Chapitre 26

Leur présence n'étant désormais plus nécessaire – du moins, pas dans l'immédiat -, les trois héros se saluent une dernière fois et quittent les lieux de l'affrontement. La Guêpe s'éloigne de son côté, tandis que Chat Noir et Ladybug entament ces tours et détours qu'ils ont pris l'habitude d'effectuer sur leur trajet vers l'appartement d'Adrien.

Fourbus mais soulagés, les deux héros ne peuvent s'empêcher de sourire alors qu'ils bondissent de toit et toit.

« Et bien, ça s'est plutôt bien passé », lance joyeusement Chat Noir à sa coéquipière. « Pas parfaitement non plus, bien sûr, parce qu'on n'a toujours pas réussi à récupérer les miraculous de Lila et du Papillon. Mais tout même », conclut-il avec un hochement de tête satisfait, « il y a un progrès. »

« Oui », approuve Ladybug avec ferveur. « La Guêpe s'en est vraiment bien tirée, et ça faisait longtemps que les illusions de Volpina n'avaient pas été aussi contrariantes ! »

Alors que les deux héros s'arrêtent un instant au sommet d'un immeuble, Ladybug se penche vers son coéquipier et dépose un furtif baiser sur ses lèvres.

« On va finir par gagner », reprend-elle d'un ton résolument optimiste. « Ce n'est plus qu'une question de temps. »

Le regard céruléen de Ladybug brille comme si une nuée d'étoiles s'était nichée au creux de ses prunelles, le bas de son masque laisse deviner des joues d'un joli rose, et il faut toute la volonté du monde à Chat Noir pour ne pas s'incliner à son tour vers elle pour l'embrasser à en perdre le souffle.

(Toute la volonté du monde ou plutôt, en toute honnêteté, les bips insistants de leurs deux miraculous qui ne lui rappellent que trop bien que le moment n'est guère venu de s'attarder.)

« Tu as raison, ma Lady », acquiesce-t-il sobrement, dans un merveilleux exemple de contrôle de soi. « On va gagner. »

Les deux héros échangent un dernier sourire puis, sans perdre plus de temps, reprennent leur route.

Ils finissent par atteindre l'appartement sans encombre et alors que les heures défilent, rien ne leur semble capable d'entamer leur bonne humeur.

Ce à quoi ils ont participé aujourd'hui n'est pas qu'une simple victoire.

C'est un tournant sans précédent dans leur lutte contre le Papillon et Volpina. Un prélude à des réussites plus éclatantes encore, une merveilleuse extension du champ des possibles qui les emplit d'espoir et leur fait croire, enfin, qu'ils peuvent bientôt toucher au but.





Le lendemain matin, c'est le cœur merveilleusement léger que les deux héros se réveillent.

Ce délicieux sentiment d'euphorie qui ne les a pas quittés depuis la veille coule encore dans leurs veines, imbibant les moindres de leurs pensées d'une sensation de pur bonheur.

Marinette ignore à quel instant précis elle s'extrait de ses rêves nocturnes pour se glisser dans la réalité, mais rarement cette transition s'est faite plus en douceur. Encore plongée dans un état de semi-conscience, confortablement lovée contre Adrien, elle savoure sans retenue ce cocon d'amour et de bien-être que lui offre la présence de son compagnon. Elle sent sa chaleur, son odeur, les battements lents et réguliers de son cœur sous son oreille et le poids de son bras paresseusement passé autour de sa taille.

Paupières closes, Marinette remue légèrement pour mieux presser son corps contre celui Adrien.

Une fois satisfaite, elle lève légèrement la tête vers lui et l'embrasse, posément, tendrement. Un sourire flotte sur ses lèvres lorsqu'elle les détache de celles de son compagnon, et c'est avec un profond soupir de contentement qu'elle vient enfouir son visage dans le creux du cou du jeune homme.

Si Marinette apprécie sans réserve ce tendre réveil, son coéquipier n'est pas non plus en reste.

L'esprit encore embrumé de sommeil, Adrien laisse sa conscience émerger au fil des attentions affectueuses dont il gratifie sa compagne. Il fait délicatement courir ses doigts le long de sa joue, de la douce courbure de ses épaules, du creux de sa taille, s'émerveillant à chaque fois un peu plus du sentiment de plénitude que lui procure l'existence de cette jeune femme nichée entre ses bras.

