Chapitre 1 : Toi et moi ? Alcool, mon traître ami..

~ Daniel ~
Ma cigarette s'écrasa au sol. J'expirais une dernière fois la volute de fumée avant de retourner dans le commissariat. Mauvais vice, ricanai-je intérieurement en rejoignant mon bureau. Je saluais brièvement mes collègues, montant au dernière étage. Nouvelle semaine, nouvelles emmerdes. Mon collègue, affalé sur l'un de mes sièges, leva à peine la main quand j'entrais dans mon bureau. Je frappais sur ses chaussures, en équilibre sur mes dossiers. 

- Dégage tes pieds de là.

- Toujours de bonne humeur ! Railla-t-il.

- C'est l'effet que tu as sur moi, le narguai-je. Qu'est-ce qu'on a ?

- Meurtre. Un enfant de 8 ans. D'après les premiers éléments, la mère aurait pété les plombs et l'aurait étranglé parce qu'il pleurait.

- Antécédents psychiatriques ?

- Fuentes, travailler avec toi coupe toute envie ! Comment tu veux que je te donne quelque chose de croustillant quand tu sais déjà ce que je vais t'annoncer ?

- Ça fait 10 ans que je suis flic, Odonnel. Je commence à connaître tous ces cinglés.

- Bon anniversaire au fait.

- Merci, raillai-je.

- Eh mec, tu as intégré la police le jour de ton anniversaire ? Me demanda-t-il sans attendre de réponse. Sérieusement, t'aurais pu choisir une meilleure date !

- Crois-moi, on ne m'a pas donné de dates au choix, souris-je cette fois avec amusement.

Adam se passa la main dans les cheveux avant de me jeter le dossier sur le bureau. Je le pris rapidement pour constater les antécédents de la femme accusée de meurtre sur mineur. Je relevais les yeux sur lui, le détaillant plus que de coutume. C'était une brave bête. 1m80 pour 75 kilo. Blond, les yeux verts. Bien bâti. Il avait intégré le commissariat deux mois après moi. Nous avions été en équipe quasiment de suite et c'était ainsi depuis 10 ans. Il avait 27 ans, un an de moins que moi. Et c'était le genre de mec à plaire aux femmes. Le genre beau garçon. A son contraire, j'étais dans le genre bad boy et mon air froid me permettait de me préserver des midinettes. Nos bippers sonnèrent de concert, m'annonçant la catastrophe à venir.
Une suite de chiffre s'afficha et avant même que je ne croise le regard d'Adam, la raideur me gagna. Prise d'otage. En plein milieu d'une banque.

Le mouvement se mit en marche seul. Les équipes se formèrent. Je me fis interpellé plusieurs fois avant de passer mon propre gilet par balles. Nous partîmes avec Adam et deux autres flics. J'avais le volant. J'étais le plus gradé, il fallait dire. Je pris la radio, la pression commençant à m'oppresser.

- "Appel à toutes les unités, l'homme est armé et dangereux. Personne ne franchit le périmètre de sécurité ! Le premier qui souhaite faire le héros risque de le regretter longtemps. Pour les capitaines, établissez immédiatement un périmètre de sécurité et déployez vos hommes le plus vite possible. Éloignez-moi les cibles potentielles et trouvez-moi les failles de ce malade."

Des infos me parvinrent. Nous arrivâmes trop vite sur les lieux. Nous n'étions jamais prêts pour de tels événements imprévisibles et à risques. L'équipe d'intervention se mit en place dans une cadence millimétrée. Je m'avançais vers le flic présent et balayais la place du regard. Un périmètre avait en effet été établi mais des badauds traînaient encore autour de nos voitures. Curiosité de merde.

- Combien d'otages, commandant ?

- Commandant Fuentes..., me salua-t-il sans me regarder. Ravi de vous avoir parmi nous. La prise de contact a été établi. D'après les caméras, une dizaine.

- Des blessés ?

- Pas encore...

Et regardant la vitre visible de la banque, je remarquais enfin le soucis. Les otages étaient devant les vitres. Les mains attachées dans le dos, le visage face à nous. Nous serions les premiers à assister au massacre à la moindre erreur. Et la chance voulue que je fus l'officier chargé de la négociation.


