Chapitre 23.1

Bonsoir à tous ! J'espère que vous allez bien ! Je suis super contente d'avoir pu écrire la suite. J'y ai passé tout l'aprem mais ça vaut le coup ! Je fais le chapitre un peu plus long, il doit être aux alentours de 2000 mots. J'espère en tous cas qu'il vous plaira !

Bonne lecture à tous.

Des bisouus !

Elena


____________________________


Après avoir discuté avec Eirik, j'avais soudainement ressenti le besoin de prendre l'air. J'avais besoin de décompresser, de digérer. Et éventuellement d'organiser mes idées avant de passer à la suite. Eventuellement.

Ma tête était cotonneuse, remplie d'informations qui me dépassaient. Et pourtant, je savais que je n'avais pas le luxe de m'accorder du temps pour y penser. Parce que le Centre voulait notre tête. Parce qu'une femme voulait anéantir l'espèce des sorciers. Parce que la meute de David Jones était pourrie de l'intérieur et que ce n'était qu'une question de temps avant que tout ça ne nous retombe dessus.

Les enjeux étaient trop grands, trop puissants. Et ce mal de tête qui ne me quittait plus depuis quelques heures... D'après le sorcier, Elyas Donovan, ce n'était qu'une question de temps avant que tout ne soit dévoilé. En réalité, cela arriverait aux alentours de la pleine lune.

La pleine lune... Elle exacerbait nos sens. Elle faisait jaillir ce qu'il y avait de plus primitif en nous, que ce soit un besoin territorial, de reproduction, ou que cela concerne la chasse. La pleine lune était terrifiante car nous faisions face à nos instincts, à ce qu'il y avait de plus sombre en nous. Des corps qui dansaient ensemble, des corps qui se frappaient et qui se déchiraient... Voilà de quoi était composée cette soirée.

Ma tête se tourna, comme un automatisme, en direction d'Elisabeth Jones qui marchait doucement vers moi. Comment allait se passer cette pleine lune pour nous deux ? Maintenant que je savais qui elle était pour mon alter ego et pour moi-même, je ne pouvais plus ignorer ce qui nous liait. Il était évident que cela allait devenir encore pire à la pleine lune, que nos loups allaient désirer plus, beaucoup plus. Il fallait envisager qu'ils se lient, intimement parlant.

Et je ne pouvais pas le permettre. Pas alors qu'Elie et moi n'avions pas commencé le même jeu. Il était terrifiant de se rendre compte, après une pleine lune, que notre loup avait joué avec un autre que nous ne connaissions pas. Je ne voulais pas de ça. Pas pour elle en tous cas. Il fallait que j'accélère les choses.


     -Damian ?


Elisabeth était parvenue jusqu'à moi, posant sa main sur mon bras, électrisant mes sens. Ce besoin de toucher l'autre... J'avais le même. Ma main brulait de caresser chaque centimètre de sa peau.


     -Oui ?


Mon regard s'était tourné vers le sien, hypnotisant. Ses grands yeux bleus me dévisageaient. Jamais je ne les avais trouvés aussi profond.


     -Tu avais l'air dans tes pensées.

     - Je l'étais, lui répondis-je.


J'avais une conscience aiguë de sa proximité, et de sa main tout contre mon avant-bras. Elle ne l'avait pas enlevé, et je ne lui avais pas fait remarquer non plus. À leur tour, mes doigts vinrent doucement enlever une mèche blonde, collée sur son visage par le vent. Ils effleurèrent sa bouche, que je regardais un instant, avant que mes yeux remontent vers les siens.

C'était électrisant, de la sentir aussi près, de sentir qu'elle ne me repoussait pas. Engageant aussi. Mais j'avais tout, sauf envie de la brusquer.


     -J'aimerais qu'on se redonne rendez-vous d'ici deux ou trois jours, comme la dernière fois.


Par la dernière fois, j'entendais dans le chalet dans lequel nous étions arrivés grâce à Elyas Donovan. Billy et moi avancions plutôt bien de notre côté et nous aurions tous les éléments qu'il nous fallait d'ici deux ou trois jours. Je le sentais.

Elisabeth hocha doucement la tête avant de serrer sa main sur mon avant-bras. Pas suffisamment fort pour que j'ai mal, mais suffisamment pour me faire comprendre qu'elle était mortellement sérieuse.


