Chapitre 32
Le visage sombre, Chat Noir promène un regard désabusé sur la scène chaotique qui lui fait face.
Ses nombreuses années à œuvrer en tant que héros lui ont permis de se faire une idée assez précise des affrontements qui lui déplaisent le plus. Ainsi, par exemple, il préfère largement éviter d'avoir à se battre sur les rives de la Seine.
(Non pas à cause les relations légendairement difficiles entre l'eau et de l'animal qui lui sert d'alter-ego. En ce qui le concerne, il a toujours aimé barbotter. Mais de là à risquer de tomber dans la Seine, nettement plus polluée que toutes les piscines et baignoires qu'il a pu fréquenter dans sa vie ?
Là, non. Définitivement non.)
Dans un tout autre genre, largement pire à ses yeux, Chat Noir déteste plus que tout avoir à affronter des enfants. La simple idée que le Papillon puisse s'en prendre à des êtres aussi jeunes et vulnérables le révulse, et le fait de devoir être celui qui devra lutter contre eux lui soulève à chaque fois le cœur.
Alors, en cet instant précis, la perspective de devoir se battre contre un enfant qui a décidé que la Seine serait son terrain de jeu est très, très loin de réjouir Chat Noir.
Les lèvres du héros se tordent en un rictus contrarié alors que le jeune homme observe le spectacle qui se déroule sous ses yeux. Au milieu du fleuve flotte un immense amas d'objet agglomérés en une île de pirates artificielle, depuis laquelle un (trop) jeune vilain hurle sa colère contre le monde des adultes.
Debout aux côtés de Chat Noir, la Guêpe assiste à la scène avec un mélange évident de surprise et de répulsion.
« Ce n'est qu'un gamin... », murmure-t-elle d'une voix incrédule. « Il doit avoir quel âge ? 8 ans ? 9 ans ? »
« Quelque chose comme ça », réplique amèrement Chat Noir. « Je déteste quand le Papillon s'en prend à des enfants », ajoute-t-il entre ses dents serrées.
« Tu n'es pas le seul, chaton », approuve Ladybug en posant une main réconfortante sur son épaule.
Doigts crispés autour de son yo-yo, la jeune femme laisse à son tour son regard errer sur le fleuve, sur cette île faite de bric et de broc, et sur ce garçon visiblement guère plus âgé qu'un élève de primaire qu'elle va devoir combattre à son cœur défendant.
« Bon, on n'a pas vraiment le choix », lâche-t-elle dans un lourd soupir. « Allons-y. »
A peine l'affrontement commence-t-il que déjà, la situation se complique pour les héros. Si ces derniers rechignent en effet à utiliser toutes leurs forces pour se battre contre un enfant, leur adversaire ne s'embarrasse en revanche pas du moindre scrupule.
Réfugié au centre de son île aux allures de forteresse de pirate, le vilain se défend bec et ongle contre chaque tentative d'intrusion de ses ennemis. Que ce soient les palmiers de tôles et de carton, la plage en bouteilles de plastique ou les canons dont il a doté la citadelle improvisée qui trône au centre de son fief, tout, absolument tout lui sert d'arme pour repousser ses assaillants.
Pas un des héros n'arrive à contrer ce système de défense particulièrement efficace.
Quand ce n'est pas Chat Noir qui se prend un violent coup de pseudo-tronc d'arbre en plein estomac, c'est la Guêpe qui manque de disparaître dans des sables mouvants faits de bouchons multicolores.
Quand ce n'est pas Ladybug qui manque de finir suspendue par une liane faite de tuyaux d'arrosage (et ce, à peine deux secondes après avoir mis les pieds sur l'île), c'est tout leur petit groupe qui se voit contraint de battre en retraite devant de violentes rafales de boulets de canon.
Alors que les héros se retirent prudemment sur l'une des berges de la Seine, une silhouette orange atterrit souplement aux côtés du vilain.
« Génial », grommelle Ladybug en jetant un regard assassin à la nouvelle venue. « Il ne manquait plus qu'elle. »
Volpina est trop loin pour entendre la jeune héroïne, mais visiblement, pas pour manquer l'expression exaspérée qui traverse son visage.
Manifestement satisfaite de son effet, la super-vilaine toise son ennemie d'un air hautain, les mains fièrement posées sur les hanches et un sourire narquois aux lèvres. Puis, après un dernier coup d'œil provocateur, Volpina se détourne de Ladybug et reporte son attention sur son coéquipier du jour.