~ Lara ~
Je vidais mon verre d'une traite avant de le poser sur la table basse de ma meilleure amie. Des cris éclatèrent alors que je levais la main pour frapper la sienne.

- Girl power, bébé ! Cria-t-elle complètement saoule.

Un rire m'échappa. Nous fêtions les 25 ans de son meilleur ami. Un très bon ami à moi aussi. Nathanaël. Un beau goss, brun aux yeux bleus. Un petit canon qui éclipsait beaucoup de ses amis sans le vouloir. Il était simplement lui. Nous étions proches mais il n'y avait jamais rien eu d'ambiguïté entre lui et moi. Quoi que peut être au début... Mais nous étions maintenant simplement amis et cela était clair depuis presque 7 ans que je le connaissais. Il m'attrapa par les épaules, le regard narquois.

- Eh bébé, je veux te voir minable pour mon anniversaire !

Un autre rire m'échappa. Il me tira la main, me forçant à me lever. Ma tête tourna, m'envoyant valser contre son torse. Sa main vint se caler contre ma joue, me forçant à le regarder. Son regard se fit rieur.

- Ça tourne ?

- Ouais...

- Tant mieux !

Et il tira ensuite la main de ma meilleure amie. Nous étions maintenant tous les trois levés comme des cons, attendant son bon vouloir. Marissa s'accrocha à moi en gémissant, manquant de déchirer ma robe. Je l'avais passé à force de persuasion de la blonde à mes côtés. Je détestais ces habits. J'étais plutôt classique. Mais bon... Marissa ne cessait de vouloir que je mette en avant "mon petit cul dodu". Donc je m'exécutais dans un simple gain de temps. J'étais brune, les yeux marron clairs. J'avais les cheveux assez longs. Je devais mesurer dans les 1m65, taille classique d'une femme. A peu près ! Et pesais dans les 50 kilos. Marissa était ma copie conforme mais en blonde. Et en un peu moins musclée, ayant pour ma part un passif de sportive.

- Allez ! Go en boîte ! Cria soudain le grand brun.

- Nath, tu ne tiens même pas debout ! Raillai-je.

- Parle pour toi ! Ricana-t-il. Je compte bien faire la fête jusqu'à 8h demain matin.

Un rapide coup d'œil à ma montre m'indiqua à peine minuit et à mon plus grand malheur, je dus constater l'état lamentable dans lequel j'étais déjà. Il n'en fallut pas plus à mon ami pour nous entraîner à sa suite, partant à pied. Nous finîmes par rejoindre l'une des boîtes du centre ville, 35 minutes plus tard. 35 longues minutes plus tard. Je n'avais plus de pieds ! Ça m'apprendra à faire la belle avec des talons... La musique finit par m'entourer et la seule chose de réelle fut la main de Marissa que je serrais avec force dans la mienne.

Nous sortîmes vers les 6h, complètement saouls. Nath alla plusieurs fois au milieu des voies de circulation et on eut toutes les peines du monde à le ramener avec nous sur les trottoirs. Nous étions une quinzaine. Nous ramenâmes la plupart des gens sur le chemin et finîmes par faire le chemin de retour à l'appart de Nath à 4. Marissa, lui, son meilleur ami Thomas et moi. Tous bleus. Et Nath était décidé à continuer la soirée... Ou plutôt les conneries. 

- Nath ! Cria Marissa. Reviens-là !

- Je suis une hirondelle !

- Ouais, il nous manquait qu'un BirdMan..., grommela-t-elle en manquant de tomber. On verra demain pour apprendre à voler. On retourne dans le nid maintenant ! Reprit-elle d'une voix faussement maternelle. 

Je lançais un regard amusé à ma meilleure amie alors que Thomas se tenait les côtes pour ne pas se retrouver par terre, hilare. Mais lorsque je tournais la tête pour appeler Nathanaël à mon tour, une patrouille de flics l'avait intercepté un peu plus loin.

- Oh merde... Lara ? Je suis grillée, je tiens plus en place, grimaça Marissa.

- Je..  m'en occupe, articulai-je enfin.

