Chapitre 33
Il ne faut qu'une poignée de minutes à Adrien pour mettre la main sur le précieux fromage que Plagg lui réclame avec tant d'ardeur. Son exigeant – et envahissant - kwami enfin satisfait, le jeune homme tourne les talons et se dirige d'un bon pas vers la salle de bain où l'attend Marinette.
À peine Adrien ouvre-t-il la porte qu'il est accueilli par un doux son de clapotis d'eau et par une bouffée d'air humide. Il s'avance dans la pièce à l'atmosphère déjà parfumée par l'odeur familière de son savon, le cœur battant la chamade, et referme doucement derrière lui.
Immobile, le jeune homme laisse son regard courir sur ces lieux qu'il a l'impression de découvrir pour la première fois.
Il remarque deux serviettes propres, pliées près de son lavabo.
Des gouttelettes d'eau qui roulent paresseusement sur la surface de son miroir.
Un tas de vêtements, posés en tas dans un coin de la pièce.
(Ces mêmes vêtements qui, il le sait, couvraient sa coéquipière il y a encore quelques minutes à peine).
Et quand ses yeux se posent enfin sur la silhouette de Marinette, qu'il devine à travers la paroi embuée de la douche, son sang décide tout à coup de prendre deux directions diamétralement opposées. Une – infime - partie vient empourprer ses joues, tandis que le reste part résolument plus au sud pour se concentrer entre ses cuisses.
La gorge du jeune homme lui paraît soudain étrangement sèche en dépit de l'air gorgé d'eau.
« Adrien ? », l'interpelle la voix intriguée de Marinette, le sortant aussitôt de sa torpeur.
« J'arrive, Princesse ! », répond-il précipitamment.
D'un geste fluide, le jeune homme se saisit de son T-shirt et le fait passer par-dessus sa tête, avant de l'envoyer rejoindre le tas de vêtements de Marinette. Le reste de ses affaires suit le même chemin à peine quelques secondes plus tard, alors qu'Adrien franchit d'un pas vif l'espace qui le séparait encore de la cabine de douche.
Le pouls du jeune homme s'affole de plus belle alors que ses doigts ouvrent fébrilement la porte.
Et soudain, le temps suspend son cours.
Adrien reste figé sur place, happé par le spectacle qui s'offre à lui. Il ne sait même plus où poser son regard, tant cette silhouette qu'il apprend tout juste à connaître le fascine plus que toute autre chose au monde.
Devant lui se dévoilent des courbes sensuelles qu'il rêve d'épouser de ses paumes.
D'immenses yeux bleus, limpides et envoûtants.
Des joues d'un rouge soutenu.
Des cheveux sombres plaqués contre des épaules laiteuses.
Une peau, pâle et nue, sur laquelle continuent de cascader mille gouttelettes d'eau cristallines.
Arrachant Adrien à sa contemplation, Marinette tend la main vers lui pour l'inviter à la rejoindre. Le jeune homme secoue brièvement la tête pour reprendre ses esprits et, un sourire béat aux lèvres, répond machinalement au geste de sa compagne.
Le moment où ses doigts du jeune homme effleurent ceux de Marinette signent la fin de cet étrange instant où le temps s'était arrêté. Les secondes reprennent leur course folle, précipitant les évènements à la vitesse d'un train hors de contrôle.
Il ne faut qu'un pas et un battement de cœur à Adrien pour effacer la distance qui le sépare de sa compagne, et une fraction de seconde encore pour emprisonner la taille de la jeune femme de ses bras et ses lèvres des siennes.
Marinette se raccroche instinctivement aux épaules d'Adrien, autant pour mieux se serrer contre lui que pour garder son équilibre.
Jamais ses genoux ne se sont liquéfiés aussi vite sous elle.
Ce n'est plus du sang qui coule dans ses veines mais des torrents de lave, qui brûlent, brûlent, brûlent jusqu'aux moindres recoins de son être. L'air autour d'elle lui semble atteindre des températures torrides, le corps d'Adrien plaqué contre le sien embrase chaque centimètre carré de sa peau et les baisers ardents du jeune homme achèvent de consumer sa raison.
