Chapitre 46
[TW : 🍋 dans la deuxième partie]
Yoongi fut réveillé par un mouvement tout contre lui.
Il ouvrit les yeux, ne perçut que les contours des meubles de la pièce. Il devait être déjà tard, la nuit était tombée.
Un mouvement encore, et Yoongi se rappela le corps entre ses bras. L'odeur de fleur d'oranger.
Il se rappela Jimin.
— Pardon, je me suis endormi.
La voix était ténue, presque honteuse.
Yoongi rit, serra Jimin contre lui.
— Moi aussi.
Jimin rit à son tour, soulagé, gigota pour se replacer correctement au plus près de Yoongi. Il passa les bras autour de sa taille.
— Il pleut toujours ?
— Oui.
On entendait les gouttes sur les tuiles.
Ils restèrent un instant en silence, Yoongi humant les derniers instants du bonheur.
— Tu ne m'as pas passé de crème finalement.
— C'est toi qui t'es endormi, fit remarquer Yoongi.
— Oui. C'est dommage.
— La crème est toujours là.
Jimin rit, se dégagea doucement pour s'asseoir.
— Vraiment ?
— Oui.
Yoongi rabattit la couverture et s'assit à son tour. Il faisait si sombre. Il se leva, se dirigea à tâtons vers la large étagère près de la fenêtre. Il y trouva les deux silex, la lampe à huile, ouvrit la porte et s'accroupit avec les trois sur le seuil.
Le premier choc échoua, ainsi que le deuxième, et le troisième. Yoongi commençait à se demander s'il ne valait pas mieux aller toquer chez le voisin d'où provenait une lueur par la fenêtre, lorsqu'il sentit Jimin approcher, s'accroupir à ses côtés.
— Je peux essayer ?
Il lui donna les pierres, redressa correctement la mèche et tint la lampe un peu en hauteur. Jimin frappa les deux silex l'un contre l'autre et, à la deuxième tentative, l'étincelle fut suffisante pour enflammer.
Une faible lueur commença à se répandre, éclairant les genoux de Jimin d'orangé, remontant peu à peu sur son torse, puis sur son visage. Le sourire se dessina, puis enfin les yeux, fixés sur lui.
Yoongi sourit à son tour. Il se leva, rentra la lampe et la posa sur la table, avant d'aller refermer la porte. Jimin s'assit sur le lit et se couvrit machinalement de la couverture. Il était toujours nu, ne semblait pas pressé de mettre la tunique que Yoongi avait sortie pour lui.
Soudain Yoongi sentit que le moment était venu. C'était maintenant, absolument maintenant, avec ce Jimin dénudé et ces ombres sur lui.
Il se dirigea vers l'étagère au-dessus du lit, se pencha pour atteindre la petite pochette de tissu. Se redressa, la tendit à Jimin.
Ses doigts tremblaient un peu.
Jimin parut surpris, il prit la pochette et la contempla un instant, indécis.
Tout à coup, Yoongi eut peur.
Il douta de son geste, douta de la folie qui l'avait pris à acheter ceci, à penser l'offrir à Jimin. Et s'il ne comprenait pas ? Et s'il n'en voulait pas ? Et s'il rejetait ce cadeau que Yoongi avait été si heureux de choisir ?
Il fit un geste instinctif vers la pochette, rencontra les yeux de Jimin, interrogateurs.
— Ce n'est pas pour moi ?
Laissa retomber son bras.
— Si...
Jimin sourit, se pencha sur le cordon qu'il dénoua soigneusement puis fit glisser l'objet dans sa paume.
Ses yeux s'écarquillèrent.
Le cœur de Yoongi fit un bond. Est-ce que cela lui plaisait ?