« Bon, assez joué », lui lance-t-elle sans autre forme de préambule. « Nous devons récupérer leurs miraculous au plus vite. Bombarde ce quai ! », conclut-elle en désignant d'un large geste de la main la rive sur laquelle se trouvent encore les trois héros.
« Tu n'as pas à me donner des ordres », rétorque le garçon de sa voix fluette. « Je fais ce que je veux ! »
Les yeux de Volpina s'écarquillent de surprise alors qu'elle fixe le vilain avec incrédulité.
« Q-Quoi ? », bafouille-t-elle, les joues rouges de colère. « Espèce de petit... »
« Personne ne me dit ce que je dois faire ! », réplique son interlocuteur en pinçant les lèvres en une moue obstinée.
Pris de court par la tournure des évènements, Chat Noir et Ladybug échangent un regard confus.
« Et bien, au moins il n'y a pas qu'à nous qu'il casse les pieds », fait remarquer le jeune homme avec un faible sourire.
« Il ne reste plus qu'à espérer qu'ils finiront par se battre entre eux », soupire Ladybug en levant dramatiquement les yeux au ciel. « Ça nous fera des vacances. »
Malheureusement pour eux, Chat Noir, Ladybug et la Guêpe n'ont guère le loisir de profiter de cet embryon de discorde.
À peine quelques instants et un monologue apparent du jeune garçon plus tard – monologue qui, à n'en pas douter, ne cache rien d'autre qu'une sévère remontrance du Papillon -, les deux super-vilains finissent par trouver un terrain d'entente.
Et hélas, cette collaboration est peut-être certes forcée, mais elle n'en reste pas moins efficace.
L'île et les pièges qui posaient déjà tant de difficultés aux trois héros se retrouve transformée en un labyrinthe où les chausse-trapes on ne peut plus réels côtoient de parfaites illusions, et dans lequel réussir à progresser sans embûches relève clairement de l'impossible. Entre le jeune vilain qui les attaque à distance, le terrain qui se rebelle contre eux et Volpina qui se fait un plaisir d'entretenir le chaos ambiant, les protecteurs de Paris ne savent plus où donner de la tête.
Les mâchoires serrées de concentration, Ladybug enroule son yo-yo autour de la cheminée d'un immeuble situé sur la berge opposée et s'élance dans le vide. Le vent souffle sur son visage alors qu'elle franchit à toute vitesse l'espace qui la sépare de l'île créée de toutes pièces par le vilain.
La jeune femme garde les yeux rivés sur son objectif alors que son cerveau calcule avec une précision millimétrée la distance qui lui reste à parcourir.
Encore trois mètres.
Deux mètres.
Un mètre.
Ladybug libère son yo-yo d'un geste sec et plie légèrement les genoux pour mieux anticiper le choc à venir. À peine ses pieds ont-ils touché le sol – enfin, l'amas de débris qui fait office de sol – que la jeune femme se remet aussitôt en garde, le regard alerte et le corps tendu comme la corde d'un arc.
Entre les pièges, les illusions et les vilains, le danger peut venir de n'importe où.
Elle le sait.
Alors, hors de question de relâcher son attention.
Tous ses sens en éveil, Ladybug esquisse un pas prudent en direction du centre de l'île. L'endroit n'est pas immense, mais truffé de tant de traquenards potentiels qu'elle préfère ne pas se précipiter. Elle écarte d'un coup de pied agacé un nouveau tuyau d'arrosage qui tente (encore une fois) de s'enrouler autour de sa cheville, jette un coup d'œil suspicieux à un faux rocher fait de tôles et pièces de moteur et contourne doucement un arbre au design enfantin.
Profitant des attaques que ses coéquipiers poursuivent depuis la rive, Ladybug courbe l'échine dans l'espoir de se faire aussi discrète que possible et poursuit doucement sa progression.
Le fortin dans lequel s'est réfugié son adversaire apparaît sous ses yeux. Proche, si proche que la victoire commence à lui sembler littéralement à portée de main.
Le cœur battant à tout rompre et l'esprit en alerte, Ladybug scanne vivement les alentours du regard.
C'est sa chance.
Elle doit agir maintenant.
Mais à peine une fraction de seconde plus tard, la jeune femme voit une gigantesque plaque de métal s'ouvrir dans la structure du fort et laisser apparaître la bouche hideuse d'une cheminée de bateau reconvertie en canon.
Canon pointé droit sur elle.
Négligemment accoudée à cette pièce d'artillerie, Volpina la toise avec un petit sourire victorieux aux lèvres.
