus encore, les yeux agrandis, le corps qui se jetait en arrière contre la table.
Hoseok n'avait pas même eu besoin de mots pour comprendre, il s'était immédiatement écarté, s'était excusé, un peu rouge, avant d'aller à la cuisine et d'y préparer un thé qu'ils venaient pourtant de boire.
Puis il était revenu, s'était à nouveau excusé. Taehyung avait pris sa main, s'était excusé lui aussi, comme un besoin de se faire pardonner de ne pouvoir répondre à ses attentes cette fois. Dans des moments comme celui-là, Taehyung se demandait s'il n'aurait pas été plus simple, s'il n'aurait pas été mieux pour Hoseok qu'il ne lui avoue jamais ce qu'il ressentait pour lui.
Mais un simple sourire d'Hoseok, immense, lumineux, suffisait à emplir son cœur d'une telle joie qu'il se demandait alors, avec la même intensité, comment il avait fait pour vivre sans lui, avant.
Les tumultes du cœur, disaient les Anciens dans les textes. Peut-être était-ce cela.
Alors cette question maintenant, sous les doux doigts d'Hoseok, cette nouvelle étape qui se dessinait : s'allonger.
Contre Hoseok.
Taehyung réfléchit un instant, hésita.
Puis il porta une main à sa cheville, délaça une sandale. Se pencha à nouveau pour l'autre puis pivota sur lui-même pour se retrouver dos à Hoseok.
Avant de, lentement, s'allonger sur le lit.
Sur le côté, face à la porte.
Dos à Hoseok.
Mais allongé.
Il n'avait pas lâché les doigts, les avait emportés avec lui, sous lui.
Des doigts qui se crispaient entre les siens, un souffle derrière lui qui s'était raréfié sous la surprise.
Quel visage faisait Hoseok ?
Était-il content ? Voulait-il plus ? Ses beaux yeux étaient-ils fixés sur lui ou au contraire s'étaient-ils fermés ? Et sa bouche, que murmurait-elle ?
Il voulait savoir.
Il devait voir.
Lentement, Taehyung lâcha les doigts, lentement il inspira, expira, avant de remonter les jambes sur le lit, pliées.
Une pause.
Derrière lui, une respiration, souffle tiède contre sa nuque.
Il ne sentait pas le corps d'Hoseok, seulement ce souffle, seulement ce bras devenu inerte sous lui, les doigts en pause, les doigts en attente.
— Tout va bien Taehyung ?
La voix, à peine murmure, mais si réveillée à présent.
Il voulait voir le visage d'Hoseok.
Alors Taehyung prit appui sur son bras, pivota à nouveau les jambes, puis le corps, et se retrouva face au plafond blanchi de la chambre.
L'épaule contre celle d'Hoseok.
Le bras toujours sous lui, à lui martyriser le dos.
— Attends, je vais enlever mon bras, soulève-toi un peu.
Taehyung obéit, se releva un peu.
Se rallongea une fois le bras parti mais... Non.
— Remets ton bras sous ma tête s'il te plaît.
Hoseok s'exécuta.
Et c'était bien, maintenant, ce bras-oreiller sous lui, ce bras parfumé et tiède, le toucher de cette chair nue alors qu'il tournait la tête vers Hoseok pour le voir, enfin.
Hoseok, aux yeux agrandis à dévorer le visage, Hoseok qui se retenait de parler, Hoseok qui se retenait de bouger.
Son cœur battait-il aussi vite que le sien ?
Taehyung leva la main, pivota légèrement pour se retrouver face à Hoseok, et posa doucement sa paume sur le tissu de la tunique. Au niveau du cœur.
La joue écrasée contre le bras maintenant, là, à la naissance de l'épaule.
Joue sur l'épaule et paume sur le cœur.
Bien, si bien sous ces battements un peu effrénés, son coeur, le sien, à applaudir.
Bien, surtout, parce qu'Hoseok souriait.
Sourire des yeux, sourire des lèvres.
Hoseok souriait, et il était si beau.
