Chapitre 4 - Colère
Tout d'abord, veuillez m'excuser de l'attente ! Décidément, cette fanfiction me glisse systématiquement entre les doigts et je ne sais jamais par quel bout la prendre. L'histoire avance un petit peu mais ce n'est pas non plus le Pérou !
J'espère toutefois qu'elle vous plait toujours autant ! Bonne lecture !
-----
Chapitre 4 – Colère
Iwaizumi
Pourquoi l'avait-il embrassé ? Sur le coup, Iwaizumi ne le sut pas lui-même. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'il l'avait laissé partir en courant. Pourquoi le rattraper de toute façon ? Malgré lui, l'attaquant venait de donner à Makoto une raison de plus de frapper Oikawa. Cette pensée lui glaça le sang.
Pourtant. Pourtant, ce baiser qu'il avait déposé sur ses lèvres... Pourtant, ces paroles qu'il avait prononcées, jamais il ne les avait autant pensées. Oikawa ne se rendait pas compte qu'une vie de couple comme la sienne n'était qu'un chemin de croix au bout duquel on n'était même pas sûr de trouver la rédemption. Mais comment lui faire comprendre ? Naïvement, trop sans doute, il s'était dit qu'en capturant ses lèvres, il parviendrait à faire flancher son cœur, à lui faire perdre pieds et se comprendre qu'un baiser comme celui-ci valait dix fois mieux que ceux de son petit ami. Car la tendresse devait être le maître mot dans un couple, pas la douleur, pas les coups, pas des larmes mêlées de sang.
Mais son regard. Il se souvenait de son regard. Ses yeux s'étaient écarquillés. Il ne l'avait pas repoussé, comme pétrifié. Il y avait lu, une fraction de seconde, un mélange confus d'envie et de crainte. La crainte l'emportant sur le reste, il l'avait laissé dans les vestiaires.
D'ailleurs, le champion n'avait pas bougé depuis tout à l'heure, les poings serrés, la tête baissée, observant ses mains qui auparavant avaient soigné son poignet, celles qui étaient toujours là pour le panser, pour s'occuper de lui. Iwaizumi avait toujours été présent pour Oikawa. Aussi loin qu'il s'en souvînt, il avait toujours veillé sur son passeur tête en l'air et égocentrique. Et dieu seul savait à quel point il l'aimait.
Mais voilà, pouvait-il le lui dire maintenant qu'il était en couple et que Makoto n'attendait qu'une bonne raison pour le rouer à nouveau de coups ?
Oikawa
Pourquoi courrait-il si vite ? De quoi avait-il peur ? Il savait qu'Iwaizumi ne le poursuivrait pas, il savait que Makoto n'était pas là pour les voir. Tout cela, il le savait. Et pourtant, il courrait à en perdre haleine, la peur au ventre, le cœur serré, la gorge sèche et l'envie irrésistible de hurler comme si sa vie en dépendait.
Pourquoi fallait-il maintenant que son meilleur ami agît ainsi ? Pourquoi ne l'avait-il pas fait des années auparavant ? Et cette peur qui l'avait cloué sur place, sa seule pensée allant vers Makoto. Makoto et son regard froid. Makoto et ses poings. Makoto et la douleur qu'il lui ferait endurer s'il était au courant de ce qu'il venait de se produire.
Une larme, une seconde, une nouvelle se mêla à la sueur qui coulait le long de ses joues alors qu'il s'adossait contre un mur pour reprendre sa respiration. Qu'allait-il faire maintenant ? Qu'allait-il dire ? Il ne pouvait pas rentrer dans cet état. Son petit ami comprendrait immédiatement ce qu'il s'était passé. Ses mains tremblaient et son cœur battait à tout rompre lui donnant l'impression qu'il se fissurait un peu plus à chaque seconde. Son poignet, meurtri, était encore très sensible et la douleur s'accentua en même temps que pulsait le sang, comme pour lui rappeler qu'elle n'était rien comparée à ce qui l'attendrait en rentrant chez lui.
