Un silence pesant prend place jusque dans l'après-midi où je fais une pause au bord d'un lac. Un lot de petites maisons le bordent et, tandis que les garçons partent vers le lac, je me dirige vers la première petite maison au toit vert.

Zéro - Où tu vas ?

Je continue mon chemin sans lui répondre.

Zéro - Dis-moi ?

Son ton est plaintif mais je continue mon trajet jusqu'à la porte sans me retourner vers lui. Cette dernière, d'un bois de chêne sombre, est ornée d'un frappoir en or massif représentant une tête de lion. Je me saisis de l'anneau qui tient et toque deux fois avant de reculer de deux pas.

? - J'arrive.

La porte s'ouvre sur une femme brune d'une cinquantaine d'années plutôt rondelette.

? - C'est pour ?

- Bonjour... c'est bien ici que vit Subaru ?

A l'entente de son nom, elle se crispe avant de sortir et de fermer la porte.

? - Qui êtes-vous ?

Sa voix auparavant criarde est devenue glaciale.

- Une amie.

? - Ce démon ne vous à donc pas donné sa nouvelle adresse ? Aussi perfide qu'un serpent pour vous abandonner comme ça.

Je serre les poings en silence avant de sourire.

- Veuillez me pardonner de vous avoir dérangé dans ce cas.

Je lui fais un dernier signe de tête avant de m'éloigner de la maison, les mains dans les poches. Sale vieille peau. Tu vas voir si Subaru n'est pas là.

✰✰✰✰✰

- Quoi ?

Je tourne mes yeux vers Zéro.

- Pourquoi tu viens te poser là ? T'es trempé !

Zéro - Je voulais te parler. Et t'avais qu'à pas te poser là, t'es pas un oiseau.

Je grommèle.

- Décolle-toi au moins de moi.

Il souffle avant de s'écarter. Son regard se détourne comme pour bouder et mes yeux descendent sur son torse nu sur lequel perlent des gouttes d'eau.

- Tu pourrais te sécher au moins... et remettre un haut aussi.

Il baisse son regard sur son torse avant de revenir vers moi.

Zéro - Tu n'aimes pas ?

Je soupire.

- Arrête de te plaindre, je t'ai déjà parlé de ce que j'en pensais.

Zéro - Oui...

Il baisse la tête.

Zéro - Pardon...

Je tourne à nouveau mon regard vers la maison de Subaru. Désolée Zéro, mais je crains de ne pas pouvoir te résister si tu fais ce genre de chose.

Zéro - Pourquoi eux t'intéresse et pas moi ?

- Pardon ?

Mon regard se pose sur lui.

Zéro - Tu sembles intéressée quand c'est eux... mais moi tu t'en moques.

- Zéro, je...

Zéro - J'ai compris, laisse tomber.

Zéro descend de la branche et retourne avec les deux jeunes hommes. Je soupire. Je suis désolée Zéro, mais je n'ai pas le temps pour tes enfantillages. Je repose mes yeux sur la maison.

✰✰✰✰✰

- Zéro, tu t'occupes des garçons. Moi j'vais chercher quelqu'un.

Il grommèle sans se retourner.

- Fais pas l'enfant Zéro.

Je me détourne et gravit à nouveau le chemin vers la maison. Arrivée au portail, je la contourne et regarde un moment avant de commencer mon ascension vers la fenêtre au-dessus. Cette dernière est ouverte et, en passant la tête, m'aperçois que la pièce est une chambre d'enfant vide. J'y pénètre et sort mon poignard avant de me cacher derrière l'unique porte de la chambre. Il ne faut que peu de temps avant qu'une enfant arrive. Je n'hésite pas plus longtemps et la tire vers moi afin de lui mettre mon poignard sous la gorge.

- Pardonne-moi.

Elle hurle et la femme qui m'a ouvert me regarde effrayée.

? - Qu'est-ce que vous me voulez ?!

Elle s'agenouille.

? - Je vous donnerais tout ce que vous voulez mais lâchez mon bébé !

- Subaru... c'est tout ce que je demande.

? - Encore ce satané démon.

Sans le vouloir ma prise se resserre et la jeune fille hurle.

? - D'accord, d'accord ! Je vais vous le chercher.

- Amenez-moi à lui.

? - Pardon ?

- Guidez-moi jusqu'à Subaru.

Elle se relève et sort de la pièce, je la suis jusqu'à la chambre où repose mon ami d'enfance. Ce dernier est allongé sur un matelas à même le sol. Je me tourne vers la femme.

- Vous prévenez la police, je la tue.

Je lâche la fillette dans un coin loin de la porte et pointe mon pistolet vers elle.

- Toi, tu ne bouges pas.

Elle hoche la tête et je me dirige vers Subaru. Je souris à son corps endormi avant de ranger mon poignard et de le prendre sur mon épaule.

- Si vous appelez la police, je le saurais et je reviendrais vous l'enlever.

Elle s'écarte de la porte pour prendre sa fille dans ses bras et je m'échappe de la maison.