Le cœur battant au rythme de mille chants d'amour, Adrien se penche vers Marinette et dépose un léger baiser sur ses lèvres, puis sur la pointe de son nez, puis sur sa joue, puis sur ses lèvres encore.

Marinette bat doucement des paupières, une fois, deux fois, laissant transparaître l'éclat bleu azur de son regard alors que ses cils projettent des ombres mouvantes sur ses pommettes.

Captivé par ce charmant spectacle, Adrien suspend un instant ses gestes.

Puis, lorsqu'un doux sourire se dessine sur les traits de la jeune femme, il glisse ses mains autour de sa taille pour mieux l'attirer contre lui et l'embrasse de nouveau.





A mesure que les deux amoureux émergent de leur sommeil, leur étreinte gagne peu à peu en intensité. Les baisers se font plus profonds, leurs mains plus aventureuses, leurs gestes plus appuyés.

Marinette embrasse Adrien avec ferveur, paume fermement pressée contre sa nuque et le cœur battant à tout rompre.

Jamais elle ne se lassera de ces instants d'intimité qu'elle partage avec lui, elle en est sûre. Que ce soit son souffle brûlant qui vient caresser ses lèvres, l'odeur envoûtante de sa peau ou les soupirs langoureux qui lui échappent, tout en ce garçon l'enivre.

Elle pourrait passer des heures ainsi, à se consumer sous les baisers qu'il lui rend avec ardeur.

Une délicieuse tension s'installe dans son bas-ventre à mesure qu'Adrien continue d'embraser sa peau de ses lèvres et de ses paumes, lui donnant envie de poursuivre ses explorations en retour. Ses mains vagabondent le long du dos d'Adrien et au-delà, s'émerveillant de la façon dont les doigts du jeune homme se crispent involontairement sur ses hanches au fil de ses gestes.

Le voir réagir ainsi la fait se sentir belle. Forte. Désirable.

Enhardie, Marinette pose ses deux mains sur les épaules d'Adrien et, d'une franche pression, le fait basculer sur le dos. Le jeune homme se laisse faire sans offrir la moindre résistance, ses yeux verts étincelant d'une anticipation fébrile qui n'a d'égale que celle qui brûle au creux des prunelles de sa partenaire.

Sans perdre une seconde de plus, Marinette s'assied sur les hanches de son compagnon et se penche vers lui pour mieux le noyer sous une nouvelle pluie de baisers.

Et tout à coup, Adrien bascule dans une sorte d'enfer paradisiaque.

Ou de paradis infernal.

En toute honnêteté, il ne sait pas trop.

Ce dont il a cruellement conscience, en tout cas, c'est de l'impétueuse onde de chaleur qui se glisse soudainement sous sa peau alors qu'il découvre la vue très, très plongeante que cette nouvelle position lui offre sur les atours de Marinette.

Certes, Adrien mentirait en affirmant qu'il n'a jamais laissé son regard vagabonder vers le décolleté de sa compagne. Avec l'avancée de leur relation, tenir ses yeux et ses mains loin des courbes attrayantes de Marinette devient chaque jour de plus en plus difficile – surtout lorsque ses mains à elle s'aventurent à leur tour sur son corps.

(Comme en cet instant précis, où ses doigts se glissent sous son haut de pyjama pour tracer délicatement les contours de ses muscles, allumant sur leur passage tout autant d'incendies le long de sa peau.)

Adrien s'est déjà surpris à admirer le décolleté de Marinette.

Mais là, sa partenaire porte l'un de ses vêtements à lui, infiniment trop grand pour elle. La large encolure de son T-shirt bâille lorsqu'elle incline le buste vers lui, ne dissimulant absolument rien de cette partie de son anatomie.

Les joues en feu, Adrien tend la main vers le col de sa compagne et plaque le tissu contre sa clavicule, dans une tentative fort peu discrète de préserver un tant soit peu sa pudeur.