Taehyung se redressa, embrassa les sourires.
Le bras autour de lui enveloppa ses épaules, l'autre venu aussi sur la taille, étreinte rassurante au milieu des légers baisers que Taehyung laissait, penché sur Hoseok maintenant, les jambes mêlées malgré elles, les doigts à agripper la tunique, la langue à timidement chercher, timidement trouver cette sensation si étrange qu'elle faisait frissonner.
Aimait-il cela ?
Oui, certainement.
Oui.
Oui, oui.
Taehyung aimait embrasser Hoseok.
Taehyung aimait être contre Hoseok, ainsi, penché sur lui, ses bras autour de lui en une chaleur douce, des bras qu'il savait pouvoir s'ouvrir dès lors qu'il se redresserait, dès lors qu'il le demanderait.
Taehyung aimait Hoseok.
Taehyung aimait ces longs baisers d'Hoseok. Ces baisers profonds et lents, ces baisers humides.
Taehyung aimait manger les baisers d'Hoseok.
Il s'arrêta un instant, un peu étourdi, le feu aux joues de tant de nouveautés, de tant de bien-être partagé.
Le corps d'Hoseok sous lui restait immobile, attentif. Les yeux ne cillaient pas, simplement à attendre. Et ce sourire comblé, ce sourire qui recouvrait le monde.
— J'aimerais te voir.
Hoseok eut un rire qui résonna dans sa poitrine, qui résonna dans le corps de Taehyung contre lui.
— Tu me vois là, Taehyung.
— Non. J'aimerais te voir complètement. Sans... sans vêtements.
La bouche d'Hoseok s'ouvrit si grand que Taehyung rit à son tour, en oublia un instant la gêne de la demande. Avant qu'elle ne le rattrape et ne le gifle.
On ne demandait pas comme ça. C'était sûr qu'on ne devait pas demander comme ça, il avait fait une erreur, il...
— Pardon Hoseok, excuse-moi, j'aurais pas dû te demander ça, je...
— Ne t'excuse pas, j'aime quand tu me dis ce que tu penses.
Ses yeux montraient qu'il disait vrai.
— C'est tellement plus facile que d'essayer de deviner, ajouta-t-il en souriant.
Oui, c'était vrai, Hoseok le lui avait déjà demandé. "Dis-moi, explique-moi comment tu te sens".
Taehyung oubliait souvent. Mais là...
— J'ai envie de te voir nu pour admirer ton corps.
— Ça ne te mettra pas mal à l'aise ?
— Je ne sais pas. Je ne pense pas.
Hoseok hocha la tête.
— Tu peux toujours...
— Changer d'avis, je sais.
Ce sourire entre eux.
Cette impression d'avoir trouvé quelqu'un qui comprenait, quelqu'un avec qui ça fonctionnait. Quelqu'un avec qui Taehyung réussissait à vivre et à aimer.
Hoseok s'avança, lui embrassa le front avant de se redresser et de s'asseoir sur le lit. Taehyung roula sur le côté, s'assit lui aussi, se décala un peu pour être dos au mur.
Et observa.
Il observa le sourire un peu timide d'Hoseok, soudain, alors qu'il portait les doigts à l'agrafe de sa tunique, qu'il la détachait, dévoilant un pan de son torse déjà. Puis les doigts sur l'autre, le tissu qui glissait, la peau qui apparaissait, dorée de soleil.
Le lacet dénoué à la taille, la tunique qui tombait plus bas encore sur le drap du lit, dévoilant les hanches, dévoilant la naissance de cette ligne, là, cette courbe des fesses.
Hoseok s'arrêta là, le regard un peu hésitant, les jambes, le sexe encore couverts de la tunique.
— Est-ce que tu peux continuer ? demanda Taehyung, la gorge un peu sèche à présent.
Hoseok hocha la tête, prit appui sur ses mains pour s'approcher du bord du lit, pieds au sol, puis le corps qui se soulevait, le tissu qui glissait à terre.
Hoseok nu, là, à côté de lui.