Tout en Marinette n'est plus que chaleur incandescente, et l'eau qui coule toujours sur elle et marbre à présent son épiderme de plaques rouges n'y est guère pour grand-chose.
L'esprit à mille lieues de tout ce qui n'est pas Adrien, la jeune femme incline la tête pour mieux embrasser le jeune homme avec ferveur. Elle glisse ses doigts dans ses cheveux aux allures d'or liquide, plaque sa main contre sa nuque, presse son corps contre le sien jusqu'à ne plus laisser ne serait-ce qu'un centimètre d'espace libre entre eux. Les soupirs langoureux d'Adrien résonnent comme la plus envoûtantes des musiques à ses oreilles, et l'odeur du savon à l'abricot qui restait encore sur ses doigts et qui se mêle à celle de la peau du jeune homme est définitivement son nouveau parfum préféré.
Jamais, Marinette en est sûre, elle ne se lassera de cette déferlante de sensations étourdissantes.
Et jamais, elle en est sûre aussi, elle ne se lassera des réactions de son compagnon à ses avances.
Car si elle désire Adrien comme elle n'a jamais désiré personne, l'inverse est tout aussi vrai, c'est une évidence.
Par son corps, par ses mots, par ses gestes, son coéquipier n'a de cesses de lui montrer combien elle le fascine.
Marinette se sent belle. Puissante.
Désirée et désirable.
Aimée et amoureuse, comme personne d'autre ne l'est certainement au monde.
Et aussi, curieuse et impatiente d'explorer ces nouveaux aspects de leur relation dont Adrien et elle peuvent enfin profiter en paix.
Poussée par les murmures d'encouragement qu'Adrien ronronne sans discontinuer à son oreille, Marinette laisse ses mains courir de plus belle sur le corps de son compagnon. Ses caresses se font peu à peu plus appuyées, plus intimes, et achèvent de chasser la raison du jeune homme loin de son propre esprit.
Paupières closes pour mieux savourer l'océan de sensations brûlantes dans lequel le plonge sa partenaire, Adrien prend une profonde inspiration pour tenter de réguler un tant soit peu les pulsations affolées de son pouls.
Son cœur bat à s'en arracher de sa poitrine, fort, si fort que tout Paris doit certainement l'entendre résonner.
Mais peu importe.
Certes, son rythme cardiaque est certainement en passe de battre de nouveaux records.
Certes, l'adrénaline qui déferle impétueusement dans ses veines lui fait tourner la tête.
Certes, il doute encore qu'il réussira à sortir de cette étreinte tant attendue sans finir consumé vivant.
Ce ne sont là finalement que d'infimes détails, loin, bien loin de ses priorités du moment.
Seuls comptent Marinette, les courbes harmonieuses de son corps contre le sien, les roulements instinctifs de ses hanches, le chemin brûlant de ses doigts. Rien, absolument rien d'autre n'arrive à accaparer son attention.
Mais pour aussi envoûtants qu'ils soient, les gestes de Marinette sont pour Adrien une douce torture, à la croisée d'un plaisir immense et d'une incommensurable frustration. La chaleur et la tension qui croissent entre ses cuisses atteignent rapidement une telle intensité qu'ils en deviennent presque douloureux.
Le cœur au bord de l'explosion, Adrien laisse échapper des suppliques hachées à l'attention de Marinette, des instructions balbutiées du bord des lèvres pour l'aider à le guider vers la délivrance.
Quoique confus, son message semble heureusement suffisamment clair pour Marinette, qui s'exécute aussitôt.
Ondulant machinalement son corps en réponse aux nouveaux gestes de sa compagne, Adrien plaque ses mains de part et d'autre du visage de la jeune femme et baisse la tête vers elle pour l'embrasser à pleine bouche.