« A-Attention », réussit-il à articuler, alors que Marinette se redresse légèrement pour lui jeter un regard interloqué. « Tu... Ton T-shirt est un peu trop grand, et quand tu te penches... »

Renonçant à poursuivre plus longtemps ses explications, Adrien détourne brusquement ses yeux de Marinette. Il laisse son regard errer sur la pièce, cherchant à le poser n'importe où sauf sur cette séduisante jeune femme assisse sur ses hanches, et encore moins sur cette poitrine qu'il brûle de contempler à nouveau mais qu'il refuse d'admirer sans l'accord de sa propriétaire.

Les lèvres de Marinette s'arrondissent en un délicat « o » de surprise alors que leur propriétaire prend soudain la pleine mesure de la situation.

C'est à peine si Adrien peut percevoir les traits du visage de sa compagne dans le coin de son champ de vision, mais c'est suffisant pour la voir s'empourprer jusqu'à la racine des cheveux.

La jeune femme reste un instant silencieuse, le regard impossiblement brillant et les joues si rouges qu'Adrien pourrait jurer sentir leur chaleur irradier jusqu'à lui.

Marinette penche légèrement la tête sur le côté, semblant peser le pour et le contre. Puis, finalement, elle prend une profonde inspiration, doigts crispés sur le pyjama de son compagnon.

« Je... ça ne me dérange pas », lui confie-t-elle dans un souffle.

Jamais le regard d'Adrien ne s'est rivé aussi vite à celui de Marinette.

« Tu... », croasse-t-il péniblement, la bouche incroyablement sèche.

« Ça ne me dérange pas et je... on peut même enlever mon haut, si tu préfères », ajoute-t-elle en détachant ses doigts du pyjama de son coéquipier pour se saisir nerveusement du bas de son propre T-shirt, alors que les quelques neurones encore en état de marche d'Adrien hurlent que oui, oui, il préférerait largement qu'elle se défasse de cette frustrante pièce de tissu. « Enfin, si tu veux, bien sûr », précise-t-elle rapidement. « Parce que je ne veux pas te forcer à faire quelque chose dont tu n'aurais pas envie, pas du tout, mais c'est pour te dire que si tu as envie qu'on aille plus loin je... »

Notant soudain que son débit de parole s'emballe, la jeune femme s'interrompt brusquement et inspire une large goulée d'air pour tenter de mieux maîtriser sa nervosité.

« On peut aller plus loin, si tu veux », conclut-elle dans un souffle, ses yeux d'un bleu impossiblement cristallin rivés à ceux d'Adrien. « Je suis prête. »

Le cœur battant avec tant de force qu'on doit certainement l'entendre résonner dans tout Paris, Adrien hoche mécaniquement la tête.

« Moi aussi », lui confie-t-il avec émotion.

Les deux amoureux échangent un dernier regard, un sourire timide aux lèvres. Puis, sans un mot, Marinette se redresse encore un peu plus et fait passer son T-shirt par-dessus sa tête d'un geste fébrile.

Dans la chambre, l'air parait incroyablement chaud à Marinette. Suffocant, même.

Mais pourtant, elle frissonne.

De nervosité, de joie, d'excitation, de désir et d'une infinité d'autres émotions qu'elle ne saurait nommer mais qui se glissent en elle pour la secouer jusqu'au plus profond de ses os.

Jamais elle ne s'est exposée ainsi à quiconque. Plus que son buste, il lui semble que ce sont ses nerfs qu'elle a mis à découvert. Rarement elle a eu conscience de son environnement de manière aussi intense.

Elle sent peser les mains d'Adrien sur sa taille, son regard sur son corps, et ce léger souffle qui caresse sa peau désormais nue.

Et bien sûr, elle ressent ces folles températures, un peu plus fortes à chaque seconde.

Il irradie tant de chaleur de son propre corps que Marinette n'a même pas besoin de baisser la tête pour deviner que le rouge qui marbrait ses joues s'est à présent étendu, déferlant le long de son cou, de ses clavicules et de son torse avec la détermination implacable d'une marée écarlate.

En revanche, comme elle le découvre rapidement, elle est loin d'être la seule à s'empourprer autant.

Quand, poussée par la curiosité, elle pose enfin le regard sur Adrien, elle le découvre le visage plus cramoisi que jamais et le regard extraordinairement brillant.

