Chapitre 1
L'air était encore frais dehors et les lycéens d'Aoba Josai avaient tous revêtu écharpes et bonnets afin d'affronter le froid. L'hiver, plus que de coutume, avait été rude et tous les élèves appréciaient maintenant ces premiers rayons de soleil qui permettaient enfin à la nature de s'éveiller. Iwaizumi, le vice-capitaine de l'équipe de Volley Ball, discutait avec son meilleur ami, le capitaine de l'équipe, Tooru Oikawa. Tous deux étaient assis sur un banc, le premier semblait, comme à son habitude, faire des reproches à son capitaine.
« Mais regarde-toi Oikawa kun, tu n'es que l'ombre de toi-même depuis quelques temps. Tu es sûr que ça va ? »
Il était rare qu'Iwaizumi s'inquiète pour son capitaine : d'habitude, il était plutôt occupé à lui hurler dessus et à lui balancer des ballons en plein visage lorsqu'il draguait à tout va, tout ce qui pouvait bouger, femmes et hommes réunis. Depuis quelques temps toutefois, Oikawa avait changé. Il n'était plus aussi souriant, il semblait toujours rêvasser et, bien des fois en entraînement, le jeune homme avait manqué des balles qu'il était tout à fait capable d'avoir le reste du temps. Bref, son vice capitaine s'inquiétait et il cherchait à découvrir ce qui ne tournait pas rond chez son ami.
« Il n'y a rien, je suis juste un peu fatigué en ce moment. » répondit-il en remettant doucement son écharpe bleu et blanche.
Mais voilà, comment le croire quand ses yeux étaient cernés, son visage plus pâle que d'ordinaire et que son regard le fuyait, n'osant affronter les prunelles scrutatrices de son meilleur ami ? Qu'arrivait-il donc à Oikawa ? Le pointu avait beau se dire que cela ne devait être rien, au fond, il sentait que quelque chose de grave était en train de se passer.
« Et avec ton copain, ça va ? » finit-il par demander bien que cela lui en coûtait énormément.
Il y avait toujours eu une sorte d'accord tacite entre eux deux. Ils ne parlaient pas de leur vie sentimentale. Tout simplement parce que deux ans auparavant, tous deux étaient sortis ensemble et qu'Oikawa, étant ce qu'il était, n'avait pas pu s'empêcher de le tromper. Ils s'étaient donc séparés mais s'étaient promis de demeurer malgré tout ami.
Le passeur sursauta en entendant la question et, l'espace d'une fraction de seconde, Iwaizumi crut le voir se mettre à trembler, comme si sa curiosité l'effrayait.
« Oui... Pourquoi tu me poses cette question ? Tout va très bien. Bon, j'ai des choses à faire, on se retrouve au club. »
Il s'enfuyait. Iwaizumi connaissait suffisamment son meilleur ami pour savoir qu'il venait d'éluder la question et qu'il s'enfuyait car il ne souhaitait pas y répondre.
Oikawa s'était mis en couple depuis plusieurs mois. Au début, son meilleur ami avait eu l'impression de le voir renaître. Il était heureux comme jamais. Bien sûr, son petit ami ne voulait pas se montrer en public avec un homme, mais cela, le passeur le comprenait parfaitement et avait accepté cette décision commune. Toutefois, plus les semaines passaient, plus Iwaizumi avait l'impression que son capitaine se renfermait sur lui-même. Il ne parlait presque plus de son petit ami et avait même fini par fuir les membres de l'équipe. Par exemple, Oikawa se douchait maintenant dans les douches individuelles, refusant de se retrouver nu devant tout le monde alors qu'auparavant, il était bien content de pouvoir montrer son corps d'athlète. Il avait affirmé que son copain était jaloux et qu'il ne voulait pas qu'Oikawa se montre ainsi dénudé. Tout d'abord, Iwaizumi avait compris que cela puisse le gêner. Mais plus le temps passait, plus il ajoutait cela à la liste de nombreuses petites choses qui le dérangeaient depuis maintenant deux semaines.
En plus, ce n'était pas comme si le pointu pouvait se permettre d'aller voir le petit copain d'Oikawa. Il savait sans doute qu'ils étaient déjà sortis ensemble auparavant et se doutait bien que la situation serait gênante. Makoto avait vingt ans et travaillait dans un bar, non loin du Lycée. D'après les dires de son meilleur ami, il s'était rencontré un soir dans une superette et tous deux s'étaient très vite liés d'amitié puis avaient fini par sortir ensemble. Dit comme cela, l'histoire semblait assez idyllique. Mais derrière chaque idylle se cachait quelque chose et Iwaizumi commençait à avoir de plus en plus de soupçons.
Ce soir-là, ils avaient entraînement. Tout le monde se réunit comme d'habitude à dix-sept heures. L'entraîneur commençait toujours par un entraînement physique passant par des pompes, des abdominaux, trente minutes de courses puis des jeux de ballons. Oikawa demeurait encore dans la lune. Il manqua même un ballon qu'Iwaizumi lui envoya pour faire une attaque.