Il n'arrive plus à parler.
N'arriver plus à réfléchir.
Restent juste les doigts de Marinette et cette tension qui monte, encore, encore, encore-
Et soudain, le monde extérieur s'évanouit, chassé par une indescriptible déferlante de plaisir.
Marinette se fige instinctivement lorsqu'Adrien resserre brusquement ses bras autour d'elle et écrase son bassin contre le sien.
Le jeune mannequin reste un instant immobile, les paupières closes et le front posé contre l'épaule de sa compagne. Sa poitrine se soulève et s'abaisse lourdement alors qu'il tente péniblement de reprendre son souffle.
Durant de longues secondes, les deux amoureux restent ainsi sans bouger, dans les bras l'un de l'autre.
Puis, enfin, Adrien relève la tête et s'écarte légèrement de Marinette. L'une de ses paumes reste posée à plat contre les hanches de la jeune femme, tandis que les doigts de sa main libre se glissent sous son menton. Sans un mot, il se penche vers elle pour capturer ses lèvres en un tendre et profond baiser.
Alors que Marinette noue ses bras autour de son cou pour mieux se serrer contre lui, Adrien ramène sa raison vers de nouvelles priorités. Il fait courir ses mains tremblantes sur le corps de sa compagne, désespérant de lui faire vivre le même instant de félicité que celui qu'elle lui a elle-même offert.
Ses premières caresses sont maladroites, expérimentales, tandis qu'il cherche à déchiffrer dans le comportement de Marinette le moindre signe d'inconfort ou d'approbation.
« Je n'ai aucune idée de ce que je dois faire », lui confie-t-il dans un souffle.
(Même si, en théorie, ce n'est pas tout à fait vrai. Il a bien une certaine idée de la façon dont conduire les choses.
Mais de là à savoir ce qui plaît précisément à sa Lady ? C'est encore une autre histoire.)
Quelque part au milieu du brouillard de chaleur et de plaisir dans lequel les attentions d'Adrien l'ont emprisonnée, Marinette sent gonfler en elle une nouvelle bouffée d'affection pour son compagnon – une de plus.
Elle l'embrasse tendrement et pose sa main sur la sienne pour guider ses gestes, lui faisant comprendre sans mot dire ce qu'elle attend de lui. Adrien se fie bien volontiers à ces instructions muettes, pour être rapidement récompensé par une pluie de baisers brûlants et de profonds soupirs langoureux qui viennent caresser sa peau.
C'est avec une indéniable fascination – et une certaine fierté – qu'Adrien voit Marinette perdre peu à peu le semblant de maîtrise d'elle-même qui lui restait encore jusque-là.
Les paroles que balbutie péniblement la jeune femme se font de moins en moins cohérentes à chaque nouvelle seconde, ses gestes plus fébriles, son corps plus tremblant. Ses doigts fins et agiles qui courent sur la peau d'Adrien s'envolent fébrilement, se reposent un peu plus loin, se crispent un bref instant, puis recommencent encore, tels une nuée d'oiseaux affolés.
Chaque instant semble la rapprocher un peu plus du point de rupture.
Chaque souffle.
Chaque battement de cœur.
Encore.
Encore.
Et, tout à coup, Marinette se cambre dans un violent frisson.
Sa main se crispe machinalement autour du poignet d'Adrien, enfonçant ses ongles dans sa chair, tandis qu'un gémissement sourd s'échappe de ses lèvres.
Adrien reste immobile, incapable de détacher ses yeux de sa partenaire. De ses joues impossiblement rouges, de ces longs cils qui viennent caresser ses joues, de ses lèvres sensuellement entrouvertes, du galbe parfait de sa poitrine.
Puis, avant qu'il ait le temps d'esquisser le moindre geste, Marinette rouvre finalement les paupières.
Un tendre sourire se dessine sur ses lèvres alors qu'elle plonge un regard encore embrumé de plaisir dans le sien. Elle passe ses bras autour de sa taille, pose sa tête contre son épaule et le serre fort, très fort contre elle.
