Chapitre 18.1
Bonsoir à tous ! J'espère que vous allez bien. Me revoilà avec un autre chapitre, qui est plus un chapitre de transition qu'autre chose. L'action/les révélations surviendront après cela. J'espère qu'il vous plaira quand même.
Bonne lecture !
Des bisouus !
Elena
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Je me relevai aussitôt. Mais à mon grand étonnement, Elisabeth ne bougea pas. Son regard tourné au loin, elle ne semblait même pas vouloir se remettre debout. Elle avait l'air ailleurs. Je ne savais pas à quoi elle pensait actuellement mais... Aux crispations de son visage, il n'y avait rien de réjouissant. Son front plissé et ses lèvres renfermées en une ligne fine ne faisaient que renforcer cette impression. Se rejouait-elle la scène ? Réfléchissait-elle aux paroles de mon loup ? Avait-elle honte que je la voie aussi faible ? Je n'osais pas troubler son instant de réflexion mais d'un autre côté, j'avais énormément de mal à rester sans rien faire. À ne pas la solliciter, à ne pas lui demander si je pouvais l'aider d'une quelconque façon.
Alors quand elle bougea soudainement sa main afin de s'en servir comme appuie pour se relever, je présentai aussitôt la mienne pour l'aider. Elle accepta et se mit debout, épousseta ses vêtements avant de plonger son regard dans le mien. Incertain, je la fixai à mon tour. Était-ce à ce moment-là qu'elle était censée me gifler ?
-Oublieras-tu ce qui vient de se passer ?
Décontenancé, je mis une petite seconde avant de lui répondre.
-Non.
Je n'avais pas envie de passer à côté de ça. Qui plus est, cela me donnait davantage d'indications sur ce qu'il se passait ici. Et tout élément supplémentaire pourrait m'aider à faire avancer mon enquête. Il y avait d'ailleurs fort à parier que ceux qui s'en prenaient à Elie soient également ceux qui voulaient exterminer l'espèce des sorciers.
Si je résumais, l'alpha n'avait actuellement plus de second. Son aînée, Elisabeth, était légitime si le couple alpha venait à disparaître. Mais elle ne serait respectée de personne. Et en ce qui concernait le cadet... J'étais presque certain que David Jones ait pris des précautions. S'il ne voulait pas de son fils au pouvoir, il ferait très certainement tout pour qu'il n'y accède pas, même après sa mort.
La suite était simple à prévoir. Si le couple alpha venait à décéder, la place resterait vacante. Et si ceux qui voulaient exterminer l'espèce des sorciers venaient à accéder au statut d'Alpha... Ce serait une catastrophe. Non seulement ces lycans auraient du pouvoir, mais ils auraient également suffisamment d'influence pour convaincre d'autres lycans. Pour les rallier à leur cause.
Cette idée finirait par s'étendre et ne toucherait plus seulement la Norvège. Non, elle concernerait bien plus de pays que cela... Il ne me restait plus qu'à voir à qui cela pourrait profiter. Et ça... Je pressentais que ça n'allait pas être simple.
-Je m'en doutais, soupira Elisabeth.
Elie avait l'air presque fragile, comme sur le point de s'effondrer. Mais n'était-ce pas normal ? Comment aurai-je pris le fait, si j'avais été un alpha, de n'être reconnu par personne ? Sa meute entière la haïssait. Son frère lui vouait une haine que je ne comprenais pas. Et ses parents, face à tout cela, ne faisaient pas grand-chose. Il fallait être lucide. Une telle colère ne pouvait pas survenir du jour au lendemain. Elle avait forcément mûrie. Le couple alpha l'avait donc laisser l'installer.
À la place d'Elisabeth, aurai-je réussi à garder la face ? On avait beau pensé que oui, on avait beau essayer de s'en convaincre... Le résultat aurait été le même malgré tout. Nous avions tous besoin d'amour. Surtout nous, lycans, qui avions besoin de contact permanents. Être rejeté de la sorte n'était qu'une malédiction, qu'une horreur qui nous consumait à petit feu. Et qui finissait par tout nous prendre.
La joie,
La raison,
La vie.
Elle nous enlevait tout. Jusqu'à ce qu'il ne reste rien.
À cet instant, je n'avais qu'une envie : celle de franchir le pas qui me séparait d'Elie pour la réconforter. Pour lui dire que ce n'était pas grave, que ça allait passer. Mais je ne voulais pas lui mentir ou la bercer d'illusion. Comment faire ? Comment l'aider ?
-Tu viens Roméo ?