Sur la paume ouverte de Jimin se trouvait un bracelet. Un demi-cercle d'or, finement orné de pierres, qui avait vu toutes les économies de Yoongi y passer. Mais rien n'était trop beau pour lui, rien n'était trop beau pour Jimin. Yoongi avait craqué, avait passé des jours devant les bijoux à se les imaginer sur le corps de Jimin, était sans cesse revenu à celui-ci, ce bracelet orné d'émeraudes, avant de finalement céder, d'acheter le bracelet sur un coup de tête. Il lui offrirait un jour, avait-il pensé.
Et ce jour était là, maintenant.
Le bracelet reposait dans la main de Jimin, à peine effleuré par ses doigts hésitants.
— Yoongi, c'est vraiment pour moi ? Tu es sûr ? C'est tellement magnifique !
Jimin semblait émerveillé. Yoongi sentit son coeur se réchauffer.
— Bien sûr que c'est pour toi.
Il avait bougonné en se dirigeant vers l'étagère, avait attrapé le pichet de vin, s'était servi.
Masquer son coeur qui flottait, ce sourire qui ne semblait plus vouloir quitter ses lèvres.
Jimin semblait si content.
— Regarde.
Yoongi se retourna, le verre à la main.
Jimin s'était levé et se tenait debout dans la faible lumière de la lampe. Nu, le bras droit orné du bracelet, juste à la naissance de sa cicatrice. La flamme tirait des éclats verts des pierres, le corps de Jimin était vivant sous les ombres.
Yoongi sentit son souffle se couper devant tant de beauté.
— Merci.
La voix de Jimin était timide, tout à coup.
— Merci Yoongi. Je suis très touché. Et un peu gêné aussi, il est tellement beau. Je ne suis pas sûr de mériter un tel trésor.
— Bien sûr que si.
Tu mérites tout. Le monde, et bien plus. Tu es magnifique, tu es extraordinaire. Fort, fragile, vivant. Et tu me sauves, chaque jour.
— Mais si tu n'en veux pas, je le reprends.
— Non !
Jimin s'enfuit en riant dans un coin de la pièce, alors que Yoongi avançait vers lui, main tendue. Il souriait.
Que c'était bon de jouer ainsi. Que c'était bon de vivre ainsi.
Arrivé devant Jimin, il posa la main sur son bras pour l'immobiliser, se pencha vers le bracelet, l'embrassa. Puis il embrassa la cicatrice, lentement, partout, des baisers magiques, à éteindre la douleur, à éteindre la peur, le passé. A éteindre peu à peu le monde autour d'eux.
Au-dessus de lui, Jimin le regardait en silence, bras offert.
Yoongi se redressa, attrapa le sourire de Jimin, l'embrassa. Longtemps.
— C'est mieux que la crème, murmura Jimin entre deux baisers.
Yoongi sourit, se recula un peu.
— Ah, donc on n'en a plus besoin, je vais la ranger.
— Non !
À nouveau cette course pleine de rires vers la table.
Le pot de crème était là, toujours ouvert.
Yoongi laissa ses yeux s'y attarder, ses pensées s'emmêler. Lorsqu'il releva la tête, il rencontra le regard de Jimin, à nouveau, il rencontra son sourire.
Un sourire légèrement aguicheur.
Le cœur de Yoongi fit un bond devant cette évidence.
Jimin n'allait pas rentrer chez lui ce soir.
Jimin voulait rester.
Jimin allait rester.
Et ils avaient toute la nuit pour eux.
***
La flamme de la lampe marquait les ombres sur le corps allongé de Jimin, le faisait paraître mi-Dieu mi-démon, en un nouveau puzzle d'orangé et de noir. Yoongi restait agenouillé sur le lit, figé devant le spectacle, figé devant cette beauté alanguie devant lui, devant cet appel qu'il lisait dans les yeux insistants de Jimin.
Jimin le voulait.
