Chapitre 7 - Les abysses

J'avais l'impression d'être secouée comme un prunier.

Je ne voyais rien, c'était le noir total.

J'entendais comme le souffle du vent. Comme si le ciel haletait une trop grande fatigue.

Sentais comme une odeur saline me titiller les narines. Peut-être quelque chose comme la marée ? Non, c'était plutôt agréable. Ça ressemblait plutôt à quelque chose comme l'air marin, l'iode, mais avec un petit topping à la noix de coco. C'était plutôt rafraîchissant et le combo s'assemblait étonnement bien. Cela m'affectait comme une odeur de nostalgie des vacances au pays des vagues, alors même que je n'étais jamais partie en vacances.

Est-ce que je dormais ?

Non, sinon je ne me sentirais pas tant secouée, m'étais-je dis. J'avais l'impression d'être sur un bateau en pleine tempête. Cela ne faisait que tanguer, encore et encore. Si ça continuait ainsi, j'allais dangereusement devenir une naufragée.

Ou pourrais-je bien atterrir si cela s'avérait devenir le cas ? Je m'imaginais bien une île déserte sans personne. Je ne me soucierais alors plus de rien et passerai l'entièreté de mon temps à manger des noix de coco et du poisson grillé, avec comme certaines visites impromptues sur le pas de ma plage, un certain Kraken. Je m'étonnai à apprécier cette idée.

Plus j'étais secouée, et plus je me demandais si mon embarcation allait tenir face à la colère de Ryujin. Il fallait absolument vérifier si je ne prenais pas l'eau.

Ce fût à ce moment que je me rendit compte que j'avais gardé les yeux fermés jusque là. Et lorsque je les ouvris, une vague scélérate me frappa la caboche pour me rendre mes souvenirs.

J'étais tombée comme une véritable débutante. J'avais entendu un crac, et j'étais presque sûr avoir réussi mon coup. Être parvenu à aborder la branche pour faire tomber la cible du Bingo Book. Pourtant ce fut ce dernier que j'eu en visuel en premier. Il semblait fatigué et à bout de force mais je ressentais la hargne en lui le fournir en énergie.

Comment étais-je encore en vie s'il l'étais encore ? Pourquoi semblait-il tant fatiguée ?

Je manquai une crise cardiaque. Étais-je en train de faire un salto arrière ?

Non.

J'étais accrochée à quelqu'un qui faisait un salto arrière.

Tout devint plus clair à cet instant.

Mis a part le fait que je n'étais absolument pas au courant que le Kraken pouvait faire de la gymnastique de cirque. Et pourtant il n'arrêta pas ensuite de faire d'époustouflantes acrobaties pour éviter les attaques.

Putain, j'étais sur le dos de Kakashi Taijo.

Je voulu me demander comment j'étais parvenue à rester accrochée à son dos tout en étant inconsciente, mais je me rendis vite compte que j'y était littéralement accrochée. Du genre, vraiment.

Bandée. Emprisonné. Sur le dos. De Kakashi Taijo.

J'avais littéralement l'impression d'être un koala agrippé sur le dos de sa mère. Mais cette idée ne me traversa l'esprit que brièvement. Après tout, qui a déjà vu des koalas dans l'océan ?

Ce fut donc à ce moment que je réalisai que cette intense effluve saline et sucrée était en réalité l'odeur corporelle de mon commandant d'escouade. Cela ne devrait aucunement m'affecter. Après tout, je m'étais déjà retrouvé blessée sur le dos d'un camarade et pourtant, mon corps se mit à réagir contre mon gré. Oui, contre mon gré. N'avais-je pas déjà affirmé que rien ne m'attirait ? Que rien ne m'atteignait ? Entre éprouver de l'intérêt curieux envers une personne époustouflante de tout points de vue et apprécier son ode corporelle au point d'être parcourue de mille frissons, il y avait un monde et je détestai aussi tôt cette réaction incontrôlée de mon corps.

Je compris également que le vent que j'avais entendu chanter, était en réalité son souffle saccadé. Je vis également la lune pointer le bout de son nez et devina que le combat devait faire rage depuis un moment.

J'étais devenu un boulet.

La raison pour laquelle mon commandant éprouvait tant de difficulté. Je me demandai un instant la raison pour laquelle il ne m'avait pas simplement confié à un KageBunshin, mais la fatigue que je parvenu à lire du coin de l'œil dans les siens, me donna la réponse.

