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Les allées du cimetière se ressemblent toutes et de ce fait, elles forment une sorte de labyrinthe, peut-être construit pour que les âmes s'y perdent et n'en sortent pas. Le vent balayait doucement la poussière des allées...
– Là, dit Lorenzo de sa voix spectrale.
Nous approchâmes de la tombe. Seul Luis semblait s'amuser, il plaisantait...
La stèle était cruciforme, couverte de motifs qui devaient avoir été d'une finesse extrême mais qui étaient maintenant rongés par la pluie... Un nom était profondément gravé dans la pierre. C'était le nom de notre compagnon, qui se tenait un peu en retrait, derrière nous...
– Regardez bien la photographie, ordonna presque Lorenzo.
Dans le visage, bien qu'il portât les marques de l'âge, je reconnus celui de Lorenzo: le regard vague était le même, les sourcils avaient la même cassure, le sourire posait la même énigme.
– C'est incroyable, fit Luis... Cette ressemblance...
– C'est un parent à toi? demanda Francis, au comble de l'amusement.
– C'est moi que vous voyez là, dit Lorenzo, croyez-le.
– Lorenzo, es-tu fou? fis-je en me retournant.
– Est-ce tellement fou, me répondit Lorenzo...
Alors il bougea, fit un pas sur sa gauche; il se trouva alors entre moi et le soleil.
– Est-ce si fou?
Je clignai des yeux, la lumière débordait de ses épaules et j'eus l'impression - je le répète, cela ne dura qu'une demi-seconde- j'eus l'impression de voir le soleil à travers lui, tout à travers...
Il fit un nouveau pas sur le côté et il sourit...
Sur le chemin du retour, Lorenzo souriait toujours, un peu tristement cependant. Francis le regardait, ne sachant peut-être plus comment réagir. Luis, insouciant, fermait les yeux en tendant le visage au soleil...
Je regardai Lorenzo. Avais-je rêvé ce que j'avais vu? Mon esprit avait-il dérapé?
Tout le long du petit sentier sur lequel nous marchions se dressait une barrière de bois d'à peu près cinquante centimètres de haut. A un moment, il prit à Lorenzo de monter sur cette barrière de rondins et de marcher dessus les bras écartés...
– Tu vois? m'interpella-t-il, je suis un équilibriste!
Le lendemain de cet événement, Lorenzo disparut de la ville.
Luis, Francis et moi en parlâmes peu: nous éludâmes les questions...
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