Accélérant le pas en évitant de chanceler, je rejoignis mon ami qu'un des flics tenait à bout de bras. Son regard froid me percuta aussitôt, implacable. J'essayais de lui sourire le plus naturellement possible, sachant déjà que la négociation allait être compliquée.

- Désolée, nous avons un peu trop fait la fête. Mon ami...

- Est complètement bourré,  finit-il à ma place d'une voix froide.

- Écoutez... c'est son anniversaire, plaidai-je. Et on a juste fait la fête. D'ailleurs, on rentrait.

- Eh, Lara non ! On va boire chez moi ! J'ai encore...

Mais Nath vacilla violemment, me percutant de plein fouet. Je perdis l'équilibre et le second flic dut bondir littéralement pour que je ne m'éclate pas lamentablement par terre. Je grimaçai alors que mon ami s'excusait en pouffant. L'alcool embrumait encore mes pensées mais pas au point de ne pas comprendre que le brun allait finir par perdre patiente.

- C'est bon, embarque moi-le. Il finira la nuit en cellule.

- Eh non ! Protestai-je. Je suis tout à fait capable de le ramener avec moi.

Je me défis de l'emprise de son collègue et agrippais mon ami par le poignet en lui lançant un regard sans appel. Mais le flic avait décidé de ne pas en rester là.

- Ah oui ? Donc si je vous fais souffler, vous serez en dessous du seuil autorisé ? Ricana-t-il.

- Vous savez très bien que je suis alcoolisée et que je ne passerais pas le test d'alcoolémie, sifflai-je avec agacement.

- Donc vous êtes un danger pour les autres : ivresse sur la voie publique, conclut-il. Vous n'arrivez même pas à le tenir, mademoiselle. Soyez lucide si cela vous est encore possible.

Je fronçais les sourcils alors que Marissa me rejoignait pour tenir son meilleur ami avec moi. 

- Je suis encore lucide, claquai-je froidement. On voudrait simplement rentrer. S'il vous plaît, rajoutai-je précipitamment. On habite au bout de l'avenue !

Je lui communiquais l'adresse pour qu'il vérifie ainsi que mes papiers d'identité. Nathanaël s'agita malgré mon regard réprobateur. 

- Oh les relous..., rala le grand brun dans mon dos.

- Bon ça suffit ! Ramenez le dernier abruti qui vous attend de l'autre côté du trottoir et on y va. Nous n'avons pas que cela à faire ! 

- Mais...

- On vous ramène ! Claqua froidement le grand brun à quelques centimètres de mon visage.

Etais-je vraiment si près de lui, il y a quelques secondes ? Je voulus répliquer mais mes idées s'embrouillèrent. Avant que je ne puisse reprendre mes esprits, il reprit le bras de Nath et le força à monter à l'arrière du fourgon. Le blond se dévoua pour rester avec nous, visiblement plus cool que son collègue. Il s'installa à mes côtés, seule place encore libre face notre Birdman international. Je soupirais discrètement quand le véhicule se mit en marche, m'attirant le regard compatissant du blond.

- Rude journée ?

- Vous ne croyez pas si bien dire... Et vous ?

Un sourire se glissa sur son visage malgré l'ombre qui venait d'assombrir une fraction de seconde son regard.

- Croyez moi, vous êtes le cas le plus... "calme" de ma journée.

Je souris malgré moi et finis par poser la tête contre la tôle de la camionnette. Cinq minutes plus tard, le brun stoppa le véhicule au bout de la rue, en face de notre appartement. Le blond ouvrit la porte j'attendis que mes amis sortent pour les rejoindre. Sauf que l'alcool crut bon de flouter ma vision au même moment, faisant riper mon talon sur le bord de la camionnette. Seul le premier pied au sol, je me retrouvais projeter dans les bras en béton armé du grand brun. Son bras entoura ma taille d'un geste vif avant qu'il ne soulève ma jambe avec lenteur, libérant ma maudite chaussure. Son regard revint alors sur mon visage, me faisant tressaillir. Je m'écartais aussitôt, percutant la portière qu'il venait de refermer dans mon dos. Mes amis disparurent de mon champ de vision, accompagnés du blond qui s'assurait de les voir entrer dans l'appartement. Le flic resta immobile un court instant, me bloquant la respiration. Il finit par reculer de quelques pas, un sourire fugace glissant sur ses lèvres. 

