Chapitre 6
Note :
Pour rappel, je ne veux rien savoir des futurs épisodes (pas de titres d'épisodes, de noms de persos, d'éléments de grande ou moindre importance, RIEN). Merci de me pas me spoiler dans les commentaires.
S'il y a des épisodes récemment diffusés, il est également possible que je ne sois pas à jour. Alors au besoin demandez-moi où j'en suis avant d'en parler dans les commentaires de mes fics.
Merci.
***
Le crâne de Marinette explose en mille morceaux.
Ou tout du moins, c'est l'impression que ça lui donne, tant la douleur qui éclate au sommet de sa tête est vive.
La violence du choc est telle que la jeune femme s'effondre à terre. Un voile noir passe brièvement devant ses yeux, vite remplacé par une myriade de couleurs qui tourbillonnent en une folle ronde. Poussant un gémissement de souffrance, Marinette porte machinalement une main à sa tempe.
Autour d'elle, tout tangue.
La pièce.
Le sol.
Tout.
Même son estomac se retourne en signe de protestation, la forçant à se mordre furieusement l'intérieur de la joue pour tenter de maîtriser cette nausée naissante.
La jeune femme bat des paupières une fois, deux fois, trois fois, jusqu'à ce que les images qui dansent devant ses yeux se stabilisent.
Quand le monde cesse enfin de tourner, Marinette voit un genou apparaître dans son champ de vision. Celui d'Adrien, qu'il pose à terre avant de tendre la main vers elle.
Du bout des doigts, il écarte délicatement une mèche de ses cheveux pour dégager l'une de ses oreilles.
« Voilà donc le fameux miraculous de la Coccinelle », murmure-t-il avec un sourire glaçant. « Le Papillon m'a promis une jolie récompense si je te retrouvais et si je lui ramenais tes chères boucles d'oreilles. »
À la mention du nom super-vilain, l'esprit de Marinette se cabre d'horreur autant que d'incompréhension.
Adrien, le complice du Papillon ?
Impossible.
C'est rigoureusement impossible.
...n'est-ce pas ?
Toujours à terre, Marinette essaye désespérément de réfléchir. Hélas, la douleur qui pulse sous son crâne court-circuite la moindre de ses idées.
Elle a mal.
Elle a horriblement mal.
Certes, elle a l'habitude de prendre des coups, mais jamais sans la protection magique que lui offre Tikki. Là, la souffrance qu'elle éprouve est telle qu'elle la paralyse. Elle la cloue à ce sol dur et froid contre lequel elle repose toujours, l'empêchant d'esquisser ne serait-ce qu'un mouvement.
Soudain, Marinette sent les doigts d'Adrien chercher l'attache de sa boucle d'oreille.
Le contact est aussi délicat que la caresse d'une plume, mais il lui fait l'effet d'une décharge électrique.
Elle doit se battre.
Maintenant.
Guidée par l'instinct plus que par un véritable plan d'action, Marinette prend appui sur ses paumes et se relève brusquement, renversant Adrien d'un coup d'épaule. Surpris, le jeune homme bascule en arrière.
Malheureusement pour Marinette, il a le réflexe de l'agripper au passage et l'entraîne avec lui dans sa chute.
Les deux jeunes gens roulent au sol dans la plus grande confusion.
Luttant avec l'énergie du désespoir, Marinette frappe, pousse, se débat comme elle peut.
Des piles de cartons s'écroulent, les affaires de la jeune femme s'éparpillent par terre.
Marinette ouvre la bouche pour appeler Tikki, quand Adrien la plaque au sol et écrase violemment sa main contre ses lèvres pour étouffer ses paroles.
« Arrête de me faire perdre mon temps », gronde-t-il d'une voix haineuse.
Les pupilles dilatées d'horreur, la jeune femme le voit lever le poing dans l'intention évidente de lui assener un nouveau coup.
Soudain, la porte s'ouvre dans un immense fracas.
Le geste de l'agresseur de Marinette se fige et les deux combattants tournent instinctivement la tête vers l'entrée de la pièce.
Marinette jette un regard empli de confusion à l'homme qui se tient dans l'encadrement de la porte.
Le coup qu'elle a reçu sur la tête a probablement été plus violent qu'elle ne l'aurait pensé, car à présent, elle croit voir Adrien.
Un second Adrien, qui fixe avec horreur la scène qui s'étale devant lui.
Sans perdre une seconde de plus, le nouvel arrivant se précipite vers les deux jeunes gens encore à terre et écarte l'assaillant de Marinette d'un violent coup de pied dans l'estomac.
« Est-ce que ça va ? », souffle-t-il en tendant la main vers la jeune femme pour l'aider à se relever.