J'avais été imbu de moi-même.

Arrogante. À vouloir faire ma maline devant le génie des mers qui n'en avait de toute façon rien à faire. Et voilà que mon inconscience menaçait la vie du meilleur Jonin de mon village. Du précieux ami de mon ami Iruka. Je me mis à rire tristement dans ma tête. Si par miracle je parvenais à survivre et à rentrer à Konoha avec comme nouvelle la mort du grand Kakashi Hatake, Iruka allait me faire la peau. Je n'en avais que faire que mon village ne perde un de leur précieux pions. En avaient-ils eux même quelque chose à faire, bien assis dans leur perchoirs, tels des vautours, bien loin des dangereux courant de la mort qu'affrontaient quotidiennement les Shinobi ? Mais il était hors de question que quelqu'un ne meurt par ma faute. J'étais arrogante. Indifférente. Mais dans tout le bordel de mon esprit dérangé, se débattait furieusement la fierté.

Je sursautai dans un cri. Kakashi Taijo venait une nouvelle fois de nous faire valdinguer dans les airs.

« Tu es réveillée ? Me demanda-t-il d'une voix que j'analysai derechef comme exténuée.

- Il semblerait, répondis-je simplement. »

Je l'entendis aussi tôt souffler un grand coup. J'espérais sans me l'avouer qu'il s'agissait d'un quelconque soulagement mais il était indiscutable à mon sens qu'il était le résultat d'un effort intense.

« Tu t'es ouvert le ventre en tombant. Surtout ne bouge pas de mon dos, je t'ai serrée assez fort contre moi pour comprimer la plaie. Je vais devoir te recoudre sommairement après la lutte. M'expliqua-t-il en tentant vainement un assaut sur l'ennemie »

Il était indéniable que ce combat n'avait aucun sens. Le fait qu'il parvienne tout juste à nous maintenir en vie tous les deux, relevait déjà du génie. Comment parvenir à gagner la lutte ainsi ?

J'étais véritablement devenue la cause de notre future défaite.

« Pose-moi. Ordonnais-je fermement. Tu n'arriveras à rien comme ça.

- Si je te pose tu vas terminer par te vider de ton sang, me répondit-il en envoyant valdinguer Monsieur BingoBook d'un coup de pied rotatif. Et je n'ai pas le temps de te donner les premiers soins. »

J'étais blessée mais mes capacités d'analyses étaient intactes. Et je sentais les jambes de mon commandant dangereusement flageller.

Il tomba sur un genou en geignant.

Et dire que si je n'étais pas là, il serait déjà sur le retour de Konoha. Peut-être même qu'il serait en train de boire le thé chez Iruka après avoir remis son rapport à Tsunade.

« Kakashi, commençais-je.

- Ne dis pas un mot de plus. Je ne suis pas du genre à abandonner mes camarades. »

C'est à se demander s'il ne savait réellement pas lire dans ma tête.

« Tu vas mourir si tu t'entêtes à vouloir me sauver, dis-je fermement. »

Il ne pouvait le nier, je suis certaine qu'il le savait. Cela n'était déjà pas humain de s'être débarrasser de tant de nukenin, seul, avec un boulet sur le dos. Et ça l'était encore moins de parvenir à survivre face au nukenin surpuissant qui ne cessait de faire reculer Kakashi Taijo. Il était notre cible, le but même de notre mission et pourtant c'est nous qui étions devenu ses proies.

« Tu as probablement raison, réussi-t-il à articuler faiblement en s'agrippant au sol pour se freiner, alors qu'il ne pu cette fois esquiver un coup de genou. »

Je soufflai de soulagement. Pourtant par-dessous son menton je le vis froncer les sourcils, et même se figer.

« Sans moi tu te serais déjà débarrassé de lui, continuais-je de soutenir. Laisse-moi tomber, la mission avant tout. »

Je n'eu en réponse qu'un profond silence. Sur l'épaule de Kakashi Taijo, je parvenais pour la première fois à lire son visage derrière son masque. Une mâchoire tendue, crispé. Des yeux aussi perdus que déterminés.

Puis il y eu cette voix grave et rauque qui me glaça le sang.