Si cela s'était passé quelques années plus tôt, si Iwaizumi lui avait pardonné. Si Oikawa n'avait pas fait le con. S'il n'avait pas tout fait pour mettre fin à cette relation. Non pas parce qu'il ne l'aimait pas mais parce qu'il avait peur. L'engagement avait toujours été une question épineuse. Le volley était la seule chose qui comptait dans sa vie. Alors de là à se trouver un copain et faire sa vie avec... Le passeur était trop jeune à l'époque, trop insouciant. Il s'était dit que son meilleur ami reviendrait toujours, qu'il pouvait continuer à jouer autant qu'il le souhaitait et même à jouer avec les gens. Mais ce soir-là, il n'était pas revenu et lui avait fait comprendre qu'il n'y aurait plus de nouvelle chance. Il s'était planté et en beauté.
Après cela, il avait reconstruit sa vie faisant pour l'oublier même si ses yeux ne pouvaient se détacher des siens, même si son corps l'attirait toujours comme un aimant, même si son parfum demeurait aussi entêtant, même si il était encore fou amoureux de lui.
Et dans tout ce bazar, Makoto était arrivé. Et Oikawa s'y était accroché comme à une bouée de sauvetage car le précédent naufrage l'avait trop fait souffrir, parce que le prochain iceberg lui faisait une peur bleue. Parce que ses bras, à l'époque, rassurants, avaient réussi à réchauffer le passeur qui croyait que son cœur était de glace. Et il y avait cru à cet amour. Aujourd'hui, il y croyait encore. Parce que Makoto lui faisait certes du mal, mais il n'en restait pas moins qu'il était amoureux de cet homme. Et l'attitude de Iwaizumi le mettait dans une colère folle, une colère qui lui était bien difficile à contenir, à tel point qu'elle l'empêchait de respirer correctement à chaque fois que ce baiser lui revenait en mémoire.
Que lui était-il passé par la tête ?
Doucement, il se laissa glisser contre le mur. Il avait trouvé refuge sur le toit du lycée. Rares étaient les personnes qui y venaient en règle générale. Il fallait qu'il respire, il fallait qu'il calme les tremblements dans ses mains et les larmes dans ses yeux.
Cet après-midi-là, le passeur d'Aoba Jôsai revint en classe avec plus d'une heure de retard.
Iwaizumi
Cet après-midi là, Oikawa arriva en classe avec plus d'une heure de retard. Le professeur ne se rendit pas compte que ses yeux étaient un peu plus rouges qu'à l'accoutumée et que son dos était légèrement voûté. Iwaizumi, oui. Oikawa semblait dans tous ses états. Son coéquipier passa à côté de lui sans lui adresser un regard.
Avait-il eu tort ? Il ne cessait de tourner et de retourner le problème dans sa tête depuis plus d'une heure. C'était le seul moyen qu'il avait trouvé pour faire réagir Oikawa. Il savait qu'il risquait de mettre un sacré bazar dans sa tête mais cela lui semblait nécessaire. Peut-être avait-il eu l'espoir fou que ce baiser suffît à refaire revenir son meilleur ami avec lui ?
Mais voilà, c'était lui qui ne l'avait pas pardonné quelques années plus tôt. C'était lui qui avait dit qu'Oikawa n'était qu'un crétin qui ne prenait pas en compte les sentiments des autres. C'était lui qui s'en était voulu des jours entiers d'être aussi obtus. Tout cela, c'était lui.
Et aujourd'hui encore, il le regrettait amèrement. Car s'ils étaient restés ensemble, jamais Oikawa n'aurait rencontré ce type. Jamais Oikawa n'aurait eu à endurer ces sévices, jamais il n'aurait eu ce regard aussi triste et autant de larmes dans les yeux. A présent, n'était-il pas un peu tard pour regretter cela ? N'aurait-il pas dû agir avant ? Avait-il au moins le droit de se plaindre de la situation ? Après tout, dans cette histoire, il était loin d'être celui qui souffrît le plus. Un soupir, presque inaudible, passa ses lèvres. Il vit néanmoins son meilleur ami lui jeter un regard en coin.
Cela le glaça. Ce n'était plus de la peur ni de l'envie, mais plutôt une profonde et incommensurable colère qui brillait dans ses yeux noisette. C'était donc ainsi ? Ce baiser avait eu pour seule conséquence de le mettre en colère ?
Lorsque la cloche sonna, le pointu se rendit immédiatement au gymnase sans adresser le moindre mot à son capitaine. Ce soir-là, l'entraînement fut morose. Oikawa souriait comme jamais, portant ce masque qu'il détestait par dessus tout. Quant à Iwaizumi, il était bien incapable de le regarder droit dans les yeux car ses prunelles le transperçaient de part en part et lui retournaient l'estomac.