Marinette s'exécute péniblement, luttant à la fois contre la nausée et contre les violents tremblements qui agitent son corps. Sa tête lui fait mal à en hurler. Elle n'arrive pas à réfléchir. Elle n'arrive pas à comprendre.
Elle ne peut que se cramponner de toutes ses forces à son sauveur tant elle n'est pas sûre de pouvoir faire confiance à ses propres jambes pour la porter.
À peine la jeune femme est-elle debout qu'un bip résonne et qu'une lueur orange illumine soudain la pièce. Marinette tourne instinctivement la tête vers l'origine du phénomène et chancelle dangereusement sous l'effet de la surprise.
Là où se trouvait auparavant l'homme qui l'a attaquée se tient désormais Lila, livide de rage.
Un bref instant, Adrien hésite.
Quand, en regagnant l'amphithéâtre, il a appris de ses camarades que Marinette venait de partir avec nul autre que lui-même, il a tout de suite su que quelque chose de grave venait de se produire.
Heureusement, la célébrité de son propre visage s'est rapidement avérée très utile. Cela lui a certes valu des regards confus, mais les quelques personnes qu'il a interrogées pour savoir si elles l'avaient vu passer un peu auparavant ont toutes pu le renseigner sans la moindre hésitation sur la direction qu'avait pris son double.
De couloir en couloir, d'embranchement en embranchement, il ne lui a fallut que quelques instants pour remonter la piste jusqu'à Marinette.
À présent, il tient peut-être une occasion unique de neutraliser celle qui a osé s'en prendre à sa coéquipière.
Mais Marinette est pâle, terriblement pâle. Un filet de sang coule sur sa tempe, traçant un sillon d'un rouge éclatant sur sa peau d'albâtre.
Elle semble au bord du malaise et déjà, Lila se relève.
La situation s'aggrave de seconde en seconde.
Bien que leur affrontement date d'il y a déjà plusieurs années, Adrien ne se rappelle que trop bien à quel point Lila s'était avérée être une combattante hargneuse. Au vu de l'état de la salle et de Marinette, nul doute que la femme qui se tient devant lui n'a rien perdu de son agressivité.
Pour Adrien, l'équation est simple.
Il ne peut pas trahir son identité en transformant devant son ennemie, pas plus qu'il ne peut laisser Marinette seule avec elle. Pas alors qu'elle est blessée et clairement pas en état de se défendre.
Alors, sans hésiter une seconde de plus, le jeune homme se penche légèrement vers son amie, la soulève dans ses bras et se précipite hors de la pièce.
La sécurité de Marinette passe avant tout.
Il verra pour Lila plus tard.
Courant à toutes jambes à travers les couloirs, Adrien emmène sa partenaire aussi loin que possible de Lila.
Marinette se cramponne de toutes ses forces à ses épaules, autant pour ne pas tomber que par nécessité de s'assurer qu'elle ne rêve pas. La situation paraît à peine croyable, pourtant elle sent bien le doux tissu de la chemise d'Adrien sous ses doigts, son souffle haletant sur sa peau, ses mains fermement agrippées à elle.
Même la plus parfaite des hallucinations ne peut avoir l'air aussi réelle.
Le regard rivé derrière elle pour s'assurer qu'ils ne sont pas poursuivis, Marinette tente désespérément de se concentrer sur les récents événements.
Adrien.
Lila.
Le second Adrien – le vrai. Celui qui l'a sauvée et qui l'entraîne à présent loin des lieux de l'affrontement.
La tête de Marinette tourne toujours, mais pas assez pour l'empêcher d'accepter enfin ces conclusions qu'elle avait jusque-là refusées d'admettre. Ses doutes quant à l'identité de Chat Noir tenaient plus du déni de la réalité que d'une réelle incertitude. À présent, plus question de se voiler la face.
Chat Noir est Adrien.
Impossible pour elle de l'ignorer plus longtemps.
Adrien poursuit sa folle course jusqu'au bâtiment voisin, où il finit par trouver refuge dans une salle vide de tout occupant. L'endroit n'est pas idéal, mais au vu des circonstances, c'est certainement le mieux qu'il puisse faire.
Il repose Marinette au sol avec mille précautions, tout en prenant soin de l'adosser doucement au mur.
« Est-ce que ça va aller ? », s'inquiète-t-il en se penchant vers elle.
Ses yeux verts balayent frénétiquement le visage de la jeune femme, à la recherche du moindre signe de malaise ou d'une autre blessure qui lui aurait échappé. Il ne trouve rien, heureusement, mais son cœur se serre douloureusement en constatant combien les traits de Marinette sont encore marqués par l'attaque qu'elle vient de subir.
Elle est tellement, tellement pâle.