« Alors on abandonne la mission. »

Abandonner une mission ? J'étais presque sûr que cela ne faisait pas parti du vocabulaire d'un Ninja. Certaine même que cela était prohibé. Kakashi allait rentrer à Konoha, dire qu'il avait échoué ? Pire même, qu'il avait pris la décision de l'abandonner ? Laissant libre dans la nature un dangereux nukenin ?

Je n'en avais que faire moi, que de subir la honte. Mais hors de question que mon commandant ne la subisse par ma faute.

Je ne m'en étais pas encore rendue compte jusque-là, mais j'avais mes bras autour de son torse. Je fis comme si cela ne m'affectait pas, puis, d'un mudra du tigre je pris une dernière fois la parole.

« Je pense, Kakashi Taijo, que ta décision mérite réflexion. »

Ainsi, de mes dernières réserves de chakra, je disparue du dos de Kakashi Taijo, dans un pop de fumé.

Des semaines que nous tournions en rond. Ainsi, cet arbre contre lequel il m'avait plaquée fut ma destination. N'était-ce pas ce qu'il m'avait appris ici ? Que de ne pas obéir aveuglement à ses ordres ?

J'étais plutôt fière de moi.

J'étais prête, à mourir. Je l'avais toujours été, je pense. C'était ainsi qu'était faite la vie d'un Shinobi, que j'avais choisi d'être sans forcément l'avoir choisi. Je me souvins que cette voie m'était apparue comme une évidence, moi qui ne craignais pas de laisser la vie derrière moi. Je ne savais pas si j'avais des regrets, à cet instant. L'on disait pourtant toujours qu'au pas de la mort ressurgissaient tous les regrets que nous avions. Pour ma part, je n'en n'avais pas l'impression. A part peut-être la déception de ne jamais voir l'intérêt pétiller dans les yeux de Kakashi Taijo, aussi bien que dans les miens, à l'instant ou je m'imaginais ce à quoi il pouvait bien ressembler.

Derrière son masque d'indifférence.

Je savais que physiquement, il avait les pommettes saillantes et semblait avoir des lèvres fines. Je l'avais vu derrière son masque de coton alors que j'étais agrippé sur son dos. J'avais appris de cette proximité qu'il dégageait ue effluve saline et sucré qui me laissait toute chose. Probablement aurais-je aimé le connaitre au-delà de son masque, au-delà des exploits que j'avais lu sur lui. Pour sur que j'aurai aimé comprendre pourquoi Iruka m'avait dit que nous étions si semblables. Peut-être aurais-je alors compris qui j'étais à travers lui.

J'avais appris ces dernières semaines ce que signifiait l'amitié, l'intérêt. Et maintenant, au seuil de la mort, sans même l'aide d'un dictionnaire, je venais seulement d'apprendre ce que signifiait l'attirance.

Mon cœur se mit à battre plus fort mystérieusement dans ma poitrine. C'était une sensation étrange. Je le sentais à la fois s'éteindre et s'allumer.

Je sentais les abysses venir me chercher, sans même que je ne puisse lutter. Sans même que je ne puisse l'empêcher, le silence vint à régner. Et petit à petit mes sens se mirent à s'en aller. Bien loin des courants et des tempêtes, les abysses étaient calmes, et me berçaient de leur obscurité. Ici je n'avais pas besoin de rames ou bien de voiles. Ici j'étais immobile.

Mais je me fit soudain aspirer par la surface. Et le silence vint à s'arrêter. Et petit à petit mes sens se mirent à crier. Bien loin des obscurs abysses, la surface était impétueuse et vacarme, et m'attisait de sa lumière.

Il y avait ce blanc qui me brulait les yeux et ces voix qui sifflaient. Ces murs qui bougeaient et ces femmes qui couraient.

Puis il y avait mon prénom de prononcé de part tous les côtés,

Et ma voix qui soudain se remit à fonctionner.

Et c'est à cet instant que j'ai compris, qu'au plus profond des abysses, le Kraken était revenu me chercher.

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Yo !

Oui, je sais.
Ce chapitre est tout petit.
Ne m'en voulez pas svp, je voulais qu'il finisse comme ça T_T.

J'espère qu'il vous a plus quand même ?

A bientôt ! ♡'・ᴗ・'♡

Bien à vous,
Sweetysamaa

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