- Vous devriez aller retrouver vos amis... Lara, lut-il sur ma carte d'identité avant de me la rendre.

Son regard m'incendia littéralement. Je finis par retrouver un semblant de lucidité et me redressais lorsque le blond nous rejoignit. Je les remerciais rapidement et filais au pas de course de l'autre côté de la rue sans demander mon reste. Marissa me sourit sans se douter de ce qu'il venait de se passer. Ma peau me brûlait des traces de doigts du brun mais je me forçais à ne pas me toucher. Je me tournais vers les flics que je savais encore de l'autre côté du trottoir et plongeais à nouveau dans son regard. Je fis aussitôt volte-face et disparus enfin dans le couloir, soulagée malgré tout d'être rentrée.


~ Un mois plus tard, Lara ~

Je poussais la porte de mon lieu de travail, un sourire aux lèvres. J'avais passé un simple jeans, des talons et un t-shirt blanc près du corps. Ma veste de costume venait compléter ma tenue. Ma patronne me sourit en me voyant avant de retourner à ses occupations. Nous étions le premier lundi d'octobre. L'une des mois où nous avions toutes les mises à jour à faire, des ouvertures de compte fréquentes ou tout autre changement pour les étudiants qui prenaient leur logement et commençaient leur assurance. Je souris à mes collègues avant de filer dans mon bureau pour me mettre au travail. 

Je bossais dans une banque depuis cinq ans passé dejà. Et autant dire que je le vivais plutôt bien ! J'avais commencé à temps partiel et avais finalement obtenu un CDI à la fin de mes études, il y a deux ans. Mais vers les coups de dix heures, alors que l'agence était déjà pleine et que nous étions tous occupés à remplir des dossiers ou autres fiches administratives, je me rendis à l'accueil avec une légère appréhension, ramenant un client. Je pris ma permanence et souris à mon collègue. Avant... ce bruit assourdissant. Je me tournais vers l'agent de sécurité toujours posté proche des portes d'entrée mais je ne croisais ni son regard protecteur ni son sourire paternel. Il s'écroula, une flaque de sang se formant déjà sur le carrelage. Le temps ralentit considérablement. Lorsque je levais la tête, un homme retirait en l'air, nous faisant nous figer ou nous accroupir. Puis son arme se tourna vers nous, à l'accueil. Et tout dégénéra. 

- Mettez-vous tous au sol ! Hurla-t-il en rechargeant son arme. Tout de suite !  Videz vos sac et mettez vos téléphones au milieu ! Le premier que je vois en train de composer le numéro des flics, je le butte, ricana-t-il. 

Mon pouls s'accéléra violemment et mon collègue dut me tirer à ses côtés, pour me faire asseoir au sol. L'alarme se déclencha, m'explosant les tympans. Le braqueur se tourna vers nous, nous menaçant de son arme. Je levais les mains en l'air, paniquée. Il explosa la caméra juste au dessus de moi avant d'attraper l'une de mes collègues. En même temps, nos uniformes ne faisaient que nous différencier des clients et nous marquer d'une croix rouge pour ce fou furieux. 

- Toi ! Tu me fermes ces portes, tout de suite !

Ma collègue s'exécuta en tremblant. Le tireur se dirigea alors droit sur nous, s'adressant à mon collègue.

- Toi ! Où sont les coffres ?

- Au fond de l'agence...

Avant qu'il n'ait pu finir, l'homme le saisit par le bras et le força à se relever. Les minutes passèrent. Sa main lâcha mon bras, me laissant seule. Personne n'osait bouger. L'homme pouvait nous avoir dans sa ligne de mire sans problème. Des sirènes explosèrent au loin, nous avertissant de l'arrivée de la police. Le braqueur revint moins d'une minute après, un sac rempli de billets. Il le posa au sol avant de donner un violent coup de crosse sur le crâne de mon collègue, le faisant tomber au sol. Des cris de panique nous gagnèrent alors que je sentais ma respiration devenir difficile. Le téléphone sonna, nous faisant sursauter. Le braqueur fit volte-face et serra les mâchoires. Il agrippa cette fois une cliente au passage et l'attira contre lui avant de décrocher en haut-parleur. Le bureau d'accueil était dans mon dos et je sentis une sueur froide me pétrifier.