Sa bouche s'était entrouverte instinctivement, sa respiration s'était faite plus forte sous le regard de Yoongi, sous le lent cheminement qu'il avait dessiné de ses prunelles, quittant les yeux suppliants de Jimin pour descendre sur sa bouche, sur son cou, sur cette clavicule dégustée plus tôt, ce torse et ce ventre. Yoongi aurait voulu y poser ses doigts, déjà, étaler là la crème qu'il tenait dans le creux de sa paume, pour dessiner chaque courbe des muscles puis descendre le long de ce V finement tracé.
Le bassin de Jimin bougea sous son regard, Yoongi vit le sexe tressauter, se tendre légèrement.
Il resta saisi de cette réaction de Jimin, saisi de voir ce qu'un simple regard, son regard, provoquait sur son corps. Yoongi sentit sa propre envie exploser en réponse. Lui aussi voulait, lui aussi n'attendait qu'une chose : laisser ses gestes, laisser son corps prouver à Jimin combien il l'aimait, laisser ce corps qu'il avait tant renié prendre soin de cet être, soin de chaque parcelle de la peau de Jimin, chaque parcelle de son âme.
Il voulait mettre l'amour en corps, l'amour en gestes et en caresses.
Yoongi frotta ses paumes l'une contre l'autre pour réchauffer la crème, se pencha, et plaqua d'un coup ses mains contre la trace du V, au plus large, en en épousant la forme en remontant lentement.
Jimin gémit immédiatement, distinctement, au point de se couvrir tout de suite les yeux en rougissant.
Sidéré, Yoongi stoppa tout mouvement.
Comment ses mains pouvaient-elles provoquer cela en lui ? Si simplement ?
— Pardon... J'ai tellement envie de toi... depuis si longtemps.
Jimin chuchotait.
— Depuis des mois. Des années peut-être. C'est presque irréel que tu me touches, tellement j'en ai rêvé.
Il eut un rire un peu gêné, auquel Yoongi ne put répondre que par un demi-sourire, avant de se pencher et de l'embrasser chastement sur les lèvres.
Jimin, rêver de lui ? Rêver de sexe avec lui ?
— Tu veux bien enlever ta tunique ?
Le murmure de Jimin, à nouveau, ses yeux fiévreux plantés dans les siens.
— S'il te plaît ! Je voudrais te sentir contre moi... et te sentir en moi aussi.
Plus aucune honte désormais sur les traits de Jimin, juste une rougeur, une impatience désirable. Une supplication qui fit immédiatement obéir Yoongi. Il s'empressa de dégrafer sa tunique, dénoua la ceinture. Le tissu retomba sur le lit, couvrant partiellement les jambes de Jimin qui restait là, comme fasciné par le spectacle qu'il découvrait.
Yoongi tendit la main, chassa l'étoffe du corps offert sous lui, chassa les pensées instables qui venaient à lui.
Ne plus penser, vivre seulement.
Ils étaient nus, tous les deux. Nus sous les ombres de la pièce.
Etrangement Yoongi ne sentait pas ce frisson désagréable qui le prenait dès qu'il exposait trop son corps, au gymnase ou ici, dans la cour. Était-ce l'obscurité partielle ? Le regard chargé de désir de Jimin, occupé à détailler chaque zone de son corps sous ce prisme enfiévré ?
Yoongi se redressa un instant sur les genoux, surplombant mieux encore Jimin, acheva de se libérer des derniers pans de sa tunique.
Jimin s'offrit plus encore, leva les bras au–dessus de sa tête, poignets joints, comme une indication de ce qu'il attendait, de ce qu'il désirait.
Yoongi resta dérouté. Lui aurait voulu donner, et non pas prendre.
Mais ce qu'il désirait le plus en cet instant, c'était simplement commencer. Goûter enfin à Jimin, oser l'exploration infinie de son corps, de son plaisir. Découvrir son propre plaisir par celui de Jimin.
Il se pencha, colla précautionneusement son corps à celui de Jimin. Ventre contre ventre, sexe contre sexe, épaules l'une contre l'autre. Et sa bouche, et sa langue, à embrasser langoureusement Jimin, à déguster son goût, ces sons fascinants qu'il ne pouvait retenir.
