Mercredi. Ludwig et moi profitons de notre heure de trou sur un banc, dans le parc de notre lycée. J’ai emmené avec moi la tablette pour la montrer à mon ami.

Ludwig - Donc… pour résumer… Tu as trouvé la tablette le soir où nous sommes revenus de la convention. Tu t’es alors souvenue de cette soirée où je t’ai prévenu et que tu as fait un vœu. Depuis ce fameux vœu, ils apparaissent tous les uns après les autres. Pour le moment c’est ça ?

Je hoche la tête.

Ludwig - Tu as donc décidé de sortir, seule, en plein milieu de la nuit, sans prévenir personne, pour aller chercher après l’un d’entre eux dans un parc… en pleine nuit.

- Ouais, c’est pas malin, je sais. Mais juge pas s’il te plaît.

Il soupire.

Ludwig - Donc ensuite tu as suivi un lapin… t’es vraiment sérieuse là ?

- Euh… ouais ?

Ludwig - Tu m’énerves… Bref, il t’a conduit jusqu’à une clairière où tu as pu voir une table de banquet avec en bout de table, une chaise avec ton nom gravé dedans. Tu t’es écroulée avec une envie de vomir et quand tu as rouvert les yeux, tu n’avais pas bougé…

Je hoche la tête et il soupire.

Ludwig - Dimanche, quand tu es allée chez Hogan, tu as croisé deux autres personnes des jeux.

- Exact. Et il se sont affichés sur cette tablette.

Ludwig - Mais tu m’as dit que ce soir-là, au lac, tu as croisé l’un des personnages, mais qu’il ne s’est pas affiché.

- Oui, je pense donc qu’il faut un semblant de communication. Un “bonjour” ou autre.

Un silence s’installe le temps que le groupe de garçons passe.

Ludwig - Donc… le “but du jeu” doit être de tous les “récupérer”... non ?

- J’en sais rien.

Je mets ma tête dans mes mains. J’étouffe un bâillement en entendant des pas venir vers nous. Je relève la tête et ouvre grand les yeux.

Ben - Hey ! Désolé de vous déranger tous les deux.

Le jeune blond pose ensuite ses beaux yeux chocolat sur moi.

Ben - Je pourrais avoir ton numéro ?

- Pardon ?!

Il passe sa main dans sa nuque.

Ben - Si tu ne veux pas, c’est pas grave… Désolé de t’avoir dérangé.

- Non, non ! Attends !

Je me penche vers l’avant pour attraper sa manche.

- Tu… tu m’as surprise mais… d’accord.

Il retrouve un grand sourire en me dictant son numéro.

Ben - Tu peux mettre “Ben”.

Il me fait un clin d'œil avant de partir. Je me tourne vers Ludwig et allume la tablette dans ses mains. Le visage du jeune homme y est affiché.

- J’en étais sûre… Ben…

✰✰✰✰✰

Nous sommes retournés en cours pendant une heure avant de sortir manger. Une berline noire aux vitres teintées se gare devant moi sur le parking du lycée.

- Mais fais gaffe !

Un jeune homme sort de la voiture. La casquette noire sur sa tête laisse s’échapper quelques mèches rouges feu. Des lunettes de soleil noires et un masque de la même couleur lui mangent le visage.

- Vous devriez faire attention aux autres !

Il pose sa main sur ma joue et j’ai un sursaut de recul. Il retire ses lunettes et abaisse son masque sous son menton. Je m’arrête dans ses yeux émeraude. Alex…

Une tête blonde s’incruste entre nous.

Ben - Alex.

Alex - Benji ! Comment tu vas ?

Au ton de sa voix, je comprends qu’il n’attend pas vraiment de réponse.

Ben - Qu’est-ce que tu fais là ?

Alex - Je suis venu voir… J’ai cru comprendre qu'il y avait une jolie perle ici.

J'aperçois la tête du jeune homme passer au-dessus de l’épaule du blond. Ses yeux rencontrent les miens.

Alex - On ne m’avait pas menti à ce que je vois.

Ben se décale, lui couvrant la vue.

Ben - C’est pas ton lycée. Dégage de là.

Alex - On est pas dans le lycée à ce que je sache. Le parking n’est pas interdit au public.

Je regarde Lu à ma droite et lui fais un signe de tête. Il hoche la tête et nous dépassons les deux garçons. Nous avons à peine atteint le coin de la rue que je sens une main sur mon épaule et un souffle sur ma joue.

Alex - Tu as oublié quelque chose jolie poupée.

Je sursaute et, dans un réflexe instinctif, je lui met un coup de coude dans la mâchoire. Lu explose de rire à la tête qu’affiche le jeune homme tandis que je lui attrappe la main pour fuir.

Nous nous sommes réfugiés dans un restaurant-bar où nous avons passé notre pause. Quand nous sommes retournés au lycée, la berline et le jeune homme avaient disparu.