Comme hypnotisé, le jeune homme fixe sans ciller cette poitrine qui se dévoile à présent à lui.

Mais peu importe la fascination qu'il éprouve, ce n'est guère suffisant pour garder Adrien paralysé bien longtemps.

La gorge sèche, le jeune homme se met à bouger lentement les mains vers le haut, tout en tentant vaillamment d'ignorer ce feu qui couve entre ses cuisses et que, assise sur lui comme elle l'est, Marinette ne peut pas ne pas remarquer.

Ses paumes suivent amoureusement le doux tracé des courbes de la jeune femme, épousant tour à tour le creux de sa taille et le contour de sa cage thoracique.

La peau de Marinette est douce et chaude sous ses doigts, et son cœur tambourine si fort qu'Adrien peut littéralement en sentir chaque battement alors qu'il poursuit sa lente progression.

(Et peut-être peut-elle aussi sentir son propre pouls vibrer à travers ses mains, tant ce dernier pulse si fort qu'il lui donne l'impression d'aller jusqu'à faire résonner ses os.)

Lorsqu'Adrien marque une brève hésitation, mains posées sur ses côtes avec la légèreté d'un oiseau sur une branche, Marinette se fend d'un léger sourire pour encourager son compagnon à poursuivre sa progression.

Elle ne veut pas qu'il s'interrompe.

Elle veut que ses doigts montent, encore, encore, qu'ils continuent d'explorer ces nouveaux territoires dont elle lui offre volontiers l'accès et qu'ils nourrissent de plus belle l'incendie infernal qui couve au creux de son être.

Un violent frisson d'excitation traverse la colonne vertébrale de Marinette quand enfin, enfin, les paumes d'Adrien reprennent leur lente ascension. Le cœur de de la jeune femme bat un peu plus fort à chaque centimètre que son partenaire efface, à chaque seconde que le temps emporte avec lui.

Lorsque les mains d'Adrien épousent enfin le doux galbe de sa poitrine, Marinette laisse échapper un soupir, involontaire et langoureux, qui les fait tous deux tressaillir.

Puis, lentement, presque précautionneusement, elle se penche vers Adrien pour l'embrasser de nouveau.

Durant de longues minutes, les deux amoureux se perdent dans un océan de baisers brûlants, de douces caresses et de mains vagabondes. Ils s'enivrent de cette intimité nouvelle qui les excite autant qu'elle les fascine, plongés dans un état d'euphorie dont ils voudraient ne jamais sortir.

Jamais leurs cœurs n'ont battu aussi fort, jamais la température de leur peau ne leur a semblé aussi ardente, jamais cette danse sensuelle de leurs langues entre elles ne les a à ce point envoûtés.

Adrien embrasse Marinette avec ferveur, comme si sa vie entière dépendait de ces baisers que sa compagne lui rend avec un égal enthousiasme.

Puis, au bout de ce qui lui semble être à la fois une fraction de seconde et une éternité, il détache doucement ses lèvres des siennes.

« On ne pourra pas aller beaucoup plus loin ce matin », prévient-t-il d'une voix rauque, ses doigts traçant des cercles paresseux sur les hanches de sa compagne. « J'ai une séance photo prévue. Je vais devoir partir dans pas longtemps. »

Le regard plus brillant que jamais et les lèvres rouges d'avoir été sollicitées si passionnément, Marinette lui sourit avec une infinie tendresse.

« Ce n'est pas grave », le rassure-t-elle avec un nouveau baiser. « On n'est pas obligés de se presser. »

Le visage d'Adrien s'éclaire à son tour d'un lumineux sourire avant que ses paumes et sa bouche ne retrouvent le chemin de la peau de Marinette, et que le jeune homme s'applique avec ardeur à profiter autant que possible de ces quelques minutes de voluptueux paradis qu'il lui reste encore.





L'après-midi est déjà bien entamé lorsqu'Adrien revient enfin de son travail.

« Pfiouuu, je suis content d'être rentré », souffle-t-il en se passant la main dans les cheveux.

Assise à la table du salon, Marinette relève la tête du carnet de croquis sur lequel elle dessinait jusque-là.

« Rude séance ? », lui demande-t-elle d'une voix intriguée.