Yoongi se perdit, oublia lui-même et le monde dans ce corps, dans cette bouche, dans cette musique si érotique.
Jimin était expressif, très expressif. En gestes, en sons. En regards, qui voulaient plus, toujours plus.
Le corps de Yoongi s'en abreuvait, réagissait à la moindre marque de plaisir, pressait plus encore, bougeait plus fort pour faire monter l'envie, entendre plus fréquents les faibles "encore" qui échappaient à Jimin.
Il n'avait plus peur.
Cette peur paralysante, ce blocage terrible qui avait même interdit tout fantasme, qui avait toujours empêché Yoongi de se représenter avec Jimin pour apaiser son envie, son besoin de jouir. Ce blocage qui avait érigé le sexe avec Jimin au rang d'impossible. Jamais avec ce corps si laid, ce corps mutilé.
Et pourtant...
Et pourtant Yoongi était là, à sentir le sexe de Jimin emplir sa main, à sentir la vie pulser dans sa paume, le désir durcir encore, toujours, jusqu'à ce que les yeux de Jimin, perdus en les siens, se fassent si implorants que Yoongi n'y tienne plus, qu'il doive se rendre à la supplique, à satisfaire Jimin, à satisfaire son corps.
Il commença à bouger sa main humidifiée de salive, chercha ce qui pourrait rendre le geste plus sensuel, moins heurté. Attrapa la crème et allait s'en enduire la paume lorsque Jimin posa sa main sur la sienne, stoppant son geste.
— Viens en moi.
C'était si simple. Si simple, cette demande, mais si vertigineux.
Yoongi ne put que hocher la tête, machinalement approcher sa main pleine de crème de son propre sexe, le caresser pour le préparer, l'enduire de douceur. Il voyait les yeux de Jimin accroché à son sexe, sa bouche entrouverte qui tentait de reprendre souffle, qui se passait machinalement la langue sur les lèvres. Il s'était un peu redressé pour jouir du spectacle, il aurait suffit que Yoongi se décale à peine, qu'il hausse à peine les hanches pour que...
Jimin baissa soudain la tête, Yoongi ne put que voir sa nuque se dégager de cheveux, son dos s'enrouler pour se pencher toujours plus...
Et ce fut la chaleur autour de lui, un plaisir si soudain que Yoongi dut se retenir de gémir. La bouche de Jimin, chaude, si chaude autour de lui, si chaude et si pressante, ferme et douce. Un délire de sensations qui naissaient en lui à se faire avaler ainsi, à perdre la tête, à devoir prendre appui en arrière pour ne pas sombrer, pour ne pas jouir immédiatement dans la gorge de Jimin.
Yoongi ferma les yeux, lutta, tenta de résister au plaisir, tenta d'oublier qui était en train de le sucer, qui se délectait de chaque geste en petits sons épars, les mains complétant le travail, les mains douces autour de lui à caresser ici, et là aussi, et Yoongi ne savait plus où il en était, ne put que gémir "Jimin !" avant de repousser la tête de Jimin dans l'urgence, sinon il allait jouir.
Mais Jimin eut ce rire, ce regard taquin accompagné d'une caresse sur sa cuisse, qui bouleversa le coeur de Yoongi et l'empêcha de faire quoi que ce soit alors que Jimin se penchait à nouveau sur son sexe, l'engloutissait dans un gémissement de pur délice, et pressa des lèvres, de la main, pressa en se coulant à Yoongi, en suçant tant et si bien que Yoongi ne put que se rendre, ne put que s'abandonner au plaisir, à jouir, fort, fort en Jimin, les mains dans les cheveux et les lèvres en incantation.
— Jimin, Jimin... !
Tout s'arrêta, un temps, tout se suspendit, alors que Jimin s'était effondré, la tête posée sur les cuisses de Yoongi, sourire aux lèvres.