Taehyung crispa ses doigts sur le drap, ancra son regard à la peau ainsi offerte.
La nuque, l'épaule ronde, le dos.
Le dos magnifique.
Taehyung se mit sur les genoux, s'avança un peu.
— Je peux te toucher ? souffla-t-il à l'oreille d'Hoseok, tout près.
Hoseok déglutit, hocha la tête. Les yeux fixés dans les siens, puis tournés vers le sol, alors que Taehyung se plaçait derrière lui, posait sa paume sur la peau. L'os de l'omoplate, sous sa main, cet os à caresser du pouce.
Hoseok frissonna.
Taehyung sourit, détailla le grain de la peau, des yeux, d'un frôlement des doigts. De là, tout en haut, l'épaule, la nuque, et chaque vertèbre le long de la colonne, jusque là tout en bas, là où les angles se faisaient rondeur, là où sa main hésita, là où sa main se posa tout de même, épousant parfaitement la courbe naissante, la peau plus douce, la peau qui appelait à faire le tour, mais Hoseok était assis alors...
— Tu pourrais... t'allonger ?
Et, alors qu'Hoseok acquiesçait, alors qu'il se levait rapidement, sexe imposant aperçu, alors qu'il s'allongeait derrière Taehyung maintenant, près du mur, sur le ventre, Taehyung se demandait pourquoi c'était si facile. Pourquoi le corps d'Hoseok ne l'envahissait pas. Pourquoi il n'avait pas besoin de lutter, pourquoi il se sentait si bien à l'admirer, si bien à le toucher.
Une sérénité qu'il n'aurait jamais crue.
Une plénitude douce, la quiétude de la beauté. Comme devant le soleil au couchant, ou une fleur à peine éclose chargée de rosée. Ou un texte encore, la musique à l'oreille.
La beauté.
La beauté ici, sur la peau d'Hoseok.
Taehyung posa sa main sur les cheveux d'Hoseok, se pencha, embrassa la tempe.
— Tout va bien ?
Encore, parce que là où Hoseok demandait toujours, lui aussi se devait de demander.
— Oui.
En murmure, la voix un peu tremblante.
Que ressentait Hoseok en cet instant ?
Taehyung reprit son exploration, descendit à nouveau à loisir le long du dos, puis la main effleura la fesse, admira la courbe, saisit la courbe sans plus d'hésitation, car Hoseok restait si tranquille sous son regard que Taehyung osait tout.
Un frisson, pourtant, le bassin d'Hoseok qui s'enfonçait dans le matelas, le souffle entendu.
Taehyung stoppa, resta là, la fesse possédée, simplement, avant de reprendre l'exploration, la cuisse, les cuisses, qui s'écartaient légèrement, et ça entre elle, deviné contre le matelas, mais Taehyung descendait plus, l'arrière du genou, la chatouille qui arracha un mouvement involontaire à Hoseok, un rire aussi.
Un regard amusé qui se partageait, et puis Taehyung qui se baissait, qui embrassait, là, cette peau si douce derrière le genou.
Puis le dessin du mollet, la cheville, la plante des pieds à nouveau à caresser, à chatouiller.
Taehyung se redressa, admira l'étendue de ce corps allongé, de ce corps qu'il venait d'explorer si simplement.
Pas de peur, pas de douleur.
Pas d'envie, non plus.
Juste l'admiration de la puissance des Dieux.
Ce corps créé en perfection, ce corps que Taehyung aurait voulu peindre, recréer de ses doigts, ce corps qu'il aurait voulu faire sien un bref instant, comme on veut cueillir la plus belle des fleurs pour l'emmener partout avec soi.
Il se haussa sur ses genoux, s'approcha de l'oreille d'Hoseok, profil perdu vers le mur, les yeux fermés.
— Je peux, Hoseok ?
— Tu peux tout ce que tu veux Taehyung.
Alors Taehyung sourit, posa ses mains de part et d'autre du buste d'Hoseok, se suréleva et passa une jambe de l'autre côté des siennes.
Puis il abaissa lentement son corps contre le sien, jusqu'à le recouvrir.