La gorge désagréablement sèche, Adrien se passe machinalement une main le long du cou. En plus d'une profonde inquiétude pour la santé de Marinette, il doit maintenant monopoliser toutes ses forces pour lutter contre un sentiment de culpabilité hélas bien trop familier qui s'insinue en lui.
Il lui avait promis qu'il serait là pour elle.
Il aurait dû empêcher ça.
Mais il a failli, encore. Et peu importe combien ses regrets ne pourront rien changer à ce qu'il vient de se passer, peu importe si le faible sourire que lui adresse maintenant Marinette signifie qu'elle le remercie d'être venu à son secours.
Adrien s'en veut. Horriblement.
Il s'en veut, et il doit composer pour l'instant avec ces sentiments de honte et d'échec qui le rongent comme la plus cuisante des brûlures. Le moment n'est guère opportun pour se livrer à de profondes introspections.
D'abord, il doit s'assurer que Marinette est bien hors de danger.
Tout le reste peut attendre.
Suivant le fil de ses réflexions, Adrien sort un mouchoir de sa poche. Puis, avec une infinie délicatesse, il essuie le filet de sang qui marque encore le côté du visage de Marinette.
« Désolé », s'excuse-t-il lorsqu'une grimace de douleur tord les traits de la jeune femme.
Sans oser esquisser un geste de plus, il tend le mouchoir à Marinette, qui s'en empare de ses doigts tremblants.
« Lila... », murmure-t-elle faiblement, tout en appuyant à son tour le carré de tissu contre sa tempe.
« Elle s'est sûrement enfuie », réplique Adrien d'une voix sombre. « Je vais voir ça », poursuit-il en se relevant. « Surtout, tu ne bouges pas d'ici. D'accord ? »
Renversant la tête en arrière d'un geste las, Marinette ferme les yeux et laisse échapper un profond soupir.
« D'accord. »
Après le départ d'Adrien, Marinette achève d'essuyer le sang sur sa tempe. Son crâne pulse sourdement sous ses doigts, mais la douleur est à présent supportable.
Et surtout, elle ne l'empêche maintenant plus de réfléchir. La jeune femme peut désormais tenter de rassembler ses pensées comme elle le peut et commencer à analyser les récents événements.
Poussant un profond soupir, Marinette laisse lentement retomber son bras.
Finalement, ses pires prédictions se sont avérées encore bien en deçà de la réalité.
Le Papillon s'est trouvé une complice. Est-ce qu'il a d'abord repéré Marinette avant de se servir de Lila pour l'approcher ? Est-ce qu'il a contacté son ancienne rivale pour qu'elle l'aide à trouver son identité, puis planifié ce guet-apens en second lieu ? La jeune femme l'ignore.
Et au final, peu importe.
Lila et le Papillon se sont alliés contre elle et ils savent désormais qui elle est.
C'est tout ce qu'elle a besoin de savoir.
Toujours perdue dans ses pensées, Marinette pose une main protectrice sur le minuscule sac qu'elle porte toujours à sa hanche. Dans son malheur, elle a au moins eu la chance de n'être séparée ni de son téléphone, ni surtout de Tikki.
Si jamais Lila avait réussi à s'emparer de son kwami...
Un frisson d'horreur parcourt la colonne vertébrale de la jeune femme. Elle secoue vivement la tête pour tenter de chasser cette affreuse idée de son esprit, et laisse aussitôt échapper un léger gémissement quand son geste ravive la souffrance que lui cause sa blessure.
« Est-ce que ça va ? », s'élève soudain la voix d'Adrien.
Surprise, Marinette se tourne brusquement vers l'entrée de la pièce et grimace de plus belle quand une nouvelle décharge de douleur parcourt son crâne.
« Pardon », s'excuse Adrien en refermant la porte derrière lui. « Je ne voulais pas te faire peur. »
« Ce n'est pas grave », le rassure Marinette, agitant la main dans les airs pour mieux appuyer ses propos.
Adrien se fend d'un faible sourire et s'agenouille à ses côtés.
A présent qu'elle s'autorise enfin à admettre que son camarade de classe n'est nul autre que Chat Noir, Marinette ne peut s'empêcher de noter toutes ces similitudes qu'elle a farouchement tenté de nier par désir de protéger son partenaire.
Elle retrouve les attitudes du héros derrière celles du mannequin.
Cette façon désinvolte de s'asseoir, comme elle l'a déjà vu faire mille fois sur les toits de Paris.
Son regard perçant.
Sa main qu'il se passe machinalement dans les cheveux.
Elle connaît son coéquipier par cœur.
C'est exactement la raison pour laquelle elle devine que quelque chose le contrarie. Adrien fait manifestement de son mieux pour faire bonne figure, mais la tension de sa posture et ses mâchoires serrées le trahissent.