Si le passeur cherchait une bonne raison de ne plus lui adresser la parole, il venait d'en trouver une merveilleuse. Donnée du bout des lèvres par un pointu qui perdait pied peu à peu. En rentrant chez lui, le vice-capitaine se doucha avant de s'allonger dans son lit, complètement pris par ses pensées.
Oikawa
Makoto ne se rendit compte de rien ce soir-là car la haine qu'il lut dans les yeux d'Oikawa vis-à-vis de son meilleur ami, suffit à le faire sourire et à le rendre heureux. Il venait de briser la toute dernière attache qu'il lui restait.
**************
Et la semaine passa ainsi, sans qu'aucun des deux ne s'adressât la parole, allant même jusqu'à s'éviter dans les couloirs. Le plus étonnant était sans doute que la situation semblait parfaitement convenir à Oikawa qui souriait toujours autant et en profitait pour parler avec ses autres amis. Iwaizumi, au contraire, était devenu encore plus taciturne et seul Matsukawa parvenait à le dérider. En effet, le central était le seul à connaître la vérité sur Oikawa et il se doutait que son petit ami devait être derrière tout cela.
Un midi que le pointu déjeunait tout seul sur le toit, le châtain vint une nouvelle fois à sa rencontre. Il s'assit à ses côtés avant de pousser un soupir.
« J'ai l'impression que les choses ne vont pas en s'améliorant, non ? »
Iwaizumi ne répondit pas, mais son regard morne suffit à lui offrir la réponse attendue.
« As-tu songé à parler avec ce type ? demanda le central au bout d'un moment.
- A quoi bon ? Regarde Oikawa. Il ne se force pas. Il est heureux. L'autre a dû cesser de le frapper maintenant qu'il ne me parle plus...
- Et donc ? Tu vas laisser la situation ainsi en priant juste le ciel que ce salaud ne s'énerve pas à nouveau ? Ces types-là recommencent toujours. La dernière fois, c'était toi, la prochaine ce sera parce qu'un type a regardé Oikawa avec un peu trop d'insistance dans la rue. Tu comprends ? »
Iwaizumi serra les poings tout en se mordant la lèvre inférieure. Bien sûr qu'il ne voulait pas laisser Oikawa dans les bras de cet homme. Mais que pouvait-il fait après tout ? Quel pouvoir avait-il encore sur son meilleur ami ? Plus aucun.
« Non mais sérieusement. Si tu allais lui parler ? Et si on le menaçait de tout balancer à la police ? Avec un peu de chance, il prendra peur et le laissera tranquille.
- Ça peut valoir le coup oui... J'ai entendu Oikawa dire qu'il serait en famille ce soir. Je vais essayer d'aller le voir.
- Fais attention à toi quand même, hein ? »
Matsukawa mère poule le retour de la revanche. Son coéquipier lui adressa un léger sourire. Il ne se rendait pas compte qu'il venait d'apporter un peu de réconfort et surtout un bel objectif à un Iwaizumi qui se noyait dans sa mélancolie depuis quelques jours. Décidément, il était toujours là pour lui venir en aide quand quelque chose n'allait pas. Ce garçon était une perle bien rare.
Iwaizumi
Les cours s'étaient arrêtés depuis une heure. Le pointu avait attendu que son capitaine quittât l'établissement et ne prît le chemin menant vers chez ses parents avant de se diriger vers le bar dans lequel Makoto travaillait.
Qu'allait-il lui dire ? Comment allait-il réellement amener tout cela ? Honnêtement, il ne le savait pas lui-même. Mais s'il y avait une chance, même infime, qu'il prît peur et délaissât son meilleur ami, alors il se devait de la saisir.
Ce fut d'un pas qu'il voulut assuré qu'il pénétra dans le bar où son regard croisa immédiatement celui du serveur. Il lui fit un signe de tête pour lui faire comprendre de le suivre à l'arrière de l'établissement.
Ils étaient là, l'un en face de l'autre, Makoto le toisant d'un regard carnassier alors qu'Iwaizumi le soutenait du mieux qu'il pouvait, serrant les poings pour ne pas lui sauter à la gorge.
------
Merci d'avoir lu !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top