- Quoi ?!

- "Ici, le commandant Dolari".

- Cassez-vous ! L'interrompit-il aussitôt. Je ne veux pas voir les flics devant la banque !

- "Monsieur, vous savez que ce n'est pas possible..."

- Alors, passez-moi ce fumier de Fuentes ! Le coupa-t-il en fureur. Je ne veux personne d'autre ! 

- "Le commandant Fuentes n'est pas là..."

Un coup de feu explosa et la femme que le braqueur tenait jusqu'alors contre lui tomba au sol, une balle dans le crâne. Ma respiration se bloqua alors que l'horreur de la situation commençait à me frapper de plein fouet. Il nous exécutait un par un... La voix du malade reprit, me glaçant le sang.

- Trouvez-moi ce fils de pute. Si vous rappelez et qu'il n'est pas là, je tuerais une autre personne. Vous avez déjà tué une femme, commandant Dolari. Faites gaffe !

Et il raccrocha violemment le combiné. Pitié, commandant... venez. Et vite ! Mon regard retomba sur la femme que le braqueur venait de butter de sang froid et malgré moi, je ne pus détourner le regard, pétrifiée par l'horreur alors que ses cheveux blonds se teintaient de rouge. 


~

Une demi-heure était passée depuis le dernier appel de la police. J'avais retourné et analysé la situation des centaines de fois. Le braqueur portait une simple casquette qui cachait ses cheveux noirs, un jeans délavé et un t-shirt noir dissimulé sous une veste de même couleur. Il avait un sac à dos d'où il avait sorti plusieurs chargeurs et des baskets rouges aux pieds. Son regard fou ne présageait rien de bon et sa fureur grandissait à chaque minute supplémentaire. Il devait faire 1m75 et 70-75 kilos. Nous sommes 42 : 2 morts et 1 blessé, me récitai-je en tentant de conserver mon calme. Il restait donc 18 femmes et 22 hommes. Parmi ce chiffre, 3 enfants. 6 jeunes - entre 20 et 25 ans - et 10 membres du personnel. Parmi... Le téléphone rompit le silence assourdissant, me faisant sursauter.

- Fuentes ? Cracha le banquier.

- "Lui-même, répondit une voix masculine".

Je fermais les yeux, espérant que ce mec nous sortirait de là par je ne sais quel miracle. Le braqueur reprit alors que je me recroquevillais sur moi-même. Il était à nouveau qu'à quelques pas de moi.

- Je savais que ce jour viendrait...

- "Qui êtes-vous ? Demanda le flic".

- Cela n'a pas d'importance ! Je dois te faire échouer, c'est tout.

- "Qu'est-ce que vous voulez que j'échoue ?"

- Mais tout... répondit lentement l'homme. Tu ne les sauveras pas tous. Tu vas échouer lamentablement. Mais je vais te laisser une chance de les sauver quand même, ricana-t-il.

- "Si vous faites encore quelque chose contre l'un des otages, je refuserai de parler avec vous, gronda le flic".

- Oh mais rassure-toi, enfoiré... C'est toi qui vas les tuer.

L'annonce nous glaça le sang. Des gestes de panique se firent ressentir de part et d'autre de la salle, énervant le braquant.

- Personne ne bouge ! Hurla-t-il. Le premier qui bouge, je lui éclate la cervelle ! 

Le calme revint instantanément. Je regardais la scène d'un air glacé. L'arme du type se posa sur la tempe de l'un des clients et il sourit avec un amusement morbide en reprenant le téléphone.

- "Qu'est-ce que vous voulez ?"

- Je veux que tu crèves ! Alors, en gentil petit héros, tu vas venir prendre leur place pour que je puisse te regarder te vider de ton sang.

- "Vous savez que je ne peux pas venir sans..."

Avant qu'il ne puisse finir, le coup partit. L'homme s'écroula, nous faisant crier de terreur.

- Mauvaise réponse !