Taehyung, allongé, sur Hoseok.
Les jambes autour des siennes, la tunique qui le recouvrait, le bassin collé à ses fesses, le torse contre son dos, si beau, une main arrimée à l'épaule, l'autre qui cherchait les doigts d'Hoseok, qui s'enroulaient aux siens.
La joue d'Hoseok contre la sienne, à regarder le mur, les souffles qui se mélangeaient.
Celui d'Hoseok, haché, le sien, régulier.
Taehyung n'avait pas peur.
Taehyung était bien.
Hoseok sien.
Totalement, entièrement.
Hoseok, à lui, pour lui.
Hoseok qui le comprenait si bien.
Une larme coula le long de son nez, rejoignit le visage d'Hoseok qui se raidit.
— Qu'est-ce qui se passe Taehyung ?
— Rien. Je suis bien.
Un petit rire, qui les secoua tous les deux.
— Tant mieux, souffla Hoseok en réponse.
Le sourire dans ses mots.
Puis, après un moment :
— Et toi, ça va ? Je ne suis pas trop lourd ?
Un rire à nouveau.
— Ça va. Un peu mais ça va.
Taehyung se redressa légèrement sur ses coudes, confus.
Le cœur d'Hoseok, il avait oublié ! Peut-être était-ce mauvais pour lui d'être ainsi, peut-être...
Il roula sur le côté, ôtant le poids de son corps de celui d'Hoseok, mais restant le bras sur son dos, les jambes emmêlées aux siennes. Le visage contre l'épaule.
Hoseok tourna la tête vers lui, lui sourit.
— Si je te prends dans mes bras comme ça, c'est trop ?
Taehyung hésita.
— Non, je ne pense pas. On va voir.
Hoseok hocha la tête.
Puis il se tourna sur le côté, s'approcha un peu plus de Taehyung jusqu'à être complètement collé à lui, sa poitrine qui bougeait contre la sienne au rythme de son souffle, ses bras qui venaient l'enserrer, leurs pieds qui se touchaient.
Taehyung nicha sa tête dans le cou d'Hoseok, à goûter la peau de ses lèvres posées, à sentir l'odeur au plus près.
Bien, il était si bien.
Il voulut passer ses mains autour de sa taille comme il le faisait habituellement, saisir la tunique pour mieux s'ancrer au bonheur.
Ses doigts se heurtèrent à la peau nue d'Hoseok, à la peau chaude sous lui, la peau chaude autour de lui, tout autour de lui.
De la peau, partout, du corps, partout.
Oui mais le corps d'Hoseok, ce corps si beau, ce corps qu'il avait exploré.
Taehyung se força à respirer profondément, à repenser à l'image magnifique qu'il avait découverte à peine quelques instants auparavant.
Il aimait Hoseok, il aimait Hoseok tout entier, son corps aussi.
Il aimait regarder son corps.
Il posa largement ses mains sur le dos d'Hoseok, les laissa là, immobiles, ouvrit les yeux pour s'arrimer au visage d'Hoseok.
Ce sourire, juste au-dessus de lui, ces yeux qui le regardaient avec tellement de sollicitude, tellement d'amour aussi.
Taehyung amena une main dans les cheveux d'Hoseok pour lui pencher la tête, se tendit légèrement pour rencontrer ses lèvres.
Ses lèvres, encore, toujours, si douces, l'odeur grisante de son souffle, leurs langues qui se trouvaient à nouveau.
Il était si bien avec Hoseok.
— Taehyung, je peux...
— Oui.
Oui, car Taehyung était si bien avec Hoseok.
Peut-être Hoseok était-il ce "bon", peut-être Hoseok allait-il tout résoudre.
Hoseok magicien, un peu.
Le baiser se fit plus langoureux, plus profond, et Taehyung s'accrochait aux mèches d'Hoseok, s'accrochaient à ses yeux qui avaient viré plus sombres maintenant, le souffle plus court, les baisers qui débordaient de la bouche, qui couraient le long de sa mâchoire, ça chatouillait, et puis les baisers à descendre dans son cou, Taehyung leva la tête, le plafond au dessus si blanc, le souffle d'Hoseok plus fort contre sa peau, lèvres mouillées, ses doigts qui s'aggripaient aux mèches.