« Oh, Ladybug. Comme c'est gentil de venir nous rendre une petite visite », lui lance-t-elle d'une voix suave, que la lueur mauvaise qui brille dans son regard ne fait que rendre plus inquiétante. « Je te dirais bien qu'on n'avait rien prévu pour toi, mais ça serait mentir. Et je sais que tu détestes les menteurs... », conclut-elle avec une moue moqueuse.
Un frisson d'appréhension traverse l'échine de Ladybug alors que Volpina lève théâtralement la main dans les airs.
« Maintenant ! », s'exclame la super-vilaine en abattant le bras vers son ennemie.
Une salve de boulets de canon jaillit aussitôt du fort pour venir pilonner la position de l'héroïne.
Heureusement pour elle, Ladybug peut compter sur ses réflexes surhumains.
Elle bondit en arrière avant même que le moindre projectile ne la touche.
Une fois.
Deux fois.
Trois fois.
Puis encore et encore, alors que le jeune super-vilain poursuit inlassablement son attaque et que Volpina s'élance à son tour sur le champ de bataille.
Il ne faut qu'une fraction de seconde à Ladybug pour prendre toute la mesure de la dangerosité de la situation. Peu importe sa fierté d'héroïne et le goût amer que cette débandade lui laisse sur la langue. Si elle reste ici, le risque de se faire avoir par ses ennemis est bien trop grand.
Alors, n'écoutant que son bon sens, la jeune femme lance son yo-yo dans les airs et bat rapidement en retraite.
Alors que Ladybug regagne précipitamment la sécurité des berges, Chat Noir et la Guêpe se lancent à leur tour à l'assaut. Leur stratégie est simple mais, ils l'espèrent, efficace : attaquer chacun de part et d'autre de l'île pour prendre leurs adversaires en tenaille.
Alors que la Guêpe gagne la rive opposée, Chat Noir se prépare à l'action. Il se ramasse un bref instant sur lui-même avant de détendre brusquement les jambes, franchissant les eaux du fleuve d'un bond impressionnant.
Mais à l'instant précis où ses semelles effleurent le sol de bouteilles et de boîtes en plastique, une portion entière de l'île se dissipe dans un nuage de fumée orange.
Et ce, y compris la plage sur laquelle il comptait poser le pied.
Chat Noir laisse échapper un glapissement de surprise avant d'atterrir dans la Seine avec un « plouf ! » magistral.
Le jeune homme a tout juste le temps de s'alarmer de sa potentielle disparition précoce par noyade qu'un filin fend les airs dans un sifflement sourd et vient s'enrouler solidement autour de son poignet.
Depuis la berge, Ladybug tire de toutes ses forces sur le câble du yo-yo qu'elle vient tout juste d'envoyer vers son coéquipier. Ses muscles se contractent sous sa peau, son visage se crispe sous l'effort, mais à peine une seconde plus tard, elle ramène le jeune homme en sécurité à ses côtés.
Chat Noir touche lourdement terre et se penche aussitôt en avant, dos courbé et mains sur les genoux.
Toussant et crachotant, il reste un instant incapable d'articuler la moindre parole.
« Yeurk, j'ai bu la tasse ! », grimace-t-il finalement, sans réussir à retenir un profond haut-le-cœur.
Le jeune homme se redresse finalement et s'essuie vigoureusement la bouche du dos de la main, une moue dégoutée sur le visage.
« Je déteste tomber dans la Seine », peste-t-il en jetant un regard écœuré aux eaux troubles qui s'écoulent un peu plus bas. « Merci pour le repêchage, ma Lady. »
Ladybug a à peine le temps de lui répondre que soudainement, c'est au tour de la Guêpe d'atterrir brutalement à leurs côtés. Catapultée par un palmier de carton contrôlé par le vilain, la jeune femme laisse échapper un cri de douleur alors que ses fesses heurtent violement le sol.
« Aouch ! », s'exclame-t-elle bruyamment.
Après s'être rapidement inquiétée de la santé de ses coéquipiers, Ladybug porte de nouveau son attention sur l'île qui flotte toujours devant elle, telle un monument à la gloire de leurs échecs.
« Et bien », soupire-t-elle lourdement, « je sens que ça va être pénible. »
Les minutes et les assauts défilent sans que les trois héros ne réussissent à trouver une solution pour neutraliser leurs ennemis une bonne fois pour toutes. Plus d'une fois, Chat Noir et Ladybug se surprennent à maudire cette forteresse improvisée qui sert de repaire à la victime du Papillon et qui complique tant leur mission du jour.
Lutter contre deux super-vilains est déjà loin d'être une tâche facile en soit.