« Lila n'était plus là quand je suis arrivé », annonce-t-il en réponse au coup d'œil interrogateur que lui jette Marinette. « Tiens, », poursuit-il en tendant à la jeune femme la besace qui lui sert à transporter ses cours. « Ce sont tes affaires. J'ai rassemblé tout ce que j'ai trouvé. »
« Merci », murmure Marinette en s'emparant de son bien.
Sans perdre un instant de plus, la jeune femme se met à fouiller dans son sac pour effectuer un rapide inventaire.
Soudain, elle pâlit si brusquement qu'Adrien laisse échapper une exclamation affolée. Craignant un brusque malaise, il pause une main inquiète sur l'épaule de son amie.
Mais Marinette ne s'en rend même pas compte.
Toute son attention est concentrée sur son sac de cours et sur ce qui s'y trouve.
Ou plutôt, sur ce qui ne s'y trouve pas.
La jeune femme vide frénétiquement le contenu de sa besace au sol, examine toutes les poches, ouvre toutes les fermetures. Ses doigts courent le long des coutures, palpent l'étoffe à la recherche d'une quelconque déchirure qui aurait pu échapper à son attention et dans laquelle un objet aurait pu se glisser.
Hélas, il n'y a pas le moindre doute possible.
Son sac contient son précieux carnet de croquis, un cahier de maths qui ne lui appartient même pas, ses livres, ses crayons et ses prises de notes.
En revanche, nulle trace de sa carte d'identité fraîchement refaite, sur laquelle se trouve son adresse, pas plus que de ses clefs.
Cette terrible découverte fait à Marinette l'effet d'un violent coup dans l'estomac.
Tout l'air lui semble avoir été soudain aspiré de ses poumons, et sa tête se met à tourner dangereusement.
« E-Elle sait où j'habite », balbutie-t-elle d'une voix blanche. « Lila. Elle sait. »
Livide, Marinette fixe sans les voir les affaires qui s'étalent toujours devant elle.
Elle a l'impression que le monde se dérobe sous ses pieds, l'entraînant avec lui dans les abîmes du désespoir.
La pièce dans laquelle elle se trouve lui parait soudain trop petite. Trop étouffante. L'air est lourd, poisseux. Il engorge ses poumons au point qu'elle peine à présent à respirer.
« Marinette », intervient Adrien d'une voix inquiète. « Ma Lady », reprend-il dans un souffle, sans la moindre considération pour son identité secrète – de toute façon, il n'avait pas franchement été un modèle de discrétion jusque-là.
Non pas que ça l'ait particulièrement préoccupé, d'ailleurs.
Seule la sécurité de Marinette importe.
« On va trouver une solution », poursuit-il sur le même ton. « Tu n'es pas toute seule. Je suis avec toi. Tikki aussi. On va t'aider. »
Mais les pensées affolées de Marinette vont trop vite.
La jeune femme a à peine le temps d'entendre les paroles réconfortantes d'Adrien que son esprit les annihile déjà, les remplaçant par milles hypothèses plus épouvantables les unes que les autres. Au milieu de ce déchaînement de terreur, une nouvelle conclusion s'impose brutalement à Marinette.
Lila a ses clefs. Son adresse.
Le verdict est sans appel.
« Je ne peux pas rentrer chez moi », lâche-t-elle avec une horreur grandissante.
Ses yeux la brûlent, sa gorge se resserre de plus belle.
Avec cette ultime infamie, Lila vient de l'arracher à son foyer.
Où peut-elle bien aller à présent ?
Chez ses parents ? Dans un hôtel ? Chez Alya ?
« Alors, viens chez moi », lui propose spontanément Adrien.
Au bord des larmes, Marinette lui jette un regard éperdu.
« Enfin, si... si tu veux », se reprend le jeune homme en se passant nerveusement la main sur la nuque. « J'ai mon propre appartement, donc personne ne saura que tu es là. Mais je peux t'aider à payer un hôtel, si tu préfères. Je... On va trouver une solution », conclut-il avec ferveur. « Tu es ma partenaire. Je ne te laisserai pas tomber. »
Trop émue pour faire confiance à ses cordes vocales, Marinette reste silencieuse un instant.
Elle prend de profondes inspirations, puis déglutit péniblement pour tenter de chasser la boule logée au fond de sa gorge.
« N-Non », articule-t-elle finalement, d'une voix si tremblante qu'elle semble prête à se briser au moindre mot. « Je... C'est d'accord. Je viens chez toi. »
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Note : Je précise au passage que j'ai conscience que les illusions de Volpina sont sensées se dissiper au moindre contact. Ce n'est pas un oubli de ma part et promis, une explication viendra plus tard ^^ .
J'espère que ce chapitre vous aura plu :)
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