Chapitre 2 : 1,2,3... Et hôpital, nous voilà !

~ Lara ~

Je blanchis instantanément. Le flic était toujours aussi froid. Mon pouls s'accéléra. Me sauver ? Il ne me connaissait même pas ! Je n'étais qu'une femme qu'il avait rencontré sur un contrôle d'alcoolémie...

- Jusqu'où tu seras prêt pour la sauver, Fuentes ? Redemanda-t-il, mauvais.

- Si vous appuyez sur la détente, ce sera votre faute. Donatello peut vouloir ce qu'il veut. Je ne connais pas cette femme.

- Donc, si je la bute...

Ma respiration s'accéléra. Mon cœur me lâcha, manquant de me faire m'écrouler au sol si ce fou ne me tenait pas avec autant de force. Je me mis à suffoquer. Je fermais les yeux avec force, essayant de ne pas me laisser submerger par une nouvelle vague de terreur. C'était étrange de voir la mort d'aussi près. Mon regard tomba sur le visage plus pâle de la femme, inerte à mes pieds.

- Mais ce n'est pas le but... Je suis sûr que ce serait mieux si tu perdais tout.

Et des coups de feu se succédèrent. Le premier effleura à peine une femme. Mais le second transperça la jambe d'un des jeunes. Puis le troisième fit s'écrouler l'un de mes collègues. Un cri d'horreur m'échappa. Les gens se mirent à hurler. Mon collègue glissa à terre., contre la vitre, se tenant la poitrine. Je me précipitais vers lui, arrivant à me libérer de la poigne du braqueur sans savoir si c'était une bonne idée. Mon cerveau dysfonctionnait. 

- Non... non ! Frank ! Reste avec moi....

- Lara...

Les larmes affluèrent. Puis une main agrippa à mes cheveux. Je fus projetée en arrière et ma tête heurta violemment l'un des piliers en fer qui servait à délimiter les files d'attente. Et tout s'accéléra. Le flic bondit. L'arme vola, accentuant le vent de panique. Les portes s'ouvrirent et les otages se ruèrent dehors. Je secouais la tête et essayais de retourner près de mon collègue mais le corps à corps des deux hommes m'en empêchèrent. Un autre homme se dirigea vers mon collègue et lui appliqua plusieurs compresses directement sur la plaie.  Mais le sang coulait encore.

- Frank !!

Je ne compris qu'avec un temps de retard qu'il s'agissait d'un flic. Ce dernier me lança un regard tendu et évacua mon collègue sans pouvoir rien faire de plus. Je ramenais mes jambes contre moi et essayais de me hisser debout en m'agrippant au comptoir. La tête me tourna mais l'adrénaline devait refluer la douleur. Lorsque je réussis à me redresser à demi, le visage du braqueur fit soudain face au mien. Alors que mon cœur ratait plusieurs battements successifs, menaçant de me faire avoir une crise cardiaque, une explosion retentit. Encore. Ce fut à son tour d'écarquiller les yeux. Puis de s'écrouler.

Ma respiration se bloqua. Je le regardais sans comprendre, hébétée. Il se redressa à demi et sa main vint m'attraper la cheville pourtant sans conviction. Un pied se posa sur son poignet, le faisant lâcher. Je me forçais à relever les yeux et aperçus le blond qui l'accompagnait le soir ou je l'avais rencontré. Le flingue levé, il le baissa sur l'homme sans faire attention à moi pour le maintenir en joug, à quelques mètres de nous. 

- T'as perdu, reprit la voix froide du commandant. Et ne t'avises plus jamais de marchander la vie de quelqu'un avec moi. 

Un ricanement froid et mesquin échappa au braqueur. Il se retourna, après avoir jeté son téléphone à la gueule du flic. Ce dernier l'esquiva aisément, lui lança un regard de pitié. 

- Il te brisera et il commencera par elle.

- Je t'ai dit que je ne la connaissais pas, cassa-t-il en redevenant glacial.

- Mais ça... il s'en fout ! 

Le flic se baissa d'un geste fluide et vif pour le saisir par le col. Le braqueur ricana en me regardant.

- T'es foutue, ma mignonne. Il pourra rien pour toi. 

- Le soucis, l'interrompit le flic, c'est que tu n'as pas pu lui transmettre tes infos. Donc tu vas fermer ta gueule et laisser cette femme tranquille.

L'homme se remit à ricaner. Il fut embarqué par les pompiers juste après, me laissant dans un état transis. Le flic se baissa à mon niveau et tendit lentement la main vers moi.

- Allez, venez.... Ce n'est pas un endroit pour vous.

- C'est mon lieu de travail, souris-je tristement.