Yoongi contempla longtemps cette bouche encore maculée de sperme, cette gorge ornée de sillons luisants. Ces yeux perdus dans le vague, à contempler la nuit de la fenêtre.
Il l'aimait.
Il aimait Jimin, comme jamais il n'aurait cru l'amour exister.
Et il aimait tout en lui, absolument tout. Son corps comme son âme. Ses qualités comme ses défauts. Ses "trop" et ses "pas assez". Lui.
Lui, entièrement. Jimin.
Yoongi se mit machinalement à caresser le bras de Jimin, à parcourir longuement sa peau de ses doigts qui allaient et venaient, lents, doux, jusqu'à ce que Jimin se retourne sur le dos, la tête toujours sur les cuisses de Yoongi, et le regarde en souriant. Les yeux en désir, encore.
Yoongi comprit. Il se pencha sur Jimin, l'embrassa fort, profond, sentit son propre goût sur sa langue, ce goût devenu Jimin maintenant.
Ces bras qui s'élevaient, encore, au dessus de la tête de Jimin, offerts à la prise de sa main qui les immobilisa, ce corps qui se cambrait sous ses baisers, se collait à nouveau à Yoongi puis l'entourait de ses jambes, prisonnier emprisonnant, et puis les peaux qui se baisaient encore, se moulaient l'une à l'autre, devenaient une, de sueur, de sperme, de salive.
Le sexe, le sexe avec Jimin.
L'acte magnifique du sexe avec celui qu'on aime.
Yoongi chuchota, incapable de garder pour lui les mots.
Il chuchota à l'oreille de Jimin ces mots qui livraient, ces mots qui le rendaient, lui, prisonnier de sa lumière, ceux qui l'offraient à la mort du rejet, parce que là, en cet instant, Yoongi ne pouvait plus exister d'autre qu'en amour de Jimin.
— Je t'aime. Pardonne-moi Jimin, mais je t'aime.
L'arrêt fut imperceptible, à peine une seconde, à peine une respiration, avant que Yoongi ne sente les bras le serrer plus fort, les jambes l'emprisonner plus encore. Jimin se perdit à nouveau dans sa bouche, la langue se fit furieuse, avide, à perdre souffle.
Et le corps, le corps de Jimin qui pressait, se frottait à nouveau à lui avec urgence, cette mélodie à son oreille qui reprenait, crescendo, jusqu'à ce que les jambes s'écartent, larges, larges, et que Jimin fixe enfin ses yeux aux siens. Plus de sourire, juste un désir débordant, juste un jeune homme débordé sous lui.
— Viens... Viens maintenant, je t'en prie...
Et Jimin l'empoignait par les hanches, l'approchait du coeur de l'offrande en force presque brutale, pressante, à ne plus se préoccuper de douleur, à juste vouloir le sexe de Yoongi en lui.
Le satisfaire, satisfaire son amour, tout de suite. Tout de suite.
Yoongi se caressa d'un geste vif, s'assura qu'il était dur à nouveau, dur et affamé, à trembler de l'instant, à trembler de combler Jimin comme il le désirait, comme ils le désiraient chacun.
Mais la douleur...
La crème, à nouveau, la fraîcheur sur l'anus de Jimin, à le faire se cambrer plus haut, ce râle d'attente impatiente, et les cuisses plus offertes encore. Yoongi appuya sur la peau si douce de Jimin, pressa amoureusement, permission demandée, permission donnée, et le doigt entra, le doigt glissa, en un lent mouvement, infime, qui le fit presque trembler à la chaleur conquise, à ces chairs qui l'étouffaient, le pressaient si tendrement, tressauts incontrôlables alors que Jimin souriait, souriait de cette conquête lente, souriait dans les yeux de Yoongi.