« Interminable séance », précise son compagnon avec un sourire fatigué. « J'ai cru qu'on n'allait jamais finir. »

Le jeune homme fait un détour par le coin cuisine pour se saisir d'une pomme, puis se dirige vers Marinette. Il la salue d'une bise sur la tempe, se laisse tomber sur la chaise à côté d'elle et mord allègrement dans le fruit qu'il tient en main.

« Et le repas de midi était atroce », reprend-il entre deux bouchées, alors que Marinette le dévisage avec un regard compatissant. « Franchement, heureusement que ce n'est pas tout le temps comme ça. »

« Il n'y avait même pas de camembert », approuve Plagg avec une grimace dégoûtée. « Un vrai scandale ! »

Adrien jette un coup d'œil amusé à son kwami, puis s'attaque de nouveau à sa pomme.

Il ne faut guère longtemps au jeune homme pour finir son casse-croûte improvisé. Une fois le trognon jeté, il retourne s'asseoir aux côtés de Marinette, tête penchée vers son carnet pour mieux admirer son ouvrage.

Durant quelques minutes, les deux coéquipiers discutent joyeusement des derniers travaux de la jeune femme. Marinette expose ses dernières idées à son compagnon, lequel lui fait allègrement part de ses commentaires tout en suivant avec une véritable fascination la maîtrise avec laquelle son crayon glisse sur le papier.

A mesure que la discussion se poursuit, Adrien s'approche de plus en plus de sa partenaire.

Puis, sans autre signe avant-coureur, il incline le buste vers elle et dépose un baiser langoureux sur sa peau, quelque part à la jointure entre son épaule et la base de son cou. C'est avec la plus grande satisfaction qu'il la sent aussitôt frissonner sous ses lèvres, et qu'il note que ses pupilles se sont légèrement dilatées lorsqu'elle pose de nouveau le regard sur lui.

Le cœur battant tout à coup un peu plus vite, Marinette se penche à son tour vers Adrien.

Elle a tout juste le temps de penser qu'elle ne serait absolument pas contre le fait de reprendre leurs plaisantes activités du matin que soudain, quelqu'un sonne à la porte d'entrée de l'appartement.

Les deux jeunes gens sursautent aussi vivement que s'ils avaient été traversés par une décharge électrique et échangent un regard affolé.

Hors de question de laisser qui que ce soit découvrir la présence de Marinette.

Alors que l'un et l'autre se demandent si Adrien doit ou non ouvrir à ce visiteur inconnu, la sonnerie résonne encore, impérieuse et insistante, accompagnée d'un coup sec contre la porte.

« Dans la chambre », articule silencieusement Adrien, tout en pointant du doigt la direction du couloir. Marinette hoche brièvement la tête en signe d'assentiment muet, attrape son carnet de croquis et, accompagnée de Tikki, se faufile hâtivement hors du salon.

Une fois la jeune femme sortie, Adrien embrasse une dernière fois la pièce du regard à la recherche d'un quelconque objet susceptible de trahir l'existence d'une seconde personne vivant chez lui.

À priori, rien à signaler.

À priori.

Mais il n'a pas le temps de faire mieux.

À la fois contrarié et peu rassuré de devoir se contenter d'un examen aussi expéditif, Adrien se dirige vers la porte de son appartement. Il prend une profonde inspiration pour tenter de calmer les lourdes pulsations de son pouls, pose la main sur la poignée, et ouvre.





Le cœur d'Adrien s'arrête de battre en découvrant l'identité de son mystérieux visiteur.

Ou tout du moins, c'est l'impression que ça lui donne.

En tout honnêteté, le jeune homme n'aurait probablement pas été plus choqué s'il avait été frappé par la foudre.

« P-Père ? », balbutie-t-il, alors que mille pensées fusent tout à coup dans son esprit, tourbillonnant sous son crâne comme une nuée d'oiseaux affolés.

Son père n'est pas coutumier des visites surprises.

Il n'est même pas coutumier des surprises, tout court.

Son emploi du temps strictement millimétré ne laisse absolument aucune place à l'improvisation, quel que soit le sujet. Même son propre fils ne fait pas exception. D'ordinaire, Adrien doit prendre rendez-vous pour la moindre interaction avec lui, comme s'il n'était que l'un de ses innombrables employés.