Puis je me rendis compte de la stupidité de la chose. Les larmes coulèrent doucement sur mes joues, la douleur explosa dans ma boite crânienne et j'entrouvris les lèvres sans que les mots ne les franchissent. J'étais lamentable. Le flic se rapprocha pour mieux m'agripper et me releva lentement. Je le laissais faire, hébétée. Son bras glissa autour de ma taille, m'empêchant de m'écrouler.

- Je vais vous salir..., repris-je dans un rire nerveux.

Il m'adressa un sourire qu'il voulut rassurant et se contenta de m'aider à marcher. Les corps valsèrent devant mes yeux. Je finis par me détourner de ce spectacle en regardant le visage du flic. Ce dernier remonta la main pour attirer mon visage contre son épaule. Je laissais mon visage s'enfouir contre sa veste, me dissimulant - du moins visuellement - la scène de crime qu'était devenu la banque. Les images continuèrent pourtant de valser dans mon esprit et devant mes yeux bien après que j'en fus sortie... 


~ Daniel ~
Je regardais mon ordinateur sans vraiment le voir. Mon collègue posa sa main sur mon épaule, me faisant relever les yeux.

- T'as fait tout ce que tu as pu, Dan.

- Il a tué quatre personnes et fait un blessé grave. Il a menacé cette femme. Cette...

- Lara ? Osa Adam d'une voix douce.

- Ouais. Et elle est encore à l'hôpital.

- Sous protection policière, me rappela-t-il.

- Et quand elle sortira ? Ricanai-je.

- On la mettra aussi sous protection policière.

- Tu sais comme moi qu'elle sera quand même en danger.

- Et je sais aussi que tu es assez têtu quand tu veux. Tu la protégeras, Dan. Comme tu l'as toujours fait. N'en fais seulement pas une affaire personnelle.

Un ricanement m'échappa. Il fallait que j'aille la voir. Elle devait témoigner. Et le procès allait prendre des plombes. Elle allait craquer. Et j'étais loin de pouvoir supporter un boulet comme cela dans mon travail. Je soupirais avec force et me remis au travail. Ma journée était loin d'être terminée...


Le soir même. 
Je poussais la porte de sa chambre d'hôpital au moment où elle l'ouvrait. Elle sursauta d'abord avant de me reconnaître. Un malaise grandissant la saisit alors que je rompais le silence qui s'était installé entre nous.

- Bonsoir.

- Euh.. bonsoir. Désolée, je dois y aller. On m'attend devant l'hôpital.

- Il ne vient même pas vous chercher jusqu'ici ? Raillai-je.

Elle haussa les sourcils de surprise avec un léger trouble. Puis elle comprit et leva les yeux au ciel. Elle avait changé d'habits et troquer son uniforme contre un simple jeans et un pull gris. 

- C'est ma meilleure amie qui est venue. Et non, elle ne vient pas parce que je lui ai demandé de m'attendre dehors. Je ne voulais pas qu'elle me voit en panique.

- C'est son rôle d'être là pour vous.

- Comme c'est le mien de la protéger.

- Vous avez été victime d'un braquage qui s'est transformée en fusillade...

Elle tressaillit avant de resserrer ses doigts sur son sac. Stress post-traumatique... super.

- Je.. dois y aller.

- J'aurais besoin de vous voir. Au commissariat.

- Bien sur..., sourit-elle avec absence. Je passerais demain dans la matinée.

J'hochais lentement la tête et l'accompagnais en silence dans les couloirs de l'hôpital. Doucement, ses épaules se détendirent. Son visage s'adoucit lorsque l'inquiétude qui la tenaillait jusqu'alors commençait à s'amenuiser. Une infirmière fit dégringoler un plateau rempli de boîtes métalliques à quelques mètres de nous, provoquant un tintamarre assourdissant dans le couloir. La brunette laissa échapper un cri avant de se jeter littéralement à terre, les mains sur les oreilles. Je me fermais les yeux une fraction de seconde puis m'accroupis à ses côtés en posant doucement mes mains sur les siennes pour ne pas l'effrayer. Pas de geste brusque, Fuentes.... 

- Du calme... regardez moi. Ce n'est que du matériel hospitalier. Il est en métal, c'est pour cela qu'il y a eu autant de bruit. Ce n'est qu'une infirmière, appuyais-je. Vous êtes en sécurité. Respirez profondément...

Sa respiration se saccada un peu plus alors qu'elle croisait mon regard. Je continuais à l'apaiser de mes mots, mes mains recouvrant toujours les siennes. Elle se laissa faire, retrouvant un semblant de respiration au bout de longues minutes. Je la relevais doucement et la forçais à me regarder. Elle me devança.

- Il... vous croyez que... Il était sérieux ? Quand il me menaçait ?

- Écoutez... on devrait en parler, demain. Un agent va vous accompagner jusqu'à chez vous ou chez votre amie, ne vous en faites pas. Tenez.