     -Ça tombe bien. Ce sera l'occasion pour te parler d'Amalie.


Je souris en coin, pas très surpris. Evidemment qu'elle allait me parler d'Amalie. Elle était l'une de ses louves, et le fait que je l'ai menacé n'avait pas dû lui faire plaisir.

Je hochai à mon tour la tête, pour lui signifier que j'avais compris. Pensant la discussion close, j'amorçais quelques pas en direction de chez moi quand une pression sur mon avant-bras me retint.


     -Tu... Tu as quelque chose de prévu pour cette fin d'après-midi ?


Je la regardais un peu surpris, ne m'attendant pas du tout à ce qu'elle me le demande.


     -Je comptais me défouler, admis-je dans une grimace.


Ça en devenait un besoin. Le sport aidait à avoir les idées claires, à éliminer toutes les mauvaises pensées que nous accumulions au fil des jours. J'avais toujours été très sportif, depuis mon plus jeune âge. En réalité, depuis que j'avais rejoint le Centre. Or, je n'avais plus fait d'activité depuis que j'étais à Mørk Dal. Et c'était en train de me rendre fou.


     -Suis-moi, je connais l'endroit parfait pour ça.


*

Gauche, droite, gauche, esquive.

Esquive, esquive, gauche, droite.

Nos halètements emplissaient l'air alors que nous nous tournions autour, cherchant la moindre faille dans la garde de l'autre. Attendant le bon moment pour attaquer.

Lorsqu'Elisabeth m'avait demandé de la suivre, j'avais accepté, sans vraiment être convaincu. Finalement, je ne regrettais absolument pas. Elle avait compris, sans même que je lui dise, ce dont j'avais besoin. Frapper, me défouler, ne penser à rien.

La droite d'Elisabeth me remit à ma place, alors que mon pied partait déjà en direction de ses cotes. Nous nous éloignâmes tous les deux, moi un peu sonné par son poing et elle, le temps d'encaisser mon coup de pied.

Elie se défendait bien. Bien mieux que ce que j'espérais mais...


     -Sois plus sérieux Damian, ne retiens pas tes coups.

     -Je pourrais en dire autant de toi, lui répondis-je.


Nous nous sourîmes un instant avant de nous replonger dans le combat. Elle voulait du sérieux hein...

Alors j'accélérai, un petit peu tout d'abord, puis plus fortement en voyant qu'elle tenait parfaitement le rythme. Nous enchainions : coup de poing, coup de poing, coup de poing, coup de pied... C'était à celui qui abandonnerait le premier.

Elisabeth avait une très bonne maitrise. Elle était vive, rapide, agile, se déhanchant sur chacun de ses coups de pieds et accompagnant chacun de ses coups de poids. Elle manquait juste un peu de souffle.

Alors j'accélérai encore le rythme, cherchant à l'essouffler, cherchant à ce qu'elle perde de la lucidité.

Ce qui arriva assez vite. Je lui donnai l'impression de lui laisser une ouverture grossière et comme prévu, elle s'engagea dans la faille. J'esquivai aussitôt avant de lui faucher les jambes, et me ruai sur elle avant qu'elle ne puisse se relever. Mes deux jambes lui bloquèrent les bras alors que ma main appuya sur sa gorge.

C'était terminé.

Elle tapa deux fois au sol du plat de la main et je me dégageai immédiatement, m'essayant juste à côté d'elle. Elle s'assit à son tour, et rejeta la tête en arrière, essoufflée. Pour ma part, je commençais doucement à enlever les bandes qui entouraient mes mains et le début de mes avant-bras.


     -Où as-tu appris à te battre comme ça ? Demandai-je à Elisabeth.


Parce que je ne m'y trompais pas : Elie savait très bien se battre. Elle était certes fille d'un alpha, mais on ne demandait jamais autant à un chef de meute. Même si un alpha était très bon combattant, il déléguait les punitions, et bien souvent, c'était au second de s'en occuper. Au second ou à un loup, suffisamment bon et loyal envers son alpha pour faire ce qui devait être fait.

Or, Elisabeth m'avait tenu tête aujourd'hui alors que j'étais un traqueur, un chasseur. Alors qu'on m'avait entrainé toute ma vie pour tuer. Ce n'était pas rien.


     -Marcus, ahana-t-elle en s'asseyant en tailleur.