« Je t'aime, Adrien », lui murmure-t-elle amoureusement.
Bercé par un délicieux sentiment de plénitude, Adrien passe à son tour une main possessive autour d'elle et se penche vers elle pour déposer un léger baiser sur le haut de son crâne.
« Je t'aime, Marinette », répond-il dans un souffle.
L'après-midi qui suit se déroule dans le plus grand des calmes.
Marinette et Adrien passent une large partie de leur temps allongés sur le canapé du jeune homme, lovés dans les bras l'un de l'autre. Ils savourent tranquillement ce tendre instant de complicité, échangeant tour à tour doux baisers, sourires de bonheur incrédule et paroles gorgées d'affections.
Si cela ne tenait qu'à eux, ils passeraient le reste de leur journée – voire de leur semaine – isolés dans cette bulle d'amour et de douceur qu'ils se sont créés.
Malheureusement, ce point est en large partie soumis au bon vouloir du Papillon.
Et hélas pour les deux héros, ce dernier semble être d'humeur particulièrement vindicative par les temps qui courent.
Une attaque a déjà eu lieu plus tôt dans la matinée ? Peu importe. Cela ne l'empêche en rien d'étendre les ailes noires de ses akumas sur la ville dans la soirée, tenant Chat Noir et Ladybug éveillés jusqu'à deux heures du matin.
Puis de récidiver dès l'aube suivante avec un nouveau super-vilain.
Et avec encore un autre, en milieu d'après-midi.
À croire que le Papillon cherche définitivement à ruiner à la fois leurs vies personnelles et leurs cycles de sommeil.
Heureusement pour Marinette et Adrien, l'aide d'Alya s'avère plus que précieuse pour équilibrer les forces en présence. Grâce à elle, ils arrivent à tenir tête à Volpina, aux vilains auxquels cette dernière ne manque jamais de s'allier, et à se sortir sans dommages de chaque bataille.
Mais hélas, pour aussi utile qu'elle soit, la présence d'un troisième super-héros n'est manifestement pas suffisante pour réussir à renverser complètement la situation.
Chat Noir, Ladybug et la Guêpe arrivent certes à mettre leurs adversaires en déroute le temps d'un combat, mais jamais à les mettre suffisamment en difficultés pour pouvoir mettre la main sur le miraculous du Renard. Ni même à les mettre suffisamment en difficultés pour remporter une victoire facile, d'ailleurs.
Dans de telles conditions, difficile pour eux de s'imaginer réussir à vaincre leurs ennemis une bonne fois pour toute.
Sur l'impulsion de Marinette, le trio de héros se retrouve chez Adrien dès la bataille finie.
« Il faut qu'on trouve un plan », lance la jeune femme en se laissant lourdement tomber sur le canapé, alors que ses coéquipiers s'installent à leur tour. « À ce rythme, on ne réussira jamais à vaincre le Papillon et Volpina ! »
« Je suis d'accord », approuve Adrien avec un grognement dépité. « On n'est visiblement toujours pas assez forts pour les inquiéter réellement. Pas quand on les attaque de front, en tout cas. »
Assise face à ses coéquipiers, Alya fait mécaniquement rouler ses boucles rousses entre ses doigts. Une expression déconfite se dessine sur son visage alors qu'elle lève la tête vers Marinette et Adrien.
« Je suis désolée », soupire-elle en jetant un regard d'excuse aux deux jeunes gens. « J'étais sensée vous aider à arrêter Lila, mais de ce point de vue, on ne peut pas vraiment dire que j'aie servit à grand-chose... »
Alertée par le ton et la nature des paroles de son amie, Marinette braque ses yeux d'un bleu perçant sur elle.
Rien de ce qu'Alya vient de dire ne saurait être plus faux, et hors de question pour elle de lui laisser le temps de s'imprégner de ces pensées défaitistes.