Mes yeux papillonnèrent un instant, le temps pour moi de revenir au moment présent. Elle ne m'en voulait pas ? Mon loup n'avait pas été tendre. Il n'avait pas forcément été violent non plus mais... Qui aimerait qu'on lui expose ses faiblesses ? Qu'on lui fasse la morale ?
-Où ? M'entendis-je répondre.
-Il est temps que tu fasses officiellement connaissance avec Eirik et Amalie.
Sa main se tendit vers la mienne, paume vers le ciel. Je ne sais pas ce qui m'interpela le plus. Que je prenne sa main sans réfléchir, ou que je la laisse m'emmener sans l'ombre d'un doute. C'était nouveau pour moi, déroutant même. De toute ma vie, je n'avais jamais autant fait confiance à une personne que je connaissais si peu. Jihad et Billy étaient des exceptions. Mes exceptions. Ils étaient une constante dans ma vie, des points de repère sur lesquels je pouvais m'appuyer et me reposer.
Elisabeth n'était rien de tout ça. Bien au contraire. Elle était une femme qui réussissait à m'atteindre. A nous atteindre, puisqu'elle avait également capté l'intérêt de mon loup. De quelle façon ? Je ne le savais pas encore. Mais je n'avais jamais administré de punition pour une femme. Tout comme je ne m'étais jamais soucié de leur sort. Les seuls qui avaient toute mon attention étaient Billy et Jihad, encore une fois.
J'aurai dû avoir peur de ce qu'elle faisait naître en nous mais... J'en étais bien incapable. Pour une fois, j'avais simplement envie de me laisser aller et de profiter de ce qui pouvait arriver. Je ne savais pas où j'allais. Mais ça ne m'inquiétait pas. Parce que je savais que je finirai forcément par atterrir. D'une façon ou d'une autre.
Elisabeth m'emmena donc à sa suite et je la suivis, sans broncher. Je ne posais pas une seule question, pas même quand elle me fit monter dans un gros 4*4, et encore moins quand je nous vis quitter Mørk Dal. Nous avions roulé un long moment vers le Nord avant de finalement s'arrêter au milieu de nulle part.
Il n'y avait pas âme qui vivait. Seule la forêt s'étendait à perte du vue devant nous. Pourtant, Elisabeth sortit du véhicule et je m'engageai à sa suite. La neige craqua sous le poids de mon corps et une brise s'infiltra dans le creux de ma nuque. Frissonnant, je remontai le col de mon manteau et claquai la portière de la voiture derrière moi. L'air était gelé, glacé. Mes mains, que j'avais sorti que pour fermer la portière était déjà complètement rougies par le froid. Grelottant, je me mis à les frictionner afin d'essayer de me réchauffer. Je soufflai un moment dessus, essayant de faire remonter ma température avant de les remettre bien au chaud dans mes poches.
Malgré tout, le froid était toujours aussi vivace. Si je ne me trompais pas, nous étions au Nord de la Norvège et j'étais tout, sauf habitué à des températures aussi négatives. De plus, il n'y avait absolument rien pour nous protéger des rafales glaciales.
Je tournai sur moi-même, afin de mieux voir où nous nous trouvions. Mais je ne connaissais pas cet endroit. Je ne voyais rien à part la forêt, et n'entendais rien à part ce silence assourdissant si caractéristique des régions enneigées. Je soupirai de dépit et me retournai vers Elisabeth, prêt à lui demander des explications.
Les questions seraient pour plus tard, pensai-je.
Elie avait disparu, laissant place à une magnifique louve grise. Elle était grande pour une louve, fine et tout en muscle. On voyait assez facilement qu'elle s'entraînait régulièrement. Son pelage quant à lui, oscillait entre le gris et le blanc. Seul son museau portait une légère trace de marron. Quant à ses yeux... Ils étaient légèrement rougeoyant, signe que l'Alpha en elle était aux commandes.
Qu'elle était belle... Elle exsudait la puissance par tous les pores de sa peau. Son énergie était chaude et volatile. Envoûtante. J'avais envie de venir m'y frotter, d'y enfouir mon nez, de me rouler dedans. En cet instant, je me demandais réellement comment une louve aussi belle, aussi puissante avait pu être rejetée des siens. Comment était-ce possible ? Sous cette forme, elle devait charmer n'importe qui...
La louve, assise dans la neige, se releva gracieusement et marcha jusqu'à moi. Elle me tourna autour, quelques instants, avant de se frotter tout contre mes jambes en un geste affectueux. Et autoritaire. Je souris, amusé alors qu'elle déposait son odeur sur tout ce qui était à sa portée, avant de grimacer franchement quand je sentis une paire de crocs se presser contre ma cuisse. Aussitôt, elle tira sur mon pantalon, prête à m'en débarrasser.
-Oh non ma belle, laisse ça ou...
Crac.