- "un geste de votre part ! Siffla le flic de l'autre côté du combiné. Je vous avais dit de ne pas leur faire de mal !"

- Assume ta honte et viens voir le cadavre encore chaud de l'homme que tu viens de faire mourir, cracha l'homme sans relever. 

- "Vous avez appuyé sur la détente. Pas moi. Qu'est-ce que vous me reprochez ?"

- De ne pas avoir fait ton job de connard de flic ! T'as quinze minutes pour te ramener dans l'agence ou je te préviens que je bute encore un otage, Fuentes !

Et cette fois, ce fut le braqueur qui raccrocha. Il tourna son arme vers les gens proche des vitres et leur désigna la porte du menton.

- Vous tous ! Vous vous mettez devant les portes et les fenêtres ! Le premier qui bouge, le premier qui désobéit, je le butte ! Tout de suite ! 

Les gens se levèrent dans un bordel incroyable. J'allais me lever avec l'une des femmes encore à mes côtés mais l'homme nous braqua avec son arme, le regard froid.

- Vous, vous restez là. J'espère pour vous qu'il va ramener son petit cul ou vous serez les prochaines.

Il ricana sombrement alors que la femme se mettait à pleurer. La panique qui s'empara de moi fut alors d'une violence inouïe et me noua l'estomac. Des dizaines d'images se succédèrent. Je regardais les visages sans vraiment les voir. Les émotions se ressemblaient : la peur, la terreur, l'angoisse... J'essayais de reprendre ma respiration tout en sachant que les quinze minutes qui allaient suivre seraient les plus longues de ma vie. Le temps finit par s'écouler et personne ne passa la porte de l'agence. Je fermais les yeux, sachant que le coup finirait par partir. Mais soudain, un coup fut frappé contre la vitre. Je les rouvris brusquement et sentis une vague de soulagement m'électriser.

- Ouvrez-lui ! Cria le braqueur.

Il se déplaça sur ma gauche pour ne pas être dans l'axe de tir de la porte. Le dénommé Fuentes entra lentement, jetant un regard circulaire dans la pièce. Je ne remarquais que ses habits de civil. Il l'avait appelé commandant, me rappelai-je. Cela s'expliquait surement comme cela. Le braqueur s'avança lentement, ordonna de refermer la porte et braqua son arme sur le flic qui avait les mains en évidence.

- Ton arme !

- Vous croyez vraiment que je serais venu armé ? Ricana-t-il.

- Ne me prends pas pour un con, petit fils de pute !

- Vous n'avez qu'à me fouiller. Je n'ai pas mon arme, répondit froidement le flic en le regardant droit dans les yeux.

Il se raidit avant de tourner le canon de son arme vers moi. Je me figeais, la peur empêchant mon cerveau de réagir.

- Toi, tu vas le fouiller ! Bouge ! Hurla-t-il de suite après.

Mes mouvements furent dignes d'un automate. Je me rapprochais du flic en manquant de trébucher et avançais des mains tremblantes vers sa taille. Je passais mes doigts sur sa ceinture puis dans son dos sans rien trouver, mis à part son étui vide. Avant que je ne puisse me reculer, le braqueur m'ordonna de lui palper les jambes en posant le canon sur ma nuque. Je relevais le regard sur le flic et tressaillis violemment. Ce dernier resta impassible. Putain de merde. C'était le flic qui avait voulu me foutre en dégrisement avec Nathanaël ! Je repris ma respiration avant de m'exécuter. Sans rien trouver de plus. Je me relevais donc et reculais pour reprendre ma place, me rasseyant contre l'accueil. Je levais alors le regard sur le braqueur, essayant d'articuler le plus distinctement possible. 

- Il... n'a aucune arme.

- J'espère pour toi, siffla-t-il en le regardant à nouveau. Ah, Fuentes... Cela, c'est pour la minute de retard.