Mais lutter contre deux super-vilains qui disposent d'un terrain particulièrement avantageux pour eux et d'un abri équipé d'un véritable arsenal de défense ? Cela semble presque impossible.
En dépit leurs années d'expérience, Chat Noir et Ladybug n'ont guère l'habitude de lutter contre des adversaires ainsi retranchés. Ils ont beau tenter de mettre en place des approches inédites, d'utiliser de nouvelles stratégies ou de faire appel à des trésors d'imagination pour essayer de contrer la résistance farouche de leurs ennemis, rien à faire. Volpina et son allié réussissent à les contrer systématiquement.
Encore, encore et encore.
Chaque échec ne rend l'impuissance des trois héros que plus rageante encore et leur fait se demander s'ils arriveront à vaincre leurs ennemis sans y passer la journée entière.
« Rahhhh, ils ne peuvent pas sortir un peu de leur fichue île ? », fulmine Chat Noir en regagnant la berge après une nouvelle tentative infructueuse. « À ce rythme, on en a encore pour des heures. »
Le jeune homme laisse échapper un lourd soupir, regrettant pour ce qui lui semble être la millième fois que le Papillon ait choisi ce jour et ce moment précis pour se manifester. En ce qui le concerne, s'il avait pu s'offrir le luxe de choisir, il aurait très, très largement préféré poursuivre ce qu'il avait commencé avec Marinette plutôt que se retrouver empêtré dans un combat interminable.
Pour le jeune homme, la situation est d'autant plus frustrante que le costume de Ladybug ne dissimule que peu de choses de l'harmonieux dessin de ses courbes, et que les brefs contacts que leur impose parfois le feu du combat alimentent un peu plus à chaque fois son désir de la toucher encore et encore.
Il veut sentir le corps nu de Marinette contre le sien. Ses lèvres sur les siennes. L'odeur enivrante de sa peau, et son souffle chaud et haletant qui caresse le creux de son cou alors que ses doigts courent sur elle sans la moindre pudeur.
Il la veut, comme il n'a jamais désiré personne au monde.
Les souvenirs encore fraîchement imprimés dans sa mémoire de la douceur du corps de Marinette sous ses mains et de ses soupirs voluptueux ne font que rendre les choses plus dures encore.
(Et ce, y compris au sens littéral du terme.)
(Maudites hormones.)
Finalement, ce n'est qu'après un peu glorieux total de seize assauts infructueux, un Lucky Charm invoqué en vain et sept bains involontaires dans la Seine (quatre pour Chat Noir, deux pour Ladybug, un pour la Guêpe et absolument aucun pour leurs ennemis) que les héros arrivent enfin à bout de leurs adversaires.
Improvisant une fronde géante avec des tuyaux d'arrosages, une serviette de plage rouge et noire et une boule de cire géante, Ladybug et la Guêpe offrent à Chat Noir une diversion parfaite. À peine une fraction de seconde plus tard, un Cataclysme très opportunément placé sur le repaire de leur adversaire permet aux trois héros de renverser enfin la situation.
Ce n'est ensuite plus qu'une question de minutes avant que les protecteurs de Paris ne remportent cette victoire si chèrement disputée et que Ladybug ne purifie enfin cet akuma qui leur a posé tant de problèmes.
À la maigre satisfaction d'avoir neutralisé un énième nouveau super vilain s'ajoute malheureusement la déception de voir Volpina réussir à s'enfuir une fois de plus. Mais Chat Noir et Ladybug refusent de s'attarder plus longtemps sur ce semi-échec. La longue et pénible bataille qui les a monopolisés toute la matinée est enfin terminée.
Pour l'instant, ils n'en demandent pas plus.
Une vive lueur rose se reflète sur les murs du salon d'Adrien tandis que Marinette se détransforme au milieu de la pièce.
Alors que Chat Noir l'imite à son tour, la jeune femme se passe machinalement les mains le long des bras. Ses ongles effleurent délicatement sa peau à chaque aller-retour, avant que ses doigts ne se portent mécaniquement à ses joues et à son cuir chevelu pour reproduire ces mêmes gestes. Son Lucky Charm a beau avoir effacé toute trace du combat et son costume a beau l'avoir gardée majoritairement au sec, elle n'arrive pas à se débarrasser de la sensation d'avoir ramené avec elle une véritable colonie de microbes suite à ses plongeons successifs dans la Seine.
Le simple souvenir des eaux troubles et malodorantes qui se referment autour d'elle lui donne envie de récurer son épiderme jusqu'à s'en écorcher la peau.