Yoongi dégusta cette lente préparation, ce geste amoureux qui lui permettait d'enfin être Jimin, d'être en lui, d'être pour lui à lui donner ces prémices de plaisir, à le faire bouger déjà, bouger au rythme de ses doigts, du profond et du retour, à chercher le noeud, le coeur qui le ferait se tendre infiniment, qui le ferait crier peut-être, déjà, à pouvoir rendre orfèvrerie le plaisir, avec sa main, avec ses doigts, à lui, Yoongi, qui pénétraient Jimin.
— Je vais jouir Yoongi...
— Qu'est-ce que tu veux ?
Un gémissement plus fort lui répondit, alors que Yoongi sentait la puissance le griser, la puissance de mettre Jimin sur le fil, d'enfoncer ses doigts tant et tant qu'il sentait le coeur, qu'il sentait l'orgasme à sa merci, Jimin à lui, tout à lui en cet instant, Jimin qui allait jouir par lui, grâce à lui.
— Je sais pas, je sais plus rien... Je te veux toi Yoongi... comme ça, autrement, je m'en fous... je te veux juste toi en moi... pour toujours...
Les mots fous, les mots perdus de désir...
Les mots l'avaient vaincu.
Yoongi sentit que lui non plus ne tenait plus. Il retira ses doigts le plus doucement possible malgré l'urgence, malgré le besoin à mourir d'être en Jimin maintenant, immédiatement, retira ses doigts en un sourire rassurant face aux yeux de manque face à lui, puis remonta légèrement les hanches de Jimin vers lui, sourit plus aux cuisses larges, aux cuisses à embrasser, à lécher, à dévorer, mais après, après il ferait cela, maintenant il fallait satisfaire, maintenant il fallait entrer, prendre place et jouir, prendre place et faire jouir.
La sensation de son sexe qui s'enfonçait en Jimin fut vertigineuse, un goût de renaissance, un goût d'accompli qui brouilla sa vue, amena des larmes à la lisière des cils. L'urgence retenue, l'urgence savourée, en une lente conquête, une conquête permise, une conquête suppliée.
Jimin inspira, fort, à la limite du gémissement, s'enfonça dans le matelas, les yeux presque révulsés, la gorge offerte à nouveau, offerte à la main de Yoongi qui s'y posa, la caressa, avant de l'entourer, capture douce et apaisante.
Et puis le geste, le retour en arrière, le lent glissement à frissonner, à faire ouvrir la bouche de Jimin de manque, à le faire redresser la tête vers lui, inquiet, inutilement inquiet, puisque Yoongi entrait déjà à nouveau, goûtait à nouveau les chairs qui s'ouvraient peu à peu, l'étreinte étroite autour de lui, l'étreinte qui cédait pourtant, cédait et devenait caresse, cette étreinte douce autour de son sexe, alors qu'il allait au fond, plus au fond, à faire gémir Jimin, à le faire se tendre au plus grand, presque vaincu déjà.
Recommencer, encore, cette échappée, puis ce retour amoureux, cette conquête attendue, les yeux de Jimin ancrés aux siens désormais, leurs deux corps noués au plus serrés, et ce plaisir qui venait chaque fois plus fort, chaque fois plus large, à envahir leurs deux corps, à envahir leurs deux âmes, leurs coeurs, peut-être, à submerger Yoongi d'amour pour lui, d'amour pour Jimin, encore et toujours, et quelque chose dans les yeux de Jimin lui fit sentir, un bref instant, que l'amour était en face, aussi, que l'amour, peut-être, était chez Jimin aussi.
Il sentit que Jimin était proche, si proche qu'il suffisait de très peu, de trop peu, alors son corps se fit plus dur, plus fort, à taper d'insistance l'intérieur de Jimin, à taper le désir qui venait, la fin qui s'approchait, et la peur qui revenait, peut-être, déjà, la peur de l'après, insidieuse, qui germait déjà en son esprit.