« Hey Oikawa kun, tu pourras te concentrer un peu ?! »
Le jeune homme lui sourit et se ressaisit rapidement. En temps normal, le pointu lui aurait envoyé la balle en pleine figure afin de le faire réagir. Mais sans trop savoir pourquoi, il avait eu la sensation que cela n'aurait pas porté ses fruits. Oikawa s'exécuta donc et tacha d'être plus attentif jusqu'à la fin du cours. Les autres n'eurent pas à se plaindre de son attitude bien qu'ils aient tous remarqués que le Oikawa présent sur le terrain n'était pas celui qu'ils connaissaient depuis des années. Moins précis, moins à l'écoute des autres, ils avaient l'impression de voir quelqu'un qui se laissait peu à peu dépérir. Personne pourtant n'osait lui demander ce qui n'allait pas car sa réponse était toujours la même : il allait très bien, il était juste un peu fatigué en ce moment, mais ça allait.
Combien de fois Iwaizumi avait-il eu envie de le gifler en l'entendant dire quelque chose comme cela ? Il détestait qu'on lui mente éhontément et encore plus lorsqu'il s'agissait de son meilleur ami.
L'entraînement finit par toucher à sa fin et tous les garçons allèrent se doucher dans les vestiaires. Chacun discutait tranquillement en se changeant. Bientôt, les éliminatoires inter lycées arrivaient, il fallait être prêt pour battre Karasuno et Shiratorizawa. Seul Oikawa ne participait pas à la discussion, enfermé dans sa douche individuelle. Iwaizumi traîna un peu sous la douche, espérant croiser son meilleur ami. Il s'était rendu compte, assez récemment, que le passeur était systématiquement le dernier à sortir des vestiaires afin d'y être seul sans doute.
Le pointu décida donc d'y rester après avoir claqué la porte pour faire croire qu'il était parti. Il ne savait pas vraiment pourquoi il faisait cela. C'était plutôt une intuition qu'autre chose et, au plus profond de lui, il priait le ciel pour se tromper. Il était donc là, totalement habillé, à attendre qu'Oikawa sorte de la douche. Il n'avait amené qu'une serviette, ses affaires étaient restées posées sur le banc.
Il lui fallut attendre encore un bon quart d'heures avant qu'il n'entende la porte s'ouvrir. Iwaizumi resta un long moment interdit lorsque ses yeux se portèrent sur le torse de son ami.
« Je croyais que tu étais parti... » Murmura Oikawa dans un souffle avant de se dépêcher de prendre un t-shirt pour se vêtir au plus vite.
Mais déjà, Iwaizumi l'avait plaqué contre un mur pour l'empêcher de se changer. Ses mains tremblaient et ses yeux étaient écarquillés. Tout le torse d'Oikawa était couvert d'ecchymoses. Et quand ce n'était pas des hématomes, certaines marquent ressemblaient plus à des brûlures de cigarettes qui commençaient peu à peu à cicatriser. Son ami tenta de le repousser mais en vain, le champion avait toujours eu plus de force que son ami. Oikawa était donc là, à demi nu, plaqué contre le mur, devant affronter le regard bouleversé de son meilleur ami qui ne comprenait pas ce qu'il se passait.
« Laisse-moi me changer... s'il te plait »
Jamais jusqu'à maintenant, il n'avait entendu une voix si implorante. Comment Oikawa pouvait-il accepter tout cela ?
« C'est lui qui te fait ça hein ? »
« Je ne vois pas de quoi tu parles. Je suis un peu maladroit, ça m'arrive de tomber voilà tout... »
« Ne me prends pas pour un con ! » ne put-il s'empêcher de le couper. « Regarde toi, regarde ton corps. Oikawa, comment peux-tu le laisser te faire ça ? Il faut que tu arrêtes de le voir. »
Le grand brun lui tournait le dos : il avait baissé la tête et ses poings s'étaient serrés.
« Je l'aime. Je ne le laisserai pas. » finit-il par dire après s'être totalement habillé. « Je ne vois pas de quoi tu parles Iwa chan, ce n'est rien, tout va bien. Je dois rentrer, on se voit demain ? »
Et ce sourire, ce sourire qu'il lui adressa lui brisa le cœur. Comment pouvait-il lui sourire ? Comment pouvait-il se laisser faire lui qui avait toujours eu du caractère ? Le Oikawa qu'il avait connu avait bien changé, il n'était pas du tout le même.
S'avançant vers son meilleur ami, il lui attrapa le poignet et lui dit doucement : « N'y va pas...s'il te plait. Un jour, il finira par te tuer. »
« Tout va bien Iwa chan, tout va bien, je t'assure. »
Son ami lui ébouriffa les cheveux et le laissa là, dans les vestiaires, les larmes coulant le long de ses joues.
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