Je lui tendis ma carte où figurait mon grade, mon nom et prénom, mon numéro de téléphone personnel et le commissariat ou j'étais affecté.

- Si vous avez besoin... N'hésitez pas, d'accord ?

Elle hocha doucement la tête avant de me sourire à demi.

- Merci.... pour tout.

- Vous n'avez pas à me remercier.

- Mais je le fais quand même. 

Je laissais un léger silence s'installer avant de la voir hausser les épaules, comme mal à l'aise.

- Alors, de rien.

- Bon... Eh bien, je vais y aller. A demain... commandant Fuentes, finit-elle en lisant ma carte.

Je souris malgré moi et la laissais partir une fois que nous eûmes rejoints les portes de l'hôpital. Son amie était effectivement devant et la serra aussitôt dans ses bras. Je me contentais de la regarder faire, sentant le poids de l'enquête à venir me dépasser. Pourtant un murmure m'échappa. Et j'espérais de tout cœur qu'il soit de bonne augure.

- A demain.... Lara.


~ Lara, le lendemain ~
8h04. J'essayais de secouer la tête pour me sortir la journée de la veille de la tête, en vain. Je passais la porte de mon immeuble et souris à l'agent de police en faction. Il hocha la tête lentement avant de se diriger vers moi.

- Vous voulez sortir, mademoiselle Ellis ?

- En fait, j'aurais un service à vous demander...

- Je vous écoute.

- Vous pouvez me déposer à votre commissariat ? Le commandant Fuentes voulait que je passe et je... Je ne me sens pas de prendre ma voiture.

Un sourire se dessina cette fois sur le visage du flic et il me fit signe de le suivre dans sa voiture. Je m'exécutais de bonne grâce et 20 minutes et quelques embouteillages plus tard, nous étions devant sa DPJ. Je le remerciais une nouvelle fois avant de m'engouffrer dans le commissariat. Trois étages plus haut, je me retrouvais enfin devant le grand brun d'hier. Il semblait ne pas avoir dormi de la nuit. Il avait cependant changé de vêtements et portait un jeans noir avec un t-shirt blanc immaculé. Il se tourna et plongea aussitôt dans mes yeux. Au secours...

- Bonjour, laissa-t-il tomber dans un naturel désarmant comme s'il s'attendait à me voir aussi tôt.

- Commandant.

- Asseyez-vous, je vous en prie.

J'obéir, pourtant de plus en plus mal à l'aise. Il s'assit derrière son ordinateur et ouvrit plusieurs pages avant de replonger dans mon regard.

- Voulez vous quelque chose à boire avant de commencer ?

- Finissons-en, commandant, lui répondis-je avec lassitude.

Il hocha la tête et les questions fusèrent... Comment l'homme était arrivé ? Est-ce que je l'avais vu entrer ? Est-ce que j'avais vu quelque chose en particulier ces dernières semaines ? Est-ce que je le connaissais ? Est-ce que je l'avais déjà vu ? Mais c'était un échec total. Je ne savais rien de cet homme. Et pourtant, il m'avait menacé de mort et avait promis que j'allais subir encore beaucoup d'autres menaces et représailles par la suite... Les questions me crispaient mais je répondais, essayant de ne pas me braquer. C'était pour son enquête... C'était pour ma sécurité.


~ Daniel ~
Après une brève pause et l'impression de sa déposition, je revins dans le bureau. L'entretien n'avait donné que très peu d'informations et avait duré 3h. C'était déjà 11h30 ! J'avais dû récolter le maximum d'informations sur elle également et connaissais maintenant toute sa vie, administrativement parlant. Je me rassis et lui tendis le document de 4 pages.

- Relisez et signez si cela vous va.

Elle soupira, comme fatiguée et signa sans m'écouter. Je me retins de tout commentaire sur cette pratique et me redressais dans mon fauteuil. Maintenant, la mauvaise nouvelle. Je retins un tic nerveux et replongeais dans son regard. 

- Mademoiselle...

- Ellis.

- Mademoiselle Ellis, vous allez être placée sous protection policière.

- Quoi ?!

- Vous avez échappé à un malade mental, je vous rappelle.

- Qui m'a menacé par rapport à vous, se braqua-t-elle. Je n'ai pas besoin de protection. J'ai juste besoin... de solitude.

- Croyez-moi, même si c'est à moi de vous surveiller, vous ne resterez pas seule pour les jours à venir, mademoiselle Ellis.

Et comme je l'imaginais, sa réaction ne se fit pas attendre.


~ Et voilà pour la suite ! En espérant que cela vous plaira aussi !

Je vous laisse à vos commentaires, votre petite souris pour les votes et la lecture ! Bisouuuus ~

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