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Mon crayon court sur la feuille de papier, je me remémore chaque trait du personnage.

Les jambes ramenées contre moi, mon carnet dessus, je me sens bien. Apaisé. Je suis dans ma bulle, isolé des autres qui chahutent dans la cours du collège. Quelques bribes de conversations me parviennent d'ici et là, et de temps en temps un ballon roule sous le banc sur lequel je suis assis.

Je sors de mon sac un pinceau, une bouteille d'eau et une palette d'aquarelle que je place en équilibre sur une latte de bois, tout en prenant garde à ne pas renverser de l'eau sur mon brouillon.

Mais quand je m'apprête à tracer la première courbe, mon matériel est balayé d'un revers de main par un gars au sourire narquois. Aussitôt, je détourne le regard, résistant à l'envie de le foudroyer de mes yeux noirs.

Ne montre pas que ça t'affecte.

- Alors, l'intello, dit-il en me pinçant la joue, tu dessines quoi de beau ?

Des ricanements stupides approuvent sa remarque derrière lui. Ne peuvent-ils donc pas réfléchir avant de le soutenir bêtement ?

- Oooh... continue mon bourreau. C'est magnifique. Sincèrement. Magnifiquement horrible, l'intello.

Ses mots m'atteignent en plein cœur. Ça ne devrait pas. Après tout, intellectuel, c'est un compliment non ? Comme si ça ne suffit pas, il doit se sentir obligé d'en rajouté une couche.

- Et pourquoi tu restes dans ton coin, hein ? Tu peux pas faire comme tout le monde ? Ah non, monsieur veut se démarquer, monsieur veut être unique.

Il me tire une dernière fois la joue, un sourire carnassié sur les lèvres, puis me tourne le dos, ses acolytes sur les talons.

Je reste seul, les larmes menaçant de couler, mon calme piétiné avec un malin plaisir.

« Mais je sais que c'est un cadeau

De ne pas faire parti des suiveurs »

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