« Beuh, je crois que je vais aller me laver quinze fois les dents », bougonne Adrien, visiblement tout aussi marqué qu'elle par ces baignades dont ils se seraient tous les deux volontiers passé.
« De mon côté je vais plutôt prendre une bonne douche », réplique Marinette en se passant une nouvelle fois une main écœurée dans les cheveux.
Une douche, ou deux, ou trois.
Autant qu'il le faudra pour se débarrasser de cette sensation de crasse qui lui colle à la peau.
« Oh, bonne idée », approuve Adrien avec un bref hochement de tête.
« Tu veux venir ? », lui lance aussitôt sa coéquipière.
Les yeux écarquillés de surprise d'Adrien se rivent aussitôt au regard tout aussi abasourdi de Marinette.
Ni l'un ni l'autre ne savent qui est le plus surpris des deux.
Adrien, pour cette offre qu'il n'avait guère anticipée, ou Marinette, qui ne s'attendait pas plus que lui à s'entendre prononcer de pareilles paroles.
Légèrement mortifiée, la jeune femme se mord machinalement la langue. Non pas qu'elle regrette cette proposition spontanée, dont la simple idée lui réchauffe déjà délicieusement le bas-ventre et fait bondir son cœur d'anticipation.
Non, ce qui l'ennuie, c'est juste qu'elle n'aurait pas été contre le fait de réfléchir avant de dire quoi que ce soit.
Mais manifestement, depuis le collège, sa bouche n'a pas complètement perdu l'habitude de négliger de consulter d'abord son cerveau avant de parler à Adrien.
Revenant quant à lui rapidement de sa surprise, Adrien jette un regard incisif à Marinette.
« Venir avec toi... sous la douche ? », articule-t-il soigneusement.
« Oui ? », confirme Marinette, sans réussir à s'empêcher de rougir quelque peu.
Mais si la température de ses joues lui semble légèrement, ce n'est rien en comparaison de la brusque décharge de chaleur qui traverse son corps devant le large sourire qui éclaire les traits d'Adrien.
Le jeune homme s'approche d'elle avec une démarche féline, faisant accélérer son pouls à chaque nouveau pas. Arrivé à son niveau, il passe ses bras autour de sa taille et l'attire contre lui.
« Je dois admettre que j'aime beaucoup l'idée », lui murmure-t-il dans un ronronnement séducteur.
Un sourire similaire à celui de son compagnon sur le visage, Marinette glisse ses mains dans les poches arrière du jeune homme et appuie légèrement, pressant ses hanches contre les siennes. Elle se dresse sur la pointe des pieds, lèvres entrouvertes pour sceller leur accord d'un langoureux baiser, quand une voix geignarde interrompt soudain son élan.
« Adriennnnnnn », gémit Plagg en voletant vers les deux amoureux. « Je ne trouve pas le camembert... »
« Plagg », réplique Adrien dans un grognement irrité, « ce n'est pas vraiment le moment. »
Mais manifestement parfaitement hermétique à la réaction de son partenaire, à l'atmosphère ambiante et à tout ce qui n'est pas son estomac, le kwami reprend ses jérémiades de plus belle.
« Mais j'ai FAIM », se lamente-t-il d'une voix larmoyante. « J'ai faim, et mes réserves de camembert sont toutes vides. Je croyais que tu en avais racheté ? »
« J'en ai racheté », confirme Adrien en levant les yeux au ciel. « Tu as vérifié le frigo ? »
« Tragiquement vide », rétorque dramatiquement Plagg. « Et j'ai de plus en plus FAIM. »
Détachant son attention du kwami, Marinette plonge son regard cristallin dans celui d'Adrien.
« Est-ce qu'il y a une chance pour qu'il nous laisse tranquille si on l'ignore ? », lui demande-t-elle, un léger sourire aux lèvres.
Le jeune homme secoue aussitôt la tête d'un air désabusé.
« Aucune », soupire-t-il lourdement.
Plus amusée que contrariée par la situation, Marinette laisse échapper un petit éclat de rire. Elle se dresse une nouvelle fois sur la pointe des pieds pour plaquer un baiser sonore sur la joue de son coéquipier, puis commence à s'éloigner en direction de la salle de bain.
« Je pars devant », lui lance-t-elle par-dessus son épaule. « Rejoins-moi quand tu as fini. »
Adrien ne peut s'empêcher de déglutir péniblement lorsque, au moment de sortir de la pièce, Marinette lui jette une dernière œillade séductrice.
« Je fais vite, ma Lady », lui promet-il avec ferveur.
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