Je regardais dépité le bout de tissu que la louve avait entre les crocs.
-C'est malin ça... Je ferai comment pour le retour hein ?
La lycan, loin de s'en formaliser, se rassit en baillant outrageusement. Bon sang, elle n'en avait rien à cirer.
-Tu pourrais au moins faire semblant de te sentir concerner hein ! Répliquai-je, un index pointé dans sa direction.
Mais la louve ne fit que lever sa patte afin de la laver. Je soupirai en la regardant de travers, quoiqu'un peu amusé, avant d'enlever mes vêtements et de les mettre dans le sac qu'avait apporté Elisabeth Jones. Cette louve avait un caractère bien trempé. Et si ça me faisait légèrement sourire, ce n'était pas le cas de mon alter ego. Depuis sa petite démonstration, il était agité. Émoustillé par la femelle qui lui faisait face. Bon sang, les choses commençaient bien s'il s'y mettait lui aussi...
Mes vêtements consciencieusement rangés dans le sac, je fis appelle à Black, qui mit moins d'une minute avant de prendre possession de mes membres, trop pressé de s'amuser avec la louve d'Elisabeth. Le changement se fit rapidement. Tellement rapidement que je n'eus le temps de me rendre compte de quelque chose. Mon loup avait à peine émergé qu'il s'était élancé sans attendre vers la louve. Pour ma part, j'eus besoin d'une petite seconde avant de faire la netteté. Et de me rendre compte que nos deux alter egos se tournaient déjà autour, se donnant quelques coups de têtes affectueux.
Même si mon loup était aux commandes, il ne me laissait pas pour autant de côté. Il me laissait tout ressentir. Sa joie de gambader, son intérêt vis-à-vis de la lycan, le besoin de courir, de marquer ce territoire qu'il ne connaissait pas comme sien, de chasser les lapins qu'il entendait à quelques centaines de mètres de là... Tout venait se mélanger pour former un tout cohérent. Dans la peau de mon alter ego, tout était à sa place. Il ne s'embarrassait ni de doutes, ni des questions. Il prenait ce qu'on lui donnait et ne cherchait pas plus loin. J'admirai cette capacité, moi qui réfléchissais tout le temps, qui me polluais l'esprit de pensées négatives.
Par certains points, nous étions opposés. Mais par d'autres nous étions aussi similaires. Et c'est pour cela qu'il me complétait si bien. Il venait renforcer mes forces et combler mes lacunes.
Je n'eus besoin de rien pour que Black ne sente mes sentiments. Ils lui parvinrent, sans même que je chercher à les arrêter. À lui cacher. La vague de bonheur qui me parvint en retour m'emplit de bien-être. Et parce que mon alter ego venait de tout ressentir, y compris mes désirs, il mordilla légèrement la louve, lui enjoignant de lui montrer le chemin.
Celle-ci ne se fit pas prier et détala soudainement.
Une chasse.
Euphorique, mon loup détala soudainement pour rejoindre celle qu'il considérait comme sa proie. Black était certes plus grand, plus puissant, plus rapide que la louve, il ne connaissait malheureusement pas le chemin, ni le terrain, contrairement à elle qui évoluait comme si elle était chez elle. Elle en connaissait les moindres recoins, savait quand tourner, ralentir, accélérer...
L'écart se maintient, suffisamment pour continuer à maintenir l'attention de mon alter ego. Et enfin, après une course effrénée, la louve s'arrêta. Mon alter ego se posta à ses côtés et admira le ravin qui lui faisait face. La falaise s'arrêtait nette pour disparaître dans une brume épaisse et vaporeuse qui ne nous laissait rien voir.
Incertain, Black fit quelques pas en arrière. Pourquoi la louve l'avait-elle emmené ici ? Il ne comprenait pas. Mais il sentait le danger, comprenait qu'on n'aurait jamais dû venir par ici. Il croisa le regard de la lycan d'Elisabeth. Elle ne tremblait pas face au vide. Elle était confiante, sûre d'elle et de là où elle voulait aller. Comprenant cela, mon alter ego aplatit ses oreilles et se ramassa dans la neige, en position défensive.
Que voulait-elle faire ? Le jeter du haut du ravin ?
Ses crocs se dévoilèrent à cette pensée et ses poils commencèrent à s'hérisser. Il ne se laisserait pas faire. Son grognement roula dans la gorge, la prévenant. Si elle continuait... Il ne répondrait plus de rien. Qu'importe si la femelle avait à un moment capter son intérêt. Qu'importe si elle lui avait plu. Il y avait danger pour sa vie, pour celle de son alter ego.
Mais il s'attendait à tout, sauf à ce que la louve saute elle-même de la falaise.
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