Yoongi ferma les yeux un instant, tenta de chasser la pensée en heurtant plus fort, en baisant plus fort, jusqu'au râle de Jimin, jusqu'à ces jambes qui refermaient leur étau, jusqu'à ces bras qui le serraient à l'étouffer, jusqu'à ce qu'il sente la chaleur visqueuse sur sa peau.
Il rouvrit les yeux, aperçut le ventre maculé de Jimin, ces yeux hagards qui s'ancraient à nouveau, la main qui cherchait la sienne, et ce sourire, par tous les Dieux, ce sourire d'aise sur les lèvres, qui balaya tout.
Yoongi se colla brusquement à Jimin, l'écrasa sous lui, à enfermer son coeur, à sentir le sperme glisser sur leurs peaux, les mouvements précipités désormais, désordonnés, alors qu'il sentait son propre plaisir percer, que Yoongi entendait le souffle de Jimin à son oreille, chaleur, chaleur des mots, chaleur des gestes contre sa peau, les mains de Jimin, partout, son corps entier protégé par Jimin, son coeur à exploser et la peur envolée.
— Yoongi... Je t'aime tellement Yoongi...
L'orgasme fut ample, si ample, comme si les mots l'avaient rendu immense et en même tant si simple, comme une vague venue tout renverser sur son passage, tout balayer pour faire place propre, pour faire coeur net.
La netteté du renouveau.
L'espace libre pour aimer.
Sans peur.
Juste pour lui. Juste avec lui.
Jimin.
***
Plus tard, alors que Jimin s'était à nouveau endormi, emmitouflé dans la couverture, Yoongi se leva, attrapa son manteau et sortit.
Il pleuvait toujours, sous les étoiles de la cour.
Il s'assit sur le perron, un gobelet de vin à la main, insensible aux gouttes qui le trempaient peu à peu.
Il avait besoin de fraîcheur. Il avait besoin de réaliser ce qui venait de se passer.
Le bonheur mis en geste, le bonheur mis en mots.
Il sourit, repensa au visage de Jimin, à ses mimiques, à la douceur de sa peau, à la chaleur en lui.
Il frissonna de plaisir, à nouveau. Peut-être auraient-ils le temps de recommencer, demain matin, au lever du jour ?
Avant que...
Yoongi fronça les sourcils, brusquement rappelé à la réalité.
Avant qu'il ne rejoigne le Lykeion pour les entraînements.
Avant qu'il ne rencontre l'entraîneur de Lion.
La main se fit plus fragile sur le gobelet.
Avant qu'il ne lui donne sa réponse.
Il soupira, pensa à la bourse pleine d'écus d'argent qu'il avait acceptée, l'avant-veille.
Une réponse, déjà, en soi. Mais il fallait les mots, il fallait réaffirmer le contrat.
Les écus, contre la défaite de Jungkook à Olympie.
Un contrat très simple.
Un contrat oral, un contrat caché, bien sûr. Nul ne devait savoir.
Yoongi frissonna, mal à l'aise tout à coup.
Le visage de Jungkook passa dans son esprit.
Ses yeux noirs d'éternelle colère. Ses yeux noirs de malice, parfois, aussi. Ses gestes brusques. Cette moue attendrissante qu'il faisait quand il savait qu'il avait tort mais ne voulait pas le reconnaître. Ce respect que Yoongi lisait dans ses yeux, malgré les mots, malgré cette sotte jalousie. Jungkook était beau, Jungkook était divin, terriblement érotique dans ce côté brut et naturel qu'il avait gardé malgré tout. Qu'avait-il à craindre de quelqu'un comme lui, Yoongi ?
Pour se consoler, Yoongi pensa au bracelet. Aux yeux de Jimin quand il l'avait vu. A sa joie sur son visage, à leurs corps emmêlés, ensuite.
Oui, le bracelet était cher, extrêmement cher.
Mais il en valait la peine.
Jimin en valait la peine.
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