     -Marcus ?


Ayant enlevé mes bandes, je pris les mains d'Elisabeth pour lui enlever les siennes.


     -Oui, il était celui qui punissait. Il m'a longtemps appris.


Je ne relevais pas l'utilisation du passé, ne lui posais aucune question. Son ton avait été suffisamment ferme pour m'en dissuader.


     -Il a fait du bon boulot, affirmai-je.


Ce n'était pas une question mais Elisabeth hocha tout de même la tête en souriant légèrement. Je finis d'enlever les dernières bandes qu'il y avait sur ses avant-bras et Elie me remercia du bout des lèvres.

C'était étrange, la timidité dont elle faisait soudainement preuve alors que nous avions passé pas loin d'une heure à s'échauffer et à s'entraîner en faisant quelques combats. Ce n'était pas que ça me déplaisait mais... Je ne le comprenais pas.

Souhaitant y mettre fin, je me relevais et tendis la main à Elie afin de l'aider à se lever à son tour. Main qu'elle saisit immédiatement. Je la mis rapidement sur pied avant de lui indiquer que j'allais prendre une douche. Je ne m'étais pas senti mais... Une douche m'apparaissait vraiment comme étant nécessaire.

Elisabeth sembla être du même avis puisqu'elle m'emboita aussitôt le pas. C'est en silence que nous traversâmes le gymnase. Aucun de nous deux ne parla. C'était étrange. Souhaitant en savoir plus, mon regard se posa sur celle qui marchait à mes côtés. Les yeux dans le vague, elle paraissait complètement ailleurs. Elle semblait marcher par automatisme, ne se rendant pas compte de ce qu'il y avait devant elle. Mais qu'est-ce que...


     -Attention, l'avertis-je en la tirant par le bras afin de lui éviter de se prendre les pieds dans un sac de sport.


Ses yeux papillonnèrent, signe qu'elle reprenait ses esprits.


     -Tu vas bien ? Lui demandai-je.


Elle voulut détourner la tête mais mes doigts bloquèrent son menton, l'en empêchant. Je ne la laisserai pas se défiler, surtout si ça n'allait pas.


     -C'est ce Marcus ?


Son expression se ferma totalement. Alors c'était bien lui... J'avais cru Elisabeth timide tout à l'heure mais... J'en doutais de plus en plus. Elle s'était renfermée juste après l'avoir évoqué. Ce n'était pas une coïncidence, j'en étais certain. Et sa présente réaction confirmait tous mes doutes.


     -Je ne veux pas en parler, Damian.


D'un geste sec de la tête, elle se dégagea de ma poigne et se serait enfuie dans les vestiaires si je ne l'avais pas retenu de la main.


     -Ça me va, lui dis-je rapidement en voyant qu'elle allait de nouveau se dégager de ma poigne. Ça me va si tu n'en parles pas. Mais je ne te laisse pas seule. Pas alors que tu fais cette tête et que tu penses à je ne sais quoi. Et c'est non négociable.


Méfiante, Elie me regarda un instant de côté avant de soupirer.

Et d'abdiquer.

Je hochai la tête à son encontre, la remerciant d'accepter ma requête avant de la tirer par la main en direction des vestiaires.


     -Damian ? Je suis une fille, et tu vas vers le vestiaire des garçons.


Sa phrase me fit sourire mais je ne m'arrêtais pas, continuant ma route. Je sentis Elisabeth freiner des quatre fers, tirer sur ma main pour que je la lâche mais... Je n'en avais pas, mais alors pas du tout envie.

J'entrai finalement dans le vestiaire et partis chercher mes affaires propres qui m'attendaient dans mon casier, ainsi qu'une serviette et un gel douche qu'Elie m'avait passé, la main toujours fermement accrochée à la sienne. Puis je nous dirigeai vers les cabines de douches, se situant un peu plus loin.


     -Damian ? Couina-t-elle.


Je me retournai vers Elie qui ne savait plus où regarder. Non pas qu'il y ait des hommes dans ce vestiaire mais... Elle devait certainement avoir peur qu'on la voit. Pour autant, je ne ralentis pas mon allure et ne m'arrêtais qu'une fois devant une cabine.


     -Je t'avais bien dit que je ne te laisserai pas toute seule non ?


Et avant qu'elle ait le temps de répondre, je l'enfermais dans une cabine.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top