Et puis la jambe d'Hoseok qui entourait les siennes, remontait très légèrement, comme instinctivement, à coller le bassin au sien, et puis cette sensation, là, ce qu'il savait être le sexe tendu d'Hoseok contre lui, chaud à travers le tissu, à travers le tissu de cette tunique qui le protégeait, mais son cou nu sous la salive d'Hoseok, son cou nu et mouillé, il faisait froid maintenant, il faisait froid et plus sombre, et les cheveux sous les doigts ne suffisaient plus, Hoseok, tu sais, Hoseok...
— Ça ne va pas ?
La voix d'Hoseok, soucieuse.
La voix d'Hoseok, rassurante.
Le corps qui se décollait brusquement, la main qui prenait la sienne, la serrait légèrement.
Taehyung respirait à nouveau.
Taehyung ouvrait les yeux à nouveau.
Hoseok.
Le visage inquiet, les yeux à sonder les siens.
— On peut... on peut arrêter là ?
— Bien sûr !
Hoseok s'écartait franchement maintenant, attrapait sa tunique, l'enfilait à la hâte.
Taehyung sourit devant son air contrit, attrapa la main d'Hoseok.
Hoseok pas magicien.
— Pardon Taehyung, je me suis laissé...
— Non, c'est moi qui t'ai dit que c'était bon.
— Mais c'était pas bon.
— Non. Pardon.
Hoseok sourit, lâcha sa main une seconde pour nouer le cordon de sa ceinture. La reprit immédiatement.
— Tu veux... du thé ?
Taehyung ne put que rire.
— Non. J'aimerais bien rester assis avec toi, comme ça.
Il s'était adossé au mur, jambes allongées devant lui.
Hoseok hocha la tête, le rejoignit, prenant soin de laisser quelques centimètres entre leurs deux corps.
Taehyung sourit. Il se décala pour être plus contre lui.
— Je peux... ?
— Oui.
Et leurs doigts se trouvèrent naturellement, alors que Taehyung posait sa tête sur l'épaule d'Hoseok.
Le ciel par la fenêtre virait orange, il ferait nuit bientôt.
Jimin. Ne pas oublier d'aller voir Jimin.
— Est-ce que tu t'es forcé ?
La voix d'Hoseok, inquiète, qui le ramenait ici.
— Quand ?
— Tout à l'heure. Quand tu me regardais ou que tu me touchais, quand j'étais allongé.
— Non.
— Et quand on s'embrassait ? Quand on s'embrasse, Taehyung, tu te forces ?
— Non, jamais.
Le soulagement dans les yeux d'Hoseok.
— Alors à quel moment... ?
Taehyung prit un instant pour réfléchir.
— Je pensais que ça irait. Que j'aurais envie de toi moi aussi, parce que je voyais... en bas. Je voyais que toi tu avais envie de moi. Je pensais que ça serait pareil pour moi. Mais d'un seul coup j'ai senti ton sexe contre moi, et puis tu m'embrassais différemment, tu descendais, et j'ai eu peur que tu descendes plus, j'ai eu peur de ton sexe, je ne sais pas... D'un seul coup c'est comme si je n'avais plus envie de rien.
Hoseok hochait la tête.
— Je n'aurais pas dû...
— Si. Si, c'est bien qu'on ait essayé. Je voulais essayer. Je pensais vraiment que ça marcherait avec toi. Parce que je t'aime tellement. Mais j'ai pas eu envie. J'ai pas envie Hoseok. Pardon.
Les larmes qui montaient maintenant, les larmes qui luttaient pour sortir.
— Taehyung...
Les doigts d'Hoseok se glissèrent entre ses mèches, se mirent à lui caresser la tête.
— Ne t'excuse pas s'il te plaît. Ce n'est pas grave.