« Mais si ! », proteste-t-elle en se penchant vers Alya pour poser sa main sur la sienne. « Si tu n'avais pas été là, Volpina et le Papillon nous auraient sûrement déjà battus depuis longtemps. On était dans une situation catastrophique avant que tu n'arrives ! »
« Grâce à toi, on peut se battre d'égal à égal contre les super-vilains », renchérit vigoureusement Adrien. « Et maintenant », ajoute-t-il d'un ton résolument optimiste, « il ne nous reste plus qu'à trouver comment prendre définitivement le dessus. »
Alors que les traits d'Alya s'éclairent d'un sourire reconnaissant, l'esprit de Marinette se tourne de nouveau vers le Papillon, Volpina, et cette impasse dans laquelle sa mission s'embourbe.
Elle doit trouver quelque chose qui permettrait de faire pencher la balance en leur faveur.
N'importe quoi qui pourrait leur apporter un nouvel avantage. Ou, à défaut, qui pourrait faire perdre à leurs ennemis l'un des atouts dont ils profitaient jusqu'à présent.
Voire les deux à fois.
Et pour ça, Marinette a bien une idée. Une minuscule petite idée, simple et évidente, qui commence à germer sous son crâne et croît un peu plus de seconde en seconde.
« Notre mission serait beaucoup plus simple si on n'était pas handicapés à chaque fois par les pouvoirs de Volpina », lâche-t-elle soudainement, suivant à voix haute le cheminement de ses pensées.
Alors que ses deux coéquipiers lui jettent un coup d'œil incisif, la jeune femme poursuit le fil de ses réflexions.
« Ses illusions sont un réel problème. Elles nous empêchent d'être réellement efficace en combat », continue-t-elle en levant un regard limpide sur ses coéquipiers. « On est forts, mais je doute qu'on soit capable de la vaincre tant qu'elle pourra nous gêner à ce point. Du coup », conclut-elle en se tournant vers Adrien, « je pense que le miraculous de ton père pourrait nous être utile. »
Les yeux du jeune homme s'écarquillent légèrement de surprise, avant d'être presque aussitôt traversés par une lueur de compréhension.
« Le miraculous qui permet de voir à travers les illusions », lâche-t-il dans un souffle. « Evidement. Mais mon père n'est plus en état de se battre », reprend-il en fronçant légèrement les sourcils.
« Je sais », confirme Marinette avec un bref hochement de tête. « Et je ne pense pas qu'il puisse nous aider à distance. On a besoin de quelqu'un sur le terrain », confie-t-elle en plongeant tour à tour son regard dans celui d'Adrien et dans celui d'Alya.
Alors qu'un silence perplexe suit cette déclaration, Alya porte machinalement la main au peigne à cheveux habilement dissimulé dans son opulente chevelure.
« Tu... tu voudrais que je devienne la porteuse du miraculous du Paon, au lieu de celui de l'Abeille ? », s'inquiète en jetant un bref coup d'œil à Pollen, perchée sur un meuble voisin.
Manifestement, l'idée de se séparer de sa minuscule (et visiblement précieuse) amie n'est guère pour l'enchanter.
« Je pensais plutôt à un nouveau héros », la rassure Marinette avec un faible sourire.
« Comme ça non seulement on serait débarrassés des mauvais tours de Volpina, mais on aurait aussi un nouvel allié pour essayer de l'arrêter », résume Adrien en claquant des doigts d'un geste approbateur. « Bien vu, ma Lady. »
« Un nouveau héros... », répète pensivement Alya. « Reste à savoir qui... »
Perdu dans ses pensées, Adrien reste muet un instant.
Choisir un autre coéquipier n'est pas une tâche à prendre à la légère. Loin, loin, très loin de là.
Adrien devra pouvoir confier à ce nouveau venu non seulement sa propre vie, mais également celle de celle qu'il aime plus que tout au monde et celle d'une de ses plus proches amies.
Il n'y a que peu de gens au monde à qui se fie à ce point.