Je relevais vivement le regard mais l'arme dévia. Et la femme à mes côtés s'écroula contre moi. Une vague d'éclaboussure de sang me frappa de plein fouet, recouvrant la partie droite de mon visage. Ma respiration s'emballa aussitôt, devenant de plus en plus difficile. Les cris avaient explosé autour de moi et pourtant, je n'arrivais pas à les entendre. Le corps sans vie s'écroula sur moi et sa tête percuta mes jambes. Le trou béant de la plaie par balle fut plus que la seule chose que je vis. Un hurlement m'échappa alors qu'un haut-les-coeurs menaçait de me faire m'évanouir. J'avais inconsciemment relevé les mains lorsqu'elle avait glissé et mes réactions m'échappèrent. Les sanglots remplacèrent mon hurlement et j'essayais de repousser son corps, le sang poissant mon chino heureusement noir. Mon chemisier blanc n'eut pas cette chance. Je sentis le liquide traverser le tissu, finissant de me faire suffoquer. La voix du braqueur cria quelque chose mais j'étais incapable d'écouter. Je le vis avancer mais deux mains me saisissaient déjà les joues. Je voulus les attraper pour m'en défaire lorsque je remarquais la couleur de mes doigts... aussi poissés de sang. J'en avais partout. Les doigts resserrèrent leur emprise, me forçant à plonger dans deux yeux noirs de geai. Sa voix me parvint enfin. 

- Ecoutez-moi ! Calmez-vous, il faut que vous retrouviez votre calme... Je sais que c'est dur, que ça vous parait impossible mais vous êtes capable de le faire.... Elle n'est plus sur vous, rajouta-t-il quand il sut qu'il avait capté mon attention. Calmez-vous et respirez lentement.

Je voulus tourner la tête mais il resserra son emprise, en secouant la tête. 

- Non. Ne regardez que moi. Respirez lentement... Vous sentez mon pouls ? Me demanda-t-il en déplaçant ma main contre son cou. Calquez le vôtre sur le mien... 

Je baffouillais quelques secondes avant d'acquiescer et de fermer les yeux pour essayer de retrouver une respiration normale. Calquez-vous sur mon pouls... Il me maintint contre lui alors que ma respiration ralentissait encore, redevenant quasi normale. J'essayais - en vain - de faire abstraction de mon environnement alors que le flic continuait de me rassurer, d'une voix étrangement douce. Ses doigts glissèrent doucement dans mes cheveux mais le canon froid de l'arme y revint également, me faisant rouvrir violemment les paupières. Je plongeais dans le regard apaisant mais autoritaire du commandant qui m'exhortait silencieusement à garder mon calme. Mes doigts se resserrèrent autour de sa peau sans que je n'arrive à me contrôler.

- Alors voilà ta faille, Fuentes...., lâcha le braqueur d'un air penseur. En plusieurs braquages, tu ne t'es intéressé à aucun otage et voilà qu'il y a elle... Je ne suis pas le seul à vouloir te détruire, ricana-t-il. Alors on va jouer. Et on va voir si tu arrives à la sauver. Ma belle, ta vie est entre les mains de ton connard de flic, ricana-t-il encore en me repoussant de la crosse de son arme.

Un gémissement de peur m'échappa, me faisant m'agripper un peu plus fort à lui. Il avait fallu qu'on se rencontre alors que j'étais complètement bourrée. Et seulement quelques semaines plus tard, voilà qu'il avait ma vie entre les mains... Mon regard lui lançait clairement un appel de détresse mais le sien restait stoïque. 

- Respirez....

- Ne me laissez pas... Je vous en supplie, murmurai-je.

- Je vous sortirai de là, me promit-il sur le même ton. Respirez... Qui est ton boss ? Reprit-il un peu plus fort pour le braqueur. Je suppose que si tous les braquages de ces derniers temps étaient destinés à me faire réagir, c'est qu'il a quelqu'un derrière de plus gradé que toi. 

Mais avant que ce dernier ne se décide de répondre, il s'empara de mon bras et me tira contre lui. Le flic grinça des dents à s'en briser les mâchoires en se redressant avec lenteur. Le braqueur pointa encore son arme sur moi, ses doigts s'enfonçant dans mon bras sans délicatesse. 

- Donatello. Tu devrais te rappeler de ce nom, sourit-il. Alors... Jusqu'où tu seras prêt à aller pour pas que je ne la tue ?


~ Première partie d'une nouvelle histoire ! J'attends vos avis, vos impressions, vos votes et vos commentaires ! Des bisouuus ! ~

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