Gabriel Agreste n'est pas coutumier des surprises.

Alors pourquoi ici ?

Pourquoi maintenant ?

« Adrien », le salue sèchement l'illustre styliste, visiblement inconscient des tourments que causent sa simple présence.

Sans attendre la moindre invitation, Gabriel passe devant son fils et pénètre dans l'appartement. Il traverse l'entrée et s'avance dans le salon, de cette démarche raide qu'Adrien lui a toujours connu depuis le terrible accident de voiture qui lui a autrefois brisé le dos.

Refusant de le laisser errer ainsi chez lui sans surveillance, Adrien s'approche à son tour.

Le pouls du jeune homme pulse à un rythme dangereusement fébrile alors qu'une irrépressible vague de panique enfle peu à peu en lui.

Il doit faire attention.

Contrôler ses mots, ses gestes.

Ne pas trahir Marinette.

Ne surtout pas trahir Marinette.

La gorge d'Adrien est horriblement sèche, la peau de sa nuque le démange, et le héros doit se faire violence pour résister à cette insoutenable envie de se passer nerveusement la main à l'arrière du crâne.

Alors que son père promène un regard acéré sur les alentours, Adrien sent un filet de sueur glacée descendre le long de sa colonne vertébrale.

Pourvu, pourvu qu'il ne remarque pas qu'il ne vit pas seul ici.

« Que... Vous vouliez me voir ? », lui demande-t-il en cherchant en vain à chasser toute trace d'anxiété dans sa voix.

Mains croisées dans son dos, Gabriel pose sur lui ses yeux d'un froid polaire.

« J'aurai souhaité parler à ton amie », lui annonce-t-il sans s'embarrasser du moindre préambule.

Le cœur d'Adrien se décroche dans sa poitrine pour plonger dans l'abîme qui vient de s'ouvrir sous ses pieds.

« M-mon amie ? », bredouille-t-il, soudain plus mort que vif.

Impossible.

Impossible.

Son père ne peut pas savoir.

« Mademoiselle Dupain-Cheng », précise posément Gabriel, anéantissant les derniers espoirs d'Adrien. « Je sais qu'elle est ici. Inutile de chercher à me mentir », ajoute-t-il en haussant un sourcil sévère.

La tête d'Adrien lui tourne alors que le jeune homme sent littéralement le sang fuir de son visage.

Livide, il jette un coup d'œil discret à sa montre, puis pose un regard horrifié sur son père. Son véritable père, sans le moindre doute.

« Je... », réussit-il tout juste à articuler, avant de refermer la bouche, incapable de poursuivre.

« Dois-je aller la chercher moi-même ? », insiste son visiteur en jetant un regard appuyé en direction du couloir dans lequel la jeune femme s'est engouffrée quelques instants plus tôt.

Alors qu'Adrien hésite encore entre s'enfuir et s'évanouir, la silhouette de Marinette apparaît dans l'embrasure de la porte.

Au vu de l'expression d'horreur incrédule qui a prit place sur ses traits, nul doute qu'elle n'a pas manqué une seule seconde de cette effrayante confrontation.

Le visage d'une pâleur de craie, elle marche droit vers Adrien et entrelace ses doigts avec les siens. Elle se cramponne à sa main comme si sa vie en dépendait, puisant dans sa présence la force de ne pas se laisser submerger par une terrifiante crise d'angoisse.

« Mademoiselle Dupain-Cheng », la salue Gabriel avec un bref hochement de tête.

Une seconde passe, puis une autre, sans que Marinette n'offre la moindre réponse à son interlocuteur.

Voyant la jeune femme rester silencieuse, Gabriel prend l'initiative de poursuivre la conversation.

« Histoire d'éviter tout malentendu, je préfère mettre les choses au point tout de suite », annonce-t-il sans détour. « Je sais que tu es Chat Noir », déclare-t-il en braquant un regard perçant sur son fils. « Je sais que vous êtes Ladybug », poursuit-il en se tournant vers Marinette. « Et », assène-t-il enfin à la jeune héroïne, « je sais précisément où se trouvent vos parents. » 












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Note : Inutile de préciser que je suis très satisfaite de ma fin de chapitre xD 

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