Et un nom, un seul, éclipse tous autre candidat possible dans son esprit.
« En ce qui me concerne, je ne vois personne d'autre que Nino », annonce-t-il finalement, rompant le silence qui s'est installé dans la pièce.
Alya et Marinette se tournent aussitôt vers lui, toute leur attention soudainement focalisée sur ses paroles.
« Je ne dis pas ça juste parce que c'est mon meilleur ami », poursuit Adrien, avant de se reprendre aussitôt. « Enfin, si », se corrige-t-il en se passant mécaniquement la main dans les cheveux, « le fait que ce soit mon meilleur ami joue forcément. Je sais que je peux lui faire confiance, quoi qu'il arrive. Et je le connais. Je sais qu'il est courageux, bienveillant, loyal... Il a tout du héros idéal », conclut-il en plongeant son regard dans celui de ses coéquipières.
« Ce n'est pas moi qui dirais le contraire », approuve Alya avec un faible sourire.
« Je pensais aussi à lui », confie Marinette dans un souffle. « Mais... »
S'interrompant brusquement, la jeune femme se mord machinalement la lèvre inférieure et jette un coup d'œil furtif à Alya.
Adrien n'a aucun mal à suivre les pensées de sa compagne. Il laisse échapper un profond soupir alors qu'un poids immense lui semble s'ajouter à tous ceux qui pèsent déjà sur ses épaules.
« Mais si on l'implique, il sera en danger », conclut-il sombrement.
Un silence tendu s'installe dans la pièce, lourd de menaces bien trop facilement imaginables et de scénarios catastrophiques qu'aucun des jeunes gens n'ose évoquer à voix haute. Tous ne sont que trop bien placés pour connaître les risques et les sacrifices qu'implique une vie de super-héros et bien qu'elle leur paraisse être la meilleure solution, l'idée de placer un de leurs proches dans une pareille position leur laisse un goût amer sur la langue.
Le regard perdu dans le vide, les trois amis pèsent longuement le pour et le contre de ce choix crucial auquel ils se trouvent confrontés.
« Je ne peux pas dire que l'idée que Nino risque sa vie me plaise », reprend finalement Alya en se passant une main lasse sur le visage. « Si jamais il devait lui arriver quoi que ce soit... »
La voix de la jeune femme vacille, lui faisant marquer une brève pause.
Sous les regards inquiets de Marinette et d'Adrien, Alya ferme un instant les paupières et prend une profonde inspiration. Puis, toute maîtrise d'elle-même retrouvée, elle rouvre les yeux et reporte son attention sur ses amis.
« Mais pour être parfaitement honnête », reprend-elle d'un ton plus ferme, « c'est aussi à lui que j'ai pensé en premier. Je ne vois personne à qui je pourrais me fier plus qu'à lui. »
La jeune femme pousse un nouveau soupir, visiblement encore troublée par la tournure des évènements.
« Ce n'est pas à moi de prendre la décision », annonce-t-elle enfin à ses amis. « Je suis d'accord pour qu'on propose à Nino de nous rejoindre, mais ça sera à lui de choisir ce qu'il décide de faire ou non. »
« Je ne voyais pas les choses autrement », la rassure Marinette en posant de nouveau sa main sur la sienne.
Adrien laisse passer quelques instants pour laisser à Alya le temps de reprendre pleinement ses esprits – et de se laisser, à lui, l'idée de bouleverser bientôt la vie de son meilleur ami pour toujours.
Au bout d'un moment, il reprend finalement la parole.
« Avant toute chose, je vous propose qu'on pose la question à mon père », leur suggère-t-il sans détours. « Et à Maître Fu », ajoute-t-il après un bref instant de réflexion. « S'ils refusent de nous confier le miraculous du Paon ou n'importe quel autre miraculous, ça règlera la question. »
Marinette échange un bref regard avec Alya, puis hoche la tête en signe d'approbation.
« Ok », approuve-t-elle sans hésiter. « On fait comme ça. »
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top