— Mais toi tu en avais envie !
— Et alors ? C'est passé maintenant.
— Et tu en auras encore envie !
— Et alors ?
Hoseok qui lui souriait, Hoseok qui semblait si calme, maintenant, si sûr de lui.
— Hoseok, je ne pense pas que ça marchera un jour, je ne pense pas que j'aurai envie un jour, pardon.
— Je sais. J'ai compris, ne t'excuse pas. On ne réessaiera pas, ne t'inquiète pas.
— Mais comment tu vas faire ?!
Hoseok éclata de rire.
— Ne t'inquiète pas, je me débrouillerai pour ne pas avoir envie à nouveau devant toi.
— Mais tu auras forcément envie de... Toi tu as envie, Hoseok, tu aimes faire ça.
— Oui.
— Alors comment tu vas faire ? Tu ne peux pas rester sans rien faire, c'est cruel !
— Ça ira, ne t'inquiète pas, je n'aurai pas envie.
Taehyung resta songeur un instant.
— Est-ce qu'on... Est-ce qu'on doit arrêter de se voir ? Pour que tu puisses trouver quelqu'un qui...
— Tu dis des bêtises Taehyung. Je n'ai aucune envie d'arrêter, ne me fais pas ça s'il te plaît !
Hoseok avait presque l'air fâché. Taehyung se sentit mal, tout à coup.
— Pardon, je...
Hoseok se pencha, l'embrassa sur les cheveux.
— Je n'ai aucune envie d'arrêter, Taehyung. Je veux juste continuer avec toi, comme avant. Ça me rend heureux. Ça me suffit. Et ça me suffira toujours.
Taehyung s'était apaisé sous le baiser mais les derniers mots le piquèrent.
Il contempla Hoseok.
— Non. Tu ne peux pas dire maintenant que ça te suffira toujours. Il y a cette envie que vous avez, ça reviendra forcément. Ne me dis pas que ça ne reviendra pas, Jimin m'a expliqué comment ça revenait et comment parfois ça lui prenait tout l'esprit, comment il n'arrivait plus à penser à autre chose !
Hoseok se mit à rire. Puis, devant l'air sérieux de Taehyung, il cessa, attrapa ses doigts et se mit à jouer avec en contemplant le drap du lit, silencieux un instant.
— Alors je me débrouillerai, Taehyung. Je ne te demanderai rien, ne t'inquiète pas.
Les yeux sur le drap, toujours
— Tu iras voir quelqu'un d'autre ? Tu peux, je comprends.
Le tremblement dans sa voix, pourtant.
Hoseok releva la tête, posa sa main sur la joue de Taehyung, en une caresse si douce qu'elle amena des larmes aux paupières.
— Non Taehyung. Je n'en ai pas envie. Si j'en ai besoin, je me... je me débrouillerai tout seul. Tu comprends ? Pas besoin de quelqu'un d'autre. Donc ne t'inquiète pas.
Taehyung hocha la tête, tenta de ravaler ses larmes.
Puis, n'y tenant plus, il s'approcha plus près encore, se colla contre le torse d'Hoseok, jusqu'à ce que les bras viennent l'entourer, jusqu'à ce que les bras viennent l'envelopper.
Le baiser sur les cheveux, encore, une myriade de petits baisers qui rassuraient, qui apaisaient.
Taehyung ferma les yeux, se laissa aller à la quiétude réconfortante d'Hoseok.
— J'aimerais te dessiner un jour, murmura-t-il soudain.
— Me dessiner ?
Le rire au bord des mots.
— Oui. Ou te sculpter. Sculpter ton corps.
— Nu ?
— Oui.
— Mais tu sais faire ? Tu sais sculpter ?
— Non. Mais je peux apprendre.
Le rire jaillit.
— Alors d'accord. Sculpte-moi.
Taehyung ferma les yeux, satisfait, se nicha mieux contre Hoseok.
Ce souffle léger contre lui.
Le poids du bonheur sur ses cheveux.
Être aimé.
Tel qu'il était.
Simplement.
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